Crise des réfugiés ukrainiens

migration des Ukrainiens lors de l'invasion de l'Ukrain

La crise des réfugiés ukrainiens est un important mouvement de réfugiés en provenance d'Ukraine lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Elle commence avec l'invasion des troupes russes le , dans le cadre de la guerre russo-ukrainienne, débutée en 2014. Avant l'invasion, plusieurs pays européens se préparent à accueillir des réfugiés.

Aide aux réfugiés ukrainiens dans la gare de la ville polonaise frontalière de Przemyśl en février 2022.

Des centaines de milliers de personnes fuient dans les premiers jours après l'attaque. La plupart trouvent refuge dans les pays voisins à l'ouest de l'Ukraine : la Pologne, la Hongrie, la Moldavie, la Roumanie et la Slovaquie[1]. Beaucoup de personnes touchées cherchent refuge chez des proches qui vivent à l'étranger.

L'Union européenne et certains pays annoncent qu'ils seront ouverts aux Ukrainiens afin que les réfugiés n'aient pas à passer par une procédure d'asile. Les compagnies de chemin de fer de plusieurs États, comme la France, la Pologne et l'Allemagne, permettent aux réfugiés ukrainiens de voyager gratuitement en train.

Les chiffres sur les personnes fuyant l'Ukraine peuvent changer rapidement et ne sont souvent que des estimations. Les voyages d'un pays à l'autre ne sont pas nécessairement enregistrés officiellement. Les Ukrainiens peuvent voyager dans certains pays d'Europe sans visa. Ils peuvent être autorisés à rester dans le pays pendant une période prolongée, par exemple 90 jours, sans autorisation spéciale. Ailleurs, ils doivent demander l'asile. De plus, traverser la frontière dans un pays ne signifie pas que les gens resteront dans ce pays.

De très nombreuses ukrainiennes sont victimes de prostitution dans les pays d'accueil[2],[3].

Les responsables de l'Union européenne et des États individuels ont réfléchi à la mise en œuvre de la directive sur la protection temporaire pour la première fois de son histoire afin que les réfugiés n'aient pas à passer par la norme procédure d'asile de l'Union européenne[4],[5],[6]. Les compagnies ferroviaires de plusieurs pays, dont la France[7], l'Allemagne et l'Autriche, autorisent les réfugiés ukrainiens à voyager gratuitement en train[8].

Chiffres

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Réfugiés ukrainiens à travers l'Europe selon le HCR
(seulement les pays ayant plus de 100 000 réfugiés)
*
Pays Nombre
Russie
2,852,395
Pologne
1,564,711
Allemagne
1,055,323
Tchéquie
497,217
États-Unis
221,000[9]
Italie
171,239
Espagne
170,345
Royaume-Uni
154,600
Bulgarie
146,659
France
118,994
Moldavie
109,630
Roumanie
106,786
Slovaquie
105,732
Turquie
95,847
Autriche
93,579
Pays-Bas
85,210
Lituanie
71,367
Suisse
70,730
Irlande
70,077
Belgique
65,658
Estonie
63,850
* Chiffres communiqués par les gouvernements au 15 novembre 2023[10].[note 1]

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a estimé le 27 février qu'il y aura 7,5 millions de réfugiés nationaux dans deux mois en Ukraine. 18 millions de personnes sont touchées par le conflit et 12 millions de personnes auront besoin d'une aide médicale. Jusqu'à quatre millions de personnes fuient avant la guerre[11].

Lors de la Conférence des Nations unies sur les réfugiés, le 27 février 2022, il a été annoncé que depuis la guerre, plus de 368 000 Ukrainiens ont fui[12]. Avec plus de 600 000 réfugiés qui auraient fui l'Ukraine vers depuis le 1er mars 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) craignait que la situation ne dégénérât en « la plus grande crise de réfugiés d'Europe de ce siècle »[13].

Le 11 mars 2022, l'ONU estime que 4,4 millions de personnes ont été déplacées en Ukraine du fait de la guerre, et que 2,5 millions avaient franchi la frontière avec un autre pays[14]. La Pologne est le premier pays d'accueil en nombre de réfugiés avec 1,2 million de réfugiés[15],[16],[17],[18]. Au 16 mars, la Pologne comptait le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens, près de 1,9 million[19].

Des sportifs ukrainiens ont également dû fuir leur pays, à l'instar de la joueuse d'échecs Olga Babiy qui s'est réfugiée en Allemagne[20].

Hébergement et aide

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Le cofondateur d'Airbnb et deux autres responsables ont envoyé des lettres aux dirigeants européens des pays qui partagent une frontière avec l'Ukraine, offrant aux entreprises un soutien pour le logement temporaire des réfugiés. Le programme serait financé par des dons effectués via les sites Refugee Fund et avec le soutien des hôtes sur la plate-forme[21]. Des organisations telles que UNICEF, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Comité international de secours, le Comité ukrainien américain de secours et d'autres ont commencé à accepter des dons monétaires pour aider les réfugiés et les personnes touchées par la crise. D'autres, comme le journal The Kyiv Independent ont lancé des campagnes GoFundMe pour collecter des fonds pour des causes spécifiques ou des appels pour que des objets physiques soient donnés par un individu[22],[23].

Aide culturelle

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Le 16 mai 2022, l'Unesco déclare vouloir aider à sauvegarder le patrimoine culturel immatériel des communautés de personnes réfugiées d'Ukraine, dans cinq pays (Hongrie, Moldavie, Pologne, Slovaquie, Roumanie). D'après son communiqué, la situation en Ukraine, en plus des pertes matérielles et humaines, a un mauvais impact sur la culture, en séparant des familles. Des mesures sont annoncées pour préserver le patrimoine (la réflexion étant prévue jusqu'en juin 2022), selon les procédures des Principes et modalités opérationnels pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en situations d’urgence. Celles-ci impliquent que les choix reviennent aux communautés affectées[24].

Allemagne

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Belgique

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Le secrétaire d'État belge à l'Asile et à la Migration, Sammy Mahdi, a déclaré le 25 février 2022 que la Belgique était solidaire de la Pologne et de la Hongrie. Cependant, il a appelé l'Europe à coordonner la réception[25]. Deux jours plus tard, la ministre du Développement, Meryame Kitir, a annoncé que trois millions d'euros seraient alloués pour une aide humanitaire supplémentaire à l'Ukraine[26].

La France « prendra sa part » dans l’accueil des réfugiés ukrainiens : cette annonce d’Emmanuel Macron vendredi 25 février, relayée par les maires de métropoles et de collectivités, a été saluée par les associations d’aide aux migrants, même si elles jugent qu’il est trop tôt pour évaluer les besoins[27].

Le 1er mars 2022, une centaine de réfugiés ukrainiens sont arrivés en France[28].

Jusqu'à 930 d'entre eux sont hébergés pendant plus de deux mois, du 29 mars au 9 juin 2022, dans le ferry Méditerranée dans le port de Marseille, avant l'être laissés à eux-mêmes sans préparation ni solution[29],[30].

En , le ministre Jean-Noël Barrot déclare qu'une recrudescence des punaises de lit pendant l'été [31] aurait été « artificiellement amplifiée sur les réseaux sociaux par des comptes dont il a été établi qu’ils sont d’inspiration ou d’origine russe, avec même un lien faux crée entre l’arrivée de réfugiés ukrainiens et la diffusion des punaises »[32].

Scepticisme et conspirationnisme

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Israël

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Israël accueille, en décembre 2022, 13 000 réfugiés ukrainiens. 65 % de ces réfugiés sont des femmes. Des proxénètes profitent de leur grande précarité pour les faire tomber dans la prostitution[33].

Pays-Bas

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L'Amavenita en mars 2022.

La ville de Rotterdam affrète le navire de croisière MS Volendam pour servir de refuge aux réfugiés ukrainiens[34]. À Amsterdam, des réfugiés ukrainiens sont hébergés sur le bateau, l'Amavenita.

Pologne

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En un mois, de fin février à fin mars, la Pologne accueille plus de deux millions de réfugiés[35]. À la date du 27 juillet 2022, cinq millions de personnes sont estimées avoir franchi la frontière entre l'Ukraine et la Pologne[36]. Le journal Les Échos qualifie l'aide de la Pologne aux réfugiés de « hors norme ». En plus de l'hébergement, de multiples services ont été fournis comme par exemple le dons de vêtements, l'organisation logistique dans les gares et la prise en charge d'enfants. Fin juillet 3,5 millions de réfugiés auraient pris la route du retour[37].

République tchèque

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De nombreux ukrainiens partent en Russie à l'issue de la guerre mais la majorité des journaux occidentaux questionnent le fait que ce soit des départs volontaires et parlent plutôt de déplacements forcés. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonce « une déportation massive »[38],[39],[40].

Critiques de la gestion de la crise

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Discrimination sur la couleur de peau et l'origine à la frontière ukrainienne

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Selon USA Today, des rapports suggèrent que les personnes de couleur fuyant l'Ukraine sont victimes de discrimination à la frontière. Selon des universitaires et des réfugiés, la crise a mis en évidence le double standard dans la façon dont les nations traitent les réfugiés en fonction de leur pays d'origine, de leur race ou de leur religion. La réponse de l'Europe aux personnes de couleur fuyant l'Ukraine a mis en lumière le « racisme et la xénophobie flagrants » dont sont victimes les migrants et réfugiés noirs, a déclaré Ifrah Magan, professeur adjoint à la Silver School of Social Work de l'université de New York, qui a fui la Somalie lorsqu'elle était jeune[41].

Des rapports ont fait état de policiers et de membres du personnel de sécurité ukrainiens refusant de laisser des Nigérians monter dans les bus et les trains en direction de la frontière entre l'Ukraine et la Pologne, a déclaré le bureau du président du Nigeria dans un communiqué[41].

L'Association des journalistes arabes et du Moyen-Orient a condamné « les reportages racistes qui accordent plus d'importance à certaines victimes de la guerre qu'à d'autres ». Le groupe a déclaré qu'il avait suivi les reportages décrivant l'Ukraine comme « civilisée », « comme nous » et « de classe moyenne », tout en normalisant la tragédie au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique latine[41].

Notes et références

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  1. Du fait de la libre circulation des personnes dans l'espace Schengen, les réfugiés peuvent être comptés deux fois.

Références

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  1. « UN-Angaben: 500.000 Menschen aus der Ukraine geflüchtet », (consulté le ).
  2. Clara Bauer-Babef, « Trafic d'êtres humains : les réfugiés ukrainiens dans le piège des petites annonces en ligne », sur euractiv.fr, (consulté le ).
  3. Slate.fr, « En Ukraine, des femmes qui tentent de fuir le pays deviennent les victimes de réseaux de trafic sexuel », sur Slate.fr, (consulté le ).
  4. Deutsche Welle (www.dw.com), « L'Union européenne se prépare pour des millions de réfugiés d'Ukraine | DW | 28.02.2022 », sur DW.COM.
  5. (en) « EU plans to grant Ukrainians right to stay for up to 3 years » [« L'UE prévoit d'accorder aux Ukrainiens le droit de rester jusqu'à 3 ans »], Reuters, (consulté le ).
  6. (en) « Live : Marche sur Kiev “bloquée” par des défis logistiques, attaque près du mémorial de l'Holocauste condamnée », BreakingNews.ie,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « La SNCF va permettre aux réfugiés ukrainiens de voyager gratuitement dans les trains en France »  , sur BFM TV, .
  8. « L'Allemagne et l'Autriche annoncent la gratuité du transport ferroviaire pour les réfugiés ukrainiens », sur brusselstimes.com.
  9. « Remarks by President Biden and President Zelenskyy of Ukraine in Joint Press Conference », sur The White House, (consulté le ).
  10. (en) « Ukraine refugee situation », sur data2.unhcr.org, (consulté le ).
  11. « België maakt 3 miljoen euro vrij voor humanitaire hulp Oekraïne », sur hln.be.
  12. « Putin droht weiter : Auch Innenminister will ukrainische Flüchtlinge aufnehmen », sur MeinBezirk.at.
  13. (en) « UNHCR: Ukraine could become "Europe's largest refugee crisis this century" », CNN,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Guerre en Ukraine : plus de 4,4 millions de civils déplacés en deux semaines de combats, selon l’ONU », sur ONU Info, (consulté le ).
  15. « INFOGRAPHIES. Guerre en Ukraine : plus de 1,7 million de réfugiés ont déjà quitté le pays », sur BFMTV (consulté le ).
  16. « Réfugiés ukrainiens. En Pologne, des bénévoles au bord de l’épuisement », sur Courrier international, (consulté le ).
  17. « Ukraine : la Pologne ouvre les bras à une vague de réfugiés inédite », sur Les Echos, (consulté le ).
  18. « Pologne: un projet de loi pour légaliser le séjour des réfugiés ukrainiens », sur Le Soleil, (consulté le ).
  19. (uk) « Як криворіжцям евакуюватись із дітьми: всі необхідні документи? - ikryvorizhets.com »,‎ (consulté le ).
  20. (en) Matt Monta, « Voices from Ukraine: WGM Olga Babiy », sur US Chess.org, (consulté le ).
  21. Jennifer Korn, CNN Business, « Airbnb offrant un logement temporaire gratuit pour jusqu'à 100 000 réfugiés ukrainiens », sur CNN (consulté le ).
  22. « Ukraine invasion: Family 'overwhelmed' by donations for refugees », sur BBC News, (consulté le ).
  23. (en) Dianne Solis et Hojun Choi, « Where to donate to help Ukrainians », sur Dallas News, (consulté le ).
  24. « Identification des besoins de sauvegarde du patrimoine vivant parmi les communautés déplacées d'Ukraine », sur ich.unesco.org (consulté le ).
  25. Lisa De Bode : Ook België zal Oekraïense vluchtelingen opvangen. Dans : standard.be. 25 février 2022, récupéré le 1er mars 2022 (néerlandais).
  26. België maakt 3 miljoen euro vrij voor humanitaire aide Oekraïne. Sur : hln.be. Het Laatste Nieuws, 27 février 2022, récupéré le 1er mars 2022 (néerlandais).
  27. « Sur l’accueil de réfugiés ukrainiens, la France solidaire mais dans l’attente »  , sur Le Monde, .
  28. « Ukraine : la France se mobilise pour accueillir les réfugiés », sur Les Échos, (consulté le ).
  29. « Le ferry « Méditerranée », petite bulle d’Ukraine sur le port de Marseille », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. « Les réfugiés ukrainiens débarqués du ferry « Méditerranée » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. Nicolas Santolaria, « Punaises de lit : comment cette bestiole est devenue un centre d’attention médiatique », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  32. « France: la psychose des punaises de lit « amplifiée » par Moscou (diplomatie) »  , sur Mediapart, (consulté le )
  33. i24NEWS, « Israël : de plus en plus de réfugiées ukrainiennes entraînées dans la prostitution », sur I24news (consulté le ).
  34. Giuseppe Valiante, « Premier navire de la saison des croisières: Le capitaine du Volendam se souvient des Ukrainiens qu’il a hébergés », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  35. « L'accueil des réfugiés ukrainiens en Pologne, ou comment panser les plaies de l'Histoire », sur france24.com (consulté le ).
  36. (en) « Ukraine refugee situation », sur data.unhcr.org (consulté le ).
  37. « Guerre en Ukraine : l'aide des Polonais aux réfugiés en 4 chiffres clés », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  38. « Les réfugiés ukrainiens en Russie : "C'est une déportation massive", dénonce Volodymyr Zelensky », sur euronews.com, (consulté le ).
  39. « La nouvelle vie amère des réfugiés ukrainiens en Russie », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  40. « Guerre en Ukraine: black-out sur le sort des 640.000 Ukrainiens «réfugiés» en Russie », sur lesoir.be, (consulté le ).
  41. a b et c (en-US) Grace Hauck, « Black and brown refugees are once again being turned away in Europe amid Ukraine migrant crisis », sur USA TODAY (consulté le ).