Château de Tarascon

château fort des comtes de Provence-Barcelone, ducs d'Anjou

Le château de Tarascon — Centre d'art René d'Anjou — est un ancien château fort qui se dresse sur la commune française de Tarascon, en bordure du Rhône, dans le département des Bouches-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Reconstruit dans la première moitié du XVe siècle dans un style alliant gothique et renaissance, il sera le lieu de prestiges, de rencontres, de fêtes du roi René qui y séjournera fréquemment. Ce château servira également de havre de paix pour Jacques Coeur fugitif après sa condamnation à mort prononcé par charlesVII.

Château de Tarascon - Centre d'art René d'Anjou
Image illustrative de l’article Château de Tarascon
Période ou style Gothique (XVe siècle)
Type Forteresse, château
Architecte Jean Robert (maître d'œuvre)
Antoine Masson (maître d'œuvre)
Simon de Beaujeu (sculpteur)
Jacques Morel (sculpteur)
Début construction 1400
Fin construction 1435
Propriétaire initial Comte de Provence, comte de Barcelone, duc d'Anjou
Destination initiale Forteresse et palais résidentiel
Propriétaire actuel Ville de Tarascon (patrimoine communal)
Destination actuelle Centre d'art René d'Anjou
Protection Logo monument historique Classé MH (1840)[1]
Coordonnées 43° 48′ 24″ nord, 4° 39′ 18″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Bouches-du-Rhône
Commune Tarascon
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Tarascon - Centre d'art René d'Anjou
Géolocalisation sur la carte : Bouches-du-Rhône
(Voir situation sur carte : Bouches-du-Rhône)
Château de Tarascon - Centre d'art René d'Anjou
Site web http://chateau.tarascon.fr/

Localisation

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Le château se dresse à sur la commune de Tarascon, dans le département français des Bouches-du-Rhône. Jusqu'en 1481, il contrôlera la frontière politique du Rhône qui coule à ses pieds. Du haut de ses 45 mètres, il domine le paysage au nord d'Arles[2].

Historique

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Un premier château

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À cet emplacement s'élevait un premier château, il a vraisemblablement été édifié par Roubaud II, marquis de Provence, entre 994 et 1010[3]. Ce château, partiellement détruit puis reconstruit, fut occupé au milieu du XIIIe siècle par Charles d’Anjou, comte de Provence et frère de Louis IX, roi de France. Ce château est restauré, en 1291[4], par son fils Charles II dit « le Boiteux ». En 1367, le duc Louis d'Anjou, gouverneur du Languedoc et frère du roi de France Charles V, veut profiter de l’éloignement du pape Urbain V qui s'était rendu à Rome et de l'absence de la reine Jeanne, comtesse de Provence, pour substituer son pouvoir à celui de la reine. Cette entreprise était une nouvelle manifestation de l'ambition française sur la Provence. Le duc d'Anjou trouve un capitaine en la personne de Bertrand Du Guesclin qui vient d'être libéré en après sa capture à la bataille de Nájera. Du Guesclin se met en marche le avec 2 000 hommes et met le siège devant Tarascon le . La ville est bloquée de toute part. Les trébuchets font plusieurs victimes dont le clavaire de Tarascon, Martin Champsaur[5]. La ville de Tarascon capitule le ou , mais sera reprise en .

Le château actuel

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À son retour d'Italie, Louis II d'Anjou, comte de Provence, fait entreprendre le la reconstruction du château à l'emplacement qu'il occupait. Les travaux avancent rapidement, mais sont interrompus quelques années plus tard et sont repris de 1428 à 1435 par son fils Louis III d'Anjou[6].

 
Le roi René d'Anjou.

L'architecte était Jean Robert auquel furent adjoints les sculpteurs Simon de Beaujeu et Jacques Morel. Les matériaux furent empruntés à des carrières de Beaucaire. Le roi René n'y apporta que de petites modifications de 1447 à 1449 sous la conduite de Jean de Serocourt et Regnault de Serocourt, capitaine et lieutenant de Tarascon, afin de le rendre plus habitable et fit placer son buste et celui de la reine Jeanne de Laval dans une niche de la cour d'honneur. En 1471, Tarascon est équipé de vingt bombardes et de trois autres pièces d'artillerie. Elles étaient probablement positionnées sur les terrasses qui couronnent le château[7]. À la fin de son règne, le roi René fit entreprendre de 1476 à 1479 encore quelques travaux tels que le remplacement du pont-levis par un pont fixe[8].

Après 1481, le château ne sert qu'occasionnellement aux agents du roi. Du XVIIIe siècle à 1926, le château sert de prison, notamment pour des marins ennemis. Les déprédations causées par cette utilisation sont réparées par les architectes Henri Antoine Révoil et Jean Camille Formigé. C'est au cours de ces restaurations que le crénelage est rétabli.

Description

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Légende : 1- Cour d'entrée ; 2- Pont ; 3- Cour d'Honneur ; 4- Escalier d'honneur ; 5- Donjon ; 6- Tour de l'Horloge ; 7- Tour des Chapelles ; 8- Grande chapelle ; 9- Chapelle des Chantres ; 10- Tour du sud-ouest ; 11- Paneterie ; 12- Salle des festins ; 13- Tour de l'Artillerie ; 14- Accueil ; 15- Garde-manger ; 16- Échansonnerie ; 17- Paneterie ; 18- Saucerie ; 19- Fruiterie ; 20- Basse-cour ; 21- Tour Marie ; 22- Tour ; 23- Tour d'escalier du chemin de ronde.

Le château est bâti sur un îlot rocheux en bordure du Rhône qui le longe d'un côté tandis qu'un fossé taillé dans le roc pouvant recevoir les eaux du Rhône le sépare de la ville. Il se compose de deux parties bien distinctes : au nord, la basse-cour, réservée aux communs et aux hommes d'armes, et au sud, le logis proprement dit. On pénètre dans le château par une porte ouverte entre la première tour carrée de la basse-cour et la tour ronde dite de l'Horloge. On accède ainsi à une cour fermée, située entre la basse-cour et le château seigneurial, ce qui constitue une véritable souricière en cas d'attaque.

La basse-cour

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Cette partie est formée d'un massif polygonal irrégulier entièrement entouré d'une muraille moins haute que celle du château. Trois tours barlongues le flanquent vers la ville tandis qu'une tour plus petite est placée du côté du Rhône.

Les communs ont été aménagés pour abriter l'apothicairerie de l'hôpital Saint-Nicolas. Plus de deux cents pots en faïence de Saint-Jean-du-Désert et de Montpellier y sont exposés dans une boiserie du XVIIIe siècle.

Le logis seigneurial

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Vue depuis la rive nord.
 
Le château vers 1890–1900.

C'est le château proprement dit, constitué d'une muraille de 3 à 4 m d’épaisseur et de 45 m de haut avec deux tours rondes (tour de l'Horloge et tour des Chapelles) à l'est et deux tours carrées à l'ouest côté Rhône. Les architectes avaient adopté, pour la façade la plus exposée, des tours rondes plus résistantes et faciles à défendre que les tours carrées. Cette survivance de l'emploi des tours carrées, à une époque où dans le reste de la France on y avait renoncé, marque un certain archaïsme. Une des caractéristiques de ce château est d'avoir des courtines de même hauteur que les tours qu'elles relient créant ainsi un niveau de défense et de circulation continu[9] : c'était une tendance déjà ancienne qu'on trouve par exemple à la Bastille de Paris[10].

Au centre du château se trouve la cour d'honneur autour de laquelle s'élèvent les bâtiments d'habitation, qui comportent trois étages dont les deux premiers sont plafonnés à la française, le dernier étant voûté. Ils sont desservis par des escaliers à vis, dont le principal se trouve incorporé dans une tourelle en saillie bien visible sur la façade orientale de la cour intérieure. Cette dernière est relativement petite par rapport à la hauteur des bâtiments qui l'entourent. Sur le côté oriental de cette cour se trouve l'escalier polygonal, et sur la façade sud la niche abritant les bustes du roi René et de la reine. Ces bustes, mutilés à la Révolution, sont probablement l'œuvre de Francesco Laurana[11].

La tour des chapelles, semi-circulaire, de la première moitié du XVe siècle[4], doit son nom à deux chapelles superposées se trouvant l'une au rez-de-chaussée et destinée aux employés, l'autre au deuxième étage réservée au seigneur. La chapelle basse ou « chapelle des Chantres », de forme rectangulaire, se termine par une abside semi-circulaire logée dans la tour. Les deux travées ont des voûtes d’ogive. La voûte du chœur comporte huit branches qui rayonnent à partir d'une clef sculptée représentant le couronnement de la Vierge. La chapelle haute ou « grande chapelle » a les mêmes dimensions. Elle est cependant moins haute et son abside ne comporte que six branches d'ogives. Ces chapelles n'ouvrent vers l'extérieur que par des meurtrières afin de ne pas affaiblir la défense[12].

L'aile méridionale n'a pas de fenêtre côté sud, car elle est la plus exposée en cas d'attaque. Les seules fenêtres donnent sur la cour d’honneur. Elle est desservie par un escalier à vis situé dans la tour du Rhône (angle sud-ouest) qui présente un pan coupé. L'aile ouest en bordure du Rhône ne nécessitait pas les mêmes précautions pour la défense, d'où la présence de grandes fenêtres donnant sur le Rhône. Cette aile ne comprend à chaque étage qu'une seule grande salle destinée aux réceptions, cérémonies et banquets.

Comme dans toutes constructions à des fins militaires, la décoration est réduite à peu de choses[réf. nécessaire]. Cependant les voûtes d'ogives reposent sur des consoles sculptées : chimères, aigles, chauves-souris, etc.

Le château possède de nombreux décors peints de la première moitié du XVe siècle représentant soit des animaux classiques (ours, cerfs, éléphants), des animaux fantastiques (parfois sexués), des humains (musicien, noble dame, personnages paillards). On retrouve ses thématiques dans le décor sculpté (combattants, personnages grimaçants, etc.)[13].

Les graffitis du château de Tarascon

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Graffiti d'une galère dans le château de Tarascon.

De nombreux graffitis sont présents dans l'ensemble des pièces du château, y compris dans les salles d’apparat et les communs puisque le château a été utilisé comme prison à partir du XVIIe siècle. Le recensement des inscriptions a permis de dresser une typologie des prisonniers : nationalité des détenus, provenance ou jour de leur emprisonnement[14].

Une des chambres du château, utilisée comme cachot au XVe siècle, est remarquable du fait du nombre de graffitis de bateaux médiévaux et galères de combat, gravés par un ou des marins catalans, prisonniers du roi. La pièce possède aussi des graffitis à caractère religieux (Livre de Job) et profanes (jeu d'échecs).

Cinéma et télévision

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Le château de Tarascon, proche architecturalement de l'ancienne forteresse de la Bastille à Paris, a servi de doublure à la fameuse prison dans le film La Révolution française de Robert Enrico (1989)[15].

Le , le château a été le décor d'un tournage pour la série Draculi & Gandolfi de Guillaume Sanjorge[16],[17].

Notes et références

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  1. Notice no PA00081473, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Insolites ou incontournables, dix châteaux médiévaux à découvrir », Dossiers d'archéologie, no 404,‎ , p. 73 (ISSN 1141-7137).
  3. Catherine Delebecque, Histoire de la ville de Tarascon depuis les origines jusqu'à l’avènement de la reine Jeanne (1343), thèse, Paris, École des Chartes, 1929, p. 21.
  4. a et b Mengus 2021, p. 255.
  5. Paul Masson (dir.), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937, tome II, p. 405.
  6. Michel Hébert, Tarascon au XIVe siècle, histoire d’une communauté provençale, Edisud, Aix-en-Provence, 1979, (ISBN 2-85744-033-2), p. 39.
  7. Mengus 2021, p. 180.
  8. Sous la direction d'Édouard Baratier, Georges Duby et Ernest Hildesheimer, Atlas historique. Provence, Comtat Venaissin, principauté d’Orange, comté de Nice, principauté de Monaco, Paris, Librairie Armand Colin, (BNF 35450017), p. 102.
  9. Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 120.
  10. Paul Masson (dir.), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937, tome IV, p. 255.
  11. Françoise Robin, La cour d'Anjou-Provence, la vie artistique sous le règne de René, éd. Picard, Paris, 1985, p. 257, (ISBN 2-7084-0127-0).
  12. Françoise Robin, op. cit., p. 126.
  13. Mengus 2021, p. 216-217.
  14. « Patrimoine carcéral : le château de Tarascon », (consulté le ).
  15. Jérôme Enrico, La Révolution française, journal du film, 55 minutes, 1989. ↑ Revenir plus haut en :a b et c
  16. « Draculi & Gandolfi au château de Tarascon », Magazine d'information de Tarascon,‎ , p. 16 (lire en ligne).
  17. Sanjorge Guillaume, « Le Studio Phocéen en tournage dans les Bouches-Du-Rhône », sur Studio Phocéen, (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Françoise Robin, La cour d'Anjou-Provence, la vie artistique sous le règne de René, éd. Picard, Paris, 1985 (ISBN 2-7084-0127-0)
  • Michel Hebert, Tarascon au XIVe siècle, histoire d'une communauté provençale, Edisud, Aix-en-Provence, 1979 (ISBN 2-85744-033-2)
  • Édouard Baratier, Georges Duby et Ernest Hildesheimer, Atlas historique, Provence, Comtat, Orange, Nice, Monaco, éd. Armand Colin, Paris, 1969.
  • Léon-Honoré Labande, « Tarascon : château », dans Congrès archéologique de France, 76e session. Avignon. 1909, t. 1, Guide du congrès, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 273-281.
  • Sylvia Pressouyre, « Le château de Tarascon », dans Congrès archéologique de France. 121e session. Avignon et Comtat Venaissin. 1962, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 221-243.
  • Sylvia Preyssouyre, Le château de Tarascon, Caisse nationale des monuments historiques, 1982.
  • Librairie Hachette et société d'études et de publications économiques, Merveilles des châteaux de Provence, Paris, Collection Réalités Hachette, , 324 p.
    Préface du Duc de Castries vice-président de l'Association des Vieilles maisons françaises : Basse Provence : Tarascon, Du bon roi René au Tartarin de Daudet..., pages 28 à 35
  • Coordination générale : René Dinkel, Élisabeth Decugnière, Hortensia Gauthier, Marie-Christine Oculi. Rédaction des notices : CRMH : Martine Audibert-Bringer, Odile de Pierrefeu, Sylvie Réol. Direction régionale des antiquités préhistoriques (DRAP) : Gérard Sauzade. Direction régionale des antiquités historiques (DRAH) : Jean-Paul Jacob directeur, Armelle Guilcher, Mireille Pagni, Anne Roth-Congés Institut de recherche sur l'architecture antique (Maison de l'Orient et de la Méditerranée-IRAA)-Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Suivez le guide : Monuments Historiques Provence Alpes Côte d’Azur, Marseille, Direction régionale des affaires culturelles et Conseil régional de Provence – Alpes - Côte d’Azur (Office Régional de la Culture), 1er trimestre 1986, 198 p. (ISBN 978-2-906035-00-3 et 2-906035-00-9)
    Guide présentant l'histoire des monuments historiques ouverts au public en Provence – Alpes – Côte - d'Azur, avec cartes thématiques (traduit en allemand et anglais en septembre 1988). Tarascon, pp. 115 à 117

Articles connexes

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Liens externes

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