Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Laurent d'Eu
La collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent d'Eu est une ancienne collégiale à Eu (Seine-Maritime). Elle était à l'origine le lieu de culte d'une abbaye qui fut détruite sous la Révolution. Cette église, construite entre 1186 et 1240, était celle des chanoines de Saint-Victor. La collégiale fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1].
Collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent d'Eu | ||||
La collégiale de nos jours. | ||||
Présentation | ||||
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Culte | Catholique romain | |||
Dédicataire | Notre-Dame et saint Laurent | |||
Type | Collégiale | |||
Rattachement | Archidiocèse de Rouen | |||
Début de la construction | 1186 | |||
Protection | Classé MH (1840)[1] | |||
Site web | Paroisse de Eu sur Bresle et Yères - Diocèse de Rouen | |||
Géographie | ||||
Pays | France | |||
Région | Normandie | |||
Département | Seine-Maritime | |||
Ville | Eu | |||
Coordonnées | 50° 02′ 56″ nord, 1° 25′ 11″ est | |||
Géolocalisation sur la carte : Seine-Maritime
Géolocalisation sur la carte : Normandie
Géolocalisation sur la carte : France
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Elle accueillit la sépulture de saint Laurent O'Toole puis celles des comtes d'Eu[2].
Histoire
modifierFondée en 925 par Guillaume I, comte d'Eu, d'abord collégiale Sainte-Marie, desservie par des clercs séculiers, en 1119, Henri 1er, comte d'Eu, consent au changement de chanoines séculiers en réguliers de Saint-Victor, de l'ordre de Saint Augustin. Elle devient donc une abbaye[3].
En 1161, la confraternité est établie entre l'abbaye d'Eu et l'abbaye du Tréport. Si quelque religieux de l'une et l'autre communauté est en désaccord avec son abbé, il pourra se retirer dans l'autre abbaye, jusqu’à ce que le tout soit apaisé[4].
En 1181, saint Laurent O’Toole, archevêque de Dublin, y meurt, canonisé en 1248. L'église, reconstruite en 1186, prend son nom. Les différents bâtiments de l'abbaye sont achevés en 1230. L'église subit les incendies de 1426 et 1475 qui touchent la ville d'Eu. En 1455, l'église est brûlée à la suite d'un orage.
En 1625, les Capucins sont admis à établir un couvent de leur ordre, au quartier de Saint-Pierre et à se servir de l'église paroissiale de Saint-Pierre. En 1632, l'abbaye s'unit à la congrégation de France.
Le 13 février 1790, l'assemblée constituante prononce l'abolition des vœux monastiques et la suppression des congrégations religieuses. Ses bâtiments sont détruits. Le terrain de l'abbaye est acheté par le château. Seule reste aujourd'hui son église. Deux épitaphes de frères sont scellées dans le mur de l'église contre lequel ils furent inhumés. C'est aujourd'hui l'église paroissiale Saint-Laurent. Elle a été restaurée et embellie par Louis-Philippe.
Abbés et abbés commendataires
modifierSelon Coquelin[4]
Abbés réguliers
modifier- 1119 : Raoul, 1er abbé, venant de l'abbaye Saint-Victor de Paris
- v. 1130-1148 : Goscelin, Gosselin ou Josselin
- Nicolas
- v. 1138-1148 : Robert
- v. 1161 : Roger
- v. 1181-1191 : Osbert
- v. 1186 : Mathieu
- v. 1196-1207 : Hugues
- v. 1212-1214 : Gilles
- v. 1224-1248 : Guyon ou Gui
- v. 1251-1256 : Guillaume
- v. 1260 : Guyon ou Gui 2e
- v. 1270-1290 : Thomas de Nangi
- v. 1301 : Jean
- v. 1312 : Pierre
- Guillaume 2e
- v. 1378-1400 : Robert 2e
- v. 1410-1419 :Thomas 2e
- v. 1420-1430 : Jean Grenon
- v. 1431 : Martin Nicole
- v. 1448 : Jean de Baucher
- v. 1451 : Richard
- Jean le Comte
- v. 1455-1464 : Jean Vallier
- v. 1474-1503 : Jean Glache
- (?-1510) : Honoré Villon
- (?-1531) : Jean de Montpelé, dernier abbé régulier
Abbés commendataires
modifierA partir du concordat de 1516, commence la série des abbés commendataires et seigneurs temporels :
- 1532-1541 : Jean de Langeac, évêque de Limoges.
- 1541-1543 : François de Tournon, archevêque d'Auch.
- 1548-1557 : François de Lestrange, évêque d'Alet.
- ?-1572 : Pierre ou Ponce de Vezenobre (-†1572).
- 1573-1588 : Pierre d'Elbène.
- 1589-1595 : Eustache Pignart.
- 1597-1601 : Gaston de Brieu ou Vast de Grieu.
- 1601-1649 : Nicolas de la Place.
- 1649 : Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims.
- 1650 : Roger de Lorraine.
- 1671-1676 : Virginio Orsini, cardinal.
- 1678-1708 : Pierre de Calvo, cardinal.
- 1742 : Maximilien de Montboissier de Beaufort-Canillac.
- 1745-1773 : N. Macé.
- 1773-1790 : Joseph-François d'Andigné de la Chasse, évêque de Chalon-sur-Saône.
Héraldique
modifierLes armes de l'abbaye se blasonnent ainsi : |
Description
modifierExtérieur
modifierCet édifice de style ogival, est élevé sur un plan en forme de croix latine, avec une nef principale, à laquelle sont accolés deux collatéraux. Le chœur, orienté à l'est, est cantonné par un transept et sept chapelles rayonnantes[7].
Intérieur
modifierLa nef, élevée au XIIIe siècle, se prolonge en onze travées à triple élévation.
Mobilier
modifierL'église est ornée de vitraux dont l'exécution, par l'atelier de peinture sur verre de la manufacture de Sèvres, se déroula de 1833 à 1847. Le programme iconographique élaboré avec l'accord du roi Louis-Philippe fit intervenir de nombreux artistes (Aimé Chenavard, Achille Déveria, Delacroix, Feuchères, Wattier, Ziegler). La grande verrière occidentale comporte un grand nombre de panneaux dont les cartons sont de Wattier et de Ziegler. Les verrières des bas-côtés représentent saint Jean l’Évangéliste et sainte Victoire (cartons d'après des dessins de Delacroix), sainte Adélaïde et saint Ferdinand (cartons de Déveria)[8].
Cet ouvrage de menuiserie date de 1731[9]. Réalisé par Adrien Le Jeune d'Abbeville, il représente un dais ovale soutenu par deux cariatides et orné de lambrequins dont les oves comportaient jadis des fleurs de lys sculptées. Ce meuble est surmonté de la statue de la religion sous laquelle pointent des canons évoquant l'un des donateurs, Louis Auguste de Bourbon, grand maître de l'Artillerie, duc du Maine et comte d'Eu de 1693 à 1736, qui avait offert le bois nécessaire à sa confection [10].
- Stalles XVIIe-XVIIIe[11].
- Chaire (1752) par le menuisier Grimpel[12].
- Orgue de tribune, réalisé par le maître-facteur Louis Isoré en 1614[13].
Œuvres
modifier- Bas-relief de Nicolas de Melleville, ancien maire d’Eu, mort en 1504, représentant une piéta. Bûché à la Révolution.
- Mise au tombeau polychrome du XVIe[14].
- Vierge à l'Enfant, possiblement attribuée à François Anguier[15].
- Sculptures en bois XVIIe de saint François de Paule et saint François d'Assise, de part et d'autre du chœur.
- Descente de croix attribuée à Jacques Blanchard[16].
- Assomption de Bernard Gaillot, salon de 1827.
- Saint Laurent d'Eu découvrant la ville, XVIIIe.
Crypte
modifierLa crypte, véritable église souterraine, longue de 31 m et large de 6,5 m est à vaisseau unique, avec cinq travées rectangulaires et une travée absidiale à sept pans. Elle s'étend sous le chœur et les deux dernières travées de la nef. Qualifiée par l'Abbé Cochet de Saint-Denis de la Normandie[17], elle contient les tombeaux (gisants), ornés de sculptures, de[18]:
- Laurent O’Toole (en descendant l'escalier, à gauche).
- Le duc d'Aumale (1704-1708) et Louis-Auguste de Bourbon, prince souverain de Dombes (1700-1755), tous deux fils de Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, lui-même fils de Louis XIV et de Madame de Montespan (au centre de la crypte).
- (à gauche, les hommes) Charles d'Artois († 1472), Philippe d'Artois († 1397), son fils Philippe d'Artois († 1397 en bas âge), Jean d'Artois († 1387), fils de Robert III d'Artois, et son fils Charles d'Artois († 1368 en bas âge).
- (à droite, les femmes) Isabelle de Melun († 1389)[19], Isabelle d'Artois († 1379)[20], Jeanne de Saveuse († 1448)[21], Hélène de Melun († 1472)[22].
Notes et références
modifier- Notice no PA00100650, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Abbé Cochet, Répertoire archéologique du département de la Seine-Inférieure, Imprimerie Nationale, Paris, 1871, p. 39-41
- Louis Sandret, L'ancienne église de France : État des archevêchés et évêchés de France, avant la constitution civile du Clergé de 1790, vol. Province ecclésiastique de Rouen, Paris, Librairie J.B. Dumoulin, (lire en ligne), p. 62.
- Coquelin 1888, p. 241.
- Alfred Canel, Armorial de la province des villes de Normandie, Rouen: A. Péron, 1849, p.77.
- Charles d'Hozier, Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques : Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, 1701-1800 (lire en ligne), p. 1147.
- Dr Coutan, La Normandie Monumentale et Pittoresque, Seine-inférieure, Le Havre, Lemale et Cie, imprimeurs, éditeurs, (lire en ligne), p. 333-344.
- Morel Dominique, « Les vitraux de l'église d'Eu. Une commande de Louis-Philippe à la manufacture de Sèvres (1833-1847) », Revue de l'Art, , p. 68-76 (DOI 10.3406/rvart.1994.348110, lire en ligne).
- Notice no PM76000648, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Abbé A. Legris, L'Eglise d'Eu et la chapelle du collège, notice historique et descriptive, Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, , XXX+164, p. 48
- « Notice PM76004167 », sur Base Palissy, Ministère de la Culture
- « Notice PM76000640 », sur Base Palissy, Ministère de la Culture
- « Notice PM76002000 », sur base Palissy, Ministère de la Culture
- « Notice PM76001999 », sur Base Palissy, Ministère de la Culture
- « Notice PM76000636 », sur Base Palissy, Ministère de la Culture
- « Notice PM76005942 », sur Base Palissy, Ministère de la Culture
- Dr Coutan, La Normandie Monumentale et Pittoresque, Seine-inférieure, Le Havre, Lemale & Cie, imprimeurs, éditeurs, (lire en ligne), p. 343-344
- Abbé A. Legris, L'Eglise d'Eu et la chapelle du collège, notice historique et descriptive, Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, , XXX+164, p. 104-109
- épouse de Jean d'Artois
- fille de Jean d'Artois.
- 1re femme de Charles d'Artois.
- 2e femme de Charles d'Artois.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Benoît Coquelin, L'Histoire de l'abbaye de Saint-Michel du Tréport, Rouen, Lestringant, , 748 p. (lire en ligne). .
- Ferdinand Coutan, « L'église Notre-Dame et Saint-Laurent d'Eu », dans La Normandie monumentale et pittoresque. Édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc. : Seine-inférieure, Le Havre, Lemale et Cie, imprimeurs, éditeurs, , 50 × 38 cm (lire en ligne), p. 333-344
- Ferdinand Coutan, « Eu. Église Notre-Dame-et-Saint-Laurent », dans Congrès archéologique de France. 99e session. Amiens. 1936, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 388-412
- Abbé A. Legris, L'Eglise d'Eu et la chapelle du collège, notice descriptive, 1913, Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, 1 vol. in 12°, XVI+164 pp..
- Paul Vitry, « Eu. Tombeaux de l'église Notre-Dame-et-Saint-Laurent », dans Congrès archéologique de France. 99e session. Amiens. 1936, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 412-420
Articles connexes
modifier- Liste de collégiales de France
- Liste d'abbayes augustiniennes de France
- Liste des monuments historiques de la Seine-Maritime
- Château d'Eu
- Chapelle du collège des jésuites d'Eu
Liens externes
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- Ressources relatives à la religion :
- Ressource relative à l'architecture :
- Les tombeaux sur le site personnel de Stéphane Thomas
- Paroisse Saint Michel d'Eu sur Bresle et Yères - Collégiale Notre Dame et Saint Laurent - Messe.info
- Collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent 0'Toole, Abbaye Sainte-Marie, Eu - Abbayes de Normandie
- Page sur le site de la ville d'Eu.