Camp de concentration de Nohra
Le camp de concentration de Nohra (KZ Nohra) est le plus ancien des premiers camps de concentration nazis éphémères en Allemagne : il ouvre le à Nohra (Weimar). Il a fonctionné quelques mois sous l'autorité du ministère de l'Intérieur de Thuringe et ses détenus étaient uniquement des communistes.
Camp de concentration de Nohra | |
Présentation | |
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Nom local | KZ Nohra |
Type | camp de concentration nazi |
Gestion | |
Utilisation originelle | école ; aérodrome |
Date de création | 3 mars 1933 |
Géré par | ministère de l'Intérieur en Thuringe |
Date de fermeture | incertaine : entre avril 1933 et juillet 1933 ? |
Victimes | |
Type de détenus | communistes de Thuringe |
Nombre de détenus | 250 |
Géographie | |
Localité | Nohra (Weimar) |
Coordonnées | 50° 58′ 02″ nord, 11° 14′ 33″ est |
Notes | premier camp de concentration nazi |
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Contexte
modifierLe parti nazi siège au gouvernement public de Thuringe depuis 1930, quand Wilhelm Frick est nommé ministre de l'Intérieur. Lors des élections de 1932, les nazis remportent plusieurs sièges et forment un gouvernement de coalition sous la direction de Fritz Sauckel, qui avait été ministre de l'Intérieur auparavant. En février 1933, un corps de Hilfspolizei thuringeois est formé : il s'agit d'une unité de police auxiliaire, dirigée par Sauckel et composée de Sturmabteilung, de Schutzstaffel et de membres du Stahlhelm. Après l'incendie du Reichstag le , des centaines de communistes sont arrêtés[1]. Pour alléger la surpopulation dans les prisons, le ministère de l'Intérieur en Thuringe décide d'ouvrir des camps de détention, appelés « camps d'assemblée » (Sammellager)[2] ; le premier de ces camps ouvre le à Nohra, près de Weimar[3],[4]. L'une des premières personnes emmenées en « détention de protection » à Nohra est Fritz Gäbler (de), membre communiste du parlement de Thuringe[5].
Site
modifierLe camp est situé à la Heimatschule Mitteldeutschland, une école militaire de droite qui accepte des volontaires dans la Freiwilliger Arbeitsdienst. Cette école se trouve sur l'emplacement de l'ancien aérodrome de Nohra (proche de l'emplacement du futur camp de Buchenwald)[5] et se compose de deux bâtiments reliés par un immeuble bas[3]. Le camp est installé au deuxième étage de l'un des bâtiments et distribué en trois grandes pièces, dont le seul ameublement consiste en paille et en couvertures. Il n'y a pas de clôture ni de fil de fer barbelé[6].
Administration et gardiens
modifierContrairement à la plupart des camps de concentration, celui de Nohra n'est pas géré par la SA ou les SS mais par le ministère de l'Intérieur en Thuringe[8]. Comme les effectifs de policiers ne suffisent pas pour garder le camp[5], des étudiants de Heimatschule sont recrutés en tant que supplétifs. Un commissariat est ouvert dans le bâtiment de l'école pour interroger les arrivants[3]. Le commandant du commissariat habite dans une villa à proximité, encore appelée Kommandantenvilla par les habitants du lieu[4] ; en 2003, ce logement était converti en Gasthaus (en)[5].
Prisonniers et conditions de vie
modifierTous les prisonniers de Nohra sont des communistes thuringeois, y compris la moitié du groupe parlementaire communiste de Thuringe[3]. Les prisonniers ne sont pas astreints au travail. Ils passent la journée entière dans les salles où ils dorment et seuls les interrogatoires et des arrivées brisent la monotonie. Les conditions d'hygiène sont très médiocres, surtout en raison de la surpopulation récurrente au camp. En moyenne, le camp comporte 95 prisonniers mais il en a accueilli jusqu'à 220 simultanément[3]. Au total, environ 250 prisonniers sont internés à Nohra jusqu'à la fermeture du camp[9].
Les détenus de Nohra sont autorisés à voter lors des élections législatives allemandes de mars 1933 et leur présence entraîne une montée importante des suffrages communistes à Nohra (172 en mars 1933 contre 10 en décembre 1932 aux élections municipales)[9].
Plusieurs prisonniers de Nohra sont des personnalités connue, comme :
- Rudolf Arnold (de) (1896-1950)[10]
- Richard Eyermann (de) (1898-1971)[3],[11]
- Fritz Gäbler (de) (1897-1974)[12]
- Werner Klinz (1901-1969)[13]
- Fritz Koch (?-1933), mort le d'une infection contractée au camp ; il s'agit du seul décès répertorié au camp de concentration[2],[14]
- Leander Kröber (de) (1902-1980)[15]
- Erich Scharf (de) (1908-1943)[3],[16]
- Hermann Steudner (de) (1896-1986)[17]
Fermeture et mémoire
modifierNohra fait partie des premiers camps de concentration éphémères. La date de fermeture varie selon les sources : le [9],[18], le [5] ou en [19]. Les prisonniers encore détenus sont déplacés dans une prison à Ichtershausen. Après la fermeture, un autre camp prend le relais à proximité : celui de Bad Sulza, dans la ville de Bad Sulza[5].
En 1988, le Parti socialiste unifié d'Allemagne de l'arrondissement de Weimar commande l'installation d'une plaque commémorative aux victimes du camp de concentration de Nohra. Après la réunification de l'Allemagne, la plaque est déplacée dans le grenier de la mairie en 1990 et il n'existait plus d'indication locale sur l'existence du camp au début des années 2000[5],[20]. Dans les années 2010, une société locale d'histoire s'active pour faire poser des plaques commémoratives[4].
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Nohra concentration camp » (voir la liste des auteurs).
- Wohlfeld 2009, p. 140-141.
- Drobisch et Wieland 2018, p. 11.
- Wohlfeld 2009, p. 141.
- Brandt 2013.
- Zeiss 2003.
- Wohlfeld 2005, p. 174.
- Flugplatz Nohra.
- Bernhard 2008.
- Wohlfeld 2009, p. 142.
- Weber et Herbst 2008a.
- Weber et Herbst 2008e.
- Weber et Herbst 2008g.
- Weber et Herbst 2008l.
- Wohlfeld 2001, p. 115.
- Weber et Herbst 2008k.
- Weber et Herbst 2008s.
- Weber et Herbst 2008t.
- Wohlfeld 2005, p. 175.
- Drobisch et Wieland 2018, p. 12.
- Wohlfeld 2005, p. 176.
Annexes
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- (de) Henry Bernhard, « Todesstoß für die Weimarer Republik », sur Deutschlandfunk, (consulté le )
- (de) Sabine Brandt, « In Nohra stand das erste sogenannte KZ », (consulté le )
- (de) Klaus Drobisch et Günther Wieland, System der NS-Konzentrationslager 1933–1939, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 978-3-05-006633-2, lire en ligne)
- « Arnold, Rudolf Friedrich », sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de, 2008a (consulté le )
- « Eyermann, Richard », sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de, 2008e (consulté le )
- « Gäbler, Fritz », sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de, 2008g (consulté le )
- « Klinz, Werner », sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de, 2008k (consulté le )
- « Kröber, Leander », sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de, 2008l (consulté le )
- « Scharf, Erich », sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de, 2008s (consulté le )
- « Steudner, Hermann », sur www.bundesstiftung-aufarbeitung.de, 2008t (consulté le )
- (de) Udo Wohlfeld, Terror ohne System: die ersten Konzentrationslager im Nationalsozialismus 1933-1935, Metropol, (ISBN 978-3-932482-61-8, lire en ligne), « Das Konzentrationslager Nohra in Thüringen »
- (de) Udo Wohlfeld, « Nohra », dans Wolfgang Benz, Barbara Distel et Angelika Königseder, Der Ort des Terrors: Geschichte der nationalsozialistischen Konzentrationslager, vol. 2, C.H.Beck, , 174–176 p. (ISBN 978-3-406-52962-7, lire en ligne)
- Udo Wohlfeld (trad. Stephen Pallavicini), « Nohra », dans Geoffrey P. Megargee, The United States Holocaust Memorial Museum encyclopedia of camps and ghettos, 1933-1945. Volume 1, Early camps, youth camps, and concentration camps and subcamps under the SS-Business Administration Main Office (WVHA), Bloomington, Indiana University Press, , 140–142 p. (ISBN 978-0-253-00350-8, OCLC 644542383)
- (de) Katrin Zeiss, « Die Spur nach Buchenwald », Die Tageszeitung: taz, , p. 1001–1002 (ISSN 0931-9085, lire en ligne, consulté le )
- Flugplatz Nohra, « Flugplatz Nohra e.V. », sur www.flugplatz-nohra.de (consulté le )