Le Belikh ou Balikh (en arabe : نهر البليخ) est une rivière pérenne (jusqu'à une époque récente) qui coule en Syrie. Elle naît à la source karstique 'Ayn al-'Arus, près de Tall Abyad, à proximité de l'actuelle frontière de la Turquie, et se jette plus au sud dans l'Euphrate près de la ville de Raqqa. Son cours est long d'une centaine de kilomètres.

Belikh
Illustration
Carte.
La Haute Mésopotamie autour du Belikh
Caractéristiques
Longueur 100 km
Bassin collecteur 14 km2
Débit moyen m3/s
Cours
Source 'Ayn al-'Arus
· Altitude 350 m
· Coordonnées 36° 40′ 13″ N, 38° 56′ 24″ E
Embouchure Euphrate
· Altitude 250 m
· Coordonnées 35° 55′ 21″ N, 39° 04′ 40″ E
Géographie
Pays traversés Drapeau de la Syrie Syrie

Les précipitations varient de 300 mm en moyenne près de la frontière turque à 200 mm près de Raqqa, avec des épisodes de sécheresse qui surviennent plusieurs fois par décennie, de sorte que l'agriculture est impossible sans irrigation[1].

Un ancien affluent, le Jullab, prenait sa source au nord de Şanlıurfa ; il est aujourd'hui à sec avant d'atteindre la plaine de Harran, l'antique Carrhes[2].

Histoire

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La région semble avoir été plus humide et plus peuplée dans la Protohistoire et l'Antiquité ; cependant, elle connaît un effondrement démographique vers 2 500 av. J.-C., probablement dû à une catastrophe climatique[1]. Tell Sabi Abyad, sur le Belikh, a été une importante forteresse du Néolithique à l'époque médio-assyrienne à la fin de l'âge du bronze[3]. Une importante route royale traversait cette plaine ; elle est suivie par l'armée de Cyrus le Jeune en 401 av. J.-C.[4] et c'est là que s'est jouée la bataille de Carrhes qui opposa les Romains aux Parthes en 53 av. J.-C.[5].

Pendant les croisades, au début du XIIe siècle, le Belikh marque la frontière entre le comté d'Édesse, un des États latins, et la principauté turque des Artoukides de Harran. Selon le chroniqueur Guillaume de Tyr, le pays est alors fertile, traversé de canaux, et il y croît « assez de froment et d'autres bons blés »[6]. C'est encore au bord du Belikh que se joue la bataille de Harran en 1104, victoire des musulmans sur les croisés[7].

Pendant la guerre civile syrienne, la bataille de Tall Abyad (mai-) et l'offensive turque Source de paix () se déroulent en partie sur ses rives.

Du fait de la croissance démographique et d'une consommation accrue, le Belikh est désormais à sec une partie de l'année ; les villages se concentrent le long de la vallée en fonction des ressources en eau. Leur population a connu d'importants changements démographiques, les péripéties de la guerre entraînant le déplacement des populations kurdes ou arabes[8].

 
Le Belikh et son affluent à sec, le Jullab, à l'est d'Alep. Carte du district ottoman de Zor par Edward Stanford, 1901.

Notes et références

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  1. a et b Wossink 2010.
  2. S. Lloyd et W. Brice, "Harran". Anatolian Studies. British Institute at Ankara. 1: 77–111, 1951.
  3. Akkermans, P. et Wiggermann, F. « La forteresse de tell Sabi Abyad », Archéologia 358, Dijon, p. 56-65.
  4. Justine Gaborit, La Vallée engloutie - Géographie historique du Moyen-Euphrate (du IVe s. av. J.-C. au VIIe s. apr. J.-C.), vol. 1, Institut français du Proche-Orient, (lire en ligne), p.256.
  5. (en) Si Sheppard, Roman Soldier vs Parthian Warrior: Carrhae to Nisibis, 53 Bc ad 217, Osprey, (lire en ligne), p.34.
  6. René Grousset, Histoire des croisades, t. 1. 1095-1130, Perrin, 1934, rééd. 1991 et 2006, p. 446.
  7. René Grousset, Histoire des croisades, t. 1. 1095-1130, Perrin, 1934, rééd. 1991 et 2006, p. 447-449.
  8. Fabrice Balanche, « Syrie : marche turque vers Raqqa et marche funèbre pour les Kurdes ? », Le Figaro,‎ (lire en ligne).

Bibliographie

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  • (en) Arne Wossink, « Climate, history, and demography : a case-study from the Balikh Valley, Syria », dans Regards croisés sur l’étude archéologique des paysages anciens. Nouvelles recherches dans le Bassin méditerranéen, en Asie centrale et au Proche et au Moyen-Orient, Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, coll. « Travaux de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée » (no 56), (lire en ligne), p.181-192.