Le CJ-10 (chinois simplifié : 长剑-10 ; chinois traditionnel : 長劍-10 ; pinyin : Cháng Jiàn 10) est un missile de croisière chinois d'attaque terrestre actuellement en service au sein du second corps d'artillerie de la république populaire de Chine.

CJ-10
CJ-10
CJ-10
Présentation
Type de missile Missile de croisière d'attaque terrestre
à très longue portée
Constructeur Drapeau de la République populaire de Chine Academy of Rocket Motors Technology (ARMT)
Déploiement depuis 2009
Caractéristiques
Moteurs moteur-fusée à carburant solide
(accélération)
turboréacteur à double flux
(vol de croisière)
Masse au lancement ~ 1 800 kg
Longueur ~ 6,50 m
Diamètre ~ 52 cm
Vitesse Mach 1.5 ~ 2.5
Portée CJ-10 : 2 500 km[1]
CJ-20 : > 3 000 km
Charge utile 500 kg
ou

350 kg de 3 types différents (souffle, sous-munitions ou pénétration du sol)
ou
ogive nucléaire

Guidage GPS ou GLONASS
Précision inférieure à 10 m
Détonation retardé à l'impact
Plateforme de lancement véhicule tout-terrain PHL-03 (CJ-10)

bombardier Xian H-6K (CJ-10A)
destroyers Type 095 et Type 052D

Historique

modifier

Il est le premier de la famille de missiles de croisière à très longue portée Chang Jian (en chinois : « longue épée »).

Le CJ-10 fit ses débuts lors de la parade militaire du , qui célébra les 60 ans de la république populaire de chine[2], bien que ses essais et sa mise au point furent effectués en 2004[3].

La famille de missiles C-602/CJ-10 est basée sur l'ancienne famille de missiles terrestres Hongniao. La nouvelle conception intégrerait cependant des éléments provenant des missiles de croisière soviétiques Kh-55. Les journaux moscovites spéculent que l'Ukraine pourrait avoir tenu un rôle dans le projet du CJ-10[4], au-moins six exemplaires du Kh-55 ayant été illégalement transférés au départ de l'Ukraine vers la Chine en 2000[3]. La Chine pourrait avoir également acquis plusieurs missiles américains Tomahawk provenant du Pakistan et d'Afghanistan, après qu'ils auraient été utilisés lors d'une attaque ratée contre des cibles d'Al-Qaïda en 1998. La famille CJ-10 fut officiellement développée à partir d'un autre missile de croisière, le DH-10[3],[5], mais les enseignements et les connaissances tirés de ces Tomahawks pourraient avoir joué un rôle important dans l'élaboration du projet des CJ-10 et C-602[6],[7].

Caractéristiques

modifier

Le système consiste en une grappe de trois longs containers de lancement et stockage, de forme octogonale, montés sur l'arrière d'un véhicule tracteur-érecteur-lanceur (TEL) chinois de type WS 2400, tout-terrain à 8 roues motrices et d'une masse de 20 tonnes. Pour ce qui concerne ses caractéristiques et son emploi, ce véhicule est la réplique exacte du MAZ-543/7910 soviétique qui lançait les missiles Rk-55[3]. Lorsqu'il est utilisé comme TEL pour le CJ-10, le WS 2400 est désigné PHL-03. Il a une vitesse maximale sur route de 60 km/h et une autonomie maximale de 650 km en suivant des routes conventionnelles. Il est capable de grimper des pentes de 57 % et traverser des cours d'eau d'une profondeur pouvant atteindre 1,1 m.

Constitué d'un corps fin et long, le missile serait d'une longueur estimée à environ 6,50 m pour un diamètre de 52 cm, tandis que son poids au lancement serait d'environ 1 800 kg[7]. Ces caractéristiques le placent directement à mi-chemin entre les missiles Tomahawk et Kh-55 en termes de gabarit. Doté d'ailes escamotables qui se déplient après le tir, il a une portée annoncée à plus de 1 500 km, pour sa version terrestre[3], et est capable d'une vitesse comprise entre Mach 1,5 et Mach 2,5[4]. Son pouvoir destructeur est assuré par 4 types de charges militaires différentes disponibles : une charge lourde de 500 kg et trois variantes plus légères, de 350 kg, fonctionnant par souffle, par sous-munitions ou en pénétrant le sol. Il peut également être doté d'une ogive nucléaire[5], contrairement au DH-10 qui n'en transportait pas. La précision de l'impact du missile serait inférieure à 10 m[4].

Le CJ-10A est une variante aéroportée, d'une portée de 2 000~ 2 200 km, destinée à armer le bombardier nucléaire stratégique Xian H-6K, qui peut emporter 6 de ces engins sous ses ailes[6]. La désignation du missile au sein de l'armée populaire de libération est KD-20[8].

Aux côtés de la version d'attaque terrestre, une possible version terre-mer serait en service en Chine. Beaucoup de sources médiatiques de Hong Kong et de Taïwan pensent que l'arme a été conçue pour contrer les groupes aéronavals de la marine américaine[1], avec pour objectif de disposer d'une capacité de destruction de porte-avions depuis des postes à terre. Des rapports provenant des médias domestiques chinois affirment qu'une seule charge militaire de 300 kg serait capable de couler un croiseur de 10 000 tonnes du premier coup[7],[9],[10].

Pour son guidage, il utilise des systèmes de navigation satellite GPS et GLONASS (le GPS russe). La conception du système de guidage d'un tel missile représenta un énorme défi pour les Chinois, car l'emploi d'un système basé sur le principe du TERCOM (reconnaissance de terrain et contournement des reliefs) nécessiterait une immense base de données topographiques très précises, pour un résultat finalement peu intéressant car la mer de Chine méridionale ne présente que peu de points de référence fiables et utilisables pour la navigation. Des rapports publiés suggéraient que le GPS serait utilisé en priorité, recevant en second plan l'appui d'un système TERCOM pour affiner ses calculs de trajectoire[5]. Un autre problème potentiel fit apparition : le GPS étant un système américain, les Chinois restent tributaires de la bonne volonté du gouvernement américain de profiter de ses signaux, en n'oubliant pas le fait que le signal GPS codé pour l'usage civil demeure très sensible et très facile à brouiller sur de vastes étendues, même sans user d'une technologie avancée. Les missiles pourraient toujours éventuellement trouver leur cible en employant une plateforme de navigation inertielle interne, mais sans mises à jour GPS régulières, la navigation serait tout de même bien moins précise[5].

Versions

modifier
  • CJ-10 : version lancée depuis le véhicule terrestre PHL-03, d'une portée de 1 500 km.
  • CJ-10A : version lancée depuis les bombardiers H-6K, d'une portée comprise entre 2 000 et 2 200 km.
  • CJ-10K
  • CJ-20 : doté d'une ogive nucléaire[11].
  • YJ-100 : aussi désigné Ying Ji-100 (en chinois : 鹰击, « attaque de l'aigle »). Version anti-navire aéroportée, d'une portée supérieure à 500 km[12].

Utilisateurs

modifier

Notes et références

modifier
  1. a et b (zh) « 揭秘中國海軍裝備“長劍”巡航導彈的真實意圖 », China.com,‎ (consulté le ).
  2. (en) « Pictures on the Eve of the 60th Anniversary parade for PLA », (consulté le ).
  3. a b c d et e (en) Dr. Carlo Kopp & Dr. Martin Andrew, « CJ-10 Long Sword / DH-10 », PLA Cruise Missiles / PLA Air - Surface Missiles (Technical Report APA-TR-2009-0803), Air Power Australia, (consulté le ).
  4. a b et c (zh) « CJ-10 陆基巡航导弹 »,‎ (consulté le ).
  5. a b c et d (en) John Pike, « DH-10 / CH-10 / CJ-10 Land-Attack Cruise Missiles (LACM) - Hong Niao / Chang Feng / Dong Hai-10 », Globalsecurity.org, (consulté le ).
  6. a et b (en) Vasiliy Kashin, « Strategic cruise missile carrier H-6K – A new era for chinese air force », Moscow Defense Brief, Centre for Analysis of Strategies and Technologies, vol. 4, no 18,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. a b et c (zh) « 港媒:解放军长剑-10巡航导弹结合北斗后精度提升 », ifeng.com,‎ (consulté le ).
  8. (zh) « 轰-6K挂6枚KD20巡航导弹猛图 »,‎ (consulté le ).
  9. (zh) Wei Gang, « 解放军长剑10弹头300公斤 1枚可击沉万吨巡洋舰 », Sohu.com,‎ (consulté le ).
  10. (zh) « 图解长剑-10巡航导弹攻击性超美军战斧 军备动态 太行军事网 », thjunshi.com,‎ (consulté le ).
  11. (en) Hans M. Kristensen, « Air Force briefing shows nuclear modernizations but ignores US and UK programs », FAS.org, (consulté le ).
  12. (zh) « 中国新型鹰击12和鹰击100反舰导弹实物曝光 », Sina.com,‎ (consulté le ).
  13. (en) « China's conventional cruise and ballistic missile force modernization and deployment », China Brief, (consulté le ).

Articles connexes

modifier