Charles du Bellay
Charles du Bellay (?-14 septembre 1613, Alexain), sire du Bois-Thibault, ligueur, militaire français, mort en 1613.
Décès | |
---|---|
Famille |
Biographie
modifierOrigine
modifierIl est le fils d'Eustache II du Bellay et de Guyonne d'Orenge[1]. Il succéda à son père dans les terre du Bois-Thibault. Ce fut à l'aîné de ces enfants, alors à peine âgé de 20 ans[1], que fut attribuée la terre du Bois-Thibault pour sa part dans la succession de son père et de son aïeul[2].
Il résidait à cette époque au Château de la Feuillée où il habitait avec sa mère et ses frères et sœurs[1][3].
Mariage
modifierAu commencement de 1588, Pierre du Bellay, l'un des frères cadets de Charles, avait épousé Barbe d'Aulnières, veuve de Robert des Rotours, seigneur du Coudray, en Saint-Denis-du-Maine, et les deux nouveaux époux étaient allés habiter la terre de Soulgé[1][4]
La femme de Pierre du Bellay[1] avait eu de son premier mari deux filles qui, encore toutes jeunes, étaient élevées au Château du Coudray[1], sous la tutelle de leur oncle Jacques de Charnacé. L'aînée s'appelait Radegonde qui devait avoir en dot, en sa qualité d'aînée, avec la terre du Coudray, la châtellenie de Chemeré. Au printemps de 1589[1], malgré l'extrême jeunesse de Radegonde des Rotours[5], Du Bellay l'enleva, puis l'épousa par contrat du .
Guerres de religion
modifierLe mariage se fait au fort des guerres de la Ligue catholique. Après l'assassinat des princes de Guise aux États généraux de 1588-1589, une bonne moitié de la noblesse française avait pris les armes pour la défense de la religion catholique menacée et s'était déclarée pour l'Union[1].
Dans ces graves circonstances, Charles du Bellay n'avait pas hésité sur le parti à prendre. Issu d'une famille où, depuis le commencement des guerres religieuses, les traditions catholiques avaient toujours été en honneur, vassal de Charles de Mayenne[1], cousin de Pierre Le Cornu[6], tout le poussait à prendre rang parmi les plus ardents champions de la Ligue dans la région.
Meurtre
modifierIl va se rendre coupable d'un véritable guet-apens envers Louis Hurault, seigneur de Villeluisant[1]. Ce dernier, mari de Judith de Chauvigné avait été pourvu de la charge de capitaine du Château de Lassay par une commission royale. Le , tandis qu'Hurault est à la messe dans la chapelle du château[1], Charles du Bellay apparut subitement à la tête d'une troupe d'hommes armés et le fit mettre à mort par son lieutenant, Jean d'Anthenaise, seigneur de la Bigne[7].
Charles du Bellay, qui avait agi sous le commandement de Charles de Mayenne[8], croyait rendre service à son parti[1] ; il espérait, grâce à ce coup de main, s'emparer de la forteresse qui tenait dans sa dépendance toute la contrée environnante. Ce meurtre ne servit en rien les projets des ligueurs ; le Château de Lassay, très étroitement gardé[1], ne tomba pas pour cela aux mains de Charles du Bellay, et se maintint sous l'autorité du roi Henri III jusqu'à ce que celui-ci, instruit de l'événement, l'eût confié à la garde de Claude de Chauvigné, le propre oncle de la veuve de l'ancien gouverneur[1].
Henri IV
modifierAprès l'assassinat d'Henri III, une grande partie de la noblesse catholique, royaliste avant tout, se rangeait du côté du roi de Navarre, devenu le seul prétendant légitime à la couronne de France[1].
Vers la fin de 1589, toutes les grandes villes du Maine ouvraient successivement leurs portes et acceptaient des gouverneurs à la dévotion du roi de Navarre. La situation de Charles du Bellay devenait de plus en plus critique[1] : en vain Charles de Mayenne semblait-il disposé à lui donner « adveu de l'entreprinse sur le chasteau de Lassay et mort du dit Hurault comme faicte par le commandement»[9] ; le 21 décembre, le roi, ayant égard à une requête présentée par Judith de Chauvigné, s'était empressé d'expédier des lettres patentes en forme de commission, aux termes desquelles, sur le rapport à lui fait de la requête en question « par l'ung des maistres de son hostel », il avait « commis et député le sieur de Richelieu, grant prévost de France et de son hostel, et à luy renvoyé la dite requeste, ensemble les parties, charges et informations ». Il était en outre « mandé et ordonné » à ce dernier de reprendre « les informations qui avoient déjà esté faictes », d'informer « de nouveau du meurtre et assassinat commis ès personne du dict défunct sieur de Villuisant contre Charles du Bellay et ses alliés et complices », de « faire et parfaire et juger son procès nonobstant oppositions et appellations quelconques », enfin au Grand prévôt de France étaient attribuées « toute court, juridiction et congnoissance du dit faict, ses circonstances et dépendances »[10]. N'étant guère en sûreté, Charles du Bellay se réfugier en Bretagne, auprès de Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur[1].
La fuite en Bretagne
modifierDu Bellay y commandait un régiment d'infanterie à lui et prit part a en avril 1590, à la tête de ce régiment, à l'entreprise de Lansac[11] sur la ville et le Château de Mayenne[12]. Lansac, après s'être d'abord rendu maître de la ville, ne tarda pas à en être chassé par l'Estelle et Hertré et contraint à se retirer en désordre avec ses troupes du côté de la Bretagne[11].
Charles du Bellay dut l'accompagner dans sa retraite et chercher de nouveau un refuge sur le sol breton. Le , le grand prévôt rendait enfin sa sentence au sujet du procès dont le jugement lui avait été confié[11] ; par cette sentence le seigneur de la Feuillée était condamné à avoir la tête tranchée et à payer à la veuve de sa victime une somme de 20.000 écus[13].
Le Bois-Thibault
modifierSes amis et ses serviteurs, dirigés par un de ses frères cadets, l'abbé de Fontaine-Daniel[14], René du Bellay, seigneur de la Palu[15], tenaient énergiquement la région pour l'Union.
Cette résistance finit par émouvoir le gouverneur de Lassay[16], Claude de Chauvigné, et le procureur du roi, qui chargèrent Jean Challière, sergent royal, de procéder à une information « à l'encontre de chascun de nobles Charles du Bellay, seigneur de la Feuillée et du Boys-Thébault, et noble René du Bellay, seigneur de la Palu, son frère, sur ce que l'on disoit que, nonobstant l'ordonnance et édict du roy, depuis cinq ou six mois aincza le dit sieur de la Palu et le dit sieur de la Feuillée ont tousjours tenu au chasteau du Boys-Thébault pour les princes de l'Unyon qui tiennent le party contraire au roy »[17].
Le jeune abbé de Fontaine-Daniel, au lieu de résider dans son monastère[16], était venu s'établir au Bois-Thibault, et tandis que son frère aîné était réfugié en Bretagne, il avait fait de ce manoir le quartier général des ligueurs dans la contrée. Il était l'âme de la résistance de ceux-ci contre la domination d'Henri IV, et c'est lui sans nul doute qui, par ses menées, avait poussé « par deulx foys » les « seigneurs et peuple » des environs à venir mettre le siège devant la forteresse où, tout près de là, commandait le gouverneur royaliste Claude de Chauvigné[18]. Transformé ainsi en centre de résistance contre l'autorité royale, le Bois-Thibault avait fini par exciter à un si haut point les inquiétudes non seulement de Claude de Chauvigné, mais même du gouverneur de Mayenne, Arnault de Beauville, seigneur de l'Estelle, que celui-ci avait cru indispensable d'en aller faire le siège avec un petit corps de troupes et du canon[16][19].
Charles du Bellay, était toujours en Bretagne, auprès de Mercœur[20]. C'était pour lui, après la condamnation capitale dont il avait été l'objet, le seul moyen de sauver sa tête. Il arriva pourtant un moment où il put reparaître en toute sécurité dans ses terres après la Bataille de Craon, dont les conséquences furent de replacer pour quelque temps les villes de Laval et de Mayenne, avec tout leur territoire, sous le pouvoir de l'Union[21]. Mais Mayenne retomba au bout de quelques mois au pouvoir d'Henri IV, et, si nous retrouvons au mois de janvier suivant le mari de Radegonde des Rotours au Château de Soulgé[22], il ne pouvait déjà plus à cette époque se montrer au Bois-Thibault sans courir de grands dangers, la région étant désormais entièrement perdu pour les Ligueurs. Suite à la Capitulation de Laval, Charles du Bellay n'eut plus d'autre ressource que de retourner en Bretagne, auprès du duc de Mercœur[21].
La justice
modifierAu reste, Judith de Chauvigné, remariée avec Jean de Madaillan, seigneur de Montataire, gentilhomme huguenot, était plus que jamais occupée à poursuivre en justice les meurtriers de son premier mari[23]. Le fugitif étant considéré par la justice royale comme mort civilement, elle pouvait du moins s'adresser à ses héritiers présomptifs pour exiger d'eux le payement de cette somme de 20.000 écus à laquelle, sans préjudice de la peine capitale, Charles du Bellay[23] avait été condamné envers elle et ses enfants[24]. Ls biens composant la terre du Bois-Thibault qui avaient été saisis par autorité de justice en mai 1593, à la requête de la veuve du seigneur de Villeluisant [25].
A la suite de cette saisie, et après les délais et formalités nécessaires, Judith de Chauvigné[23] avait obtenu du Parlement qu'il serait procédé à l'adjudication, et déjà elle avait mis une enchère de 14.000 écus ; mais les du Bellay, voyant « qu'il n'y avoit plus moyen de tirer l'affaire en longueur ny empescher l'adjudication par décret », inventèrent alors des moyens d'opposition[26]. De là toute une série de procédures tant devant le sénéchal du Maine que devant la cour du Parlement, procédures au cours desquelles il intervint le 22 février 1596, devant cette dernière juridiction, de part et d'autre, des plaidoiries. Celles-ci aboutirent le 14 août suivant à un arrêt ordonnant que, sans avoir égard aux oppositions des du Bellay, il serait procédé Le plus tôt possible à l'adjudication. Mais cet arrêt en apparence si péremptoire n'eut pas les rapides conséquences qu'il paraissait entraîner, car en septembre 1598, la dame de Montataire se vit encore obligée de solliciter du Parlement que la terre en question lui fût adjugée[27]. La famille du Bellay veillait toujours sur sa fortune et ses biens.
L'amnistie
modifierLes guerres de religion touchaient alors à leur terme. Déjà, en juillet 1595[28], Urbain de Laval Boisdauphin avait fait sa soumission, et celle d'Henri de Mayenne avait eu lieu au commencement de l'année 1596.
Les gentilshommes les plus attachés à la Ligue s'étaient empressés de reconnaître Henri IV comme leur roi légitime. Seul le duc de Mercœur s'obstinait à continuer la guerre[28], et le moment n'était pas encore venu où la Bretagne allait être entraînée dans la pacification générale. Pour lui, il ne devait songer à se soumettre qu'à la fin de 1597, après avoir essayé de soulever encore une fois les populations contre Henri IV. A cette époque, Charles du Bellay était toujours à son service, mais il n'était plus en Bretagne[29].
Il s'était rapproché de Craon où commandait Pierre Le Cornu, son cousin, sous les ordres duquel il s'était mis avec sa propre troupe. Après la défection de Mercœur, en février 1598, ce dernier fit à son tour sa paix avec le roi de France[29]. Charles du Bellay s'était recommandé à Pierre Le Cornu qui ne l'avait pas oublié en traitant de sa reddition[30].
Henri IV le comprenait dans l'amnistie accordée par lui à son cousin[31]. Il semble que, de retour auprès des siens , il ait mis une fois de plus les différents manoirs qu'il y possédait, en état de défense, et ait gardé une attitude hostile. Peut-être, jusqu'à ce que la paix générale fût proclamée, redoutait-il quelque agression de la part de ses ennemis, exaspérés de le voir préservé de la peine capitale. Ce qui est certain[32], c'est que dans une requête adressée au commencement de juin 1598 par Judith de Chauvigné au Parlement, il est dit que Charles du Bellay, avec ses complices, s'était retiré « en ses chasteaux, où il tient fort »[33].
Retour en grâce
modifierEn tous cas, après la publication de la paix générale (), Charles du Bellay ne tarda pas à rentrer complètement en grâce auprès d'Henri IV. Il est fait chevalier l'Ordre du Saint-Esprit[32] et en le nommant gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.
Il est vrai que, si le roi lui avait accordé son pardon, la dame de Montataire n'avait pas renoncé à poursuivre, à son défaut, les autres meurtriers de l'infortuné Villeluisant. C'est ainsi que le 1er octobre 1598[32] elle avait obtenu du prévôt de l'hôtel l'emprisonnement au Fort-l'Évêque de Jacques du Pont, sieur de Frédérie [34], et qu'en février 1601, le sieur de Montataire s'était emparé de la personne de Jean d'Anthenaise, sieur de la Bigne, « sans le vouloir délivrer à la justice et ce pour le contraindre d'entrer en composition et tirer argent » de lui[35].
En même temps, Judith de Chauvigné prétendait toujours se faire adjuger par décret en parlement la terre du Bois-Thibault. Nous la voyons le 3 février 1603 comparaître au greffe du Parlement, et mettre cette fois une enchère de 18.500 écus[32]. Mais, chose assez curieuse, nous trouvons parmi les opposants aux criées le propre mari de la dame de Montataire, Jean de Madaillan, qui du reste le 22 mai suivant se fit adjuger la terre en question pour la somme de 42.000 livres[36]. Néanmoins, du Bellay resta en possession de la terre du Bois-Thibault[37].
L'abbé Angot indique que Charles du Bellay fonda à Mayenne le couvent de l'Assomption de la Madeleine, où il appela ses deux filles, religieuses en d'autres couvents[38].
Famille
modifierBien que Charles du Bellay fît le plus ordinairement sa résidence au château de la Feuillée en Alexain, on le trouve cependant parfois établi, durant cette période, au Bois-Thibault où il fait avec sa famille des séjours assez prolongés.
C'est en effet au Bois-Thibault que Radegonde des Rotours[39] accouche au commencement de mai 1602 d'Éléonore du Bellay, qui est baptisée le 5 du même mois dans l'église Saint-Fraimbault de Lassay. De même, le 4 novembre suivant, on voit noble Magdelon du Bellay, fils aîné, tenir, avec sa tante maternelle Renée des Rotours, un enfant sur les fonts baptismaux de cette église, C'est du reste en 1602 et en 1603 que Charles du Bellay s'était fait rendre par ses vassaux du Bois-Thibault les déclarations féodales qu'il n'avait pu recevoir dans les années troublées qui avaient précédé. Dans la plupart de ces déclarations, il est qualifié « chevalier de l'ordre du roy, seigneur de la Feuillée, la Courbe, le Couldray, la Pallu, le Bois-Thibault, le Hazay et Montohier »[40][39]. Il avait donc déjà reçu à cette époque-là d'Henri IV le collier de l'ordre du Saint-Esprit ; bien plus, en 1607, à l'occasion du mariage de sa belle-sœur Renée des Rotours avec René de Montesson il ajoute à son titre de chevalier de l'ordre du roi celui de « gentilhomme ordinaire de sa chambre »[41]. Comme on le voit, il avait entièrement retrouvé les bonnes grâces de son souverain.
Au printemps de 1612[39], la terre et seigneurie de Montguerré près la ville d'Ernée, au duché de Mayenne, se trouva sur le point d'être mise en adjudication par décret. Charles du Bellay, qui désirait s'en rendre adjudicataire mais n'avait pas à sa disposition la somme nécessaire pour cette acquisition, fit emprunter par Radegonde des Rotours, alors à Paris, de « Mathurin de Sapvonnières, escuyer, seigneur de Linières », la somme de 7.200 livres tournois, en affectant à ce prêt[39], comme gage hypothécaire, ses quatre terres de la Feuillée, du Bois-Thibault, du Coudray et de Lignières. Dans l'acte qui fut passé à cet effet, la terre qui nous intéresse est ainsi spécifiée : « La terre et seigneurie du Boisthibault... consistant en maison seigneuriale, terres, prez, bois, cens, rentes et autres ses appartenances et dépendances, seize près le ville de Mayenne »[42].
Charles du Bellay mourut à la Feuillée le 14 septembre 1613[39] et fut enterré dans l'église d'Alexain le lendemain, « en présence de plusieurs gens d'église, comme curés, chappelains, jacobins et cordeliers, et grande quantité de nobles, et aultres du tiers estat »[43].
Famille
modifierIl laissait de son union avec Radegonde des Rotours deux fils : Magdelon et René, et cinq filles : Guyonne, Renée, Marguerite, Éléonore et Gabrielle.
Sources partielles
modifier- Adelstan de Beauchêne, Le Bois-Thibault : Étude Historique & Archéologique, Laval, – Imprimerie-Librairie Ve A. Goupil, (lire en ligne).
- Histoire généalogique de la maison du Bellay, par Trincant.
Notes
modifier- Beauchêne 1912, p. 75.
- c'est Charles du Bellay qui, en mars 1585, présente à la nomination de l'évêque du Mans un nouveau titulaire pour la chapelle Sainte-Catherine, fondée et desservie au manoir du Bois-Thibault.
- Le , « messire Loys Hurault, seigneur de Villeluisant, chevalier de l'ordre du roy, gentilhomme ordinaire de la chambre de S. M., maistre de camp d'un régiment de gens de pied français entretenu pour le service de Sa dite M. , ayant, comme mary et espoulx de dame Judith de Chauvigné ""», à faire hommage au seigneur du Bois-Thibault pour ses terres de Commerçon, en Melleray, et de la Baroche-Gondouin, se transporta en personne, accompagné de Pierre Thoumin, notaire à Lassay, « jusques au lieu du Boisthibault » pour s'y acquitter de cette obéissance féodale, et que, parvenu « au devant de la porte » de ce manoir, il demanda « si le seigneur du Boisthibault estoit au dit chasteau ; » il lui fut « respondu que non par honneste homme Michel Desboys et Ollive Le Roy, son espouse, fermiers du dit Boisthibault, et que le dit seigneur estoit demeurant au lieu de la Feuillée, à distance de 9 ou 10 lieues », sur quoi le seigneur de Villeluisant les chargea de transmettre à leur maître l'offre des deux fois et hommages simples dont il était tenu envers lui (Archives du château de Lassay, fonds du Boisfroust.)
- Non loin de celle du Coudray, que le seigneur du Bois-Thibault avait abandonnée à ce frère à l'occasion de son mariage.
- Elle avait à peine douze ans, malgré aussi l'opposition de Barbe d'Aulnières.
- ls étaient en effet alliés par les d'Orenge. Pierre Le Cornu avait pour aïeule paternelle, Guyonne d'Orenge, femme de son grand père, Léonard Le Quant à Charles du Bellay, il avait pour bisaïeul maternel Jean d'Orenge, frère de cette même Guyonne.
- Le chancelier Philippe Hurault de Cheverny, en relatant dans ses Mémoires la mort tragique de son neveu, a laissé entendre que le prêtre qui disait la messe en cette circonstance, se serait fait le complice de cet épouvantable guet-apens en donnant un « advertissement » à « ceux qui avoient desseing sur ceste place. » Mais c'est là une calomnie que rien ne justifie, puisqu'à aucun moment il ne sera question de ce prêtre parmi les meurtriers ou leurs complices que Judith de Chauvigné poursuivra plus tard de son implacable vengeance.
- Un « adveu du dit duc de Mayenne à messire Charles du Bellay, seigneur de la Feuillée, de l'entreprinse faicte sur le château de Lassay, et mort du dit Hurault comme faicte par le commandement du dit duc de Mayenne, du mois d'octobre 1593 », se trouve en effet cité par les considérants d'un arrêt du Grand Conseil qui sera rendu le 18 juillet 1601 entre Judith de Chauvigné et Charles d'Anthenaise.
- Il lui donna en effet cet « adveu », mais seulement en octobre 1593, comme nous l'avons dit plus haut.
- Voir les considérants d'un arrêt du Conseil privé rendu le , au sujet d'une requête présentée par Judith de Chauvigné (Archives nationales, V6 4).
- Beauchêne 1912, p. 76.
- Voir La fuitte et la défaicte de René de Lansac, etc., récit très curieux, imprimé à Tours, en 1590, et dont un exemplaire se trouve aux Imprimés de la Bibliothèque nationale sous la cote L 835, n° 235.
- Voir Arch. nat., X2b 184, V5 209 et X1a 9042.
- Beauchêne 1912, p. 77.
- Troisième fils d'Eustache du Bellay et de Guyonne d'Orenge, il avait été pourvu dès l'année 1583, bien qu'il eût alors à peine 20 ans, de l'abbaye de Fontaine-Daniel (Voir Grosse-Duperon, Histoire de Fontaine-Daniel). En janvier 1593, à l'occasion d'une assemblée de famille dont il fera partie, il sera qualifié : « R. P. en D. Mre René du Bellay, baron de Reuilly, seigneur de la Palu, conseiller et ausmônier du roy, abbé commendataire de l'abbaye de N.-D. de Fontaine-Daniel » (Bibl. nat., man. fonds fr. 20241, f° 88).
- Beauchêne 1912, p. 78.
- L'information en question eut lieu à Lassay, le 20 mai 1590. Michel Fourault, sieur de la Bretonnière, et Me Michel Gohier, prêtre, y firent des dépositions intéressantes. Voici ces dépositions : « Honneste homme Michel Fourault, sieur de la Bretonnyère, serviteur domestique du sieur de l'Estelle, gouverneur pour le roy en la ville et chasteau de Mayenne, âgé de 24 ans ou envyron, déposant, à nous produit et faict jurer de dire et rapporter vérité pour la part du dit sieur de Chauvigné, gouverneur pour le roy au chasteau de Lassay, et de Monsieur le procureur du roy à l'encontre de René du Bellay, sieur de la Pallu, dépose par son serment bien congnoistre les dites partyes, et a bonne congnoissance que le sieur de la Feuillée est seigneur du Boys-Thébault et du Couldray et qu'il est de la Ligue et tient pour les princes de l'Unyon. Dist avoir bonne souvenance qu'il y aura mercredy prochain trois sepmaines, comme le déposant estoit prisonnier ès mains des gens du dit sieur de la Feuillée au lieu du Couldray, il vist que le dit sieur de la Palu arriva au dit lieu du Couldray et entra en une chambre en laquelle le déposant estoit prisonnier, ayant le dit sieur de la Palu une espée à la maing, et lors icelluy sieur de la Palu dist au déposant ces mots : « A qui es-tu, mordieu? N'es-tu pas à Monsieur de l'Estelle ? Tu es huguenot ; je te ferai pendre. » Et sur ce le déposant dist qu'il estoit catholique. A quoy le dit sieur de la Palu dist ces mots : « Mordieu, n'es-tu pas à l'Estelle ? » parlant au déposant. Ce faict le dit sieur de la Palu sortit de là dite chambre. Dict que le sieur d'Abatant, qui estoit là présent, dist que le déposant n'auroit point de mal. Et est ce qu'il dépose, et a dict ne sçavoyr signer. « Me Michel Gohier, prêtre, demeurant au lieu de la Maisonneuve, paroisse de Saincte-Marie-du-Boys, âgé de 25 ans ou environ, tesmoin produict, reçeu et faict jurer de dire et rapporter vérité pour la part du dit sieur de Chauvigné et du dit sieur procureur du roy, à l'encontre du dit sieur de la Feillée et du dit sieur de la Palu son frère, dépose par son serment bien congnoistre les partyes, et dict avoyr bonne congnoissance que le dit sieur de la Palu et et le dit sieur de la Feillée tiennent pour les princes de l'Unyon contre le roy, et que le dit sieur de la Palu demeure au chasteau du Boysthébault, fors qu'il ne l'y a poinct veu depuys Pasques dernières passées. Dict oultre que depuys dix moys aincza il a tousjours demeuré avec les dits sieurs de la Feillée et de la Palu au dit lieu du Boys-Thébault, et qu'il déposant fut prins prisonnier en la ville de Mayenne, lorsque le roy y estoit, et estant sorty de la dite prinson retourna au dit chasteau du Boys-Thébault avec le dit sieur de la Palu, où il a tousjours esté jusques a depuys quinze jours aincza. Oultre dict estre bien certain que le dit chasteau du Boys-Thébault tient pour la Ligue et princes de l'Unyon. Le sçait pour avoyr tousjours veu Jacques Dupont, Mathurin Méraut, Jehan Dudouet, Me Mathurin Bilheust et plusieurs aultres estant au dit chasteau crier vulgairement à haulte voix, disant ces mots : « Vive la Ligue ! Vivent les princes de l'Unyon! » Davantaige dict avoyr bonne congnoissance que tous les serviteurs du dit sieur de la Feillée, et aultres soldats qui tiennent pour l'Unyon, se retirent et sont les bienvenuz au dit chasteau du Boys-Thébault ; est ce qu'il dépose » (Arch. du château de Lassay, fonds du Boisfroust).
- Voir aux Arch. du château de Lassay, dans le fonds du Bois-froust, un mémoire très curieux rédigé par Claude de Chauvigné sur la façon dont le château confié à sa garde était tenu contre les ligueurs.
- C'est ce que nous apprend le journal de Macé de L'Estang, à la date du . « Le dit jour on battoit la maison du Boys-Thébault, et estoit devant le sieur de Estelle, et furent beaucoup blessés de sa compagnie : le dit jour estoient dedans la maison du Boys-Thébault le curé de Thubœuf, le curé de Lassay, et aultres ». Puis le curé ligueur ajoute : « Et le samedy le siège fut levé à la confusion de l'Estelle ». (C'est peut-être de ce siège que date la grande brèche qu'on voit dans la muraille de la partie nord du château, entre les deux tours).
- Beauchêne 1912, p. 79.
- Beauchêne 1912, p. 80.
- Le 14 janvier 1593, « Messire Charles du Bellay, chevalier, seigneur des chasteaux, terres et seigneuries de la Feuillée, du Bois-Thibault, de Lignières et du Couldray », assistait au château de Sougé au conseil de famille dont il a déjà été question.
- Beauchêne 1912, p. 81.
- Or les héritiers présomptifs de Charles du Bellay étaient alors sa mère Guyonne d'Orenge, sa femme Radegonde des Rotours, ses frères Pierre et Jacques du Bellay, et ses sœurs Marquise et Renée. Judith de Chauvigné les avait donc assignés tous les six en payement de la somme en question, et, comme ils avaient fait la sourde oreille, elle n'avait pas tardé à faire saisir sur eux par autorité du Parlement la terre du Bois-Thibault. Voici, d'après le procès-verbal de la saisie qui avait été faite à cette occasion quelle était alors la composition domaniale et féodale de cette terre : « La maison seigneuriale du Boisthibaud tout ainsi qu'elle se poursuit et comporte en toutes choses avecq la court encloze en icelle maison ; Plus la grand court dedans la dite maison avecq les estables et granges estant au costé de la dite court, les viviers qui sont proches de la dite maison et court, ung parc estant derrière la maison du mestayer de la dite court, le grand pré de la dite court contenant huit hommées d'hommes fauscheurs ou environ ; Plus le jardin à choux et porées du dit lieu prochede la dite maison, le parc de la dite maison et le boys de haulte fustaye proche d'icelle, le tout tenant l'un l'autre et contenant à l'estimation de 20 journaux de terre ou environ, la plus grande partie close de murailles... « Plus ung pré appelé le pré des rivières... « Plus le fief et seigneurie de Boisthibaud, le Hazay et Montohier... « Plus la mestairie de la court du Boisthibaud... « Plus le lieu et mestairie de la Noe... « Plus le lieu et mestairie de la Beurrière... « Plus le lieu et mestairie de la Janvrie... « Plus le lieu et mestairie de la Boissière... « Plus le lieu et mestairie du Boys scitué au bourg de Sainte-Marie-du-Bois. « Plus le lieu et mestairie de Dongebert... « Plus le lieu et mestairie du Hazay... « Plus les moullins du Hazay scitués au dit lieu du Hazay, paroisse de Geneslay, le moullin du Teilleul scitué près Lassay, paroisse du dit Lassay, le moullin de Gérart et le moullin du Moulineau scitués près le bourg de Sainct-Fraimbault, le pré du moullin de Gérart... les estangs de Perreux et la Mothe scitués près la dite maison du Bois-Thibaud, l'estang de Dongebert, et l'estang de la la Hermondière scitué en la paroisse de Saint-Fraimbault ; « Plus le taillis de la Brière... Plus le taillis de Lahappé... Plus le taillis de Dongebert... »
- Et auxquels avaient été établis commissaires : « Jullien Dauvert, demeurant au lieu du Temple, paroisse de la Baroche ; Paul Gandon et Guillaume Pèlerin, demeurants en la paroisse du Boys ; Jean Tresseilles, demeurant en la paroisse de Thubœuf ; René Crosnier, demeurant en la paroisse de Monstreuil ; Jacques Dugué, demeurant en la paroisse de Saint-Fraimbault ; François Haireau, hostelier, et Jacques Bordelay, demeurant paroisse de Lassay » (Archives nationales, X1a» 9042, fo 158.)
- Guyonne d'Orenge allégua son douaire, Radegonde des Rotours son douaire et ses conventions matrimoniales, enfin les autres puînés faisaient opposition « pour raison de leur partaige qu'ils prétendoient ne leur avoir encore esté délivré » (Voir Archives nationales, X1b 4557, plaidoiries au Parlement, du 22 février 1596, entre Judith de Chauvigné et les du Bellay.)
- Arch. nat., X1a 9042, fo 158, à la fin des criées.
- Beauchêne 1912, p. 82.
- Beauchêne 1912, p. 83.
- Un des articles de la capitulation de ce dernier acceptés par Henri IV portait en effet que « la mort du sieur de Vauluisant, que l'on prétend avoir esté tué par Charles du Bellay, devait être déclarée advenue en temps d'hostilité et comprise aux dits édicts et déclarations (du roi sur la réduction des sieurs de Mercœur et du Plessis de Cosmes) pour estre lors du faict dont est question le dit de Vauluisant du party du roy, et le dit de la Feuillée... du party du sieur duc de Mayenne, et en conséquence les sentences, jugements et arrêts donnés à la poursuitte de la dite de Chauvigné cassez et adnullez (Voir Archives naionales., X2b 186, arrêt rendu le 3 octobre 1598, à la requête de Jacques du Pont, sieur de la Frédérie, contre Judith de Chauvigné).
- Beauchêne 1912, p. 84.
- Beauchêne 1912, p. 85.
- Voir Archives nationales, X2b 184.
- Voir Arch. nat., X2b186, 3 oct. 1598.
- Archives nationales, X2a 152. Arrêt rendu le 2 août 1601 à la requête de Jean d'Anthenaise.
- Voir Archives nationales, X1a 9042, f° 158. Criées de la terre du Bois-Thibault, in fine.
- Beauchêne 1912, p. 86.
- « Charles du Bellay », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (BNF 34106789, présentation en ligne)
- Beauchêne 1912, p. 87.
- Archives départementales de la Mayenne, fonds du Bois-Thibault, déclarations féodales.
- Voir à la Bibl. nat., cabinet des Titres, carrés d'Hozier, les preuves de noblesse de la famille de Montesson.
- Bibl. nat., cab. des Titres, pièces originales, dossier du Bellay.
- Voir aux registres paroissiaux de la Bazouge-de-Chemeré la mention de son décès.
Erreur de référence : La balise <ref>
nommée « Beauchêne191283 » définie dans <references>
n’est pas utilisée dans le texte précédent.