Collectivisme

idéologie et forme d'organisation sociale basée sur la collectivité comme base légitime du pouvoir décisionnel et exécutif
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Le collectivisme est une idéologie et une forme d'organisation sociale dont la légitimité du pouvoir décisionnel et exécutif se trouve dans la collectivité, l'ensemble de la population.

C'est aussi un concept de psychologie sociale, mettant en avant le groupe prioritairement à l'individu.

Une société collectiviste se caractérise ainsi par des personnes dont les objectifs coïncident avec ceux du groupe et qui ont l'ascendant sur leurs buts personnels.

Les bases du collectivisme sont l'insertion dans un groupe donné, les codes à adopter pour être conforme aux normes sociales de son groupe, le sentiment d'identité et d'appartenance au groupe et la solidarité envers les autres membres du groupe.

Le collectivisme s'oppose à l'individualisme.

Collectivisme économique

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Le collectivisme économique est un mode d'organisation sociale fondé sur la mise en commun des moyens de production. Par extension, il désigne un système qui admet une intervention d'un organisme dans le domaine économique pour organiser sa planification/gestion.

Pour ses adversaires, celui-ci implique la négation du droit de propriété, dès lors qu'il utilise la coercition et fait fi du consentement des individus. Du fait qu'il repose sur la loi du plus fort via l'intervention de l’État (ou de toute autre instance coercitive), il a nécessairement une traduction politique : le collectivisme politique.

Collectivisme politique

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Le collectivisme politique est un mode d'organisation sociale fondé sur l'appropriation des moyens de décision, au nom de tous, de la majorité, de la généralité. Par extension, système qui admet une intervention de l'État (ou d'autres groupements autoritaires) dans le domaine économique, politique et social en édictant des lois contraignantes.

Pour les libéraux, le collectivisme politique implique la négation des droits de l'individu, c'est une forme d'esclavagisme. L'entité collective (nation, classe, etc.) passe avant l'individu, qui n'est plus qu'un rouage à son service :

« Le collectivisme affirme que l'individu n'a pas de droits, que sa vie et son travail appartiennent au groupe […] et que le groupe peut le sacrifier à son gré pour ses propres intérêts. La seule façon d'établir une doctrine de ce genre implique l'emploi de la force — et l'étatisme a toujours été le corollaire politique du collectivisme. »

— Ayn Rand[réf. nécessaire]

Social-démocratie, écologie politique (malgré un courant plus fondamentalement libéral-libertaire), socialisme, communisme (avec des variantes notables), à l'autre extrême parfois lié de l'hémicycle nazisme et fascisme également, à des degrés, avec des natures et des motifs extrêmement divers, sont ainsi que leurs déclinaisons possibles des idéologies où le collectivisme étatique, qu'il ait une dimension de révolution prolétaire dictatoriale ou de traditionalisme et de nationalisme marqués, a une place plus ou moins cardinale. Le holisme peut aussi conduire au collectivisme, par opposition à l'individualisme ou au réductionnisme, et à leurs manifestations politiques (libérales, libertaires, libertariennes, nihilistes ou relativistes). La place des divers anarchismes est parfois ambiguë.

Le collectivisme existe tant à gauche qu'à droite sur l'échiquier politique, la nécessité de la coercition antilibérale civile par opposition à l'autre extrême de l'axe autoritaire-libertaire, et d'une place centralisatrice de la politique étatique dont l'orientation gauche-droite sur l'autre axe peut faire varier les domaines réservés, étant invoquée en des buts notamment économiquement progressistes ou libéraux, et réciproquement, pour contraindre l'individu à réguler ses tendances, en rapport avec les postulats conservateurs et la réaction sociétale éventuellement, y compris en cas de progressisme social ou de liens avec l'optique populiste de dirigeants. Qu'il s'agisse de collectivisme de droite ou de gauche, par certains aspects, une tension souvent hypocrite entre collectivisme égalitaire et organisation sociale hiérarchique où sont lissés les écarts et la diversité traverse aussi la régulation invoquée, la notion de liberté et d'expressivité étant écartée de façon rarement assumée de l'égal traitement auquel tendent en tous les cas à être désavantageusement soumis les sujets, l'égalité diversitaire ou la gestion équitable étant une piste condamnée et l'abus inégalitaire des politiques uniformisantes étant privilégié.

« L’homme est pour moi un « animal social », dont l’existence est consubstantielle à celle de la société. Le droit n’est pas d’abord affaire de titre, mais de mesure, c’est-à-dire qu’il ne se définit que comme un rapport d’équité entre des personnes vivant en société : il n’y a donc aucun titulaire de droits hors de la vie sociale, et dans celle-ci il n’y a que des attributaires. La vie économique représente, non une sphère, mais une dimension de la vie sociale, que toute société traditionnelle place de surcroît au plus bas niveau de son échelle de valeurs. Le politique est le lieu de la souveraineté et de la légitimité. La société n’est pas l’addition des atomes individuels qui la composent mais, dans une perspective « holiste », un corps collectif dont le bien commun prime, sans les supprimer sur les seuls intérêts des parties. L’éthique implique qu’on ne recherche jamais d’abord son intérêt personnel, mais qu’on contribue aux solidarités organiques qui renforcent le lien social. L’appartenance citoyenne fait, de même, obligation aux personnes d’œuvrer d’abord au bien commun. La liberté ne se définit pas comme la possibilité d’échapper à l’autorité politique ou de se soustraire à la vie publique, mais comme la possibilité d’y participer. »

— Alain de Benoist

Au contraire, pour les libéraux, le collectif n'a de sens que s'il rend service à l'individu et l'émancipe : l'appartenance collective n'est qu'un moyen et certainement pas une fin de la nature humaine. Le collectivisme comme l'illibéralisme peut être de droite comme de gauche sur le plan sociétal et économique, avec notamment un conservatisme sociétal et/ou un libéralisme économique possibles dans les deux tendances, et leurs nuances s'opposent à celles du libéralisme de gauche, c'est-à-dire progressiste socialement et/ou sociétalement, plus que favorable à l'économie de marché, mais parfois plus ou moins ouverte à celle-ci, en fonction des points de vue complexes sur l'échiquier politique, et à celles du libéralisme de droite, les deux pouvant conjuguer des morales sociales et sociétales diversement conservatrices ou progressistes, une vision radicalement ou modérément ouverte au marché libre et une valorisation variable, parfois en conjugaison, de la spécificité, créativité, responsabilité ou performance respectueuse de la liberté, de l'égalité, de l'équité, de l'inclusion ou de la diversité à l'échelle individuelle. Ces valeurs cardinales variables s'opposent à l'uniformisation que peut promouvoir un système collectiviste, en particulier sociétalement illibéral, quel que soit son positionnement socio-économique. Le collectivisme peut cependant être plus égalitaire lorsqu'il abolit ou tempère la hiérarchie en rejoignant parfois le libéralisme ou l'anarchisme, qui peut lui être opposé, sur la base de la confiance placée dans l'autodétermination souveraine de l'individu pour faire du commun respectueux d'elle un but envisageable. Plus fondamentalement opposé à l'anarcho-capitalisme, mouvement marginal au sein de l'anarchisme, ainsi qu'à l'anarchisme écologiste et chrétien de droite à la morale sociétale et parfois sociale diversement contraignante, le collectivisme entretient des relations complexes avec l'anarchie, l'écologie et la chrétienté. Le collectivisme, quel que soit son rapport au libéralisme économique, s'oppose souvent aussi à l'anarchisme libertaire du point de vue des mœurs qui désapprouve plus ou moins le capitalisme comme oppression, le libéralisme et la valorisation du mérite individuel qui élude les facteurs discriminants présents au départ pour raisons essentiellement culturelles et hiérarchise les personnes à l'aune de leurs résultats ou d'autre chose. Mais l'anarchisme libertaire (avec encore une diversité des visions quant à la tolérance de mœurs) peut justement plébisciter l'harmonie coopérative des êtres et donc un collectivisme plus honnête, se retrouver dans le socialisme, le communisme de type primitif et la volonté non dévoyée de partager vertueusement les ressources disponibles, en rapport particulièrement complexe au communisme étatique éternisant et dévoyant la dictature prolétaire, à l'idée de peuple et de nation, au paléolibertarianisme et à l'aile droite de l'anarchisme écologique et/ou chrétien promouvant souvent en droit naturel la vertu civile exemplaire, l'aile gauche étant également le fruit d'une mosaïque complexe de doctrines ayant une vision ambiguë de la pensée collective. Les notions de libertaire et d'anarchiste ou de socialiste au sens large n'ont pas non plus à être confondues systématiquement. Mais la notion politique de collectivisme libertaire, dont un théoricien fut Mikhaïl Bakounine, important opposant persécuté au communisme soviétique, renvoie historiquement et essentiellement à une vision anarchiste autour de l'économie, théorie qui souhaite émanciper l'individu en faveur de la coopération égalitaire. Tout collectivisme, en pratique notamment lorsque l'égalitarisme est poussé jusqu'à l'anarchie, y compris dans son lien même avec la liberté, lorsqu'il ne s'agit pas en substance de compétition anarcho-libertarienne et de forme très capitaliste de la pensée libérale, n'est donc pas de nature à ne jamais reconnaître à l'individu de droits, valeurs en soi en plus de devoirs ou responsabilités, et au contraire le collectivisme et/ou l'illibéralisme progressiste en matière socio-économique, plus ou moins modéré ou radical, peut notamment respecter dans de grandes proportions et davantage que l'individualisme agressif associé à l'étatisme sécuritaire (autre point sensible des visions diverses du spectre idéologique, le collectivisme dictatorial, l'extrême droite, l'extrême gauche mais encore les liens de tous et de l'individualisme radical ou libertarianisme avec la gouvernance étatique associant souvent aux domaines réservés de celle-ci, avec ou sans nationalisme, lorsqu'ils souhaiteraient une prise minimum sur les choix individuels, des fonctions régaliennes souvent accentuées dans leur caractère policier, militaire, et de surveillance contre les libertés dont idéologiquement d'opinion et d'expression) comme dérives en particulier contemporaines du libéralisme classique et du laissez-faire ou de la tolérance démocratiques et en matière d'économie la participation politique et les libertés civiles ou de mode de vie comprises comme égalitaires, diversitaires, pourvu qu'il renie et modère par l'alliance avec ce qui est souvent compris comme l'autre extrême en matière surtout de degré de libéralisme civil une part souvent relevée de son essence, laquelle est peut-être même une façon de le galvauder et de le décrédibiliser dont certains responsables comptent comme des dirigeants collectivistes revendiqués.

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