Château de Montgeard

château à Montgeard (Haute-Garonne)

Le château de Montgeard, également appelé hôtel Durand, est un ancien hôtel particulier situé au coeur du village de Montgeard (Haute-Garonne), au n°39 rue de la Bastide.

Château de Montgeard
Image illustrative de l’article Château de Montgeard
Vue de la façade côté jardin (sud)
Période ou style Gothique ; Renaissance
Type Hôtel particulier
Début construction Fin du XVe siècle
Fin construction 1555
Propriétaire initial Famille Durand
Destination actuelle Propriété privée
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1992, Château)
Logo monument historique Classé MH (1995, Salles)
Coordonnées 43° 20′ 19″ nord, 1° 38′ 02″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Département Haute-Garonne
montgeard.fr Montgeard
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Château de Montgeard
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Château de Montgeard
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Château de Montgeard

L'hôtel a été construit entre la fin du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle, par une famille de marchands pastelliers, les Durand, au moment de la grande période de prospérité qu’a connu le Lauragais à la Renaissance : l’âge d’or du pastel.

Il ne doit pas être confondu avec le château de Roquefoulet, également sur la commune de Montgeard mais construit bien plus tard, sous la Restauration[1].

Le château de Montgeard est inscrit sur la liste des Monuments Historique (1992) et une partie de sa décoration intérieure est classée (1995)[2].

Histoire

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L'hôtel Durand a été construit par la famille du même nom[3]. Les Durand, riches marchands de pastel, sont connus pour leur grande générosité sur le chantier de l’église du village, l'actuelle Notre-Dame-de-l’Assomption.

Grands bâtisseurs, les Durand ont également construit dans les environs de Montgeard le château de Fajac[4], « château du pastel » qui permettait de contrôler leur production de pastel depuis le centre de leur immense domaine[5], ainsi que le pigeonnier du Fort[6] qui affirmait de façon ostentatoire leur statut de seigneur haut justicier[7]. A la fin du XVIe siècle, les Durand possédaient aussi deux moulins à l'entrée du village[8], "l'un d'eux pourvu d'une guérite [et construit] sur une motte voûtée"[9]

Le premier Durand connu par les sources est Pierre Durand le vieux, qui testa en 1484 ; marié à Raymonde d'Avessens, il est le père de Bernard Durand[10]. Le même Bernard obtient dès 1515 l’autorisation de l’archevêque de Toulouse de construire sa chapelle privée dans l’église du village[11]. Cette chapelle existe toujours et présente une dalle funéraire ornée du sceau familial, un écu frappé de l'initiale D et surmonté d'une croix archiépiscopale. Le même sceau, au centre d'une rosette de pastel stylisée, se retrouve sur les clés de voûte d’une des salles basses de l'hôtel Durand.

Outre Jacques, premier fils de Bernard Durand, connu pour avoir offert 50 000 briques pour bâtir le clocher de l’église[12], et Jean, le deuxième, qui a assuré la maîtrise d'ouvrage de ce même clocher[8], la famille Durand s'est singularisée à travers son plus célèbre représentant, Guillaume, troisième fils de Bernard, à qui l'on doit la construction du château de Montgeard. En effet, Guillaume est parfaitement connu dans les sources comme Greffier aux présentations du Parlement de Toulouse et capitoul en 1559. Le 8 juin 1554 il achète à Catherine de Médicis, comtesse du Lauragais, les droits seigneuriaux sur le village : "baylie, leude, notarie, greffe, four bannier, sceau des consuls, juridiction haute, moyenne et basse, avec tous ses revenus et préeminences", le tout pour la somme de trois mille livres[3],[13]. Dans le parc du château voisin de Roquefoulet, une pierre sculptée ornée des armes de la famille Durand et d’une inscription en latin indique : « Guillaume, fils de Bernard Durand, seigneur de Montgeard, fit construire [ce château], l’an 1555, aux calendes de décembre »[14].

Après la construction d'une chapelle privée dans l'église du village, les dons généreux pour financer le chantier de l'église, du clocher et la décoration intérieure, la construction de l'hôtel Durand coïncide avec l’anoblissement de la famille, étape finale dans l'ascension exceptionnelle de ces marchands de pastel des coteaux sud du Lauragais.

Si la famille Durand de Montgeard se maintient dans le village pendant plus de trois siècles, elle est par la suite contrainte de démolir puis de vendre son château à la découpe[15]. Dès 1840, la haute tour d’escalier de 220 marches est ainsi détruite et vendue[16]. En 1842, c’est au tour du château d’être vendu dans son intégralité à neuf familles du village qui s’en servent comme carrière[17]. De nombreux éléments du château semblent avoir été réutilisés dans des maisons de Montgeard voire de villages voisins[16] : . Échappant de peu à une destruction totale, le logis du château est ensuite reconverti en presbytère à une date inconnue, durant la deuxième moitié du XIXe siècle[16].

Depuis son rachat à la mairie en 1983, le château de Montgeard est progressivement restauré par ses nouvelles propriétaires, celles-ci reconstituant patiemment l’hôtel dans un état proche de ses dispositions d’origine[16].

Architecture

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A la fin du XVIe siècle, le château de Montgeard est décrit dans le testament de la veuve de Jean Durand, fils de Guillaume, comme "bâti à quatre murs, avec sentinelles et défenses de notable valeur... et jardin environné de murs crénelés". Au-delà de la rue principale, un autre grand jardin "fermé de murailles avec créneaux et tours à cul de lampe" lui était attenant[8]. De nos jours et malgré sa destruction partielle, l’hôtel Durand conserve des vestiges remarquables de sa splendeur passée.

A l’extérieur, le logis est bordé au nord, c'est-à-dire côté cour, des restes d’un couvert ou galerie à arcades en arcs brisés : seules 3 arcades subsistent, mais un plan cadastral de 1833 permet de supposer le prolongement de cette galerie vers l'est, sur toute la longueur de la propriété, jusqu'à l'intersection de l'actuelle rue de la bastide[3]. Le même plan permet de repérer l'emplacement de la tour d'escalier détruite sur la façade côté cour, entre les arcades subsistantes et l'aile ouest[3].

Situés en face de la halle, en plein cœur de la bastide, ces arcades devaient avoir une vocation commerciale[18]. Les façades sur cour du château sont percées de fenêtres à croisée (dites à meneaux) dont certaines sont décorées de petites figures grotesques sculptées appelées diablotins ou marmousets[16]. Ces fenêtres gothiques sont d'un type très proche de celle du logis principal de l'hôtel Dahus (années 1460-70), ou de de celles de la façade est de la deuxième cour de l'hôtel de Bernuy à Toulouse (à partir de 1504).

Aujourd’hui située à l’angle d’une propriété voisine, une échauguette appartenait à l'origine à l’hôtel Durand. Placée en encorbellement sur le mur et dotée de bouches à feu, elle gardait l’extrémité du mur d’enceinte du jardin de l’hôtel avant qu'il ne soit vendu pour constituer une nouvelle propriété[19].

L’intérieur de l'hôtel présente au rez-de-chaussée de grandes salles voûtées et d’autres à plafonds à la française. D’imposantes cheminées en brique dite « de style toulousain » agrémentent plusieurs pièces. Le manteau de l’une d’elles présente en son milieu une clé en pierre ornée des armes de la famille Durand : deux aigles aux ailes déployées et aux cerfs passant à gauche, timbrés de trois étoiles[16]. A l’étage, une grande peinture murale (5,6 m x 3,7 m) en mauvais état représente la « Tentation de saint Antoine » d’après une gravure du Lorrain Jacques Callot datée de 1634[16],[20]. Une chambre présente également des restes de décoration peinte, notamment une cheminée ornée d’un paysage, type de décor apprécié au milieu du XVIe siècle, par exemple au château d'Écouen[21]. L’édifice possède également de vastes caves voûtées et une petite orangerie du XVIIe siècle[15].

À une date inconnue mais qui correspond certainement à la deuxième moitié du XVIe siècle, la famille Durand a également entrepris la construction d'un pigeonnier à la sortie du village, le pigeonnier du Fort. Dans un remarquable état de conservation, il est aujourd'hui sur le territoire de la commune voisine de Monestrol,en bordure de la route départementale 19, au lieu-dit le Fort [22].

Le château de Montgeard fait partie de la Route Historique du Pastel au Pays de Cocagne.

Le château de Montgeard est privé. Il est visitable sur rendez-vous[15].

Notes et références

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  1. « Château de Roquefoulet », notice no PA31000050, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, consulté le 18 juillet 2016
  2. « Ancien château », notice no PA00094392, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, consulté le 18 juillet 2016
  3. a b c et d Rivals et Soutou 1974, p. 24
  4. Commune de Marquein.
  5. Jean Odol, « Les Châteaux du pastel », Couleur Lauragais, no 34,‎ (lire en ligne)
  6. Commune de Monestrol.
  7. Jean Odol, « A la découverte des pigeonniers du Lauragais », Couleur Lauragais, no 114,‎ (lire en ligne)
  8. a b et c Maurice Reichard, « Les maîtres maçons de Montgeard », Couleur Lauragais, no 112,‎ (lire en ligne)
  9. Raymond Corraze, « L'église de Montgeard (documents inédits) », Revue historique de Toulouse, vol. XXII, no 69,‎ , p. 134
  10. Raymond Corraze, « L'église de Montgeard (documents inédits) », Revue historique de Toulouse, vol. XXII, no 69,‎ , p. 141
  11. Rivals et Soutou 1974, p. 20
  12. Rivals et Soutou 1974, p. 8
  13. Raymond Corraze, « L'église de Montgeard (documents inédits) », Revue historique de Toulouse, vol. XXII, no 69,‎ , p. 142
  14. Rivals et Soutou 1974, p. 27. Cette pierre est conservée dans le parc du château de Roquefoulet.
  15. a b et c « Château de Montgeard », sur lauragais-tourisme.fr (consulté le )
  16. a b c d e f et g « Histoire de Montgeard », sur montgeard.fr
  17. Le Patrimoine des Communes de la Haute-Garonne, t. II, Paris, Flohic Editions, , p. 1128
  18. Rivals et Soutou 1974, p. 26
  19. « En savoir plus sur notre patrimoine », sur montgeard.fr (consulté le )
  20. « La Tentation de saint Antoine », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
  21. « Ancien château », sur patrimoines.midipyrenees.fr (consulté le )
  22. Jean Odol, « A la découverte des pigeonniers du Lauragais », Couleur Lauragais, no 114,‎ (lire en ligne)

Annexes

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Bibliographie

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  • Claude Rivals et André Soutou, Montgeard en Lauragais, Toulouse, chez les auteurs,

Articles connexes

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Liens externes

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