Coccinelle (artiste)
Coccinelle est le nom de scène de Jacqueline Charlotte Dufresnoy, née le à Paris 18e et morte le à Marseille 5e[1], artiste française, danseuse, chanteuse et actrice transgenre.
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Zize Dupanier (d) (de à ) |
C'est l'une des premières femmes trans connues du grand public.
Biographie
modifierAssignée homme à la naissance le 23 août 1931 à Paris, elle grandit dans une famille aimante et qui accepte sa féminité[2]. Elle se teint les cheveux, s'habille très jeune de vêtements féminins. On la surnomme alors Coccinelle à cause d'une robe rouge à pois noirs qu'elle affectionnait, surnom qu'elle adoptera comme nom de scène[3].
Elle débute dans le monde du spectacle en 1953 chez Madame Arthur puis au Carrousel à Paris, comme Bambi, que l'artiste aide à débuter et héberge même à son domicile à ses débuts[4]. Coccinelle passe à l'Alcazar de Marseille en 1953, et y compose une saisissante silhouette de Marilyn Monroe, avec lunettes et robe lamée bleue[5]. En 1958, l'artiste effectue une vaginoplastie dans la clinique du Parc du Dr Georges Burou à Casablanca[6]. Défendue par l'avocat Robert Badinter, Coccinelle devient Jacqueline Charlotte Dufresnoy à l'état civil en 1959[7]. Première célébrité française à avoir officiellement changé de sexe, elle est ainsi une égérie transgenre dans les années 1950[8].
Vêtue de blanc, elle épouse, lors d'une cérémonie médiatisée, son premier mari, Francis Paul Bonnet, journaliste sportif, le [7]. Le couple souhaite adopter et fait face à de nombreux obstacles[réf. nécessaire]. Ils divorcent le 13 novembre 1962[réf. nécessaire]. Le , elle se remarie avec Mario Florentin Heÿns, danseur de music-hall colombien rencontré à Buenos Aires. Dans les années 1960, elle joue dans plusieurs films. Elle enregistre également trois 45 tours dans les années 1960.
En 1963, elle se produit à l'Olympia dans le spectacle Chercher la femme écrit et mis en scène par Bruno Coquatrix avec une pléiade d'artistes dont Pierre Doris. À partir de 1970, elle entamera une série de tournées qui la conduiront partout sur la planète, d'Amérique du Sud jusqu'en Australie, d'Amérique du Nord jusqu'en Équateur… À partir de 1978, elle s'établit à Berlin en Allemagne, où elle est la vedette d'un des plus grands cabaret berlinois, Chez Nous.
C'est seulement en 1986 qu'elle revient à Paris, chez Madame Arthur, là où elle avait débuté quarante ans plus tôt. Elle passe dans plusieurs émissions de télévision, de Tournez manège aux Dossiers de l'écran en passant par les plateaux de Frédéric Mitterrand et Thierry Ardisson. Elle en profite pour rédiger une autobiographie intitulée Coccinelle par Coccinelle. En 1989, elle triomphe au Casino de Paris aux côtés de son ami Pascal Sevran dans la revue Paris Casino. En 1990, on lui propose un spectacle qui raconte sa vie et dont elle est la vedette. Lorsque la guerre du Golfe éclate, le spectacle tombe à l'eau faute de financement. Elle décide de quitter Paris à ce moment-là pour retrouver le sud de la France qu'elle adorait depuis ses débuts.
À partir de 1992, elle se produit à Marseille. Le , elle y épouse en troisièmes noces le transformiste de chez Michou Thierry Wilson alias Zize Dupanier, en direct sur TF1 dans l'émission de Jean-Marc Morandini Tout est possible, avec qui elle fondera l'association Devenir femmes qui œuvre au soutien, à l'acceptation et à la reconnaissance sociale des personnes transféminines ayant ou non transitionné. Sept ans plus tard, elle prend une semi-retraite du monde du spectacle.
En 2005, elle sort un CD, Best Of de ses plus grands succès chez Marianne Mélodie.
Elle vit ses dernières années entre le Cabaret LouLou à Marseille, où elle suit les auditions d'artistes régionaux et son passe-temps favori : la plage.[réf. nécessaire]
En avril 2006, elle est victime d'un accident vasculaire cérébral que les médecins trouveront bénin, comme une alerte. Mais quelques mois plus tard, elle rechute et après un mois en soins intensifs, Coccinelle meurt d'un arrêt cardiaque à l'hôpital de la Timone à Marseille. Conformément à ses dernières volontés, elle est discrètement incinérée et ses cendres répandues dans un lieu tenu secret[réf. nécessaire].
Elle aurait déclaré à ses proches : « Je n'ai pas eu ma vie, qu'on me laisse au moins ma mort[9]. »
Hommages
modifierLa promenade Coccinelle est inaugurée le à Paris en son hommage, sur le terre-plein central du boulevard de Clichy[10], près du boulevard Marguerite-de-Rochechouart[11]. Il s'agit de la première inauguration d’une rue en hommage à une personne trans en Europe et dans la capitale d’un pays, et la deuxième dans le monde[12],[13].
Le , un Google Doodle lui est consacré à l'occasion du 91e anniversaire de sa naissance[14],[15].
Filmographie
modifier- 1959 : Nuits d'Europe d'Alessandro Blasetti
- 1962 : Les Don Juan de la Côte d'Azur (I Dongiovanni della Costa Azzurra) de Vittorio Sala : elle-même
- 1962 : Los Viciosos d'Enrique Carreras
- 1964 : Il Pelo nel mondo d'Antonio Margheriti et Marco Vicario
- 1964 : Interpol Attaque d'Enrique Carreras
- 1968 : Días de viejo color de Pedro Olea
Discographie
modifierCoccinelle n° 1 (President Records No 38. cda 1052)
- Tu t'fous de moi
- L'Amour a fleur de cœur
- Prends-moi ou laisse-moi
- Tu es là
Coccinelle n° 2 (President Records No 12" cda 1052)
- Je cherche un millionnaire (I'm looking for a millionaire)
- Avec mon petit faux-cul
Coccinelle - 4 chansons de la Revue de l'Olympia « Chercher la femme » (RCA VICTOR 86.012M - 1963)
- Cherchez la femme
- On fait tout à la main
- C'est sûrement vous
- Depuis toujours
Coccinelle Star du Carrousel de Paris CD (Marianne Melodie 041625) Compilation de 20 titres
Publication
modifier- Coccinelle, Coccinelle, Filipacchi, , 245 p. (ISBN 978-2-85018-586-1)
Notes et références
modifier- Relevé des fichiers de l'Insee
- « Coccinelle, icône trans des années 1950, aurait eu 91 ans ce mardi », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
- Lucie Valais, « Jacqueline Charlotte Dufresnoy : portrait de Coccinelle, icône trans », sur www.linternaute.com, (consulté le )
- « L'hommage à Coccinelle par Bambi », sur Marie-Pierre Pruvot - Bambi (consulté le )
- « Coccinelle, Grande dame de Paname », sur ici, par France Bleu et France 3 (consulté le )
- Rédaction, « Coccinelle s’est envolée … », sur 360°, (consulté le )
- « 1962 : le mariage de Coccinelle, première icône transgenre | INA », sur ina.fr (consulté le )
- Sophie Granel, « Coccinelle, égérie transgenre des années 50 a désormais sa promenade à Paris », sur France info,
- « Thierry Wilson : “Coccinelle a été le premier homme à devenir une femme” - France Dimanche », sur www.francedimanche.fr (consulté le )
- « Les rues de Paris | promenade Coccinelle | 9ème et 18ème arrondissement », sur www.parisrues.com
- Marine Le Breton, « Coccinelle, vedette de cabaret trans des années 50 et 60, a droit à une promenade à son nom à Paris », sur Huffingtonpost.fr, (consulté le ).
- « A l’inauguration de la Promenade Coccinelle, le bel hommage à une icône trans », sur KOMITID,
- « Un espace public arc-en-ciel en l’honneur de personnalités LGBTIQ+ », sur www.paris.fr
- « Il y a 91 ans naissait Coccinelle », sur www.google.com (consulté le )
- William Vuillez, « Jacqueline Charlotte Dufresnoy : qui est "Coccinelle", l'artiste à qui Google rend hommage dans son doodle du jour ? », sur rtl.fr,
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Mario Costa, Elle est lui, Les Presses du Mail, 1963.
- Maxime Foerster, Histoire des transsexuels en France, H&O, 2006.
Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- (en) « Coccinelle (artiste) », sur Find a Grave