Déversement de pétrole à Norilsk
Le déversement de pétrole à Norilsk est une catastrophe industrielle survenue près de Norilsk, dans le Kraï de Krasnoïarsk, en Russie qui débute le 29 mai 2020, lorsqu'un réservoir de stockage de carburant de la centrale thermique n°3 de Norilsk-Taimyr Energy (appartenant à Nornickel) s'effondre et relâche dans les rivières proches 21 000 mètres cubes (17 500 tonnes) de diesel[1],[2]. Le président russe Vladimir Poutine déclare l'état d'urgence le 3 juin[3]. L'accident est la deuxième plus grande marée noire de l'histoire russe moderne[4].
Déversement de pétrole à Norilsk | |||
Étendue du déversement vue par le satellite Sentinel-2 | |||
Type | Déversement | ||
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Localisation | près de Norilsk, dans le Kraï de Krasnoïarsk ( Russie) | ||
Coordonnées | 69° 22′ 46″ nord, 87° 44′ 40″ est | ||
Date | – en cours (4 ans, 5 mois et 26 jours) |
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Géolocalisation sur la carte : Russie
Géolocalisation sur la carte : kraï de Krasnoïarsk
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Cause
modifierLe diesel est utilisé comme combustible d'appoint pour la centrale thermique et électrique à charbon de la Compagnie d'énergie Norilsk-Taïmyr (NTEK) (ru)[5]. Le réservoir de stockage de carburant 5 s'effondre à cause de trous dans le fond du réservoir dus à la corrosion ulcéreuse. En 2014, la société avait été chargée par l'agence fédérale russe pour l'environnement Rostekhnadzor de nettoyer d'ici 2015 la rouille de la surface extérieure des murs et du toit des réservoirs et de restaurer le revêtement anticorrosion et, d'ici octobre 2016, d'effectuer une inspection non destructive du fond du réservoir, mais cela n'avait pas été fait[6],[7].
Le réservoir 5 s'est effondré lorsque le pergélisol sur lequel il a été construit a commencé à se ramollir. Selon NTEK, « En raison de l'affaissement soudain de supports qui ont servi pendant plus de 30 ans sans problème, le réservoir de stockage de carburant diesel a été endommagé, entraînant une fuite de carburant »[8].
En tout, 17 500 tonnes de diesel se déversent dans la nature[1], d'abord dans une zone proche de 18 hectares, puis via la rivière Daldykan (en) (un affluent de la rivière Ambarnaya (en)) et le lac Piassino elles contaminent une superficie de 350 kilomètres carrés. Les efforts de nettoyage sont difficiles car il n'y a pas de routes et les rivières sont trop peu profondes pour les bateaux et les barges. Le coût immédiat des activités de secours d'urgence est estimé à 10 milliards de roubles (146 millions de dollars), avec un coût total de nettoyage de 100 milliards de roubles (1,5 milliard de dollars), ce qui prendrait de 5 à 10 ans. Le coût du nettoyage sera à la charge de Nornickel[9],[10].
Conséquences
modifierLe comité d'enquête fédéral lance une enquête criminelle sur le déversement. Le chef de l'atelier chaudière-turbine de la centrale est placé en détention provisoire, accusé de violation des réglementations environnementales et de négligence[12],[13]. Selon Evgueni Zinitchev, ministre russe des situations d'urgence, la centrale n'a signalé l'incident qu'après deux jours,après avoir essayé de régler seule le problème[14].
Le président Vladimir Poutine déclare l'état d'urgence régional et critique les autorités locales pour leur lenteur[14]. Il reproche à Vladimir Potanine, président et principal actionnaire de Norilsk Nickel, de ne pas avoir correctement surveillé la sécurité des réservoirs de carburant de l'usine[15]. Il ordonne une modification de la loi russe pour éviter des accidents similaires à l'avenir[16]. Lors d'une réunion télévisée du 3 juin 2020 consacrée à la gestion des catastrophes, il demande à Sergueï Lipine, le chef du NTEK : « Pourquoi les agences gouvernementales ne l'ont-elles découvert que deux jours après les faits ? Allons-nous en apprendre davantage sur les situations d'urgence à partir des médias sociaux ? »[17],[18].
Greenpeace compare les effets environnementaux potentiels du déversement de Norilsk à ceux du déversement de pétrole d'Exxon Valdez en 1989[19].
Le 4 juin, la télévision publique russe annonce que le déversement a été contenu à l'aide d'une série de barrages flottants spécialement construits sur la rivière Ambarnaya[20], puis que des blocs de glaces dérivants ont brisé ces barrages[12], ce qui a permis au déversement d'atteindre le lac Piassino. L'arrivée du pétrole dans ce lac est une menace pour le fleuve Piassina[21], qui se jette dans l'océan Arctique.
Le procureur général de la Russie (en) ordonne des contrôles de sécurité dans toutes les installations dangereuses construites sur le pergélisol dans l'Arctique russe[22].
Notes et références
modifier- « Diesel fuel spill in Norilsk in Russia’s Arctic contained », sur TASS, Moscow, Russia, (consulté le )
- Max Seddon, « Siberia fuel spill threatens Moscow’s Arctic ambitions », sur Financial Times,
- « Putin orders state of emergency after huge fuel spill inside Arctic Circle », sur The Guardian, (consulté le )
- Ivan Nechepurenko, « Russia Declares Emergency After Arctic Oil Spill », sur New York Times,
- Svetlana Skarbo, « State of emergency in Norilsk after 20,000 tons of diesel leaks into Arctic river system », The Siberian Times,
- « Rostekhnadzor warned Norilsk Nickel about problems with fuel storage », Achyde, (lire en ligne, consulté le )
- Elizabeth Weise, Karina Zaiets et Karl Gelles, « Russia declares state of emergency over Arctic Circle oil spill caused by melting permafrost », USA Today, (lire en ligne, consulté le )
- Svetlana Skarbo, « State of emergency in Norilsk after 20,000 tons of diesel leaks into Arctic river system », The Siberian Times,
- « Norilsk Nickel to pay emergency relief costs, says Putin », TASS, Moscow, (lire en ligne, consulté le )
- ,« Russia's Putin declares state of emergency after Arctic Circle oil spill », BBC,
- « Meeting on cleaning up diesel fuel leak in Krasnoyarsk Territory », Kremlin,
- « Arrest Made Over Massive Fuel Leak In Siberia », RFE/RL, Prague, (lire en ligne, consulté le )
- « Head of CHPP-3 plant workshop detained in case of fuel spill in Norilsk », TASS, Moscow, (lire en ligne, consulté le )
- Isabelle Khurshudyan, « Arctic fuel spill prompts Russia’s Putin to declare emergency and slam slow response », Washington Post, (lire en ligne, consulté le )
- « Russia claims to have contained huge oil spill after Arctic river turns red », The Independent, (lire en ligne, consulté le )
- « Putin chides Nornickel, orders law change after Arctic fuel spill », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- Matthew Bodner, « Russia launches major clean-up operation after huge Arctic fuel spill », NBC News Digital, (lire en ligne, consulté le )
- Lucian Kim, « Russian Power Plant Spills Thousands Of Tons Of Oil Into Arctic Region », NPR, (lire en ligne, consulté le )
- site de Greenpeace International, 5 juin 2020
- « Russian Power Plant Spills Thousands Of Tons Of Oil Into Arctic Region », NPR, (lire en ligne, consulté le )
- « Fuel spilled near Russia's Norilsk gets into Lake Pyasino », sur interfax.com (consulté le ).
- « Arctic Circle oil spill: Russian prosecutors order checks at permafrost sites », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
2020, une marée rouge en Sibérie (atelier du site Politika coordonné par Laurent Coumel)
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Norilsk oil spill » (voir la liste des auteurs).