Cyamitès
Dans la mythologie grecque, Cyamitès (en grec ancien Κυαμίτης / Kuamítēs) est un héros ou une divinité vénéré à Athènes, lié aux haricots.
Étymologie
modifierLe nom de Cyamitès en grec ancien est Κυαμίτης / Kuamítēs : construit à partir de κύαμος / kúamos, « haricot » et du suffixe -ίτης / -ítēs, il signifie « dieu des haricots » et « patron du marché aux haricots »[1].
Sources
modifierLa principale source ancienne au sujet de Cyamitès est Pausanias le Périégète :
« Le long de la route [entre Athènes et Éleusis, à proximité du Céphise], on a construit un temple de petites dimensions, que l'on appelle le temple du Cyamitès. Je ne peux rien dire de sûr à ce propos : fut-il le premier à semer les fèves ? A-t-on pris pour patron un héros parce qu'on ne pouvait pas rapporter à Déméter l'invention des fèves ? Qui a déjà vu la cérémonie d'initiation à Éleusis ou qui a lu les recueils que l'on appelle Orphiques sait ce que je veux dire. »
— Pausanias, Description de la Grèce, I, 37, 4[2].
Cyamitès est également mentionné par des sources plus tardives et très concises, comme Hésychios d'Alexandrie[α] (dont le texte, lacunaire, est mal compris[3]) et Photios Ier de Constantinople[β].
Culte et fonction
modifierUn sanctuaire en l'honneur de Cyamitès se trouvait sur la voie sacrée entre Athènes et Éleusis, à proximité du Céphise[γ], où se trouvait également un marché aux haricots (κυαμῖτις / kuamîtis) mentionné par Plutarque[δ], ce qui peut expliquer son nom[3],[4]. Les vestiges du temple sont identifiés au cours du XIXe siècle par Louis-François-Sébastien Fauvel[5] puis François Lenormant[6].
Malgré la mention des mystères d'Éleusis par Pausanias, Cyamitès ne semble pas être lié aux divinités de ce culte[3].
Léon Robin avance que Cyamitès serait le héros fondateur d'un groupe ethnique se pensant descendant d'un homme-haricot oublié par la suite[7].
D'après Károly Kerényi, Cyamitès pourrait être un nom d'Hadès : les haricots seraient des végétaux issus du monde souterrain, poussant en hiver malgré le fait que Déméter interdise la croissance des plantes pendant cette saison[8].
Pages connexes
modifierNotes et références
modifierRéférences
modifier- (en) Robert Beekes (en) et Lucien van Beek, Etymological dictionary of Greek, Leyde et Boston, Brill, , 1808 p. (ISBN 978-90-04-32186-1), « κύαμος », p. 792-793.
- (fr + grc) Pausanias (trad. Michel Casevitz, Jean Pouilloux et François Chamoux), Description de la Grèce. Tome I : Introduction générale. Livre I : L'Attique, Paris, Les Belles Lettres, coll. « C.U.F. / Série grecque », , 321 p. (ISBN 978-2-251-00429-7), p. 113.
- (de) Herbert Meyer, « Kyamites », dans Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, vol. XI-2, Stuttgart, Metzler (de), (lire sur Wikisource), p. 2233.
- (de) Heinrich Wilhelm Stoll (de), « Kyamites », dans Wilhelm Heinrich Roscher, Ausführliches Lexikon der griechischen und römischen Mythologie, vol. II-1, Leipzig, Teubner-Verlag, 1890-1894 (lire sur Wikisource), p. 1633-1634.
- Louis-François-Sébastien Fauvel, « Copie d'une Lettre écrite d'Athènes le 20 frimaire an XIV par M. Fauvel, à M. Barbié du Bocage », Magasin encyclopédique, vol. III, , p. 117.
- François Lenormant, Monographie de la voie sacrée éleusinienne de ses monuments et de ses souvenirs, Paris, Hachette, , 564 p. (lire en ligne), chap. VI (« Le temple d'Iacchus Cyamitès »), p. 337-424.
- Léon Robin, « Quelques survivances dans la pensée philosophique des Grecs d'une mentalité primitive », Revue des études grecques, vol. 49, no 230, , p. 263 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Károly Kerényi (trad. Ralph Manheim), Eleusis: archetypal image of mother and daughter, New York, Bollingen Foundation (en), , 257 p. (ISBN 0-691-01915-0, lire en ligne), p. 192-193.
Sources antiques
modifier- Hésychios, Lexique [(grc) lire en ligne], s.v. Κυαμίτης.
- Photios, Lexique [(grc) lire en ligne], s.v. Κυαμίτης.
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], I, 37, 4.
- Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne], 837 C (Vies de dix orateurs, « Isocrate »).