Diarrhée virale bovine

Le complexe diarrhée virale bovine (ou BVD, de l'anglais bovine viral diarrhea) et la maladie des muqueuses (ou MD, de l'anglais mucosal disease) est une maladie infectieuse et contagieuse des bovins, causée par un virus de la famille des Flaviviridae, du genre Pestivirus : le virus de la BVD (ou BVDV, de l'anglais bovine viral diarrhea virus). La particularité de cette affection réside dans ses deux formes présentant chacune un tableau clinique, un schéma pathogénique et un aspect épidémiologique différents.

Diarrhée virale bovine
Description de l'image BVDV-CP7.JPG.
Causes Virus de la diarrhée virale bovine 1 (d) ou virus de la diarrhée virale bovine 2 (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
MeSH D001912

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Histoire

modifier

La diarrhée virale bovine (BVD) est une maladie qui a été découverte en 1946 par le Canadien Childs. En effet, il a été le premier à décrire cette maladie. Il a tout d'abord décrit les symptômes telles que des diarrhées sanguinolentes, de la fièvre, des érosions des muqueuses et d’autres manifestations cliniques distinctives de la BVD.

Durant cette même année, deux scientifiques ont découvert une épidémie similaire à New York (États-Unis). Ces scientifiques étaient Olafson et l'université de Cornell. Ils ont observé sur les bovins un complexe respiratoire avec une diminution du nombre de globules blancs dans le sang qui entraînait une perte de la production laitière et une augmentation des avortements chez les vaches. Ils ont aussi remarqué que cette maladie était transmisse sans même de contact entre individus.

Olafson a donc suspecté une éthologie virale et il l'a nommée "viral Diarrhea" ou Virus de la Diarrhée Virale Bovine.

Aujourd’hui, la BVD est présente sur cinq continents avec un pourcentage d’individus séropositifs (après vaccination ou contact de la BVD) entre 18 et 89 %[1].

Caractéristiques

modifier

La diarrhée virale bovine touche essentiellement les bovins. Les petits ruminants peuvent le porter mais sont plus atteints du virus voisin nommer border disease

Ce virus n'est pas contagieux à l'Homme et ne survit que très peu de temps en dehors du corps des animaux, il ne survit que quelques heures, ce qui fait que le milieu extérieur, ou encore le matériel ne jouent pas un rôle essentiel à la transmission.

Le virus BVD agit comme immunosuppresseur chez l'animal et provoque des modifications du système immunitaire qui peuvent être: Transitoires : persistent plusieurs semaines après la première exposition et permanentes : les veaux contaminés dans le ventre de la mère restent infectés et excrétés tout au long de la vie (IPI)[2].

Agent pathogène

modifier

Cette maladie est due à un virus de la famille des pestivirus. La maladie est essentiellement causée par les génotypes 1 et 2 (la virulence est variable selon les souches).

Le virus de la BVD est un virus enveloppé, donc peu résistant dans le milieu extérieur. Ainsi, le matériel et le milieu extérieur jouent un rôle mineur dans la transmission. Il a une grande sensibilité aux UV, la chaleur et aux détergents. En revanche, il présente une bonne résistance à la réfrigération et la congélation, ce qui peut poser des problèmes lors de l'insémination artificielle et le transfert d'embryons.

La transmission se fait de deux manières : horizontale ou verticale.

La transmission horizontale se fait par contact direct entre un animal excréteur du virus et un animal indemne. Le virus est sécrété dans les larmes, la salive, les sécrétions utérines, les fèces et urines et le lait. L’animal sain peut se contaminer par voie digestive, respiratoire ou génitale.

La transmission verticale se fait par la gestation, elle transmet donc le virus aux veaux via les échanges placentaires. Selon le stade de gestation les conséquences peuvent être : des mortalités embryonnaires au début de la gestation et des malformations, ou des avortements. Si le veau arrive à naître, il est donc IPI (Infecté permanent Immunotolérant)[3].

Symptômes

modifier

La maladie se sépare en deux grandes formes cliniques aux caractéristiques épidémiologiques et pathologiques distinctes.

Le BVD "simple" se présente chez les animaux de tout âge comme des diarrhées simples ou hémorragiques, plus ou moins accompagnées d'abattements. On peut aussi observer de la toux[4]. Le BVD a aussi chez la femelle un fort pouvoir abortif en fonction du stade de gestation et entraîne une baisse de la fertilité. Une femelle gestante, exposée au BVD peut ne pas avorter mais naître d'un veau malformé ou IPI.

Les veaux IPI (infecté persistent immunotolérant) jouent un rôle majeur dans la transmission de la maladie dans l'élevage. En effet, ils sont porteurs du virus, et l'excrètent fortement, mais ne développe aucun anticorps contre ce dernier, rendant impossible le dépistage par sérologie. Pour les dépister, en France on réalise des prélèvements de cartilages auriculaires lors du bouclage du veau, et ce cartilage est analysé.

Les symptômes sont différents selon l’âge et le type de l’animal.

En plus d'excréter du virus en grande quantité dans l'environnent, contaminant les autres animaux de l'élevage, les veaux IPI sont systématiquement atteint par la maladie des muqueuses (MD). Cette maladie se caractérise généralement par une atteinte générale de l'animal, un retard de croissance marqué, une forte immunodépression favorisant l'installation d'agents pathogènes opportunistes, des entérites et stomatites érosives et des problèmes de reproduction pour les animaux qui vivent assez longtemps pour atteindre la puberté. A l'autopsie, les animaux atteint de la maladie des muqueuses présentent des lésions "en coup d'ongle" sur la totalité du tractus digestif.

Prévention

modifier

Afin de prévenir une éventuelle contamination au sein d’un troupeau, des mesures de biosécurité peuvent être mises en place. Lors de l’arrivée de nouveaux bovins au sein d’une structure, il peut être intéressant de faire réaliser des tests afin de dépister une éventuelle BVD. Les animaux peuvent être placés en quarantaine en attendant les résultats.

Moins les animaux rentrent en contact avec d’autres troupeaux moins ils sont susceptibles de se contaminer, il faut donc s’assurer qu’un troupeau contaminé ou susceptible de l’être ne rentre pas en contact avec le troupeau voisin, par exemple lors de concours agricole. Adopter une bonne hygiène du matériel d’élevage est aussi un facteur de prévention.

Il convient d’éliminer le plus rapidement possible les veaux IPI lorsque les analyses le révèlent afin de ne pas contaminer les congénères.

La vaccination peut aussi être intéressante car elle contribue à limiter la circulation virale dans un lot. Elle peut donc être vivement conseillée sur des lots séronégatifs, ce qui limitera ou empêchera la formation de veaux IPI. Pour les taureaux reproducteurs, la vaccination annuelle permettrait qu’ils ne transmettent pas la maladie à leur descendance. Il en est de même pour les génisses futures reproductrices[5],[6].

Diagnostic et traitement

modifier

Il n'existe pas réellement de traitement contre la BVD. L'éradication se fait sur la base d'une détection des animaux Infectés Permanents Immunotolérants ("IPI", fœtus contaminés in utero en moyenne entre le 1er et le 3e mois de gestation), dont la détection peut se faire par prise de sang (virologie positive au BVDV associée à une sérologie négative) ou plus récemment par boucle auriculaire sur les jeunes veaux[7].

Pour éradiquer au mieux la maladie, il faut identifier les pratiques à risque de réintroduction du virus dans le cheptel ( introduction d’animaux, participation à des rassemblements d’animaux comme des concours et contacts avec d’autres troupeaux à travers des clôtures[8].

Un protocole vaccinal peut également y être associé afin de prévenir l'apparition de nouveaux IPI, avec des vaccins tels que Muccosiffa[9] (laboratoire Merial) ou Bovela[10] (laboratoire Boehringer Ingelheim)

La vaccination peut être réalisée avec un vaccin protecteur contre la transmission transplacentaire du virus.

Conséquences à plus long terme

modifier

Lorsqu’un animal a été infecté par la BVD, les risques de rencontrer différentes pathologies sont augmentées. De plus, le passage de cette maladie, peut provoquer dans certains cheptels, de nombreuses pertes de production[11].

Les animaux IPI

modifier

Les animaux Infectés Permanents Immunotolérants (IPI) in utero par un virus BVD non cyto-pathogène (nCP) entre le 30ème et le 125ème jour de gestation. Ils naissent contaminés et le restent toute leur vie. Ils ne peuvent pas être soignés. En effet, la plupart des IPI meurent avant l’âge de 3 ans dont seulement 50 % durant leur première année. Ces animaux sont la principale source de contamination au sein du cheptel.

Un animal IPI peut contaminer 90 % du troupeau en l’espace de 3 mois. Lorsqu’il n’y a pas de présence d’animaux IPI mais seulement en présence de circulation virale, la contamination totale du troupeau se fait en 2 ans.

Les femelles IPI donnent systématiquement naissance à des veaux IPI. Au niveau des mâles, leur sperme est systématiquement contaminé par la BVDV[12].

Mode de contamination

modifier

Le virus de la BVD se transmet par voie aérienne, par contact direct entre un animal porteur du virus et un animal sain. La contamination peut se faire lors de la reproduction. En effet, le taureau peut transmettre le virus via la semence.

Les intervenants extérieurs à l’élevage peuvent aussi être des facteurs de transmission de la maladie. Le transport du virus peut se faire par les bottes ou les vêtements. Il est donc important de mettre en place des dispositifs de sécurité comme un pédiluve, des sur-bottes…[11]

Les autres modes de contamination sont le voisinage, les achats et la transhumance.

Il est possible que la contamination se fasse par les ovins. En effet, ceux-ci peuvent être atteint par un virus de la même famille que la BVD, qui a pratiquement les mêmes conséquences. Des contaminations croisées inter espèces (bovins/ovins) sont possibles[13].

L’introduction du virus de la BVD peut se réaliser avec plusieurs facteurs :

- L’achat d’un animal excréteur de virus (infecté transitoire ou IPI) ou d’une femelle ayant un fœtus IPI

- Les animaux communs à plusieurs élevages ou prêtés

- Les gamètes et embryons introduits dans le troupeau

- Les marchés et foire[12].

Impact économique

modifier

En 2020, en France, 5 à 10 % des élevages bovin sont contaminés chaque année. Les études des répercussions économiques reviennent à un coût moyen de 45 à 85 € par vache dans les exploitations laitières concernées par la maladie. Ce coût prend en compte la mort des veaux IPI mais aussi les répercussions sur la production, la reproduction, les avortements et le surcoût des autres infections comme les diarrhées récurrentes et les maladies respiratoires. En élevage allaitant, les troupeaux peuvent perdre 20 % d’une génération en plus du temps de perte dû à la fécondation des reproductrices[14].

Notes et références

modifier
  1. Garcia Sébastien, « Economie de la diarrhée virale bovine »   [PDF], sur Université de Toulouse, (consulté le )
  2. « BVD ou maladie des muqueuses »  , sur GDS, 2017 dernière modification 25 mai 2024 (consulté le )
  3. GDS Lot, « LA BVD ou MALADIE DES MUQUEUSES » [PDF]
  4. « Caractéristiques de la BVD » (consulté le )
  5. Thierry Duclairoir, « La diarrhée virale bovine (BVD) ou maladie des muqueuses », Alliance Elevage, no Bulletin de l'Alliance Pastorale N°876 - Avril 2017,‎ (lire en ligne)
  6. « La BVD ou maladie des muqueuses : qu’est-ce que c’est ? » [PDF]
  7. « Le dépistage de la BVD sur biopsies auriculaires est fiable », sur lepointveterinaire.fr,
  8. « Les avortements à BVD Maladie des muqueuses »
  9. « RCP », sur www.ircp.anmv.anses.fr (consulté le )
  10. (en) « European Medicines Agency - - Bovela »  , sur www.ema.europa.eu (consulté le )
  11. a et b « Caractéristiques de la BVD »
  12. a et b « Epidémiologie de la BVD »
  13. « B. V. D. : Mieux connaitre la maladie pour lutter efficacement »
  14. Jean-Marie Nicol, « Diarrhée Virale Bovine ou Maladie des muqueuse », dans Troubles du sevrage, parasitisme et BVD, Éditions FranceAgricole, , Pages 137 à 157

Bibliographie

modifier
  • Douart A., 2015. La BVD/MD, Polycopié d'enseignement Oniris, UVN82, 6, 32 p.