Branchiura sowerbyi
Branchiura sowerbyi est une espèce de ver aquatique oligochète de la famille des Naididae (ou Tubificidae), décrit par le naturaliste Frank Evers Beddard en 1892[1],[2],[3],[4],[5].
Règne | Animalia |
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Embranchement | Annelida |
Classe | Clitellata |
Sous-classe | Oligochaeta |
Ordre | Haplotaxida |
Famille | Tubificidae |
Genre | Branchiura |
Avec une taille de 20 à 185 mm de long, c'est l'un des plus grands tubificidés connus[6].
Sa biologie est relativement bien connue car, facile à élever, il a été bien étudié dans les régions tempérées, où il a été introduit[6].
Habitats
modifierDans son aire d'origine, il est communément trouvé dans des milieux aquatiques riches en matières organiques (en zone tropicale, mais aussi dans certaines régions tempérées)[6].
Aire actuelle de répartition
modifierCe ver d'origine subtropicale a été introduit par l'Homme hors de sa zone d'origine (présence prouvée dans 22 pays européens en 2009[7], jusqu'en Serbie[8] et en Grèce où sa présence a été confirmée, respectivement en 2005 et en 2009[9]).
Il a d'ailleurs été scientifiquement décrit par Beddard en 1892[10] à partir d'exemplaires trouvés dans un réservoir d'eau du Royal Botanical Society's Garden[11] qui accueillait des plantes du monde entier.
L'espèce, relativement résistante à divers polluants et pesticides[12] a ensuite peu à peu été retrouvée dans un nombre croissant de régions tempérées où elle se montre parfois invasive. Ce ver est maintenant retrouvé dans le système des Grands Lacs nord américains[13]au moins depuis la fin des années 1990[14] et même dans des systèmes insulaires (ex Açores où sa présence a été confirmée en 2009[11].
Comme pour d'autres espèces d'origines tropicales, sa remontée vers le nord pourrait être favorisée par le réchauffement climatique[15].
Cycle de vie, reproduction
modifierEx situ (en laboratoire), ce ver se reproduit deux fois par an : une première fois entre la 5e et 24e semaine puis une seconde fois (avec moins de cocons produits) entre la 31e et la 51e semaine. Tous les auteurs qui ont tenté son élevage ont rapporté un taux d'éclosion faible (33,08 % des œufs), comme chez d'autres tubificidae sans doute selon Wisviewsky (1979) en raison de parasitoses ou attaques de microorganismes au stade embryon[16]. Ce faible taux d'éclosion est toutefois ensuite compensé par un taux très élevé de survie des jeunes (96 % environ en condition de laboratoire)[6]. Les œufs sont visibles à la lumière à travers le cocon qui mesure environ 3 à 4 mm (et on peut ainsi les compter)[6].
Un suivi hebdomadaire étalé sur 52 semaines de vers élevés dans une eau maintenue à environ 25 °C (25 ± 1 °C) a montré que - à cette température - les jeunes sortent du cocon après 14 à 16 jours de développement. Le taux de croissance spécifique quotidien et ensuite de 0,91 ± 0,04 % (moyenne ± écart type) et la maturité sexuelle est atteinte à environ 40,83 ± 6,88 jours[6].
Espèce invasive
modifierDans les milieux qui lui conviennent, il peut parfois bouleverser les communautés benthiques autochtones. Ainsi
- au Brésil où il est exotique (Aston 1968)[17], on le trouve maintenant communément dans des réservoirs et milieux lentiques où il est devenu l'espèce benthique la plus importante en nombre ou biomasse[18],[19],[20].
- En Afrique, dans le lac Naivasha du Kenya RABURU & al. (2002) ont estimé que sa productivité atteint 7,43 g de matière sèche par mètre carré, à comparer à celle de l'oligochaete Limnodrilus hoffmeisteri Claparede, 1862 qui n'est que de 0,65 g/m2 de matière sèche[6].
Usages avérés ou potentiels
modifierÉtant donné la facilité de son élevage, et sa productivité il a été suggéré, au Brésil notamment, qu'il pourrait être utilisé pour produire de la nourriture pour piscicultures [6].
Comme il est facile à capturer et manipuler, et qu'il est souvent présent dans des milieux où Tubifex tubifex sont rares ou absents (DUCROT et al. 2007)[21], plusieurs auteurs ont proposé qu'il puisse aussi être utilisé en remplacement des tubifex comme espèces d'intérêt écotoxicologique et/ou comme bioindicateur (c'est le cas par exemple de Keilty et al. en 1988[22], Marchese & Brinkhurst en 1996[23] ou encore Ducrot & al. en 2007[21]).
Notes et références
modifier- Bisby F.A., Roskov Y.R., Orrell T.M., Nicolson D., Paglinawan L.E., Bailly N., Kirk P.M., Bourgoin T., Baillargeon G., Ouvrard D. (2011) Species 2000 & ITIS Catalogue of Life: 2011 Annual Checklist, 24 september 2012 ; , Species 2000: Reading, UK.
- Dyntaxa Branchiura sowerbyi
- ITIS database,
- Streftaris, N.; Zenetos, A.; Papathanassiou, E. (2005) Globalisation in marine ecosystems: the story of non-indigenous marine species across European seas. Oceanogr. Mar. Biol. Ann. Rev. 43: 419-453,
- WoRMS Oligochaeta: World List of Marine Oligochaeta. Timm T., 2010-10-05
- Haroldo Lobo & Roberto da Gama Alve (2011) Reproductive cycle of Branchiura sowerbyi (Oligochaeta : Naididae : Tubificinae) cultivated under laboratory conditions ; Zoologia 28 (4): 427–431, août 2011 ; doi:10.1590/S1984-46702011000400003
- Giani N (2004) Fauna Europaea: Tubificidae. Fauna Europaea version 1.1. http://www.faunaeur.org (Accessed 25 June 2009)
- Paunovic M, Miljanovic B, Simic V, Cakic P, Djikanovic V, Jakovcev-Todorovic, Stojanovic D, Veljkovic B (2005) Distribution of non-indigenous tubificid worm Branchiura sowerbyi (Beddard, 1892) in Serbia. Biotechnology & Biotechnological Equipment 3: 91-97
- Grabowski M, Jabłońska A (2009) First records of Branchiura sowerbyi Beddard, 1892 (Oligochaeta: Tubificidae) in Greece. Aquatic Invasions 4: 365-367 doi:10.3391/ ai.2009.4.2.10
- Beddard FE (1892) A new branchiate Oligochate (Branchiura sowerbyi). Quaterly Journal of Microscopical Science 33: 325-341
- Pedro M. Raposeiro, João C. Ramos and Ana C. Costa (2009) First record of Branchiura sowerbyi Beddard, 1892 (Oligochaeta: Tubificidae) in Azores, Aquatic Invasions (2009) Volume 4, Issue 3: 487-490 ; DOI:10.3391/ai.2009.4.3.8
- Naqvi SM (1973) Toxicity of twenty-three insecticides to a tubificid worm Branchiura sowerbyi from the Mississippi delta. Journal of Economic Entomology 66: 70-74
- Liebig J, Larson J & Fusaro A (2015), Branchiura sowerbyi ; USGS Nonindigenous Aquatic Species Database, Gainesville, FL, and NOAA Great Lakes Aquatic Nonindigenous Species Information System, Ann Arbor, MI. 3/12/2012 (en anglais)
- Matisoff G, Wang XS, McCall PW (1999) Biological redistribution of lake sediments by tubificid oligochaetes: Branchiura sowerbyi and Limnodrilus hoffmeisteri/Tubifex tubifex. Journal of Great Lakes Research 25: 205-219
- Nehring S (1998) Establishment of thermophilic phytoplankton species in the North Sea: biological indicators of climatic changes? ICES Journal of Marine Science 55: 818-823 doi:10.1006/jmsc.1998.0389
- Wisviewsky R.J (1979), Investigations into the reproduction and mortality of Tubificidae in lakes. Ekologia Polska 23 : 463-479
- Aston R.J (1968), The effect of temperature on the life cycle, growth and fecundity of Branchiura sowerbyi (Oligochaeta: Tubificidae). Journal of Zoology 154 : 29-4
- Alves R.G & Trixino G.S (2000), Distribuição espacial de Oligochaeta em uma lagoa marginal do rio Mogi-Guaçu, São Paulo Brasil. Iheringia, Série Zoologia, 88 : 173-180.
- Pamplin P, Rocha 0 & Marchese M (2005), Riqueza de espécies de Oligochaeta (Annelida, Clitellata) em duas represas do rio Tietê (São Paulo). Biota Neotroprica 5 (1): 63-70. doi: 10.1590/S1676-06032005000100007
- Dorfeld C.B, Alves R.G, Leite M.A & Espindola (2006), Oligochaeta in eutrophic reservoir: the case of Salto Grande reservoir and their main affluent (Americana, São Paulo, Brazil). Acta Limnologica Brasiliensia 18 (2): 189-197
- Ducrot V, Péry A, Quéau H, Mons R, Lafont M & Garric J (2007), Rearing and estimation on life-cycle parameters of the tubificid worm Branchiura sowerbyi : Application to ecotoxicity testing. Science of the Total Environment 384 : 252-263. doi: 10.1016/j.scitotenv.2007.06.010
- Keilty T.J, White D.S & landrum P.F (1988), Short-term lethality and sediment avoidance assays with endren-contaminated sediment and two oligochaetes from Lake Michigan. Archives of Environmental Contamination and Toxicology 17 : 95- 101. doi:10.1007/BF01055159
- Marchese & Brinkhurst (1996), A comparison of two tubificid oligochaete species as candidates for sublethal bioassay tests relevant to subtropical and tropical regions. Hydrobiologia 334 : 163-168. doi: 10.1007/BF00017366
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- Casellato S (1984) Life-cycle and karyology of Branchiura sowerbyi Beddard (Oligochaeta, Tubificidae). Hydrobiologia 115: 65-69 doi:10.1007/BF00027895
- Casellato S, Martinucci G, Zoja E (1987) Ultrastructural features of gametogenesis during the life cycle in Branchiura sowerbyi Beddard (Oligochaeta, Tubificidae). Hydrobiologia 155: 145-154 doi:10.1007/BF000 25640