Combat de Saint-Michel-et-Chanveaux (1794)
Le combat de Saint-Michel-et-Chanveaux a lieu le , lors de la Chouannerie. Il s'achève par la victoire des républicains qui repoussent une attaque des chouans contre le bourg de Saint-Michel-et-Chanveaux.
Date | |
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Lieu | Saint-Michel-et-Chanveaux |
Issue | Victoire des républicains |
République française | Chouans |
• Charles Decaen | • Guillaume de Sarrazin † |
360 hommes[1] | 500 hommes[2] |
3 morts[1] 10 blessés[1] |
20 morts[2] 20 blessés[2] |
Coordonnées | 47° 40′ 52″ nord, 1° 07′ 45″ ouest | |
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Déroulement
modifierAprès avoir pris le bourg de Combrée, les chouans de la région de Segré, menés par Guillaume de Sarrazin, se portent sur Saint-Michel-du-Bois (Saint-Michel-et-Chanveaux), en vue de prendre le bourg[1],[2]. Cependant le cantonnement est renforcé pendant la nuit par les troupes de l'adjudant-général Decaen, qui prennent position dans le bourg et derrière les murs du château[1],[2].
Forces en présence
modifierSelon le rapport du district de Segré[Note 1], l'adjudant-général Decaen commande 25 chasseurs de la Charente, 100 soldats du 92e régiment d'infanterie de ligne, 200 hommes du 2e bataillon des grenadiers réunis, environ 30 gardes nationaux de Segré, tant guides que sapeurs, et six cavaliers du 2e régiment de cavalerie[1]. L'ensemble forme environ 350 hommes[1]. Le nombre des chouans est estimé par le district à 500 hommes armés et 300 paysans[1].
D'après un cahier rédigé par le chef chouan François Bellanger[Note 2], les républicains sont estimés à 600 hommes, tandis que Guillame de Sarrazin est à la tête de 500 hommes lors de ce combat[2].
Déroulement
modifierLe 13 fructidor an II (), les chouans marchent sur Saint-Michel-du-Bois[1],[2]. Cependant, les insurgés, habitués à se battre dans le bocage, hésitent à se lancer à l'assaut d'une position fortifiée[2]. Pour encourager ses hommes, Sarrazin court en avant, accompagné par seulement sept ou huit combattants[2]. Cependant, il est mortellement touché de deux balles à la chaussée de l'étang, près des murs du parc du château[2]. La mort de Sarrazin, décourage les chouans, qui sont contraints d'abandonner le corps de leur chef et qui prennent le fuite vers la lande[1],[2]. Les combats s'achèvent après avoir duré une heure et demie[1].
Pertes
modifierSelon le rapport du district de Segré, les pertes républicaines sont de trois tués et dix blessés pour les républicains, contre 60 morts du côtés des chouans[1]. Selon le chef chouan Bellanger, les royalistes ont 20 morts et autant de blessés, tandis que les républicains ont 3 ou 4 hommes de tués[2]. Les deux sources font état de la mort du chef chouan Guillaume de Sarrazin[2],[1],[3].
Notes et références
modifierNotes
modifier« La déroute de Combrée fut le prélude de nouveaux désastres. Les brigands, au nombre de quatre à cinq cents hommes armés, parcouraient les campagnes, en enlevaient les habitants, les faisaient marcher avec eux. Ils avaient traversé comme un torrent les communes de Combrée, Tremblay, Noëllet, Vergonnes, Armaillé, Saint-Michel, La Prévière ; rien ne s'opposait à leur marche insultante. Ils préparaient un soulèvement général dans les campagnes : nous touchions à cette époque désastreuse. Decaen, adjudant général à Segré, brave et intelligent, instruit de tant de malheurs, prend son parti : il rassemble les troupes d'environ quatre cantonnements, formant un corps de trois cent cinquante hommes, et se met en marche, le 12 fructidor après midi, pour-mettre un terme à tant d'horreurs. Le lendemain, il rencontra les brigands près le bourg de Saint-Michel : ils étaient environ cinq cents hommes armés et trois cents paysans. Decaen les voit, fait d'habiles dispositions, tend des pièges, engage le combat. La fusillade dure une heure et demie. Enfin les républicains l'emportent sur les esclaves de la tyrannie ; ils prennent la fuite, laissant sur le champ de bataille soixante d'entre eux et leur chef, Sarrazin. Un chasseur de la Charente l'a renversé par terre au moment où il ralliait sa troupe. Des papiers intéressants qui jettent de la clarté sur leurs forces et leurs projets ont été trouvés sur ce scélérat, qui se qualifiait du titre de général des armées royales et catholiques dans l'Anjou. Nous faisons passer copie de ces pièces au Comité de Salut public.
Notre perte est de trois hommes tués et de dix blessés grièvement. Nos forces consistaient en vingt-cinq chasseurs de la Charente, cent soldats du 92e, deux cents du second bataillon des grenadiers réunis, et environ trente gardes nationaux, tant guides que sapeurs, de Segré, ainsi qu'en six cavaliers du 2e régiment.
Nous ne dirons pas que la guerre des Chouans est terminée, mais seulement que soixante brigands et un chef sont détruits[1]. »
— Rapport du district de Segré le 14 fructidor an II ().
« Les Chouans allèrent à Saint-Michel, après avoir pris sur leur passage tous ceux qu'ils connaissaient dévoués et dans le cas de porter les armes, et enfin 500 hommes réunis furent pour attaquer à Saint-Michel-du-Bois. Quand on décida l'attaque, le cantonnement n'était que de 200 hommes, mais il avait reçu pendant la nuit un renfort de 600 hommes, particularité ignorée alors des Chouans. Les républicains s'étaient retranchés derrière les murs du bourg et dans un vieux château appartenant à M. de Bourmont. M. Sarrazin, en tête de l'armée, veut, sans prendre de détour, marcher droit à l'ennemi; mais nos Chouans, qui jusqu'alors ne l'avaient vu qu'en campagne, hésitent. Lui, qui ne connaissait jamais ni obstacle ni danger, court en avant avec 7 à 8 braves pour donner l'exemple. Par une fatalité, en passant sur la chaussée de l'étang pour arriver où l'ennemi était retranché, il reçoit une balle, le long des murs du parc, et tombe presque mort. Les Chouans le tenaient pour l'emmener — c'était le nommé Armaron qui le tenait dans ses bras — mais, au même moment, il reçoit un second coup de feu dans les reins. Ce fut à ce second coup de feu qu'il dit : « Mes amis, laissez-moi... je suis un homme mort! » Telles furent ses dernières paroles et il expira.
Sa mort jeta la consternation parmi ses frères d'armes et causa des regrets aussi cruels que mérités. Les nôtres s'enfuirent vers la lande. Une colonne se trouvait à leur rencontre pendant que ceux de Saint-Michel sortirent et foncèrent sur leurs derrières, ce qui acheva de mettre le désordre. M. Sarrazin fut abandonné et laissé mort sur le champ de bataille. On prétend que le général Decaen, qui commandait à Saint-Michel; ordonna aux siens de respecter dans M. de Sarrazin le cadavre d'un brave, bel hommage arraché à une juste admiration. Il y eut à Saint-Michel 3 ou 4 républicains tués. Les royalistes perdirent environ 40 hommes dont 20 tués et autant de blessés.
M. de Sarrazin, gentilhomme de Clermont en Auvergne, était sorti des pages. Il avait échappé au massacre du 10 août et était venu dans ce pays-ci avec ses deux amis, MM. Lancelot de Turpin et Louis de Dieusie. La plus rare bravoure et un noble enthousiasme caractérisaient ce général, adoré de ses soldats[2]. »
— Cahier rédigé par le chef chouan François Bellanger.
Références
modifier- Uzureau 1907, p. 276-277.
- Chêne 1899, p. 313-315.
- Lehideux 2009, p. 159.
Bibliographie
modifier- Arthur du Chêne, « Notes particulières sur les faits et circonstances qui ont eu lieu dans la guerre des chouans de l'armée dite du Bas-Anjou et Haute-Bretagne », dans Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers, t. I, Angers, Lachèse et compagnie, imprimeurs-libraires, , 412 p. (lire en ligne). .
- François Uzureau, « Les Chouans dans le Craonais (1794-96) », dans Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers, t. X, Angers, Germain et G. Grassin, imprimeurs-éditeurs, , 486 p. (lire en ligne). .
- Tanneguy Lehideux, Combats d'un Chouan : Terrien cœur de lion, colonel de Chouans, chevalier de Saint-Louis ou La Chouannerie en Haute-Bretagne et en Anjou, La Crèche, Geste éditions, , 443 p. (ISBN 978-2-84561-509-0, BNF 41454424). .