Jean-Baptiste Marchand
Jean-Baptiste Marchand, né le à Thoissey (Ain) et mort le à Paris, est un général et explorateur français, surtout connu pour son expédition au Soudan et sa rencontre avec les troupes britanniques à Fachoda, un événement qui faillit déclencher une guerre entre la France et le Royaume-Uni.
Conseiller général du Gard Canton de Sumène | |
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- | |
Pierre Cazalis de Fondouce (d) Louis Roujon (d) |
Naissance | |
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Décès |
(à 70 ans) 16e arrondissement de Paris |
Sépulture |
Cimetière de Thoissey (d) |
Nationalité | |
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Activités |
Diplomate, militaire, explorateur, homme politique |
Membre de | |
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Grade militaire | |
Conflit | |
Distinction |
Grand-croix de la Légion d'honneur (1921) |
Archives conservées par |
Service historique de la Défense (GR 13 YD 66)[1] |
Officier formé à l'école militaire, il se distingue rapidement par son courage et ses qualités de chef. Il participe à de nombreuses campagnes coloniales, notamment en Afrique occidentale. C'est dans ce contexte qu'il est choisi pour mener une expédition audacieuse vers le Soudan, avec pour objectif de contester l'hégémonie britannique sur le Nil et d'implanter au sud de l'Égypte un nouveau protectorat français. Il arrive finalement à Fachoda où il rencontre une expédition britannique dirigée par le général Kitchener. Cette confrontation, connue sous le nom de crise de Fachoda, met les deux puissances coloniales au bord de la guerre. Finalement, un accord est trouvé, permettant d'éviter un conflit ouvert.
Après cet épisode, il poursuit une brillante carrière militaire. Il se distingue ensuite au cours de la Première Guerre mondiale comme général au commandement de la 10e division d'infanterie coloniale, notamment en Champagne en 1915, sur la Somme en 1916 et à Verdun en 1917. Il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur en 1921.
Biographie
modifierFamille
modifierJean-Baptiste Marchand est né le à Thoissey, dans le département de l’Ain. Il est le fils de Georges Marchand (menuisier né en 1834) et de Marie Duplessy (née en 1843).
Formation
modifierSon père étant de condition trop modeste pour lui offrir de longues études, il entre dès l'âge de 13 ans aux écritures chez un notaire. Engagé volontaire à 19 ans le , à Toulon, comme simple soldat au 4e régiment d’infanterie de marine. Il rejoint l’École militaire d’infanterie de Saint-Maixent le . Il en sort sous-lieutenant le à seulement 24 ans et, après six mois au 1er régiment d’infanterie de marine, il devient officier de tirailleurs sénégalais. Il va effectuer dès lors l’essentiel de sa carrière outre-mer, principalement en Afrique noire (Sénégal, Soudan français, Haut-Oubangui, etc.).
Campagne au Soudan français
modifierIl effectue un premier séjour au Sénégal entre janvier 1888 et juin 1889. À son retour en France, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Promu lieutenant en janvier 1890, il participe à partir de septembre 1890 aux opérations de la conquête du Soudan français sous les ordres du colonel Louis Archinard (prise de Segou et de Konakri) contre le sultan Ahmadou.
Il rentre en France en juin 1892 et est promu capitaine en décembre 1892. Il effectue ensuite une mission d'exploration en Côte-d’Ivoire de 1893 à 1895. Il est promu officier de la Légion d’honneur le .
Mission Congo-Nil (1896-1899)
modifierLe , il reçoit le commandement d’une mission d’exploration baptisée « Mission Congo-Nil ». Dans le contexte de la rivalité coloniale franco-britannique en Afrique, le rôle de cette « mission Marchand » est primordial. Il s’agit, en se portant les premiers sur le Nil depuis les territoires d’Afrique occidentale sous contrôle français, de contester l’hégémonie britannique sur le grand fleuve et d’implanter au sud de l’Égypte un nouveau protectorat français. Pour cette expédition aussi hasardeuse des points de vue sanitaire que militaire, logistique ou politique, Jean-Baptiste Marchand ne néglige aucun détail. Faisant preuve de grande autorité et de la plus grande minutie dans la préparation, il s’entoure d’officiers expérimentés, dont un certain lieutenant (puis capitaine) Mangin, le futur général Mangin de la Grande Guerre.
Le , la colonne arrive à Fachoda et renforce aussitôt les défenses de la place. Les choses se compliquent avec l’arrivée le des forces de Lord Kitchener. Celui-ci vient de remporter la victoire d’Omdurman et ne compte pas se voir contester le contrôle du Nil, de son delta jusqu’à ses sources[2]. Après quelques négociations les Britanniques établissent un blocus autour de la place de Fachoda et la crise, de locale, devient très vite internationale. Les relations entre la France et le Royaume-Uni se tendent à un point qui fait craindre, l’espace d’un instant, qu’une guerre soit possible. Marchand (nommé chef de bataillon entre-temps, le ) a toutes les peines du monde à communiquer avec Paris. En , un accord est finalement trouvé entre les deux puissances coloniales. La mission Congo-Nil évacue Fachoda sur ordre. Elle a rempli sa mission mais ne pouvait tenir tête indéfiniment à une armée britannique beaucoup plus puissante. Pour éviter l'humiliation nationale, le gouvernement prétexte un mauvais état sanitaire de la troupe de Marchand, aussi ce dernier est ulcéré[3].
Le gouvernement le récompense en le nommant chef de bataillon et commandeur de la Légion d'honneur le .
Le , le commandant Marchand est affecté au 4e régiment d’infanterie de marine. Il est désormais nanti d’une popularité nationale, qui semblait bien le promettre au plus bel avenir militaire. Le , il est promu lieutenant-colonel, après seulement quinze mois passés au grade de chef de bataillon. En septembre suivant, il partait pour la Chine avec le corps expéditionnaire français chargé, au sein d’une force internationale, de s’opposer à la révolte des Boxers. Il y sert jusqu’en . De retour en France, il est nommé colonel le et prend la tête du 8e régiment d’infanterie coloniale. Le , il donne sa démission de l’armée française à la suite notamment de l'affaire des fiches. Il est alors chef de corps du 4e régiment d'infanterie coloniale.
Départ de l’armée
modifierSa carrière civile a nettement moins d’éclat que sa carrière coloniale. Il entre en journalisme et s’essaye à la politique, mais sans grand succès : en 1906, il se présente à Paris aux élections législatives sous l’étiquette Républicain démocrate. En tête au 1er tour, il est battu au 2e avec 48,8 % des voix par le socialiste Arthur Groussier. En 1910, il épouse Raymonde de Serre de Saint-Roman, qui possède des biens à Saint-Roman-de-Codières et à Sumène, dans le Gard. Il y vient désormais souvent et y est élu en 1913 conseiller général du canton de Sumène. Il le reste jusqu’en 1925.
Première Guerre mondiale
modifierIl reprend l’uniforme avec le déclenchement de la Grande Guerre. En , comme colonel de réserve il est nommé adjoint au général gouverneur de Belfort. Le , il prend le commandement de la 2e brigade coloniale. Il est blessé une première fois le par un éclat d’obus qui lui fracasse le tibia. Il revient au front un mois plus tard, incomplètement guéri. Le , il est promu général de brigade, puis devient commandant par intérim de la 10e division d’infanterie coloniale le . Malgré quelques parenthèses, il conserve ce poste jusqu’à la fin de la guerre. Le , alors que ses troupes participent à la seconde bataille de Champagne, il est très grièvement blessé au ventre par une balle de mitrailleuse. Il est élevé à la dignité de grand-officier de la Légion d'honneur le . Il se rétablit et après une période de convalescence il retrouve sa division.
Il est une nouvelle fois blessé le dans la Somme par un éclat d’obus, mais refuse de se faire évacuer et conserve son commandement. Le , il est nommé général de division du cadre des officiers de réserve. On le trouve ensuite avec sa division sur le chemin des Dames, devant Verdun (secteur de Douaumont), sur le saillant de Saint-Mihiel (hiver et printemps ) puis devant Château-Thierry fin mai, où il interdit aux Allemands le passage de la Marne. Il combat sur cette position jusqu’au , puis il y revient après la guerre le pour participer à l’inauguration du nouveau pont sur la Marne (il avait lui-même donné l’ordre de détruire le précédent).
Jean-Baptiste Marchand quitte l’armée définitivement le .
Le , il est élevé à la dignité de grand-croix de la légion d'Honneur.
Il meurt à Paris le et est inhumé au cimetière de Thoissey le [4],[5],[6]. Sa femme est morte en 1966.
Décorations
modifierFrançaises
modifier- Grand-croix de la Légion d'honneur le 25 février 1921, avec comme parrain le général Mangin[7]
- Grand-officier (2 octobre 1915)
- Commandeur (1913)
- Officier (1898)
- Chevalier (1892)
- Croix de guerre – (3 citations)
- Officier de l'Instruction publique
- Médaille coloniale agrafes Congo, Soudan, et (en or) « De L’Atlantique à la mer Rouge »
Étrangères
modifier- Officier de l'ordre de l'Étoile noire
- Ordre du Sceau de Salomon (Éthiopie) : commandeur en 1899.
- Ordre de Sainte-Anne (Russie) : 2e classe en 1913
Honneurs et hommages
modifierToponymie et statuaire
modifierIl eut dès 1901 deux rues (la rue du Commandant-Marchand et la rue de la Mission-Marchand) à Paris (16e arrondissement), ainsi qu'une rue à Liège, en Belgique.
Un monument au commandant Marchand a été érigé dans le bois de Vincennes, près de la porte Dorée (12e arrondissement de Paris), face au palais de la Porte Dorée (sis 293, avenue Daumesnil). Cependant, la statue représentant le commandant n'existe plus depuis qu'elle fut détruite à l'explosif par des militants anti-colonialistes dans les années 1960.
Une statue existe toujours à Thoissey, sa ville natale.
La 83e promotion de Saint-Cyr (1898-1900) est baptisée « Promotion Marchand »[8].
Bibliographie
modifier- Général Mangin, Souvenirs d'Afrique, Lettres et Carnets de Route, Paris, Ed. Denoël et Steele, 1936, 265 p.
- Marc Michel, La Mission Marchand, 1895-1899, Paris, Mouton, 1972, 290 p.
- Numa Broc : Dictionnaire des Explorateurs français du XIXe siècle, T.1, Afrique, CTHS, 1988, p. 221-224.
- Moïse Landeroin, Mission Congo-Nil (Missions Marchand), Carnets de route, L'Harmattan, 1996, 301 p. (ISBN 2-7384-4825-9).
- François Angelier, Dictionnaire des Voyageurs et Explorateurs occidentaux, Pygmalion, 2011, p. 465.
Notes et références
modifier- « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
- Jules Rouch, Époque contemporaine, tome IV de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 173-174
- Pierre Pellissier, Fachoda et la mission Marchand : 1896-1899, éd. Perrin, 2011 (ISBN 9782262032678).
- Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Le Cherche midi, , 385 p. (ISBN 978-2-7491-2169-7, lire en ligne), p. 13.
- Le cimetière de Thoissey se trouve sur le territoire de Saint-Didier-sur-Chalaronne
- « Photos des archives numérisées de l’Ain des funérailles de Jean-Baptiste Marchand (page 6) ».
- Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN 978-2-35077-135-9), page 278 : « J. O. du 3 mars 1921. ».
- Promotion Marchand, site de saint-cyr.org
Liens externes
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- Ressource relative à la recherche :
- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :