Cold War (film, 2018)

film de Paweł Pawlikowski sorti en 2018

Cold War (Zimna wojna « Guerre froide ») est un film dramatique polonais réalisé par Paweł Pawlikowski. Son scénario a été écrit par le réalisateur en collaboration avec Janusz Głowacki et Piotr Borkowski. Cette coproduction polono-franco-britannique est sortie en 2018.

Cold War

Titre original Zimna wojna
Réalisation Paweł Pawlikowski
Scénario Paweł Pawlikowski
Janusz Głowacki
Piotr Borkowski
Musique Marcin Masecki (pl)
Acteurs principaux
Sociétés de production Opus Film (Pologne)
MK2 (France)
Protagonist Pictures (Royaume-Uni)
Pays de production Drapeau de la Pologne Pologne
Genre Drame
Romance
Durée 85 minutes
Sortie 2018

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

L’action du film est placée en Pologne, dans la période de la Guerre froide d’après la Seconde Guerre mondiale. C’est une histoire d’amour qui dure pendant 15 ans avec de longues périodes de séparation, et qui finit tragiquement dans les conditions du régime communiste et de l’isolement entre Bloc communiste et Occident.

Le film a été très bien reçu, obtenant de nombreuses récompenses, parmi lesquels le Prix de la mise en scène du Festival de Cannes 2018 et plusieurs prix de l’Académie européenne du cinéma la même année.

Résumé détaillé

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En Pologne, en 1949, le compositeur Wiktor Warski, sa collaboratrice ethnomusicologue Irena Bielecka, et un membre de l’appareil du parti communiste, Lech Kaczmarek, parcourent une région rurale pour cueillir des chants et des danses traditionnelles, et pour recruter des membres pour un groupe folklorique[1]. À cause de la pauvreté qui règne dans la région, beaucoup de jeunes gens se présentent aux auditions. Parmi eux se trouve Zuzanna Lichoń (Zula), une jeune fille qui en fait est citadine et ne connaît pas de chants folkloriques, mais elle est ambitieuse, belle, elle a du charme et une belle voix. Elle séduit le jury avec une chanson en russe qu’elle chante très bien. On apprend qu’elle a été condamnée pour avoir attaqué son père qui abusait d’elle, et qu’elle est en liberté conditionnelle.

Le groupe est formé et il a du succès. Entre Zula et Wiktor, nommé directeur musical du groupe, une relation d’amour pleine de passion débute, bien que le compositeur soit sensiblement plus âgé qu’elle. Kaczmarek, devenu chef du groupe, demande à Zula d’espionner Wiktor et de lui donner des rapports sur celui-ci. Elle ne peut pas refuser mais révèle à Wiktor qu’elle le fait. Il est déçu d’elle pour un moment mais l’amour est plus fort.

Le parti, par son représentant Kaczmarek, imprime au groupe, à côté de son caractère folklorique, une fonction de propagande communiste stalinienne, ce qui fait Irena le quitter. Wiktor reste pour Zula mais décide de partir en Occident. Il la convainc de le suivre. L’occasion apparaît en 1952, quand le groupe va donner un spectacle à Berlin-Est. Le mur n’existe pas encore et on peut passer à Berlin-Ouest. Ils s’entendent pour se retrouver à proximité d’un point de passage, après le spectacle. Quand celui-ci se termine, Zula ne peut pas se décider à partir, elle va à la fête donnée par les hôtes allemands et boit beaucoup. Wiktor l’attend pendant longtemps mais elle ne vient pas, et il passe seul.

Wiktor s’établit à Paris, où il travaille comme pianiste dans le club de jazz l’Éclipse. Il a aussi une relation avec une femme qu’il n’aime pas. En 1954, le groupe de Zula arrive à Paris et ils se rencontrent, mais seulement pour un bref moment, dans la rue. À la question de Wiktor pourquoi elle ne l’a pas suivi, elle répond qu’elle n’avait pas confiance en elle-même. À ce moment-là non plus, elle n’ose pas rester à l’étranger. Elle retourne en Pologne avec le groupe mais leur amour ne s’éteint pas.

En 1955, le groupe donne un spectacle en Yougoslavie. Wiktor aussi y va pour revoir Zula mais il ne rencontre que Kaczmarek avant le spectacle. Elle, il ne réussit à la voir que de loin, lui étant dans la salle et elle sur la scène, parce que des agents de la police politique yougoslave le prennent et le font monter de force dans un train qui va vers l’Occident. En fait, ils lui rendent service, en ne le remettant pas aux Polonais.

Zula fait un mariage blanc avec un Italien et ainsi elle peut quitter la Pologne légalement. En 1957, elle va à Paris avec l’intention d’y rester avec Wiktor. Il l’introduit dans le cercle de ses amis du monde artistique et essaye de l’aider à se lancer. Par exemple, elle chante dans le club de Wiktor une chanson folklorique triste sur un amour qui ne peut s’accomplir, qu’elle chantait avec la chorale du groupe dès ses débuts. La chanson est arrangée par Wiktor et pour le moment, elle la chante en polonais. Wiktor et son ami français Michel veulent lui faire enregistrer un disque. Le texte de la chanson, qui revient plusieurs fois dans le film, est traduit en français par Juliette, une poétesse avec qui vivait Wiktor avant le venue de Zula. Zula n’arrive pas à s’adapter au milieu étranger, ce qu’on peut voir, entre autres, dans le fait qu’elle n’aime pas la chanson polonaise en français, elle enregistre son disque mais le cœur n’y est pas, et elle ne peut pas se réjouir quand celui-ci paraît. Lorsque Wiktor le lui remet, elle le jette dans une fontaine. Elle cherche le refuge dans l’alcool et finalement retourne en Pologne sans avoir prévenu Wiktor.

Wiktor est malheureux, il continue à aimer Zula et veut retourner en Pologne lui aussi. En 1959, il s’adresse au consul polonais, qui lui pose une condition : il pourra retourner après une période de temps où il espionnera les émigrants polonais qu’il connaît. Wiktor refuse et rentre en Pologne illégalement. Il est arrêté et condamné à 15 ans de détention dans un camp de travail pour trahison à la Pologne communiste et franchissement illégal de frontière. Zula réussit à lui rendre visite et lui promet de l’en sortir. Elle s’était mariée avec Kaczmarek dont la carrière a avancé, ils ont un enfant et elle chante toujours, mais elle est malheureuse et alcoolique.

En 1964, par les interventions de Kaczmarek, Wiktor est libéré mais c’est un homme fini : il ne peut plus jouer du piano, ayant quelques doigts mutilés. Il assiste avec Kaczmarek et l’enfant de celui-ci avec Zula, à un spectacle où elle chante une chanson de musique populaire dans le style des années 1960.

Après le spectacle, Zula demande à Wiktor de la délivrer d’une existence qu’elle ne peut plus supporter. Ils vont à une église en ruine isolée parmi des champs de blé, qui est apparue au début du film aussi. Zula met des comprimés sur l’autel, ils s’agenouillent et se disent les formules habituelles à la cérémonie de mariage, puis ils avalent les comprimés, vont s’asseoir sur un banc au croisement de chemins de campagnes où s’est arrêté l’autocar par lequel ils sont venus, et contemplent la vue devant eux. Le film se termine quand, à un moment, Zula dit « Allons voir l’autre côté aussi ». Ils se lèvent et sortent du cadre, où il ne reste que le ciel et les blés bercés par le vent.

Fiche technique

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Distribution

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Autour du film

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Film et réalité

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À côté des réalités historiques, sociales et politiques générales, qui apparaissent non pas de manière didactique mais suggérée, il y a d’autres éléments de réalité qui ont inspiré le réalisateur.

Pawel Pawlikowski a dédié ce film à ses parents, mais l’histoire du couple racontée dans le film n’est pas littéralement leur histoire. Par contre, les deux protagonistes portent les prénoms des parents du réalisateur, Wiktor et Zula (diminutif de Zuzanna). Dans une interview, le réalisateur relate que, lorsqu’ils se sont connus, sa mère avait 17 ans et son père dix ans de plus. Il avait beaucoup d’autorité et elle était un peu excentrique. Plus jeune, elle s’était enfuie de chez elle pour faire de la danse classique. Pendant 30 ans, ils se sont disputés, se sont trompés l’un l’autre, se sont mariés ensemble, ont divorcé, se sont remariés avec d’autres, se sont rencontrés à l’étranger, se sont re-séparés, pour devenir finalement un couple idéal. Leur relation changeait en fonction des événements, du contexte. Justement, dans le film, Pawlikowski a voulu montrer comment change le rapport de forces dans un couple en fonction du contexte[3].

Dans une interview, Pawlikowski dit que le groupe folklorique nommé dans le film Mazurek est inspiré du groupe Mazowsze, fondé à l’époque communiste, et qui existe encore en 2021, célèbre dans tout le Bloc de l’Est, que le réalisateur avoue avoir toujours admiré[4].

Analyse et accueil critique

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Cold War
Score cumulé
SiteNote
Metacritic 90/100
Rotten Tomatoes 90%
Compilation des critiques
PériodiqueNote

En France, le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 4/5, et des critiques spectateurs à 4/5[5].

Pour Thomas Sotinel (Le Monde), l’amour de Wiktor et Zula est impossible non seulement à cause des conditions externes mais aussi des différences entre eux. La priorité de Wiktor est de se réaliser en tant qu’artiste en liberté, alors que Zula cherche premièrement à se préserver des dangers. Malgré cela, leur amour résiste jusqu’à la mort. Le caractère de mélodrame est beaucoup atténué par la sobriété et la pudeur du film. Y contribuent également sa brièveté et le noir et blanc. Ce dernier procédé rend aussi l’atmosphère sombre de l’époque[6].

Selon Gérard Delorme (Première) aussi, entre Wiktor, un artiste formé par des études avant la guerre, et Zula, une fille simple, d’une catégorie sociale défavorisée, il y a une différence importante, qui n’est pas effacée par le régime communiste auto-proclamé égalitaire, mais par l’Occident non plus, comme si cette différence était inscrite dans les gènes des protagonistes. La mise en scène de Pawlikowski est d’une virtuosité sans ostentation. Il possède l’art d’exprimer beaucoup en montrant peu[7]. D’après Gaël Golhen (Première), ce peu est constitué seulement des moments pleins de force de l’action, le spectateur pouvant imaginer ce qu’il y aurait entre eux, qu’il soit un Polonais qui connaît le contexte historique, ou un Occidental qui ne le connaît pas. Celui-ci aussi peut être captivé par le film, spécialement par la force émotionnelle qui émane des protagonistes[3].

Le critique roumain Daniel Iftene (PRESSONE) trouve que l’une des notes originales du film est la façon dont il montre comment le régime communiste a essayé de « pénétrer la conscience populaire par l’asservissement et l’indusrialisation du folklore »). Quant à la photographie, il remarque la manière dont elle fixe chaque moment comme un instantané de l’époque, et donne au film une beauté à part, surtout quand l’objectif s’approche du visage des personnages, réussissant ainsi que les protagonistes accaparent totalement le regard du spectateur[8].

Pour Jean-Claude Raspiengeas de La Croix, « tout autant que cette histoire d’amour dont le cinéma capte et sublime les regards pour leur charge émotionnelle, langage direct qui se passe de mots, les élans, les mouvements discrets, Cold War envoûte par le style du cinéaste, les ambiances sonores, des chants populaires polonais au climat jazzy de l’Ouest, l’infinie poésie des images, le temps allongé des scènes, la beauté de ce noir et blanc si éloquent. C’est un éloge de l’épure. Une démonstration de la puissance émotive du minimalisme pour traduire la relation tempétueuse de deux amants. »[9].

Concernant les acteurs, les critiques ont remarqué surtout le jeu superbe de Joanna Kulig (Zula), pour la manière dont son visage exprime les sentiments et l’évolution du personnage dans le temps[10], pour l’énergie, l’émotion et la volupté qui se dégagent d’elle[11], pour le mélange de force et d’apparente innocence qu’elle réussit à rendre[8]. Pawlikowski disait qu’elle a non seulement un talent particulier d’actrice, mais aussi qu’elle chante et danse exceptionnellement bien, ayant une musicalité et une culture du mouvement phénoménaux[4].

Jacques Morice de Télérama considère que Cold War est « un mélodrame servi par un noir et blanc somptueux [...] Le cinéaste filme [l’]amour comme une malédiction, à travers des scènes où le plaisir et la mélancolie ne font qu’un. Des scènes à la fois intenses et un peu irréelles, comme les fragments distanciés d’un rêve ou d’un passé dont on ne voudrait garder que les souvenirs essentiels, douloureux et heureux. »[11].

Le même critique souligne le rôle central de la musique dans le film. Elle n’est pas seulement un accessoire mais fait partie de l’être des personnages. Les scènes où l’on cueille du folklore au début du film sont réalistes comme un film documentaire, genre dans lequel Pawlikowski a débuté[11]. À son tour, Stephanie Zacharek (The Criterion Collection) remarque la variété de cette musique. La même chanson apparaît dans des styles différents : d’abord comme du folklore authentique, puis adaptée pour la scène, chantée en chœur, ensuite en style de jazz, une fois en polonais, une autre en français[10]. Le critique hongrois de Slovaquie László G. Szabó remarque qu’il ne manque pas non plus l’improvisation de jazz comme expression du désespoir de Wiktor, ni le rock and roll des années 1950 dans lequel se réfugie Zula à côté de l’alcool[4].

Distinctions

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Récompenses

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2018 :

2019 :

Sélections

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Nominations

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Notes et références

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  1. Section d’après le contenu d’image et textuel du film
  2. Hartwich 2017.
  3. a et b Golhen 2020.
  4. a b et c Szabó G. 2018.
  5. « Cold War », sur Allociné (consulté le ).
  6. Sotinel 2018.
  7. Delorme 2018.
  8. a et b Iftene 2018.
  9. Raspiengeas 2018.
  10. a et b Zacharek 2019.
  11. a b et c Morice 2018.
  12. « Tout le Palmarès du 71e Festival de Cannes », sur festival-cannes.com, (consulté le )
  13. (en) « European Film Awards. 2018 Awards », sur imdb.com (consulté le )
  14. (en) « 2018 FFCC WINNERS », sur floridafilmcritics.com, (consulté le )
  15. Tapley 2018.
  16. (en) « New York Film Critics Circle Awards. 2018 Awards », sur imdb.com (consulté le )
  17. (en) « New York Film Critics, Online. 2018 Awards », sur imdb.com (consulté le )
  18. (en) « European Film Awards. 2019 Awards », sur imdb.com (consulté le )
  19. (es) « Premios Goya 2019 », sur premiosgoya.com (consulté le )
  20. (en) « Competition Awards », sur theasc.com (consulté le )
  21. Heyrendt 2019.
  22. Site du Festival du film de Cabourg (consulté le ).
  23. Site du Festival du film de Karlovy Vary (consulté le ).
  24. Toronto Film Festival Lineup: ‘Beautiful Boy’, ‘Ben Is Back’, ‘If Beale Street Could Talk’, ‘Widows’ Among World Premieres (consulté le ).
  25. Site du Festival du film de Saint-Sébastien (consulté le ).
  26. (en) « Antalya Golden Orange Film Festival 2018 », sur mubi.com (consulté le )
  27. (en) « EE British Academy Film Awards Winners in 2019 », sur bafta.org, (consulté le )
  28. « Prix et nominations : César 2019 », sur allocine.fr (consulté le )
  29. (en) « Oscar Nominations 2019: The Complete List », Variety, (consulté le )

Voir aussi

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Sources

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Bibliographie

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Liens externes

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