Bernard Renau d'Eliçagaray
Bernard Renau d'Eliçagaray, né le à Armendarits et mort le à Pougues-les-Eaux, est un ingénieur et officier de marine navarrais.
Bernard Renau d'Eliçagaray | |
Surnom | « Le petit Renau » |
---|---|
Naissance | à Armendarits |
Décès | (à 67 ans) à Pougues-les-Eaux |
Origine | Français |
Allégeance | Royaume de France Royaume d'Espagne |
Arme | Marine royale française |
Grade | Lieutenant général des armées navales Lieutenant général d'Espagne |
Années de service | 1689 – 1719 |
Conflits | Guerre de la Ligue d'Augsbourg Guerre de Succession d'Espagne |
Faits d'armes | Bataille de la Hougue Bataille navale de Vigo |
Autres fonctions | Inspecteur général de la Marine Membre honoraire de l'Académie des sciences Conseiller au Conseil de la Marine |
modifier |
Biographie
modifierSurnommé « Le petit Renau » à cause de sa petite taille, Bernard Renau d'Eliçagaray est très tôt remarqué par Charles Colbert du Terron, intendant de marine à Rochefort, qui lui fait étudier les mathématiques et l'embauche pour travailler sur les constructions navales[1].
En 1680 et 1681, Louis XIV, travaillant de plus en plus à perfectionner les constructions de ses vaisseaux, appela à sa Cour ses « Généraux de mer » et les architectes navals les plus experts du royaume. Il voulait les engager à unir leur science et leurs expériences pour découvrir une méthode générale et nouvelle de construction de ses vaisseaux. Leurs entretiens durèrent de trois à quatre mois. Seignelay y assistait et Colbert s'y rendait quand il y avait des décisions à prendre. De leurs discussions sortent deux méthodes, dues l'une au « Grand Duquesne » et l'autre au chevalier Renau. Mais Duquesne, en présence du Roi, reconnut loyalement la supériorité de la méthode de Renau sur la sienne.
Renau avait imaginé une « machine pour tracer les gabarits des vaisseaux », machine qui économisait les bois et réduisait les journées d'ouvriers. À la suite de ces séances d'études, le roi ordonna à Renau d'aller avec Seignelay, Tourville et Duquesne, à Brest, pour faire l'application de ses principes de construction et utiliser sa machine à tracer. Les résultats sont concluants mais son instrument, compliqué à utiliser et basé sur des calculs trop abstraits, n'est pas adopté par les charpentiers de marine.
En 1681, Renau est au Havre puis à Dunkerque pour enseigner pareillement aux maîtres charpentiers l'art de construire les vaisseaux selon sa méthode. C'est à cette époque qu'il imagine un nouveau type de navire : la galiotes à bombes à partir de galiotes hollandaises sur lesquelles il place des batteries de mortiers pour lancer les bombes. Les cinq premières galiotes à bombes sont lancées en 1682 au Havre et à Dunkerque et participèrent avec une très grande efficacité au bombardement d'Alger en mené par Duquesne puis à celui de Gênes en 1684.
Employé à terre avec Vauban au début de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, il dirige les sièges de Philippsbourg, Mannheim, Frankenthal en 1688. Il revient à la marine en 1689 et est nommé capitaine de vaisseau et inspecteur général de la Marine en mars 1691. Mal vu par Pontchartrain, il suit Louis XIV en 1691 aux sièges de Mons et de Namur, puis est envoyé d'urgence à Saint-Malo pour y réparer les trente vaisseaux avariés échappés au désastre de la Hougue.
Employé ensuite à Brest, il y construit plusieurs bâtiments dont Le Bon avec lequel il prend, le 27 mars 1694, au large des Sorlingues, un indiaman anglais richement chargé[2]. Commandant L'Intrépide en 1699, il passe aux Indes occidentales pour en inspecter et en perfectionner les fortifications. La même année, il est envoyé au Canada pour y organiser des chantiers de construction navale et pourvoir à la sûreté des colonies françaises.
En 1701, au début de la guerre de Succession d'Espagne, il est envoyé en Espagne pour inspecter et réparer les places fortes et la flotte de Philippe V. Il se heurte à l'inertie et à la mauvaise volonté des Espagnols qui provoquèrent le désastre de Vigo 1702. Il parvient néanmoins à sauver des mains des Anglais les galions réfugiés à Vigo. Promu maréchal de camp en 1704, il participe au siège de Gibraltar mais échoue à prendre la place. Par la suite, il est chargé par Philippe V d'Espagne, avec rang de lieutenant général, de la défense de Cadix. Revenu en France en 1715, le Régent le nomme en septembre 1715 conseiller au Conseil de marine, créé dans le cadre de la polysysnodie. Il est nommé lieutenant général des armées navales en mars 1716, et élu membre honoraire de l'Académie des sciences en 1719.
Publications
modifierBernard Renau est l'auteur d'une Théorie de la manœuvre des vaisseaux, parue en 1689 et traduit en anglais en 1705, et d'un Mémoire où est démontré un principe de la méchanique des liqueurs dont on s'est servi dans la Théorie de la manœuvre des vaisseaux, et qui a été contesté par M. Hughen, paru vers 1690.
- Théorie de la manœuvre des vaisseaux, chez Estienne Michallet, Paris, 1689, 117 pages, (Lire en ligne)
- Mémoire, où est démontré un principe de la méchanique des liqueurs, dont on s'est servi dans la Théorie de la manœuvre des vaisseaux et qui a été contesté par Hughens, 1689, (Lire en ligne)
Notes et références
modifier- Mémoires de Saint-Simon, tome 5, chapitre premier.
- Cf. « Relation curieuse d'un combat naval », 1694
Annexes
modifierBibliographie et sources
modifier- Bernard Le Bouyer de Fontenelle, Éloge de M. Renau, dans Histoire de l'Académie royale des sciences - Année 1719, Imprimerie royale, 1721, p. 101-120 (lire en ligne)
- Table générale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "Mémoires de l'Académie royale des sciences", tome 1, 1666-1698, par la Compagnie des libraires, Paris, 1734, p. 308 (lire en ligne)
- Table générale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "Mémoires de l'Académie royale des sciences", tome 2, 1699-1710, par la Compagnie des libraires, Paris, 1729, p. 550 (lire en ligne)
- Table générale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "Mémoires de l'Académie royale des sciences", tome 3, 1711-1720, par la Compagnie des libraires, 1731, p. 313-315 (lire en ligne)
- M. d'Aspect, Histoire de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, vol. 3, Paris, chez la veuve Duchesne, (lire en ligne), p. 220
- Théophraste Renaudot, Alger, tableau du royaume, de la ville d'Alger, et de ses environs; état de son commerce, de ses forces de terre et de mer [&c.]. Précédes d'une intr. historique sur les différentes expéditions d'Alger, Paris, (lire en ligne), p. XI
- Eugène Sue, Histoire de la marine française, Paris, Dépôt de la libraire, (lire en ligne), p. 393
- Prosper Levot, A. Doneaud, Les gloires maritimes de la France. Notices biographiques sur les plus célèbres marins, Arthus Bertrand éditeur, Paris, 1866, p. 427-430 (lire en ligne)
- Louis Étienne Dussieux, Les grands marins du règne de Louis XIV : notices historiques, Librairie V. Lecoffre, , 364 p. (ISBN 978-2-7070-0031-6), p. 100 et suiv.
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des Marins français, éditions Tallandier, (1re éd. 1982), 358 p., in-4°
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Bernard Renau d'Eliçagaray » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
Article connexe
modifierLiens externes
modifier- Académie des sciences : Les membres du passé dont le nom commence par R
- Notice biographique
- Ressource relative à la recherche :