Cyclone Chido
Le cyclone Chido est quatrième système tropical, le troisième nommé de la saison cyclonique 2024-2025 dans l'océan Indien sud-ouest et, en particulier, le deuxième à atteindre le seuil de cyclone tropical et le deuxième à atteindre celui de cyclone tropical intense.
Le pic d'intensité de Chido le 12 décembre 2024. | ||||||||
Apparition | ||||||||
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Dissipation | ||||||||
Catégorie maximale | Cyclone catégorie 4 | |||||||
Pression minimale | 935 hPa | |||||||
Vent maximal (soutenu sur 1 min) |
250 km/h | |||||||
Dommages confirmés | N/D | |||||||
Morts confirmés | 14 (bilan très provisoire, le nombre de plusieurs centaines minimum est évoqué) | |||||||
Blessés confirmés | N/D | |||||||
Zones touchées | Archipel d'Agaléga, groupe Farquhar, nord de Madagascar, Mayotte, Comores, Mozambique, Malawi | |||||||
Trajectoire de Chido.
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Saison cyclonique 2024-2025 dans l'océan Indien sud-ouest | ||||||||
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Il s'est formé à partir d'une perturbation tropicale au sud-est de Diego Garcia qui a été observée pour la première fois le et qui s'est progressivement intensifiée en se dirigeant vers le sud-ouest avant d'être nommée le . Après avoir subi une intensification rapide, le cyclone tropical intense Chido, puissant mais de faible diamètre, a touché l'archipel d'Agaléga de Maurice le , atteignant un pic d'intensité le lendemain. Après que son centre est passé juste au nord de Madagascar, le cyclone s'est brièvement affaibli mais a rapidement repris de l'intensité, avant de toucher terre pour la deuxième fois près de Bandraboua, à Mayotte, le . Après avoir traversé le nord du canal du Mozambique, Chido a touché la côte du Mozambique le au sud de Pemba, toujours comme un cyclone tropical intense, et s'est ensuite enfoncé dans les terres vers le sud du Malawi.
Le cyclone Chido a fait au moins 14 morts à Mayotte, qui a subi des dégâts catastrophiques. Onze pêcheurs sont portés disparus aux Comores voisines. Les dégâts sont aussi importants au Mozambique et à Agaléga mais mineurs à Madagascar.
Évolution météorologique
modifierDepuis le , le Centre météorologique régional spécialisé cyclones de La Réunion (CMRS) suivait dans l'extrême nord-est du bassin océanique une zone perturbée qui avait un potentiel de développement cyclonique[1]. Le , le CMRS a envoyé un premier bulletin pour cette zone perturbée qui est devenue la dépression tropicale 04 à 12 h UTC[2]. Le lendemain, le système est devenu une tempête tropicale modérée, puis forte, nommée Chido, à 400 km à l'est-sud-est de archipel d'Agaléga, se dirigeant vers la pointe nord de Madagascar[3]. Agaléga a été mis sous avertissement par les Services météorologiques de Maurice[4].
À 6 h UTC le 11, le CMRS a rehaussé le système compact de petite taille à cyclone tropical lors de son approche de l'archipel[5]. À 18 h UTC, Chido devient un cyclone tropical intense, équivalent à la catégorie 3 de l'échelle de Saffir-Simpson, en touchant Agaléga[6]. À 21 h UTC, le Joint Typhoon Warning Center (JTWC) a classé le cyclone à la catégorie 4 de la même échelle[7]. Des alertes cycloniques ont été émises pour le nord de Madagascar (province d'Antsiranana), les Comores et Mayotte[8],[9]. Le à 6 h UTC, le JTWC et le CMRS l'ont rehaussé juste sous l'équivalent d'un ouragan de catégorie 5 alors qu'il approchait du groupe d'îles Farquhar[10]. Après ce maximum, Chido s'est mis à faiblir lentement en passant à une centaine de kilomètre au sud des ces îles.
Le , entre 6 et 12 h UTC, Chido est passé à 50 km au nord du cap d'Ambre, la pointe nord de Madagascar, avec des vents soutenus sur 10 minutes soufflant à 185 km/h[11]. Mayotte et les Comores ont été placés en alerte rouge puis violette[12],[13]. Le cyclone tropical intense a traversé ces îles le 14 décembre vers 6 h UTC, se dirigeant ensuite vers le Mozambique et le Malawi en se réintensifiant sur les eaux chaudes du canal du Mozambique[14]. Ces deux pays ont été mis en alerte cyclonique[15]. Le 15 à 4 h 15 UTC,Chido a touché la côte du Mozambique à environ 35 km au sud de la ville portuaire de Pemba dans la province de Cabo Delgado comme un cyclone intense avec un vent soutenu sur 10 minutes de 205 km/h, puis il s'est enfoncé dans les terres en faiblissant rapidement à forte tempête tropicale[16].
Le après 0 h UTC, le système est entré dans le sud du Malawi comme tempête tropicale modérée[17].
Conséquences
modifierAgaléga
modifierL'archipel d'Agaléga a été dévasté par les vents et l'onde de tempête de 8 mètres associés à Chido. La plupart des maisons et des écoles de l'île ont été détruites et les habitants de l'île du nord contraints de se réfugier à l'aéroport nouvellement rénové[18],[19]. Les communications ont été coupées après le passage de l'œil et un remorqueur s'est échoué dans les récifs juste au nord des îles, ce qui a suscité des inquiétudes quant à une éventuelle marée noire[20]. Le député Eshan Juman a déclaré qu'aucun blessé grave n'avait été signalé[21].
Madagascar
modifierÀ Madagascar, le cyclone très compact est passé assez loin de l'extrême nord de l'île et n'a causé que des dégâts mineurs, des inondations peu importantes et des coupures d'électricité à Antsiranana[22].
Mayotte
modifierCatastrophe et intervention publique
modifierÀ Mayotte, la pluie et les rafales, allant jusqu'à 220 km/h, causent des dommages catastrophiques qui laissent les 320 000 habitants sans eau courante et plus de 15 000 foyers privés d’électricité et de connexion Internet[23],[24]. Les vents exceptionnels dépassent en intensité le cyclone Kamisy de 1984 et sont comparables à ceux du cyclone Disseli qui a dévasté l'île en 1934[15]. Une rafale de 226 km/h est mesurée par Météo-France à Pamandzi, ce qui bat largement le record précédent de la station de mesure, qui était de 174,1 km/h[25].
Les poteaux électriques et les arbres sont tombés à terre, la plupart des routes sont impraticables, l'hôpital et les écoles sont touchés, les communications sont extrêmement difficiles. Les bidonvilles, très peuplés, sont rasés et même les constructions plus durables subissent de graves dommages. Les 1 600 policiers et gendarmes présents sont mobilisés pour venir en aide et éviter les pillages. Des renforts et des secours sont acheminés depuis l'île de La Réunion, par un pont aérien que les autorités prévoient de mobiliser jusqu'au 18 décembre[26],[27]. L'envoi de 800 membres des services de secours est prévu en cinq vagues de renforts pour la sécurité civile tandis que le chef d'état-major de l'armée de terre, Pierre Schill, indique que les « légionnaires du cinquième régiment étranger basés sur l’île de Mayotte peuvent aussi intervenir ». Bien que le port de Mamoudzou soit dévasté, celui de Longoni est intact ce qui permet d'acheminer des moyens par voie maritime. Le Marion Dufresne, le navire de ravitaillement des TAAF, est ainsi mis à disposition tandis qu'un autre navire est chargé d'acheminer des vivres, du matériel militaire et de fourniture d'électricité[28].
Bilan humain et matériel
modifierUn rapport préliminaire du mentionne au moins deux morts à Petite-Terre, la petite île à l’est de Mamoudzou, puis deux autres morts à Mamoudzou[29]. Le lendemain, le bilan s'élève à au moins quatorze morts mais les autorités craignent qu'il ne soit de plusieurs centaines de morts[30].
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau annonce le que l'habitat précaire (plus du tiers de la population vit dans des logements en tôle) est « complètement détruit » tandis que le préfet de Mayotte déclare s'attendre à un bilan d'une ampleur inédite pour une catastrophe naturelle en France : « Je pense qu’il y aura certainement plusieurs centaines [de morts], peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers. »[27].
Comores
modifierDans l’archipel des Comores, Chido a touché les îles d’Anjouan, Mohéli et Grande Comore. À Anjouan, cinq maisons auraient été détruites et d’autres bâtiments auraient été endommagés. À Grande Comore, onze pêcheurs sont portés disparus en mer selon la Direction générale de la sécurité civile (DGSC) [15].
Mozambique et Malawi
modifierLe Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a déclaré que plus de 1,7 million de personnes au Mozambique pourraient être touchées par des vents dépassant 120 km/h et des pluies diluviennes ce qui pourrait aggraver l'épidémie de choléra qui touche le pays. L'Institut national de météorologie du Mozambique a émis des alertes rouges pour les provinces de Cabo Delgado et de Nampula ce qui a mis sur un pied d'alerte la Croix-Rouge mozambicaine et le Programme alimentaire mondial pour fournir des vivres et l'évacuation vers des centres d'hébergement. Le Département des changements climatiques et des services météorologiques du Malawi (DCCMS) a aussi émis un avertissement pour 15 districts sur la trajectoire de Chido[15].
Le 15 décembre, les autorités ont fait état des trois premiers morts au Mozambique. Chido a provoqué des pluies torrentielles, selon un bilan provisoire. Le cyclone a frappé les provinces côtières de Nampula et Cabo Delgado tôt dimanche, a détruit ou endommagé divers immeubles et coupé l’électricité dans certaines zones[31].
Notes et références
modifier- CMRS La Réunion, « CHIDO : 05/12/2024 AU 10/12/2024 », Météo-France, (consulté le ).
- CMRS La Réunion, « Dépression tropicale 4 bulletin numéro : 2/4/20242025 », Bulletin d'analyse et de prévision cyclonique (sud-ouest océan Indien), Météo-France, (consulté le ).
- CMRS La Réunion, « Forte tempête tropicale 4 (Chido) bulletin numéro : 5/4/20242025 », Bulletin d'analyse et de prévision cyclonique (sud-ouest océan Indien), Météo-France, (consulté le ).
- « Météo – Chido : Un avertissement de fortes pluies, de vents forts et de fortes houles en vigueur à Agaléga », Le Mauricien, (lire en ligne, consulté le ).
- CMRS La Réunion, « Cyclone tropical 4 (Chido) bulletin numéro 9/4/20242025 », Bulletin d'analyse et de prévision cyclonique (sud-ouest océan Indien), Météo-France, (consulté le ).
- CMRS La Réunion, « Cyclone tropical intense 4 (Chido) bulletin numéro 11/4/20242025 », Bulletin d'analyse et de prévision cyclonique (sud-ouest océan Indien), Météo-France, (consulté le ).
- (en) « Subj/Tropical Cyclone 04S (Chido) Warning Nr 005 », JTWC, (consulté le ).
- « Cyclone Chido : alerte renforcée pour la région Diana et le district de Vohémar à Madagascar », Linfo.re, (lire en ligne, consulté le ).
- « Cyclone Chido : Mayotte en pré-alerte cyclonique », Imaz Press Réunion, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « Subj/Tropical Cyclone 04S (Chido) Warning Nr 006 », JTWC, (consulté le ).
- CMRS La Réunion, « Cyclone tropical intense 4 (Chido) bulletin numéro 18/4/20242025 », Bulletin d'analyse et de prévision cyclonique (sud-ouest océan Indien), Météo-France, (consulté le ).
- « DIRECT. Le cyclone Chido se rapproche rapidement de Mayotte, la situation risque de s’aggraver. Suivez l'évolution en temps réel », France Info, (lire en ligne, consulté le ).
- « Le cyclone Chido est là : déclenchement de l’alerte violette cyclonique à 07 heures », Communiqué de presse, Préfêt de Mayotte, (consulté le ).
- CMRS La Réunion, « Cyclone tropical intense 4 (Chido) bulletin numéro 21/4/20242025 », Bulletin d'analyse et de prévision cyclonique (sud-ouest océan Indien), Météo-France, (consulté le ).
- (en) Bureau de la coordination des affaires humanitaires, « Southern Africa: Tropical Cyclone Chido - Flash Update No. 2, As of 14 December 2024 », sur reliefweb.int, (consulté le ).
- CMRS La Réunion, « Forte tempête tropicale intense 4 (Chido) bulletin numéro 26/4/20242025 », Bulletin d'analyse et de prévision cyclonique (sud-ouest océan Indien), Météo-France, (consulté le ).
- CMRS La Réunion, « Tempête tropicale modérée 4 (Chido) bulletin numéro 28/4/20242025 », Bulletin d'analyse et de prévision cyclonique (sud-ouest océan Indien), Météo-France, (consulté le ).
- « Agaléga crie à l’aide », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- « Les grands titres de l'express de ce vendredi 13 décembre 2024 », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- « Cyclone Chido – dans la nuit de mercredi à jeudi – Agalega : des rafales de 250 km/h ! », Le Mauricien, (lire en ligne, consulté le ).
- « Situation à Agaléga : le député Eshan Juman apporte des précisions », Le Mauricien, (lire en ligne, consulté le ).
- « CYCLONE - Chido laisse de légers dégâts dans le Nord », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- « Cyclone Chido à Mayotte : deux morts sur l’île de Petite-Terre », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
- « « La situation est catastrophique » : à Mayotte, l’après cyclone Chido inquiète déjà », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
- Christophe Goudaillier, « Cyclone Chido à Mayotte : pourquoi le vent a soufflé si fort et causé un tel désastre », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
- Jéromine Doux, Agence France-Presse, « La France redoute des centaines de morts à Mayotte », La Presse, 20412-15 (lire en ligne, consulté le ).
- Julien Lecot, « Cyclone Chido à Mayotte : «On ne reconnaît même plus nos rues et nos quartiers» », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- Charles Delouche-Bertolasi, « Cyclone Chido à Mayotte : le casse-tête logistique des secours au jour d’après », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- « Cyclone Chido à Mayotte : quatre morts recensés sur l’île de Petite-Terre et à Mamoudzou », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
- « Cyclone Chido : les secours arrivent à Mayotte dévastée, au moins 14 morts », ICI Radio-Canada, (lire en ligne, consulté le ).
- Agence France-Presse, « Cyclone Chido : au moins trois morts au Mozambique », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
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- « Activité cyclonique en cours par Météo-France La Réunion ». :
- « Activité opérationnelle du CMRS (bulletins, trajectoire, etc.) » ;
- CMRS La Réunion, « Données de la trajectoire de Chido ».
- (en) « Activité cyclonique en cours par Joint Typhoon Warning Center (JTWC) » ;
- (en) JTWC, « Trajectoire de Chido (4S) ».