Charles Perrier (médecin)
Biographie
modifierIssu d'une famille de boulangers, fils du juge de paix Scipion Perrier (d) et neveu du général François Perrier, Charles Antoine Perrier naît à Valleraugue[1] le [2].
Après avoir « poursuivi brillamment » des études à la faculté de médecine de Montpellier[1], il soutient sa thèse en 1887[3]. C'est dès l'année suivante qu'il est affecté à la maison d'arrêt de Nîmes, installée dans le fort Vauban[4], sur lequel il publie une étude historique en 1896.
Influencé par Jean Lacassagne, il décide la même année[5] de mener sur 859 détenus une étude d'anthropométrie judiciaire, discipline alors naissante[4]. Il s'agit essentiellement de mesurer leurs organes, les répertorier et les photographier[6]. Selon Pascal Trarieux (d), les prisonniers se prêtent au jeu volontiers car ils s'estiment probablement « flattés d'un tel intérêt pour leur personne », ou bénéficient d'avantages matériels[6]. Il en tire en 1900 un ouvrage intitulé Les Criminels, où sont référencés pour chaque détenu sa nationalité, sa profession, la catégorie du crime qu'il a commis, et son mode opératoire[6]. Le premier tome de l'ouvrage est en outre émaillé de nombreux portraits et signatures, quand le second est consacré plus généralement à la vie au sein de la maison d'arrêt[6].
Il publie également un Album statistique, comportant 175 tableaux calligraphiés par un prisonnier allemand, et 395 dessins produits par deux de ses congénères, qui signent « C » et « W »[6]. Le livre s'attache à lister toutes sortes de données sur la population carcérale[7], mais présente également une dimension artistique, avec des vues sur des monuments de Nîmes, mais aussi de toute la France, et des enluminures[7]. Il est présenté à l'Exposition universelle de 1900 au titre du ministère de la Justice[7].
Perrier refuse de vendre ce fonds pourtant estimé à plusieurs centaines de milliers de francs, préférant le donner au musée du Vieux-Nîmes le [7]. Le fonds est officiellement installé à l'occasion d'une visite de l'ancien président de la République Gaston Doumergue, par ailleurs ami de Perrier[7].
De 1893 à 1900, il est également inspecteur pour le Service de la protection des enfants, et devient en 1920 chef du dispensaire municipal[2]. En 1910, il devient correspondant de la Société de médecine légale[2]. Il rédige également une série d'articles dans les Annales d'anthrologie criminelle dirigées par Lacassagne.
Il quitte la maison d'arrêt en 1911[4]. Devenu par la suite médecin-chef du dispensaire et des services municipaux de Nîmes, il reçoit le prix Montyon de l'Académie des sciences en 1916[8], et est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1924[2] et meurt le à Nîmes[9].
Postérité
modifierIl laisse également au Vieux-Nîmes 40 kilos d'archives, composé de manuscrits et de correspondances[7].
Du 25 juin au [10], au musée, une exposition intitulée « Tatouages » est consacrée au fonds[11]. Elle met surtout en lumière les photographies de détenus tatoués.
Ouvrages
modifier- La Maison centrale de Nîmes, ses organes, ses fonctions, sa vie : emprisonnement et criminalité, Paris, Masson, 1896 (BNF 31085930).
- Les Criminels : étude concernant 859 condamnés, 2 tomes, Lyon, Storck, 1900 et 1905 (BNF 31085929) (lire en ligne).
- Le Service de santé en prison, Lyon, Storck, 1903 (BNF 31085937) (lire en ligne).
- Le Crâne et ses rapports avec la taille, la grande envergure, le buste, le pied chez les criminels, Lyon, Maloine, 1920 (BNF 31085928).
- L'Oreille et ses rapports avec la taille, la grande envergure, le buste, le pied, le crâne, Maloine, 1925 (BNF 31085935).
Références
modifier- Trarieux 1997, p. 99.
- Dossier de lauréat de la Légion d'honneur sur la plateforme Léonore.
- ↑ BNF 36919302.
- Trarieux 1999, p. 99.
- ↑ https://www.enap.justice.fr/histoire/charles-perrier-medecin-des-prisons-nimes.
- Trarieux 1999, p. 100.
- Trarieux 1999, p. 102.
- ↑ Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. 163, 1916, p. 857.
- ↑ Cabanel 2024.
- ↑ (SUDOC 237808668).
- ↑ Guillaume Mollaret (d), « L'étonnant travail d'un médecin des prisons », Le Quotidien du médecin, (lire en ligne).
Annexes
modifierBibliographie
modifier- « Charles Perrier », dans Gard : dictionnaire biographique et album, Paris, Flammarion, coll. « Dictionnaires biographiques départementaux » (no 45), (BNF 35031733, lire en ligne), p. 493-494.
- Pascal Trarieux (d), « Perrier, médecin des prisons », dans Le Fort de Nîmes : de la citadelle à l'université, Société d'histoire moderne et contemporaine de Nîmes, (ISBN 2-9507955-1-X), p. 99-104.
- Aleth Jourdan, Tatouages : le fonds Charles Perrier, médecin des prisons, musée du Vieux-Nîmes, (ISBN 979-10-93338-22-4) — catalogue de l'exposition de 2019.
- [Cabanel 2024] Patrick Cabanel, « Perrier Charles », dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours : M-Q, Paris, Max Chaleil, (ISBN 978-2-84621-358-5), p. 773-774.
Liens externes
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