Chrístos Konstantinídis
Chrístos Konstantinídis (en grec : Χρήστος Κωνσταντινίδης), né en 1945, est un éditeur, traducteur et militant anarchiste grec. Il participe activement à radicaliser les universités athéniennes sous la dictature des colonels (1967-1974) et s'implique particulièrement lors du soulèvement de l'université polytechnique d'Athènes (1973), événement lançant le début de la chute des colonels.
Naissance | |
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Nom dans la langue maternelle |
Χρήστος Κωνσταντινίδης |
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Activités |
Il est généralement considéré comme l'un des premiers liens entre les mouvements estudiantin et anarchiste grecs et occupe une place importante dans la renaissance de l'anarchisme en Grèce.
Biographie
modifierChrístos Konstantinídis naît en 1945[1]. Il s'engage dans le combat politique pendant la dictature des colonels (1967-1974)[2], après s'être formé au militantisme à Paris[3]. En 1971, il fonde la Bibliothèque Internationale (Διεθνής Βιβλιοθήκη), qui devient rapidement la librairie de rassemblement du mouvement anarchiste et anti-autoritaire athénien[4],[5]. À travers sa librairie, il parvient à faire passer des textes de Goldman, Bakounine, Kropotkine, mais aussi des textes plus récents, comme des textes situationnistes[4],[5]. La société du spectacle (1967) de Guy Debord est l'un des livres qu'il parvient à traduire et transmettre clandestinement, selon un certain nombre de témoignages recensés par Nicholas Apoifis, qui reviennent souvent sur ce livre[4].
Avec Nikos Balis, il participe à radicaliser les étudiantes et étudiants[3],[5]. Rapidement, dans ce cercle naissant d'anarchistes, il fonde le premier groupe anarchiste au sein des universités grecques[3],[5]. En février 1973, d'abord, il lance l'occupation de la faculté de droit d'Athènes[6].
Il prend un rôle central lors du soulèvement de l'université polytechnique d'Athènes, notamment en permettant la publication des tracts et publications du mouvement[7]. Il participe et encourage l'action centrale du soulèvement, en occupant la faculté d'Athènes avec son groupe, le [3],[5] et en soutenant avec force le fait que l'occupation devrait se maintenir dans le temps, ce qui est finalement adopté[6]. Lors de cette Assemblée générale, il fait adopter la motion suivante, avec son groupe[8]:
« L’assemblée autonome des travailleurs située dans les locaux de l’École polytechnique appelle les ouvriers à occuper les lieux de production et à créer des comités d’usine et de grève dans le but ultime de créer des conseils ouvriers. Le programme minimum des conseils ouvriers est la destruction du travail salarié, de l’État, du capitalisme et de la politique. »
Avec ses camarades, il taggue aussi l'université en écrivant : « À bas l'État ! », « Les patriotes sont des connards ! » et « À bas le salariat ! »[6],[9]. La banderole du groupe, qui dit « À bas l'État ! À bas le Capital ! À bas l'Autorité ! » occupe l'entrée de l'université polytechnique d'Athènes pendant les premiers jours de l'occupation, jusqu'à ce que des militants communistes la retirent[5] et que les tanks de la dictature n'entrent de force dans l'enceinte de l'université. Il passe ensuite en clandestinité, car il est activement recherché par la police mais est arrêté après trois mois de cavale[1]. Il est alors emprisonné sans charges pendant dix jours[1].
Konstantinídis s'oppose aux tentatives de récupération politique du mouvement, notamment par le Parti communiste de Grèce (KKE)[9]. Après la chute de la junte et la progression de la Metapolítefsi, c'est à dire la transition de la Grèce vers une démocratie libérale, il est arrêté de nouveau. Il est par exemple arrêté, puis acquitté, pour avoir prétendument attaqué la police à la sortie du tribunal où Helmut Pohl (de), un membre de la Fraction armée rouge (FRA) est en train de voir son extradition vers l'Allemagne accordée par la Grèce[1]. Il est aussi arrêté en 1977 pour d'autres charges, avec six autres personnes trouvées et battues par la police chez lui, mais Konstantinídis est de nouveau acquitté[1].
En 1975, il publie et traduit aussi de la littérature anarchiste anti-communiste, comme Écoute, Marxiste ! de Murray Bookchin[10]. Plus tard, l'éditeur prend aussi en charge la publication du journal anarchiste grec Pezodromio avec Balis[11],[9]. Konstantinídis s'occupe ensuite de la librairie anarchiste La Rose Noire (Μαύρο Ρόδο)[9].
Postérité
modifierKonstantinídis est l'une des figures célèbres du mouvement anarchiste grec ; il est fréquemment mentionné par les témoignages concernant ces milieux[4]. Militant dans les années 1970, il est généralement considéré comme l'un des premiers liens entre le mouvement estudiantin et anarchiste grecs et occupe une place importante dans la renaissance de l'anarchisme en Grèce[2].
Bibliographie
modifier- (en) E. Dimitri Kitis, The anti-authoritarian chóros: A space for youth socialization and radicalization in Greece (1974-2010), (lire en ligne)
Références
modifier- (en) « Greece », Freedom (journal), vol. 5, no 3, , p. 4 (lire en ligne [PDF])
- Dimitris Kitis 2015, p. 10.
- Kostis Kornetis, Children of the dictatorship: student resistance, cultural politics, and the "long 1960s" in Greece, Berghahn Books, coll. « Protest, culture and society », (ISBN 978-1-306-14239-7, 978-1-4619-5256-5 et 978-1-78238-001-6), p. 233
- Nicholas Apoifis, Anarchy in Athens: an ethnography of militancy, emotions and violence, Manchester university press, coll. « Contemporary anarchist studies », (ISBN 978-1-5261-0059-7 et 978-1-5261-0063-4), p. 87
- We are an image from the future: the Greek revolt of December 2008, AK Press, (ISBN 978-1-84935-019-8), p. 6
- (el) « Μιχάλης Πρωτοψάλτης (συνέντευξη 2002): το Πολυτεχνείο & οι αναρχικοί του ’70 - Aυτολεξεί », sur www.aftoleksi.gr, (consulté le )
- (el) « Δυο τρομερές μαρτυρίες συντρόφων για το Πολυτεχνείο (Γιάννης Φελέκης - Αρετή Πότσιου) », Δίκτυο για τα Πολιτικά και Κοινωνικά Δικαιώματα, (lire en ligne, consulté le )
- (el) ΙΩΑΝΝΑ ΜΠΡΑΤΣΙΑΚΟΥ, « Το Πολυτεχνείο στο Αναρχικό Λεξικό », sur News 24/7, (consulté le )
- Dimitris Kitis 2015, p. 32.
- Alexandros Schismenos, « Murray Bookchin and Contemporary Greek Social Movements. », dans ENLIGHTMENTand ECOLOGY The Legacy of Murray Bookchin in the 21st Century, Black Rose Books, , 101–115 p. (lire en ligne), p. 104
- Kostis Kornetis, « Deux générations d’émigrés grecs à Paris : la génération « Mataroa » et le « Mai 68 » grec », dans Mataroa 1945 : du mythe à l’histoire, École française d’Athènes, coll. « Mondes méditerranéens et balkaniques (MMB) », , 149–166 p. (ISBN 978-2-86958-534-8, lire en ligne)