Cairn de Kercado

cairn de Carnac, en France

Le cairn de Kercado est un cairn dolménique situé à Carnac dans le département français du Morbihan. Le cairn, remarquablement conservé, renferme un dolmen à couloir dont les fouilles archéologiques ont livré un riche mobilier archéologique correspondant à une utilisation durant le Néolithique moyen et récent.

Cairn de Kercado
Image illustrative de l’article Cairn de Kercado
Cairn surmonté du pseudo-menhir.
Présentation
Autre(s) nom(s) Tumulus de Kercado
Type Dolmen
Période Néolithique moyen à final
Faciès culturel Culture campaniforme
Fouille 1863, René Galles
1925, Zacharie Le Rouzic
Protection Logo monument historique Classé MH (1923)
Visite Propriété privée : visite payante
Caractéristiques
Dimensions 30 m de diamètre, 3,50 m de haut
Matériaux Pierres
Décor 3 supports et 1 dalle ornés
Inhumations oui
Mobilier céramique, lithique, éléments de parure
Géographie
Coordonnées 47° 35′ 44″ nord, 3° 03′ 15″ ouest
Pays France
Région Bretagne
Département Morbihan
Commune Carnac
Géolocalisation sur la carte : alignements de Carnac
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Cairn de Kercado
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
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Cairn de Kercado
Géolocalisation sur la carte : France
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Cairn de Kercado

Historique

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Le site aurait servi de cachette pour les Chouans au XIXe siècle[1]. En 1863, le cairn est fouillé par René Galles[2], à l'époque, l'accès à l'intérieur du cairn se fait par une ouverture pratiquée au sommet dans l'angle nord-est de la chambre[1]. Le site est classé monument historique par arrêté du 27 décembre 1923[3]. En 1925, Zacharie Le Rouzic refouille le dolmen avant de le restaurer de manière un peu abusive[4],[Note 1].

Description

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Plan du cairn.

Le cairn est de forme circulaire. Il mesure 30 m de diamètre pour une hauteur de 3,50 m[1] environ[Note 2]. Le cairn est constitué intégralement de pierres sèches sans aucune couche de terre intercalée[2]. « Toutes les pierres du cairn avaient été mises à la main, placées à plat les unes sur les autres, penchant toutes vers le centre du monument »[1]. L'ensemble du cairn est ceinturé par un mur de parement. Le pourtour extérieur du cairn a été dallé de manière assez régulière avec des pierres placées à plat sur une largeur de 3 m côté est, de 4 à 6 m côté ouest et 4 m côté sud. En périphérie de ce dallage, Le Rouzic « mis au jour vingt-sept blocs couchés et debout formant une enceinte mi-circulaire ou plutôt excentrique autour du tumulus mais dont la partie nord et nord-est manque »[1], qu'il redressa après découverte de leurs pierres de calage[1].

Le cairn renferme un dolmen à couloir, ouvrant au sud-sud-est, comprenant une chambre unique. Le couloir est délimité par neuf orthostates (cinq côté nord, quatre côté sud), en partie surmontés par des murets en pierres sèches. Il mesure 7,50 m de long pour une largeur passant de 0,90 m, à l'entrée, à 1,20 m près de la chambre[2]. L'ensemble étant recouvert de cinq tables de couverture. La chambre est de forme quadrangulaire (2,90 m de long sur 3 m de large). Elle mesure 2,30 m de hauteur au centre. La chambre est délimitée par huit orthostates surmontés de murs assez grossiers, le tout recouvert par une unique dalle de couverture. Le sol du couloir et de la chambre étaient dallés. Le Rouzic a découvert au centre de la chambre une cavité, creusée dans le roc sous-jacent (0,60 m de long sur 0,40 m de large pour 0,15 à 0,20 m de profondeur)[1].

Deux dalles du couloir ainsi que le support sud de l'entrée de la chambre comportent un décor gravé de type réticulé (en mailles de filet), proche de celui observé à Mané-Kerioned et au Cairn de Petit Mont. Le support nord de l'entrée de la chambre affecte la forme d'une silhouette anthropomorphe. La dalle de couverture de la chambre est gravée d'un motif type « hache-charrue », placé près des supports, ce qui fait songer à un réemploi[4].

Mobilier archéologique

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Galles découvrit la chambre et le couloir comblés d'un mélange de pierres et de terre sur environ 1 m de hauteur[1], l'intérieur du dolmen n'était pas resté inviolé pour autant mais il put recueillir de nombreux ossements humains[5] et un petit mobilier funéraire. Ce sont surtout les fouilles de Le Rouzic, en 1925, qui livrèrent un riche mobilier. Une grande partie de ce mobilier fut découvert par Le Rouzic sur le cairn, dans les probables déblais laissés par la fouille de Galles :

Fouilles Céramiques Éléments de parure Objets lithiques Divers Conservation
Galles (1863)
  • fragments de vases calciformes ornés au pointillé
  • 1 hache en grès
  • 2 haches en jadéite
  • pointes de flèches
  • éclats de silex
  • ossements
  • charbons de bois
Société polymathique du Morbihan[1]
Le Rouzic (1925)
  • 41 vases, dont 12 vases calciformes ornés au pointillé et des vases apodes
  • 147 perles en callaïs
  • 14 perles blanches en matière friable
  • 2 plaquettes en or massif
  • 1 pendeloque et 1 fragment de pendeloque en schiste
  • 4 pointes de flèche à ailerons et pédoncule
  • 10 petites lames en silex
  • 7 grattoirs en silex et 2 grattoirs en quartz
  • 620 éclats de silex et 83 éclats en quartz
  • 9 nucléi
  • 6 fragment de hache polie en diorite
  • 16 percuteur en quartz
  • 4 molettes et 1 petite meule en granite
  • divers galets
  • ossements humains dont 17 dents humaines
  • charbons de bois
  • coquillages divers
  • 1 morceau de peroxyde de fer usé
Musée de Préhistoire de Carnac[1]

L'étude des ossements humains trouvés par Galles a été réalisée dès 1863 par G. de Closmadeuc qui était chirurgien. Selon Closmadeuc, les ossements découverts sont d'origine humaine (adultes et enfants) et animale (oiseaux). La plupart de ces ossements présentaient des traces d'ustion[5].

La diversité du mobilier découvert correspond à une longue fréquentation du Néolithique moyen au Néolithique final (Culture campaniforme[4].

Datation

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Un datation au carbone 14 sur un charbon recueilli par Le Rouzic indique une période comprise entre et [4]. En 1965, Jean L'Helgouach considère que de telles dates « ne semblent pas devoir être retenues, ayant été effectuées sur un matériel provenant de fouilles anciennes et n'ayant pas reçu de confirmation[6] » mais en 1979, il admet une datation de [7].

Notes et références

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  1. Le Rouzic plante ainsi au sommet du cairn un bloc, pourtant découvert à la base du tumulus, qu'il interprète comme étant un menhir indicateur.
  2. Curieusement, Galles lui attribue un diamètre de 25 m et le Ministère de la Culture de 40 m.

Références

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  1. a b c d e f g h i et j Le Rouzic 1927.
  2. a b et c Galles 1863.
  3. « Tumulus-dolmen de Kercado », notice no PA00091139, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. a b c et d « Le dolmen de Kercado », sur culture.gouv.fr.
  5. a et b de Closmadeuc 1863.
  6. L'Helgouach 1965, p. 303.
  7. En datation « conventionnelle » : 5840 ± 300 BP (SA 95). Jean L'Helgouach, in Pierre-Roland Giot et coll., Préhistoire de la Bretagne, Rennes, Ouest-France, 1979, p. 161 et 166.

Annexes

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Bibliographie

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  • Gatien de Closmadeuc, « Note sur la sépulture du dolmen tumulaire de Kercado (Carnac) », Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, vol. 7b,‎ , p. 10-13 (lire en ligne [PDF])
  • René Galles, « Note sur un dolmen découvert sous la tombelle de Kercado en Carnac », Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, vol. 7b,‎ , p. 5-9 (lire en ligne [PDF])
  • René Galles, Louis Galles, Tumulus et dolmen de Kercado (Carnac), par R. Galles. Tumulus et dolmen du Rocher (Plougoumelen), par L. Galles, Vannes, 1876, 8 p.
  • Jean L'Helgouach, Les sépultures mégalithiques en Armorique : (dolmens à couloir et allées couvertes), Rennes, Travaux du Laboratoire d'Anthropologie Préhistorique de la Faculté des Sciences, , 330 p., p. 285-286
  • Zacharie Le Rouzic, « Carnac, restaurations faites dans la région. Dolmen à galerie, sous tumulus de Kercado, commune de Carnac », Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, vol. 66,‎ , p. 80-89 (lire en ligne [PDF])

Liens externes

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