Le célérifère est une supercherie fomentée en 1891 par le journaliste français Louis Baudry de Saunier, spécialiste de la locomotion terrestre.

Un célérifère.
Le supposé « comte de Sivrac » sur son célérifère.

Il s’agit d’une « machine à courir » prétendument inventée en 1790 par un certain comte Mède de Sivrac (personnage imaginaire), et qui ressemble à la draisienne, laquelle a été réellement inventée vingt-sept ans plus tard par le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn, qui fit breveter son engin en France.

Histoire

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Origine de la supercherie

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En 1817, le jeune baron allemand Karl Drais[1] fait déposer en France un brevet d'importation pour un engin dénommé « vélocipède »[2], appelé dans le langage courant draisienne.

À la fin du XIXe siècle, après la défaite de 1870, le journaliste et chroniqueur Louis Baudry de Saunier trouve plus valorisant pour la nation de faire remonter l'invention à 1790 et de l'attribuer à un Français, dans son Histoire générale de la vélocipédie, parue en 1891[3].

Il crée donc de toutes pièces un inventeur fictif, le comte de Sivrac, et dessine les plans de l'engin qu'il prétend être l'ancêtre de la draisienne : le célérifère.

Découverte de l'imposture

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Schéma illustrant le brevet du célérifère déposé par J.-H. Siévrac en 1817.

La supercherie est finalement découverte dans la deuxième moitié du XXe siècle, à la suite d'une thèse déposée à l'université de la Sorbonne en 1950[4], notamment lorsque l'on s'aperçoit qu'un brevet avait bien été déposé le par un certain Jean-Henri Siévrac pour un célérifère, mais que la machine en question était en fait une voiture à cheval[5],[6]. Le terme était par ailleurs défini comme « voiture publique dont le service est accéléré » dans le Littré[7].

Bien qu'il s'agisse d'un canular, des définitions et des descriptions de l'engin ont été relatées au cours du XIXe siècle par le Journal Officiel, Le Vélo illustré et même le Larousse illustré avant d'être dénoncées dans un ouvrage par Jacques Seray, cycliste amateur et historien du cyclisme[8]. En 1975, l'album officiel des Jeux Olympiques de Montréal présentait encore le célérifère comme un ancêtre de la bicyclette[9]. Ce canular s'apparente à la légende russe du vélocipède d'Artamonov, prétendument inventé durant la même période.

Description

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Sur ces plans dessinés bien après son existence supposée, le célérifère présente beaucoup de similitudes avec la draisienne[10]. C'est également une « machine à courir » en bois, sans pédales et sans freins, dotée de deux roues, mais qui en revanche ne permet pas de faire pivoter la roue avant, donc sans direction, ce qui la rend quasiment inutilisable[11]. Les musées nationaux, ne possédant pas cette machine, puisqu’elle n’avait jamais existé, en fabriquèrent, d'après les plans conçus par Louis Baudry de Saunier, des « copies », qui sont encore exposées de nos jours.

Service de messagerie

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Un service de messagerie privé a été créé dans les années 1820. Les bureaux des Célérifères étaient situés Rue du Bouloi à Paris. Le service allait jusqu'à Bordeaux, mais seulement l'été[12].

Notes et références

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  1. Audrey Malgras-Serra, Karl Drais - la nouvelle biographie, Goethe-Institut Mannheim-Heidelberg, 2006, 3 p. lire (consulté le 27/9/2009).
  2. Bulletin des lois de la République française, Volume 6, p. 279 lire (consulté le 28/9/2009).
  3. Voir L. Baudry de Saunier, Histoire générale de la vélocipédie, préface de Jean Richepin, 4e éd., Paris, P. Ollendorff, 1891, In-18, XV p. + 321 p.
  4. Le cyclisme dans les livres et les revues entre deux expositions universelles Paris, 1867 Bruxelles, 1958 de Gérard de Smael, édition L'Harmattan, Paris 2015
  5. Dominique Formaz, « « Un célérifère attend les passagers du bateau à vapeur... » », dans Sur les traces de Dumas, BoD - Books on Demand, (ISBN 9782322030040, présentation en ligne), p. 28.
  6. Site cnum.cnam.fr, page "À bicyclette ! Une petite histoire du vélo Le célérifère", consulté le 28 juin 2021.
  7. Article célérifère, Dictionnaire de la langue française, É. Littré, 1863.
  8. Article de Michel Delore (archives du 2 avril 1977) « Un imposteur nommé célérifère », sur lemonde.fr, consulté le 28 juin 2021.
  9. Google Livre "Olympic Sports, Official Album, Montréal 1976", page 116, de Roger de Groote, éditeur Martel.
  10. Les grands inventeurs sur le site du Petit braquet.
  11. « VTT à l’école et à côté », sur edu1d.ac-toulouse.fr (consulté le ).
  12. Les Bazignan, lettres 1816-1860,

Voir aussi

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Bibliographie

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Sur les autres projets Wikimedia :

  • Keizo Kobayashi, Histoire du vélocipède de Drais à Michaux 1817-1870 : Mythes et réalités, Tokyo, Bicycle culture center, (ISBN 9782950812100)

Articles connexes

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Liens externes

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