Le nombre d'équipes prévues au départ a fluctué. De dix-huit équipes (et cent soixante-dix coureurs) annoncées fin octobre[1], il est monté à vingt-trois début novembre[2]. Pour redescendre à dix-neuf formations et cent soixante-dix-neuf concurrents à trois jours du départ. En raison des cas positifs à la Covid, lors du dernier Tour de Colombie, l'équipe Sundark Arawak est absente[3]. Dans les dernières heures précédant la course, celle-ci est rejointe dans les défections par trois autres formations, toujours en raison de la pandémie. C'est d'abord, les Boyacenses d'Indeportes Boyacá Avanza BRC qui déclinent leur participation[4]. Puis c'est au tour de l'équipe Ingeniería de Vías de déclarer forfait[5]. Et ensuite les EPM-Scott, avec dans leurs rangs Juan Pablo Suárez et Alexander Gil, deux des principaux prétendants au titre, prennent la décision de ne pas prendre le départ de l'épreuve[6]. Au contraire, l'équipe IDEA - Indeportes Antioquia - FLA - Lotería de Medellín préfère participer avec une équipe amoindrie, en excluant les trois coureurs positifs de sa sélection[7]. Ainsi c'est un total de seize formations et cent trente-six coureurs qui s'élancent dans le contre-la-montre par équipes inaugural[8].
En raison de la pandémie, la compétition, initialement prévue en septembre comme chaque année, avec un format de dix étapes est finalement déplacée à fin novembre - début décembre avec seulement huit étapes au programme. Le départ de l'épreuve se fait d'Ibagué avec un contre-la-montre par équipes et se termine à Concepción, dans l'Oriente antioqueño(es), sept jours plus tard. Le parcours de 850,6 kilomètres passe par les départements du Tolima, de Quindío, de Valle del Cauca, de Risaralda, de Caldas pour terminer en Antioquia, mélangeant tous les profils de terrain. Cependant la montagne sera présente tous les jours, même le cinquième, disputé en solitaire entre Quimbaya et Filandia. Pour Luis Alfonso Cely, directeur sportif de l'équipe Colombia Tierra de Atletas - GW Bicicletas, cette étape sera déterminante pour le titre, car ses prétendants feront des différences dans cette cronoescalada, un contre-la-montre en côte[9].
Les UAE Team Colombia(es), équipe composée uniquement de moins de 23 ans, dans laquelle se relèvent Roosbelth Rojas, meilleur néophyte de la Vuelta 2020 et Germán Darío Gómez, troisième de la dernière Vuelta de la Juventud, sont à même de dynamiser l'épreuve. Outre Suárez et Gil, l'autre grand figure absente de la compétition est Danny Osorio, déjà deux fois sur le podium de l'épreuve[10].
La première étape disputée en contre-la-montre par équipes, entre Ibagué et Alvarado, dans le département du Tolima, développe 27,1 kilomètres. À la moyenne de 64,41 km/h, elle voit la formation Medellín confirmer les pronostics en s'imposant et en plaçant idéalement son chef de file Óscar Sevilla pour la conquête d'un cinquième titre. Les hommes de José Julián Velásquez dominent l'étape du début à la fin. À mi-course, ils avaient déjà vingt-six secondes d'avance sur la formation Colombia Tierra de Atletas de Darwin Atapuma, qui termine deuxième avec un retard de quarante-cinq secondes. Sur un terrain constamment en descente, les meilleures équipes ont utilisé un grand plateau de 58 dents. Pour ne pas altérer l'intérêt de la compétition et pour prendre en compte l'infériorité numérique de certaines formations (en raison de cas de COVID), le jury des commissaires a décidé d'appliquer un barème de dix secondes maximum d'écart entre chaque équipe, le temps étant pris sur le troisième coureur franchissant la ligne d'arrivée. Par contre, les temps réels sont appliqués pour le classement par équipes. Ainsi les dix hommes de l'équipe Medellín n'ont que dix secondes d'avance sur les coureurs de la formation Colombia Tierra de Atletas, vingt sur les UAE Team Colombia(es), troisièmes, et ainsi de suite jusqu'à un écart maximum de 1 min 40 s pour les dernières formations. Au classement, au vu de ce barème, Sevilla a seulement dix secondes d'avance sur Darwin Atapuma (Colombia Tierra de Atletas), 20 secondes sur Juan Tito Rendón (UAE Team Colombia), 30 secondes sur Walter Pedraza (Supergiros-Alcaldía de Manizales), 40 secondes sur Didier Chaparro (Orgullo Paisa) et 1 min 10 s sur un sérieux rival comme Salvador Moreno (EBSA Boyacá). En effectuant le parcours en 25 min 9 s, Brayan Sánchez est le premier de son équipe à franchir la ligne d'arrivée. Il se vêt, du même coup, du premier maillot de leader de cette soixantième édition[12],[13].
Pendant le déroulement de l'étape, un groupe d'échappés, comprenant Nicolás García (Fuerzas Armadas), Ferney Restrepo (Colnago CM), Juan José Carrero (Aguardiente Néctar), Cristian Torres (Depormundo), Felipe Morales (Team Neiva), Javier González (Supergiros) et Bernardo Suaza (Supergiros), se forme. Il obtient plus de cinq minutes d'avance. Puis l'écart diminue. La course se divise en plusieurs groupes après l'ascension, à quarante kilomètres du but de l'Alto de Gualanday. Bernardo Suaza et Juan José Carrero se sont isolés du reste de l'échappée pour tenter de remporter l'étape. Les formations EBSA et Medellín se sont mis en tête du peloton pour réduire l'écart, sachant que les quatorze derniers kilomètres du jour se font en ascension. À vingt kilomètres du terme, Suaza se débarrasse de Carrero et compte encore 1 min 30 s d'avance sur le peloton, cinq kilomètres plus loin. Bernardo Suaza ne peut maintenir un rythme suffisant et se fait reprendre par le groupe des favoris à dix kilomètres de l'arrivée. Une fois l'échappé repris, le Team Medellín se met à l'avant du peloton mais ne peut empêcher la sortie de Juan Tito Rendón, à sept kilomètres du but. Cependant Rendón n'a pas la résistance nécessaire pour mener à bien son projet et contrecarrer le retour du peloton. Le petit groupe des favoris se dirige vers un sprint lorsqu'Edison Muñoz anticipe l'emballage final et remporte l'étape légèrement détaché. Il devance Óscar Sevilla. Celui-ci règle le petit groupe et s'empare du même coup du maillot de leader, grâce aux bonifications attenantes[14].
L'étape démarre sur un rythme frénétique en raison de la proximité de la ligne de départ et du premier col de la journée (seulement 3300 m), de plus ce dernier amène le peloton sur les premiers contreforts du col mythique de l'Alto de La Línea(es). De nombreuses tentatives d'échappée sont jugulées par le Team Medellín du leader de la course Óscar Sevilla. Julián Cardona passe en tête au col del Boquerón. Puis se forme la fugue du jour, avec dans ses rangs des hommes comme Salvador Moreno (EBSA), Diego Cano (Colombia Tierra de Atletas), Nicolás Paredes (Team Medellín) et Brayan Sánchez (Team Medellín). Ainsi aux deuxième et troisième cols de la journée, Diego Cano passe en tête à l'Alto del Perico et à l'Alto del Tigre avant de commencer l'ascension proprement dite de l'Alto de La Línea. De nombreux coureurs composent l' échappée lorsque celle-ci attaque les premières pentes. Puis au fil des kilomètres, l'échappée perd des éléments au point de n'en garder que trois en tête, Moreno, Paredes et Sánchez. Ce dernier laisse filer les deux autres à moins de cinq kilomètres du sommet. Puis à moins de deux mille mètres du grand prix de la montagne, Nicolás Paredes ne peut suivre le rythme imposé par Salvador Moreno qui comme au dernier Tour de Colombie franchit ce col en premier. Dans la descente, le peloton reprend un à un les fugueurs. Une fois sur terrain plat, Daniel David Hoyos (Avinal) et Bernardo Suaza (Supergiros Alcaldía de Manizales) s'échappent et obtiennent jusqu'à 3 min 30 s d'avance. Suaza est cependant le plus fort et se débarrasse de son compagnon. Même s'il est également absorbé par le peloton dans les derniers kilomètres. Óscar Quiroz met à profit une chute massive sur la chaussée mouillée, survenue à 3,5 kilomètres, pour s'enfuir. Il remporte l'étape légèrement détaché, quatre secondes devant un quatuor[15].
Les coureurs ont à accomplir 151,9 kilomètres qui les mènent de Buga à Santa Rosa de Cabal. Le départ de la course se fait sur un rythme contrôlé en raison notamment de la pluie qui accompagne les coureurs sur les premiers kilomètres. L'intensité croît peu à peu avec les premières étapes volantes puis une échappée, comprenant dans ses rangs Robinson Chalapud (Team Medellín), Weimar Roldán (Team Medellín), Julián Cardona (Colnago) et Stiber Ortiz (Aguardiente Antioqueño), se forme. Le peloton se fractionne autour du quatre-vingt-dixième kilomètre, l'effectif de l'échappée grimpe alors à vingt-sept. Cependant ce nombre diminue dans l'ascension du prix de la montagne (km 118). Cristhian Montoya (Team Medellín), Róbigzon Oyola (Team Medellín), José Tito Hernández (Team Medellín), Rafael Pineda (UAE Team Colombia), Didier Merchán (Colombia Tierra de Atletas) et Wilson Cardona (Aguardiente Néctar) s'unissent pour former un nouveau groupe d'échappés, qui compte 1 min 6 s d'avance sur le peloton du leader Óscar Quiroz (Colombia Tierra de Atletas). À quinze kilomètres du terme, Wilson Cardona et Róbigzon Oyola se défont de Cristhian Montoya, José Tito Hernández, Rafael Pineda et de Didier Merchán qui ne peuvent suivre le rythme. À ce moment, le peloton qui navigue à 1 min 50 s derrière, accélère l'allure. À Dosquebradas, le peloton est revenu à cinquante secondes des deux échappés. Mais Oyola et Cardona peuvent se disputer la victoire entre eux. En lançant le sprint aux deux cents mètres, Róbigzon Oyola gagne l'étape. Rafael Pineda, troisième, prend la tête du classement général[16].
L'étape, disputée en contre-la-montre entre Quimbaya et Filandia, voit la domination de l'équipe Medellín. En effet, elle rafle les trois premières places du jour. Óscar Sevilla s'impose en 31 min 59 s. Il devance de cinq secondes son coéquipier Fabio Duarte et José Tito Hernández de dix-huit. Le leader provisoire de la course, Rafael Pineda termine huitième à 1 min 12 s du vainqueur. Au classement général, Hernández s'empare de la tête, à égalité de temps avec Sevilla et six secondes devant Didier Merchán (Colombia Tierra de Atletas)[17].
La sixième étape s'élance sans la formation Supergiros-Alcaldía de Manizales. Alors que son coureur Bernardo Suaza menait deux classements annexes (celui des étapes volantes et de la "grande différence"[n 1]), l'équipe se conforme aux règlements de la course après plusieurs cas positifs à la COVID dans son effectif[18]. L'étape, longue de 123,5 kilomètres, mène le peloton de Pereira, capitale du département de Risaralda, à la municipalité de Riosucio, où l'arrivée est jugée au sommet d'un col de première catégorie.
Les cent premiers kilomètres se déroulent à un rythme tranquille. Ce qui permet à neuf hommes de prendre la poudre d'escampette, même si leur avantage ne dépasse pas 1 min 30 s. À moins de quinze kilomètres de l'arrivée, aux alentours de Supía, des coureurs des formations Colombia Tierra de Atletas et UAE Team Colombia secouent le peloton pour tenter de déstabiliser le leader de la course José Tito Hernández. Peine perdue, sa formation Medellín accélère le rythme et annihile ces escarmouches. De plus, cela a pour autre effet, de réduire à néant les espoirs de succès des échappés, tous repris. Dans l'ascension finale, Javier Jamaica lance une attaque que ne tente de parer quiconque, le Team Medellín se contentant de conduire la montée sur un rythme suffisant pour dissuader de toutes velléités offensives leurs concurrents pour le titre. Didier Chaparro tente bien de sortir pour rejoindre Jamaica mais il est rapidement absorbé par le peloton. C'est au contraire le leader Hernández, qui à moins de trois kilomètres de l'arrivée, surprend ses adversaires[19]. Il rejoint bientôt Jamaica qu'il incite néanmoins à collaborer en lui proposant le gain de l'étape en échange de sa participation à créer le plus d'écart possible avec le peloton[20]. Javier Jamaica s'impose et José Tito Hernández accroit son avance au classement général. Son dauphin est toujours son coéquipier Óscar Sevilla mais il est dorénavant repoussé à vingt et une secondes[19].
Javier Jamaica, membre de la Fundación Depormundo au Tour de Colombie, venait de renforcer l'équipe Colnago CM quelques jours avant le départ du Clásico RCN[21].
Une étape très courte est au programme des coureurs. Partant de La Pintada, ils doivent escalader l'Alto de Minas(ceb), classé en Hors catégorie, avant de descendre sur l'arrivée, située à Caldas. Dans l'ascension de La Quiebra, classée en deuxième catégorie, un petit groupe d'hommes part à la chasse aux points pour le classement du meilleur grimpeur. Dans celui-ci se trouve les deux protagonistes de ce classement Salvador Moreno (EBSA Boyacá) et Nicolás Paredes (Team Medellín). Ce dernier, incapable de passer au sommet devant Moreno, lui laisse toutes les chances de conserver la tête de ce classement annexe jusqu'au terme de l'épreuve. Dans le secteur de Santa Bárbara, Cristhian Montoya (Team Medellín) fausse compagnie au groupe des prétendants au titre. Il passe au sommet de l'Alto de Minas avec une dizaine de secondes d'avance sur le groupe des leaders. Il est rejoint dans la descente par son coéquipier Robinson Chalapud et par Adrián Bustamante (UAE Team Colombia(es)). Ce dernier dispute la victoire à Chalapud qui ne peut rien contre lui, dans leur mano a mano en vue de la ligne. Montoya termine à vingt-sept secondes et les favoris à plus d'une minute. Bustamante en profite pour rentrer dans le Top five au classement général. Avec son coéquipier Rafael Pineda, il devient le principal rival pour les hommes installés sur le podium provisoire de l'épreuve[22].
L'échappée du jour d'une dizaine d'hommes se forme dès les premiers kilomètres. Salvador Moreno (EBSA), Germán Darío Gómez (UAE Team Colombia(es)), Camilo Castiblanco (La Vega Lotería de Boyacá), Diego Cano (Colombia Tierra de Atletas - GW Bicicletas), Santiago Ramírez et Juan Guerrero (Avinal) sont rejoints quelques kilomètres plus loin par Cristhian Montoya (Team Medellín), Yecid Sierra (Néctar Cundinamarca), Saúl Burgos et Julián Cardona (Colnago CM Team). La fugue obtient plus de quatre minutes d'avance. En tête du peloton, le Team Medellín contrôle l'écart. À vingt kilomètres du terme de l'étape, Germán Gómez et Cristhian Montoya délaissent leurs compagnons d'échappée. Le duo se présente ensemble au pied de l'ascension de Mina Fría, où Montoya accélère et décramponne Gómez. Cristhian Montoya descend sans prendre de risque vers l'arrivée située à Concepción. Au contraire de Germán Darío Gómez qui chute et ne peut ainsi disputer la victoire d'étape au coureur du Team Medellín. Son coéquipier José Tito Hernández, leader depuis le contre-la-montre disputé entre Quimbaya et Filandia, n'a aucun mal à conserver sa position privilégiée et ainsi remporter la soixantième édition du Clásico RCN. Il devance son chef de file Óscar Sevilla[23].
Salvador Moreno (EBSA Boyacá) remporte le classement du meilleur grimpeur, quinze jours après l'avoir réalisé au Tour de Colombie. Il est le premier coureur à réussir ce doublé depuis Félix Cárdenas en 2003. Moreno est seulement le neuvième coureur à réussir cette performance[24]. Dans les autres classements annexes, l'équipe EBSA remporte, également, le classement des étapes volantes par l'intermédiaire de Jordan Parra. Tandis que le Team Medellín assortit son titre au classement général individuel du classement par équipes. Sur la dernière marche du podium, Didier Merchán (Colombia Tierra de Atletas-GW Bicicletas) est le champion des moins de 23 ans[23].
↑La gran diferencia est un classement récompensant les baroudeurs, passant le plus de temps à l'avant de la course dans des échappées. Il s'apparente à la Fuga Pinarello.