Cœur de tonnerre

film américain de Michael Apted, sorti en 1992

Cœur de tonnerre (Thunderheart) est un film policier américain réalisé par Michael Apted, sorti en 1992. Son scénario est écrit dans le style des romans policiers ethnologiques de Tony Hillerman, lui-même inspiré par l'écrivain australien Arthur Upfield[Note 1].

Cœur de tonnerre

Titre original Thunderheart
Réalisation Michael Apted
Scénario John Fusco
Acteurs principaux
Sociétés de production TriStar Pictures
Tribeca Productions
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Film policier, thriller
Durée 119 minutes
Sortie 1992

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Oiseau Rouge, un chef Sioux, photographié au début du XXe siècle. Dans le film, il est dit que l'arrière-grand-père de Ray Levoi était un Sioux de haut rang.

Synopsis

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Ray Levoi, un jeune agent du FBI, est envoyé en mission dans une réserve indienne du Dakota du Sud, afin d'y aider un vétéran du FBI, l'officier de police Coutelle, qui doit élucider une série d'homicides. Or Levoi a du sang indien, ce qu'il a jusque-là occulté plus ou moins consciemment. Immergé dans la réserve en effervescence, Levoi retrouvera ses racines et vivra des épreuves qui le transformeront et le mûriront.

Résumé détaillé

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Washington, D.C., Ray Levoi (Val Kilmer), jeune homme blond au nez aquilin, sûr de lui et adepte de l'Americain way of life, se rend dans une grosse berline décapotable au rendez-vous que lui a fixé le chef du FBI. Celui-ci, un ami du père adoptif de Levoi, lui annonce qu'il l'a choisi pour faire équipe avec un de ses agents chevronnés, l'officier Coutelle, chargé de problèmes graves survenus dans les Indian Reservations (les Réserves indiennes) : plusieurs homicides ont été rapportés dans une réserve du Dakota du Sud. Or, les enquêtes sur les homicides dans les réserves indiennes sont du domaine de la section « Affaires indiennes » du FBI. Et si Levoi a été désigné, c'est que sa grand-mère était une indienne Sioux[Note 2].

Coutelle (Sam Shepard) engage des relations méprisantes avec « le bleu »[Note 3] Levoi. Alors que Levoi, debout devant une vitrine de l'aéroport désert de Pierre (la capitale d'État du Dakota du Sud) contemple pensivement une grande cape de cérémonie en peau et un étendard indiens, Coutelle arrive et lui dit en substance : « Ah, c'est toi l'Indien ! Appelle-moi « Coutch ». Arrête de poser des questions, on est là pour faire le ménage en trois jours, et on fout le camp... Tourne-toi, oui, comme ça, de profil. C'est fou ce que tu ressembles à Sal Mineo dans Flèches sur la prairie »[Note 4].

Après leur arrivée à la Réserve de Bear Creek, « Coutch » continue d'humilier Levoi. Il commence par émettre des commentaires méprisants lors de la traversée du village de Bear Creek (un bidonville encombré de carcasses de vieilles voitures, où jouent des gamins faméliques) : « Quand on traverse ça en voiture, c'est comme si on traversait un pays du Tiers-Monde, pile-poil[Note 5] au milieu de l'Amérique. C'est un peuple vaincu, et sa destinée est entre les mains de leurs ennemis. ».

 
Paysage des Badlands dans les Blackhills (Dakota du Sud). C'est dans ce cadre que les deux agents du FBI en costume-cravate examinent un cadavre poussiéreux. L'impression de désolation est accentuée par la présence en arrière-fond d'un pylône portant une ligne électrique à haute-tension.

Coutelle continue à brimer Levoi en le contredisant lorsqu'ils examinent le corps de la dernière victime, « Leo Élan-Rapide »[Note 6], un membre du Conseil tribal de la Réserve, qui gît environné de mouches sous le soleil, dans un paysage lunaire des Badlands : « Quoi ? Tu dis qu'il a été tué avec un M16 calibre .223 ? Pas du tout, c'était une vieille Winchester « lever-action » (à levier de sous-garde) calibre 30-30. »[Note 7]. ». D'ailleurs Coutelle trouve à proximité du corps un symbole tribal (une plume plantée dans un cercle de petits cailloux), qui selon lui signe le crime : « C'est clair, ce sont les activistes indiens qui ont fait le coup, on n'a plus qu'à arrêter leur meneur, Jimmy Deux Coups d'Œil. ».

 
Un travois.

C'est alors que survient un Indien sur une vieille moto trainant un travois : probablement l'assassin, ou un complice, qui vient dissimuler des preuves, tout en effaçant ses traces. Levoi à bout de nerfs se jette sur lui, revolver au poing, l'arrête, le menotte, l'immobilise brutalement, le dépouille d'un pistolet Colt M1911 et d'un grand couteau Bowie. Avec flegme, l'Indien, maintenu à plat-ventre dans la poussière par Levoi (qui lui a mis un genou sur les reins et lui a empoigné la chevelure comme s'il voulait le scalper), adopte l'attitude goguenarde qu'il maintiendra par la suite: « Hé, doucement ! Qu'est-ce qui vous prend ? Vous vouliez visiter le Mont Rushmore et vous vous êtes égarés ? ». Et Levoi rougit de confusion quand Coutelle se fait un plaisir de lui montrer les papiers de l'Indien, c'est un « shérif tribal » en civil, Walter Corbeau-Cheval (Graham Greene) qui venait rendre les derniers devoirs à la dépouille de Leo. Coutelle ordonne à Levoi de relâcher le shérif, tout en rappelant sèchement à ce dernier que « les enquêtes sur les cas d'homicides dans les Réserves indiennes sont du domaine du FBI ». « Du Bureau Fédéral d'Intimidation, oui, je sais... » marmonne le policier indien, qui tente vainement de parler dans sa langue (le lakota) avec Levoi, puis s'éloigne en faisant un doigt d'honneur aux deux hommes en costume-cravate.

 
Hutte à sudation indienne

Dans une paisible clairière, au centre de laquelle se dresse une hutte de sudation Lakota[Note 8], est brutalement investie par un peloton de porte-flingues stupides[Note 9] commandés par Coutelle : ils interrompent la cérémonie religieuse, arrêtent et menottent Richard « Jimmy » Deux Coups d'Œil (John Trudell). Levoi, qui, fusil à pompe épaulé, assiste à la brutale arrestation, est gêné par le regard fixe que pose sur lui un vieillard aux longs cheveux blancs : Sam Reaches, le sachem qui conduisait la cérémonie. Coutelle et Levoi conduisent ensuite Jimmy au village : ils veulent perquisitionner sa maison, devant laquelle le drapeau américain est hissé à l'envers, ce qui les énerve encore plus. Comme Coutelle ordonne à Levoi d'ouvrir la porte avec le « passe-partout fédéral » (le fusil à pompe) qu'il a en main, Jimmy les supplie d'utiliser plutôt la clef qui, dit-il, est dans une boite de conserve caché dans trou situé sous la maison. Coutelle s'accroupit pour se saisir de cette boîte de conserve, met la main dans le trou indiqué et se redresse en hurlant : un blaireau terré dans ce trou lui a planté ses dents dans la main, grognant et ne lâchant pas prise.

 
Un cerf de Virginie.

Dans la confusion qui suit, Jimmy lance un coup de pied dans le ventre de Levoi (qui trébuche en arrière en tirant involontairement un coup de fusil en l'air), et il se sauve en zigzaguant entre les carcasses de voitures abandonnées, pendant que Coutelle, qui a réussi à libérer sa main droite de la mâchoire du blaireau, arrive à dégainer son revolver et fait feu au hasard de la main gauche. Levoi se ressaisit, et tire à la chevrotine dans les draps mis à sécher sur un étendage, derrière lequel Jimmy se faufile. Le fuyard a réussi à faire passer devant lui ses poignets qui étaient menottés dans son dos, il saisit un pistolet caché dans une épave de voiture, échange quelques coups de feu avec les deux agents du FBI, et se réfugie dans une vieille caravane. Levoi crible la roulotte de balles, puis se rue sur la porte et l'ouvre : la caravane est vide, il y avait une porte de derrière, qui est ouverte. Un bruit fait se retourner Levoi, revolver braqué : ce n'est qu'un grand cerf de Virginie mâle, qui saute la haie et s'enfuit[Note 10].

Par la suite, comme Coutelle est momentanément invalide, Levoi est livré à lui-même et son désarroi est augmenté par des évènements violents ou déstabilisants. Ainsi, il se heurte à des barrages routiers : les routes sont bloquées soit par des groupes d'Indiens armés de vieilles pétoires, soit par des rangers en gilet pare-balles brandissant des armes modernes. Il est même arrêté pour excès de vitesse par le shérif tribal, qui lui rappelle que si les homicides sont hors de sa compétence, par contre il peut dresser des contraventions. Et en lui remettant le PV, il signale au jeune homme exaspéré que Sam, le chaman de la tribu, l'attend pour lui parler. Le soir, alors que Levoi rend compte à Coutelle qui soigne sa main au bar de leur hôtel, un cocktail Molotov est lancé à travers la fenêtre et les oblige à fuir devant les flammes. Alors que Levoi interroge Maggie Aigle Ours, une jeune institutrice Sioux (militante du mouvement d'émancipation des Indiens), elle lui semble savoir beaucoup de choses. un escadron de la mort local arrose la cabane à l'arme automatique, blessant gravement un des enfants de Maggie. Enfin, alors que, de plus en plus dépenaillé, fatigué, en proie au doute et (pense-t-il) aux hallucinations[Note 11], il monte la garde dans une vieille guimbarde (en compagnie d'un chien indien efflanqué qui s'est pris d'affection pour lui), une balle fait exploser le pare-brise, le manquant de peu.

Cependant, guidé par Walter, le shérif indien, et aidé par les pouvoirs occultes de Sam, le vieux, bon et malicieux chaman, Levoi arrivera, au terme d'une traque longue et harassante, à trouver sa voie[Note 12].

Fiche technique

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Distribution

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Production

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Scénario

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L'intrigue est linéaire, et relate chronologiquement les événements violents survenus en trois jours dans la Réserve Sioux de « Ruisseau de l'Ours » (« Bear Creek » en VO), au Dakota du Sud. Son fil est parfois interrompu par de brèves séquences décrivant des épisodes de la jeunesse de Levoi, ou les visions qu'il aura sous l'influence du chaman de la tribu, le vieux Chef Sam Reaches.

Analyse

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Guerriers Crow prisonniers des « soldats bleus »[Note 18], en 1887, dans le Montana.
  • Il est de plus basé sur (et référencé par) des faits réels survenus autour des années 1970 (donc une vingtaine d'années auparavant), dans les réserves indiennes de la région des Badlands (Dakota du Sud) : l'incident de la Réserve indienne de Pine Ridge (meurtre de deux agents du FBI dans une réserve indienne du Dakota du Sud), et le siège de Wounded Knee (), haut lieu symbolique de la résistance indienne. Le monument commémoratif du Massacre de Wounded Knee (1890) tient une place importante dans le film : Levoi se « voit » fuyant vers la citadelle (une meseta escarpée), en compagnie de ses frères de sang, pendant qu'un « soldat bleu » du 7e régiment de cavalerie les massacre à coups de carabine ; et Chief Sam Reaches, le vieux [réf. nécessaire]sachem, lui révélera qu'il est la réincarnation de « Cœur de tonnerre » (« Thunderheart » en VO), un guerrier Sioux de noble lignage dont le nom est effectivement gravé à la base du monument, parmi 300 autres noms[réf. nécessaire].
  • La lutte menée par le Mouvement pour la défense des droits des Amérindiens, l'AIM (American Indian Movement) est aussi bien décrite. Un des personnages, le demi-sang activiste « Jimmy Deux Coups d'Œil » (qui fait un coupable idéal pour le FBI) est basé sur deux figures charismatiques du mouvement : Bob Robideau (en) et son ami Leonard Peltier. Joué d'ailleurs par John Trudell, un artiste, acteur et militant de la cause indienne, Jimmy reprend leur argumentation fondée sur la valeur exemplaire du martyre quand l'hélicoptère du FBI vient l'enlever[réf. nécessaire].
  • Le personnage de Maggie, l'institutrice militante, fait référence à Anna Mae Pictou Aquash[2], une célèbre figure de l'AIM, retrouvée morte en au bord d'une route de la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Dans un premier temps le FBI « ne réussit pas à l'identifier », et le médecin du Bureau des Affaires indiennes qui l'autopsia « ne vit pas » le trou causé dans sa nuque par une balle de calibre .32, et la déclara « morte de froid »…
 
Un blaireau
 
Paysage des Badlands (Dakota du Sud)
  • La nature austère des Badlands, dans laquelle les deux « men in black » du FBI débarquent pour « donner un bon coup de balai » est admirablement[non neutre] filmée (Michael Apted est l'auteur de Gorilles dans la brume). La nature souillée et exploitée (sans pitié ni pour elle ni pour ses habitants) par les blancs devient ainsi un des personnages du film. D'ailleurs c'est un animal fils de la Terre, un blaireau américain (il loge sous la maison de Jimmy) qui attaque férocement l'officier Coutelle, le ridiculisant, l'invalidant, et l'obligeant ainsi à laisser Levoi mener son enquête.

Autour du film

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Œuvres apparentées

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Téléfilms

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  • Shadowhunter, 1993
  • d'après les livres de Tony Hillermann : Skinwalkers (Sorciers métamorphosistes), 2002 ; Coyote Waits (Coyote attend), 2002 ; A Thief of Time (Voleur de temps), 2004.
  • d'après un livre de John Fusco : DreamKeeper, 2003

Documentaires

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Notes et références

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  1. Le héros des romans de Upfield est un policier demi-sang nommé Napoléon Bonaparte.
  2. par ailleurs, le grand-père de Levoi était d'origine française, comme beaucoup d'immigrés qui s'installèrent près des Montagnes Rocheuses en prenant femme dans les tribus indiennes, ce qui explique la fréquence des noms français dans la région : Lepeltier et Robideau sont les noms de deux défenseurs des droits civiques des Indiens (voir le § Commentaires), et dans le film « Coutelle » est le nom de l'officier à qui a été confiée la branche des « affaires indiennes » du FBI. Au cours du film, Levoi (La Voie) aura des visions-réminiscences de son père, un demi-sang qui, comme beaucoup d'Indiens, travaillait dans la construction de gratte-ciel (cf. le livre Abraham de Brooklyn de Didier Decoin 1972), assurait qu'en cas de chute d'un échafaudage « il pouvait voler », et était mort d'alcoolisme massif. Val Kilmer aurait du reste (entre autres) du sang Cherokee.
  3. newbie en VO
  4. Coutelle cherche à l'évidence à déstabiliser son jeune collaborateur en le rabaissant : Sal Mineo, acteur d'origine sicilienne, était un petit brun au visage poupin, connu dans le domaine du western pour avoir joué le personnage de Red Shirt dans Les Cheyennes de John Ford. Un film d'ailleurs plein de bonnes intentions envers les Indiens, mais dans lequel seuls les figurants étaient vraiment Indiens (Navajos), les rôles des chefs étant attribués à des acteurs « de type latino », comme Ricardo Montalban, ou Gilbert Roland.
  5. smack-dab en VO
  6. Leo Fast Elk en VO
  7. Coutelle cherche à imposer sa version : il ne s'agit que d'un « crime local » commis pour des « raisons locales » par un « aborigène » avec ses moyens classiques (la vieille carabine Winchester), et non par un assassin doté d'une arme moderne à balistique de haute performance, qui lui a été fournie par la milice locale, afin d'éliminer les gêneurs, dans le cadre d'un complot visant à spolier les Indiens.
  8. paysage qui pourrait figurer dans un tableau peint par George Catlin
  9. goons en VO
  10. les Indiens appellent skin-walkers (skin = peau ; walker = marcheur) des individus qu'ils pensent capables de se transformer à volonté en animaux. (cf skin-walker dans WP:en). Un film de 2002 porte ce nom (cf § « Œuvres apparentées »)
  11. Le jeune agent du FBI « voit » en particulier, à plusieurs reprises, une Ghost dance (Danse des Esprits), et Sam, le vieux chaman, lui explique que lui, Levoi « a été attiré dans les Badlands par les esprits de la Ghost Dance ». Levoi se voit aussi à Wounded Knee, fuyant les cavaliers de l'armée US, dans une scène qui rappelle le massacre des Indiens par les soldats du général George Armstrong Custer dans le film Little Big Man.
  12. la fin (qui montre Levoi, en voiture, sortant de la réserve et regagnant la grand-route), rappelle celle de Witness : mais alors que le policier John Book (joué par Harrison Ford) sortait du pays des Amish pour regagner son milieu naturel, ici Levoi le quitte. Reviendra-t-il ?
  13. Walter Crow Horse en VO
  14. « to reach » signifie en anglais « atteindre », « accéder »...
  15. Maggie Eagle Bear en VO
  16. Richard Looks Twice en VO
  17. Richard Yellow Hawk en VO
  18. Soldier Blue (Soldat bleu) est un film de Ralph Nelson (1970) inspiré du massacre des habitants d'un village d'Indiens (à Sand Creek, Territoire du Colorado, en 1864) par la troupe US

Références

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Liens externes

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