Deo optimo maximo

locution latine
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Deo optimo maximo, souvent abrégé avec le sigle D.O.M., est une locution latine qui signifie « à Dieu très bon, très grand »[1],[2]. On la trouve fréquemment sur les pierres tombales chrétiennes et sur la façade d'églises ou d'autres monuments religieux. On retrouve aussi cet acronyme sur les bouteilles de "Bénédictine", une liqueur produite dans la ville française de Fécamp.

Deo optimo maximo, sur le portail d'un monastère de Schlägl, Autriche.
Tombe dans la Collégiale Saints-Pierre-et-Guidon d'Anderlecht de Pierre Van Dievoet (1697-1740), vice-pléban et secrétaire du chapitre d'Anderlecht, et de son frère le chanoine Pierre-Jacques-Joseph Van Dievoet (1706-1764) avec le sigle D.O.M..

Antiquité romaine, à Jupiter

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Selon Edmont Le Blant, pour les païens, les mots Deo optimo[3] maximo[4], parfois employés seuls, comme dans l'épitaphe de Solimariaca, semblent être l'équivalent de la formule courante I.O.M. (Iovi Optimo Maximo), et désigner particulièrement Jupiter [5]. Il s'appuie pour cela sur Cicéron décrivant Jupiter dans le De natura deorum II, xxv :

"nos ancêtres le [Jupiter] disaient très bon, très grand, et très bon, c'est-à-dire très bienfaisant, vient avant très grand parce qu'il y a plus de grandeur à être utile à tous qu'à disposer d'un immense pouvoir ou que du moins l'on mérite, ce faisant, plus d'amour;"[5],[6]

Symbolique déiste et chrétienne, à Dieu

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Pierre tombale datant de 1599 (Italie) avec le sigle D.O.M.

La locution exprimant un Dieu parfait est adéquate avec une pensée déiste selon Charles de Rémusat [7]. L’avènement du christianisme modifia profondément les inscriptions funéraires. En effet, en épigraphie, le sigle D. M. "Diis Manibus", habituel sur les tombes romaines fut remplacé par le sigle D. O. M.[8] L'extrait ci-dessous d'un évêque chrétien présente l'articulation déiste et chrétienne de la même formule :

"Vous avez lu quelquefois sur le frontispice de certains édifices religieux cette inscription si noble dans sa simplicité : « Au Dieu très-bon, au Dieu très-grand » : Deo optimo, maximo. S'il était permis de toucher à ces paroles vénérables de l'antiquité chrétienne, et si une autre main que celle qui a étendu les cieux pouvait rien imprimer sur leur bel azur, de cette seule inscription j'en ferais deux. A la gloire du Dieu créateur, j'écrirais sur le front des astres : Au Dieu très-grand; à la louange du Dieu sauveur, je graverais sur le front des temples chrétiens : Au Dieu très-bon." L'évêque de Poitier Louis-Édouard Pie le 20 mai 1863 [9]

Dom, apocope de Dominus

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Dom peut être lu aussi comme l'apocope de Dominus, seigneur, tissant ainsi un symbolisme à double niveau[10].

Voir aussi

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Dom, titre donné aux moines bénédictins, chartreux et trappistes et anciennement à certains nobles espagnols et portugais[11],[10].

Poème "Prière universelle Deo optimo maximo" de Alexander Pope traduit par Léon Halévy dans "poésie européenne"[12]

En 1932, Attilio Boni, membre du parti fasciste, compose un poème en latin célébrant le dixième anniversaire de la Marche sur Rome, où Mussolini est présenté comme restaurateur de Rome papale, nouvel empereur romain. Il mêle imagerie païenne et chrétienne en réinterprétant la formule religieuse D.O.M. en "Duci Optimo Maximo"[13]

L’expression grecque kalos kagathos (καλὸς κἀγαθός), qui signifie littéralement "beau et bon", peux faire écho au latin optimo maximo. Néamnoins elle renvoie d'abord à un idéal moral et éthique dans la Grèce antique, associant la beauté physique et la vertu morale.

Notes et références

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  1. (mt) Martin Morana, Bejn Kliem u Storja, Malte, Books Distributors Limited, (ISBN 978-99957-0-137-6, lire en ligne [archive du ])
  2. Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang, (lire en ligne), p. 496
  3. F. Gaffiot, Dictionnaire Gaffiot : Optimus, le très bon, le parfait, Paris, Hachette, (lire en ligne)
  4. Dictionnaire Gaffiot : Maximus, superlatif de magnus, (lire en ligne)
  5. a et b Edmont Le Blant, Inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au VIIIe siècle, tome I, Provinces Gallicanes, Paris, 1866, p. 423 : « Pour les païens, les mots Deo optimo maximo, parfois employés seuls, comme dans l'épitaphe de Solimariaca, semblent être l'équivalent de la formule courante IOVI OPTIMO MAXIMO, et désigner particulièrement Jupiter » et ibidem note 3 : « C'était [Jupiter] le dieu bon par excellence. [...] Bien que, suivant Servius, Aen. VI, 78, 79, Jupiter soit en réalité le seul dieu grand, on trouve parfois, dans les textes et sur les monuments antiques, cette dernière qualification appliquée à d'autres divinités. Sur un monument de Toul, les initiales D.O.M. accompagnent le nom de Janus. » (Muratori, 40, 4.)
  6. (la) Cicéron (trad. Charles APPUHN), De la nature des Dieux, Paris, Garnier, (lire en ligne)
  7. Charles de RÉMUSAT, « La Théologie naturelle en Angleterre », Revue des Deux Mondes, vol. 25,‎ , p. 547 (lire en ligne)
  8. « CHAPITRE III LE (( CURSUS H0N0RUM )) § II. — Inscriptions funéraires 54 », dans Adolphe Pinvert, Notions élémentaires d'épigraphie latine, Paris, (lire en ligne), p. 37
  9. Louis-Édouard Pie, « Homélie prononcée dans la solennité de la consécration de l'église de Saint-Michel de Bordeaux, 20 mai 1863 », Oeuvres de monseigneur l'évêque de Poitiers., vol. 5,‎
  10. a et b « dom — Wiktionnaire », sur fr.wiktionary.org (consulté le )
  11. Au lieu de Don en usage actuellement. Exemple la comédie de Molière Dom Garcie de Navarre.
  12. Léon Halévy, Poésies européennes, Paris, (lire en ligne), p. 189
  13. Nicolò Bettegazzi, Ideologies of Latin in fascist Italy (1922 1943): The language of Rome between fascism and Catholicism, University of Groningen, (lire en ligne), p. 19