Cigogne noire

espèce d'oiseaux
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Ciconia nigra

La cigogne noire (Ciconia nigra) est une espèce d'oiseaux de la famille des Ciconiidae. À peine plus petite et plus farouche que la cigogne blanche, elle peut vivre jusqu'à 20 ans. Elle se nourrit principalement d'amphibiens et d'insectes. On la rencontre en Eurasie et en Afrique, où elle fréquente les forêts profondes avec de vieux arbres et proches de zones humides.

Description

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Individu debout, le bec rentré dans les plumes du cou.

La cigogne noire est légèrement plus petite que la cigogne blanche (ciconia ciconia), mesurant 95 à 100 cm pour une envergure de 145 à 155 cm[1]. Elle pèse près de 3 kilogrammes[2].

Son plumage est presque totalement noir, avec des reflets verts et violet. Seules les plumes de son ventre, du bas de sa poitrine ses axillaires et ses sous-caudales sont blanches. Les plumes de la poitrine sont longues et hirsutes, formant une collerette qui est parfois utilisée lors de la parade nuptiale. Ses pattes sont longues et de couleur rouge. Sa petite tête se termine par un long bec rouge vif, qui s'affine progressivement pour finir en pointe. Son regard est souligné par une zone de peau nue rouge autour de l'œil. Il n'y a pas de dimorphisme sexuel apparent dans le plumage, mais le mâle est légèrement plus grand que la femelle[1].

Chez le jeune le motif du plumage ressemble à celui des parents, mais le noir est plus brun et moins brillant. Les scapulaires, les plumes des ailes et des sus-caudales ont la pointe pâle. Les pattes, le bec et la peau nue autour de l'œil du cigogneau sont d'un gris verdâtre[1]. Il peut être confondu avec le jeune Tantale ibis (Mycteria ibis), mais ses ailes et son manteau sont plus pâles, avec un bec plus long et du blanc sous les ailes[3]. L'adulte, en vol et de loin, peut même être confondu avec la cigogne blanche : par forte luminosité, le dessus des ailes peut sembler pâle[4].

Écologie et comportement

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Alimentation

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Jeune se nourrissant.

La cigogne noire se nourrit principalement de grenouilles et d'insectes[4], mais aussi de poissons, crabes, de petits reptiles, oiseaux et mammifères[2].

Reproduction

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Le nid, fait de branchages, est construit haut dans un arbre, ou sur un escarpement de falaise, toujours près de zones humides (cours d'eau ou marais) et à plus d'une douzaine de mètres du sol. Une ponte compte de 3 à 5 œufs, blancs, qui sont couvés par les deux partenaires durant 38 à 42 jours. Les cigogneaux quittent le nid de 65 à 70 jours après leur sortie de l'œuf[2].

Les poussins plus faibles ou petits sont parfois tués par leurs parents[5],[6]. Cela se produit quand les ressources alimentaires se font insuffisantes, la réduction de la taille des couvées augmentant les chances de survie des autres oisillons. Les cigogneaux ne s'attaquent pas entre eux, les poussins plus forts ne sont notamment pas agressifs envers les plus faibles membres de leur couvée comme c'est le cas chez certaines espèces (caïnisme), et la méthode de nourrissage employée par les parents — la régurgitation de grandes quantités de nourriture à la fois sur le fond du nid — ne permet pas aux plus forts de se nourrir entièrement au détriment des plus faibles ; l'infanticide par les parents reste donc le moyen efficace de réduire la taille d'une couvée mais n'est pas souvent observé[5]. Un cas d'infanticide a toutefois été filmé en 2012 sur un nid de trois juvéniles en Belgique[7].

La cigogne noire niche dans l'est de l'Europe et dans la péninsule Ibérique près de points d'eau douce. Contrairement à la cigogne blanche, la cigogne noire est un habitant timide d'anciennes forêts fermées qui renferment des étangs et des ruisseaux. Cependant, dans certaines régions (Estrémadure, en Espagne par exemple) elle utilise des rochers pour établir son nid.

Techniques de chasse

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Pour la chasse, la cigogne noire alterne des moments de chasse à l'affût où elle bouge avec une lenteur extrême et des moments de rapide poursuite de sa proie pour de petits poissons et têtards.

Elle a aussi déjà été observée utilisant ses ailes comme un parasol pour mieux voir les poissons dans l'eau[8].

Migrations

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Voies de migration dans l'Ouest de la répartition :
  • quartiers d'hiver
  • voies occidentales
  • voies orientales

La cigogne noire migre pour l'hiver vers l'Afrique et l'Inde. Les jeunes partent plus tôt que les adultes. Seule la population de la péninsule Ibérique reste sur place. Elle vole dans des courants d'air chaud pour faciliter le vol sur de longues distances. Elles traversent la Méditerranée et passent par le détroit du Bosphore. Elles parcourent entre 200 et 300 kilomètres par jour, mais cela peut aller jusqu’à 500 kilomètres.

Les cigognes migrent à partir du milieu du mois d'août jusqu’à la fin du mois de septembre, puis reviennent au milieu du mois de mars. Suivant leurs trajectoires, les cigognes noires migrent vers la Tunisie, au Nigeria ou au Mali.

Dénominations et systématique

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cigogne noire dans un pré

Taxinomie

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La cigogne noire fait partie des nombreuses espèces d'oiseaux décrites par le naturaliste suédois Carl von Linné dans la dixième édition de son Systema Naturae parue en 1758, et où il lui donne pour protonyme le binôme de Ardea nigra[9]. L'espèce est reclassée en 1760 et de manière définitive par le zoologiste français Mathurin Jacques Brisson dans un nouveau genre, Ciconia[10],[11]. Le nom de genre, Ciconia, vient du mot latin pour « cigogne », cĭcōnĭa[12], initialement retrouvé dans les œuvres d'Horace et d'Ovide[13] ; nigra était quant à lui le mot latin pour « noir ».

Malgré sa grande zone de répartition géographique, aucune sous-espèce n'est distinguée[14],[15].

Phylogénie

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Phylogénie des espèces
actuelles du genre Ciconia[16] :

La famille de la cigogne noire, celle des Ciconiidae, est depuis 2008 la seule de l'ordre des Ciconiiformes, qui autrefois comptait notamment certains Pelecaniformes (les hérons, le Bec-en-sabot du Nil et l'Ombrette africaine)[17]. La petite vingtaine d'espèces actuelles de la famille, qui se distinguent par leurs ailes larges et arrondies, leur queue courte et leur anisodactylie avec les trois doigts antérieurs légèrement palmés[18], sont réparties en six genres constituant dans trois grands groupes : le premier rassemble les genres Mycteria (quatre tantales) et Anastomus (deux bec-ouverts), le second les grandes espèces des genres Ephippiorhynchus (deux jabirus), Jabiru (du Jabiru d'Amérique) et Leptoptilos (trois marabouts), et le troisième ne compte que le genre Ciconia, des cigognes vraies. Ce dernier groupe contient la cigogne noire et six autres espèces actuelles[19], qui se caractérisent par leurs becs droits et pointus et leur plumage principalement noir et blanc[20].

Menaces et conservation

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Cette espèce est menacée :

Cette espèce est protégée :

International

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Cette espèce est réglementée :

Répartition

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  • habitat permanent
  • habitat d'été
  • zones d'hivernage

Annexes

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Bibliographie

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  • (en) Stanley Cramp, Handbook of the Birds of Europe the Middle East and North Africa, the Birds of the Western Palearctic, vol. 1 : Ostrich to Ducks, Oxford/London/New York, Oxford University Press, , 722 p. (ISBN 0-19-857358-8)
  • Karel Šťastný (trad. du tchèque par Dagmar Doppia), La grande encyclopédie des oiseaux, Paris, Gründ, , 494 p. (ISBN 978-2-7000-2504-0), « Cigogne noire », p. 62
  • (en) Andrew Elliott, « Family Ciconiidae (Storks) », dans Josep del Hoyo, Andrew Elliott et Jordi Sargatal, Handbook of the Birds of the World, vol. 1 : Ostrich to Ducks, Barcelone, Lynx Edicions, (ISBN 84-87334-10-5)
  • « Sa cousine la cigogne noire », L'Oiseau magazine, Rochefort, Ligue pour la protection des oiseaux, no 97,‎ , p. 64 (ISSN 0297-5785)

Références taxonomiques

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Liens externes

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Notes et références

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  1. a b et c (en) Cramp (1977), p. 323
  2. a b et c (fr) Oiseaux.net, consulté le 28 mars 2012
  3. (en) Cramp (1977), p. 322
  4. a et b Lars Svensson (trad. du suédois par Guilhem Lesaffre et Benoît Paepegaey, ill. Killian Mullarney et Dan Zetterström), Le guide ornitho : Le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient : 900 espèces, Paris, Delachaux et Niestlé, coll. « Les Guides du Naturaliste », , 446 p. (ISBN 978-2-603-01695-4), p. 84-85
  5. a et b (en) Piotr Zielinski, « Brood Reduction and Parental Infanticide – are the White Stork Ciconia ciconia and the Black Stork C. nigra Exceptional? », Acta Ornithologica, vol. 37, no 2,‎ , p. 113–19 (lire en ligne)
  6. (en) Francisco S. Tortosa et Tomas Redondo, « Motives for Parental Infanticide in White Storks Ciconia ciconia », Ornis Scandinavica, vol. 23, no 2,‎ , p. 185–189 (DOI 10.2307/3676447, JSTOR 3676447)
  7. Suivi par webcam d'un nid de cigogne noire en Belgique
  8. Armando Gariboldi et Andrea Ambrogio (préf. Allain Bougrain Dubourg), Le comportement des oiseaux d'Europe, Neuchâtel, Les éditions de La Salamandre, , 4e éd., 576 p. (ISBN 978-2-940584-53-6), p. 92, 93, 94 et 95
  9. (la) Carl von Linnaeus, Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, t. I, Holmiae (Laurentii Salvii), , 10e éd., 824 p. (lire en ligne), p. 142

    « A[rdea] nigra, pectore abdomineque albo.

    Habitat in
    Europa boreali.
    Migrat æſtate ſupra Sveciam.
     »

  10. Mathurin Jacques Brisson, Ornithologie ou, Méthode contenant la division des oiseaux en ordres, sections, genres, espèces & leurs variétés, vol. 1, Paris, C. J. B. Bauche, , p. 48
  11. (en) Walter E. Boles, « A review of the Australian fossil storks of the genus Ciconia (Aves: Ciconiidae), with the description of a new species », Records of the Australian Museum, vol. 57, no 2,‎ , p. 165-178 (DOI 10.3853/j.0067-1975.57.2005.1440, lire en ligne)
  12. (fr) Informations lexicographiques et étymologiques de « cigogne » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  13. (en) D.P. Simpson, Cassell's Latin Dictionary, Londres, Cassell Ltd., , 5e éd. (ISBN 0-304-52257-0), p. 103
  14. (en) Congrès ornithologique international, consulté le 27 mars 2012
  15. (fr) Alan P. Peterson, consulté le 27 mars 2012
  16. (en) Référence Tree of Life Web Project : Ciconia (consulté le )
  17. (en) S. J. Hackett, R. T. Kimball, S. Reddy, R. C. K. Bowie, E. L. Braun, M. J. Braun, J. L. Chojnowski, W. A. Cox, K.-L. Han, J. Harshman, C. J. Huddleston, B. D. Marks, K. J. Miglia, W. S. Moore, F. H. Sheldon, D. W. Steadman, C. C. Witt et T. Yuri, « A Phylogenomic Study of Birds Reveals Their Evolutionary History », Science, vol. 320, no 5884,‎ , p. 1763-1768 (DOI 10.1126/science.1157704, lire en ligne, consulté le )
  18. Encyclopédie Larousse, « cigogne blanche », sur larousse.fr, Éditions Larousse (consulté le )
  19. (en) Elliott (1992), p. 437
  20. (en) M. Philip Kahl, « An Overview of the Storks of the World », Colonial Waterbirds, vol. 10, no 2,‎ , p. 131–134 (DOI 10.2307/1521251)
  21. Liste Rouge des Oiseaux de France métropolitaine (UICN Fr)
  22. Liste Rouge des Oiseaux de France métropolitaine 2016 (UICN Fr)
  23. arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection