Bavénite

minéral inosilicate

La bavénite est un aluminosilicate de calcium et de béryllium, et elle fait partie de la série bavénite-bohséite[2]. Son nom provient de sa localité type qui est Baveno, en Italie. Ce minéral est approuvé par l'IMA où elle a le statut de « grand-père », ce qui signifie qu'elle a été confirmée comme espèce minérale valide au regard des critères actuels[3]. Découverte en 1901 dans un granite rose extrait au bord du lac Majeur[4], et d'abord considérée comme un membre de la famille des zéolithes, elle en a été exclue car contrairement à elles, la bavénite perd l'eau stockée dans son réseau cristallin à une température beaucoup plus élevée, entre 210 et 320 °C. C'est un minéral bon marché compte tenu de sa rareté[5], considérée comme une gemme[6].

Bavénite
Catégorie IX : silicates[1]
Image illustrative de l’article Bavénite
Échantillon de la carrière Venero 1, Cadalso de los Vidrios, Madrid, en Espagne
Général
Symbole IMA Bvn
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique Ca4Be2Al2Si9O26(OH)2
Identification
Masse formulaire 935.0680212 g/mol uma
Couleur blanc
Système cristallin orthorhombique
Classe cristalline et groupe d'espace mm2 - pyramidal
Am2a (de réglage non standard).
Clivage parfait sur {001}, moyen sur {100}
Jumelage sur {100} (grand), {110}, {210}, {101}, {103}
Échelle de Mohs 5,5
Trait blanc
Éclat vitreux
Propriétés optiques
Indice de réfraction nα = 1,578 - 1,586,
nβ = 1,579 - 1,586,
nγ = 1,583 - 1,593
Biréfringence δ = 0,005 - 0,007 – biaxe (+)
Angle 2V 22° à 60° (mesuré)
Dispersion optique r < v modérée
Extinction optique X = c, Y = b, Z = a
Transparence oui, translucide
Propriétés chimiques
Densité 2,71 - 2,74 (mesurée),
2,74 (calculée)

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Propriétés

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La bavénite est principalement composée d'oxygène (48,11 %), de silicium (27,75 %) et de calcium (17,65 %), et contient dans une moindre mesure de l'aluminium (3,48 %), du béryllium (2,81 %) et de l'hydrogène (0,22 %)[7]. Ce minéral est faiblement piézoélectrique, non radioactif, lamellaire (ce qui signifie qu'il se développe en couches qui se séparent en fines feuilles). Cependant, il est massif, et donc informe, de sorte que les cristaux singuliers ne peuvent pas être distingués. Il peut également apparaître en agrégats radiaux, à partir d'un centre à partir duquel les cristaux rayonnent sans produire de forme d'étoile. Les cristaux qui se développent en agrégats radiaux sont séparés et ont généralement des longueurs différentes[8]. Dans ce cas, les aiguilles de cristal peuvent atteindre une taille de 1 mm à quelques centimètres. Il apparaît également sous forme de masses feutrées. La bavénite ne peut être déterminée qu'à l'aide d'infrarouges ou de rayons X. Elle est généralement blanche, mais elle peut montrer d'autres couleurs[5]. En raison de la variation de la composition chimique de la bavénite, différents mécanismes de substitution ont été évoqués. Cependant, Cannillo a réussi à résoudre sa structure grâce à Berry, qui a suggéré une liaison directe Be ⇌ Al avec électroneutralité[9]. Le site T(3) est occupé par Si et Be, et Be et Al ont été assignés aux tétraèdres T(2) et T(4). Cannillo a également proposé du Be mineur supplémentaire pour remplacer Al à T(4)[10].

 
Spécimen du gisement de lithium de Londonderry, Nepean, Australie-Occidentale. Dimensions : 5,2 × 3,1 × 2,1 cm.

Environnement

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La bavénite est généralement associée au béryl, à la phénacite, à la bertrandite, au quartz, à l'épidote, à la stibine, à l'albite, à l'orthose, à la titanite, à la clinozoïsite et à la trémolite. Bien qu'elle ait été découverte dans des roches ignées, elle a également été trouvée plus tard dans des pegmatites[11]. La bavénite peut également être présente dans les Alpes, où elle a été formée à la suite de l'altération hydrothermale de minéraux contenant du béryllyum (principalement du béryl) par métamorphisme. Dans ce dernier cas, le minéral voisine la zéolithe et la préhnite[5]. Il peut également se former par altération à basse température de minéraux contenant du béryl et du béryllium, et se forme généralement dans des environnements plus alcalins[6]. Il peut se présenter sur du quartz et du feldspath dans des pegmatites miarolitiques sous forme de revêtement. Il se présente également sous forme de pseudomorphe du béryl. Il existe un cas connu de sa présence dans des syénites altérées pneumatolytiquement, où il s'est développé en cristaux singuliers sur de l'albite, jusqu'à 1,5 cm de taille par cristal. Le minéral n'était pas pseudomorphe dans ce cas[10].

La bavénite est connue dans environ 300 endroits dans le monde, dont plus de la moitié se situent dans les Alpes[3]. Les spécimens des carrières de Baveno, la localité typique, sont remarquables. En Espagne, des spécimens de très haute qualité, d'importance mondiale, ont été découverts dans des cavités miarolitiques du granite de plusieurs carrières de Cadalso de los Vidrios (Madrid). Dans les carrières de La Cabrera (Madrid), elle se présente sous forme d'agrégats d'aspect cotonneux formés de cristaux capillaires[12].

Notes et références

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  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. La relation bavénite-bohséite est décrite par la substitution suivante :
    O(2)OH + T(4)Si4+ + T(3)Be2+ ↔ O(2)O2– + T(4)Al3+ + T(3)Si4+.
  3. a et b (en) « Bavenite », sur Mindat.org (consulté le )
  4. (it) Ettore Artini, « Di una nuova specie minerale trovata nel granito di Baveno », Atti Rend. Accad. Lincei, vol. 10,‎ , p. 139-145 (lire en ligne [PDF])
  5. a b et c (it) « Bavenite », dans Minerali Collection - Minerali, gemme e pietre preziose, Fabbri Editori
  6. a et b (en) Maxwell Hain, « Bavenite in quatz », sur GIA (Geological institute of America) (consulté le )
  7. (de) « Mineralienatlas - Fossilienatlas », sur Mineralienatlas (consulté le )
  8. (en) « Bavenite Mineral Data », sur www.webmineral.com (consulté le )
  9. (en) E. Cannilo, A. Coda et G. Fagnani, « The crystal structure of bavenite », Acta Crystallographica, vol. 20, no 2,‎ , p. 301–309 (ISSN 0365-110X, DOI 10.1107/S0365110X66000586, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en) A. J. Lussier et F. C. Hawthorne, « Short-range constraints on chemical and structural variations in bavenite », Mineralogical Magazine, vol. 75, no 1,‎ , p. 213–239 (ISSN 0026-461X et 1471-8022, DOI 10.1180/minmag.2011.075.1.213, lire en ligne [PDF], consulté le )
  11. (en) « Bavenite », dans J. W. Anthony, R. Bideaux, K. Bladh et al., Handbook of mineralogy, (lire en ligne [PDF]) (consulté le )
  12. (es) Alfredo Petrov (dir.) et Miguel Calvo, « Minerales y Minas de España, volume IX », Rocks & Minerals, Alenza, Fundación Gómez Pardo, vol. 94 « Silicatos », no 5,‎ , p. 477–477 (ISSN 0035-7529 et 1940-1191, DOI 10.1080/00357529.2019.1619142, lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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