Bataille de Singapour

opération militaire japonaise majeure, invasion et occupation (1942), Théâtre du Sud-Est Asiatique, Guerre du Pacifique

La bataille de Singapour est une bataille du théâtre asiatique qui eut lieu lors de la Seconde Guerre mondiale quand l'empire du Japon, immédiatement après la conquête du reste de la Malaisie britannique, a envahi le bastion des forces alliées de Singapour. Les combats durent du au . La prise de Singapour est la dernière phase de la campagne de Malaisie, concrétisant l'échec total de la stratégie de Singapour qui visait à protéger les intérêts de l'Empire britannique en Asie de l'Est.

Bataille de Singapour
Description de cette image, également commentée ci-après
Arthur Percival, premier à droite de l'officier japonais, le 15 février 1942[1].
Informations générales
Date -
Lieu Singapour
Issue Victoire japonaise, occupation de Singapour jusqu'en 1945
Belligérants
Empire du Japon Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de l'Empire britanniques des Indes Raj britannique
Drapeau de l'Australie Australie
États malais fédérés
Établissements des détroits
Commandants
Tomoyuki Yamashita Drapeau du Royaume-Uni Arthur Percival
Drapeau du Royaume-Uni Lewis Heath
Drapeau du Royaume-Uni Merton Beckwith-Smith
Drapeau de l'Australie Gordon Bennett
Forces en présence
36 000 hommes 85 000 hommes
Pertes
3 500 tués
6 100 blessés
5 000 tués ou blessés

80 000 prisonniers

Théâtre d'Asie du Sud-Est de la Guerre du Pacifique

Batailles

Batailles et opérations de la guerre du Pacifique
Japon :

Pacifique central :

Pacifique du sud-ouest :

Asie du sud-est :


Guerre sino-japonaise


Front d'Europe de l’Ouest


Front d'Europe de l’Est


Bataille de l'Atlantique


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Théâtre américain

Coordonnées 1° 21′ 09″ nord, 103° 46′ 08″ est
Géolocalisation sur la carte : Indonésie
(Voir situation sur carte : Indonésie)
Bataille de Singapour

Retraite sur Singapour

modifier
 
L'un des cinq canons de 381 mm chargé de la défense de Singapour.
 
Pièce d'artillerie navale de 9,2 pouces à Fort Siloso (reconstitution).

La bataille aboutit à la chute de Singapour, principale base militaire britannique en Extrême-Orient, et à la reddition la plus importante de l'Histoire militaire du Royaume-Uni.

Après la défaite de ses troupes lors de la bataille de Malaisie, Arthur Percival organise une défense le long des 100 km de côte singapourienne. Le 31 janvier, les dernières troupes alliées se retirent de la péninsule de Malaisie et font sauter le pont reliant Johor et Singapour.

Percival, anticipant une attaque des Japonais au nord-est de l'île, positionne ses troupes les plus fraîches, la 18e Division britannique, tout juste débarquée, à l'est de la chaussée de Johor.

Les Japonais bombardent intensivement Singapour dans les cinq jours qui suivent. Retardée durant une semaine par la destruction du pont, l'armée impériale débarque le 8 février sur la plage de Sarimbun, à la pointe nord-ouest de l'île de Singapour, ne rencontrant qu'une brève et faible résistance de la part des troupes australiennes de la 8e division qui défendent le secteur. Les troupes japonaises prennent ensuite le contrôle des plages de la banlieue sud de Singapour, et encerclent la ville, dont la défense était initialement organisée pour faire face à une attaque venant du large et non à une invasion à partir de l'intérieur des terres.

Après une semaine de combats et de bombardements, Percival fait sa dernière déclaration à Fort Canning le 15 février à 9 h du matin. Informé de la pénurie imminente en munitions et en eau du côté de ses troupes, il décide de se rendre.

 
Des hommes du régiment Suffolk se rendent à la 25e armée.

Après être contacté par des émissaires britanniques porteurs d'un drapeau blanc, Tomoyuki Yamashita insiste pour discuter avec Percival en personne. Ce dernier se rend ensuite, sa délégation portant un drapeau britannique et un drapeau blanc, à la Old Ford Motor Factory de Bukit Timah, lieu où la reddition devrait être négociée[2]. Un officier japonais note que Percival est « pâle, mince et fatigué »[3].

Après un bref désaccord concernant la présence de 1 000 hommes armés (commandés par les Britanniques) à Singapour afin d'assurer un service d'ordre minimum, requête à laquelle Yamashita accède finalement, il fut conclu à 18 h 10 que les troupes du Commonwealth britannique déposeraient les armes et cesseraient toute résistance à partir de 20 h 30. Cet accord allait complètement à l'encontre des instructions de Winston Churchill, qui avait ordonné de résister jusqu'au bout[4]. Une retraite en catastrophe, à bord d'embarcations de fortune, est organisée pour évacuer de Singapour ceux qui pouvaient encore l'être. Le général australien Henry Gordon Bennett s'enfuit dans ces circonstances.

Bilan humain

modifier

Le bilan le plus répandu indique que 138 708 militaires alliés se rendirent ou furent tués, et ceci face à un peu moins de 30 000 Japonais[réf. nécessaire]. Ce chiffre comprend environ 50 000 Indiens, Australiens et Britanniques capturés ou tués durant la campagne de Malaisie et peut-être 15 000 personnes présentes dans les bases. Du côté des troupes du Commonwealth, on dénombra depuis le 8 décembre environ 7 500 morts et 11 000 blessés. Les pertes japonaises s'élevaient à 3 500 morts et 6 100 blessés[5].

Conséquences

modifier
 
Les troupes shōwa défilent à Fullerton Square.

Le Premier ministre britannique Winston Churchill a qualifié la chute de Singapour de « pire des catastrophes » et de « plus grande capitulation » de l'histoire militaire britannique[6]. Singapour, la « forteresse imprenable », était tombée en seulement sept jours. Il faut toutefois comparer la situation militaire de Singapour et de la Malaisie avec celles des autres fronts du conflit mondial. Les Britanniques avaient en effet donné la priorité au Moyen-Orient et à l'Union soviétique. La force aérienne nécessaire en Malaisie, de l'ordre de 300 à 500 appareils, n'a jamais pu être fournie. De plus, les Japonais attaquèrent avec 200 petits chars de combat alors que les Britanniques n'en disposaient d'aucun[7].

Churchill refusa toujours qu'une commission d'enquête soit constituée pour étudier les raisons de la défaite[8]. L'essentiel des archives militaires ne fut divulgué par le British Public Record Office qu'en 1993. Une partie de ces archives est encore couverte par le secret (seul le gouvernement britannique en connait la raison).

Articles connexes

modifier

Références

modifier
  1. Selon Peter Elphick (op. cit.), l'Union Jack est porté par le brigadier-general Newbigging et le drapeau blanc par le major Cyril Wild du 3e Indian corps
  2. (en) Brian P. Farrell, The defence and fall of Singapore 1940-1942, Stroud, Gloucestershire, Tempus, , 447 p. (ISBN 978-0-7524-2311-1 et 978-0-752-43478-0, OCLC 60824514), p. 412
  3. Warren, page 265
  4. Morris[réf. incomplète]
  5. Thompson, page 9 et page 424
  6. (en) Winston Churchill, The hinge of fate, vol. 4, Boston, Houghton Mifflin, , 917 p. (ISBN 0-395-41058-4, présentation en ligne), p. 81
  7. Kinvig[réf. incomplète]
  8. P. Elphick Singapore, the pregnable fortress, op. cit.

Annexes

modifier

Bibliographie

modifier
  • (en) Norman Dixon (préf. Shelford Bidwell), On the psychology of military incompetence, New York, Basic Books, , 447 p. (ISBN 978-0-465-05253-0, OCLC 2487270)
  • (en) Peter Elphick, Singapore : The Pregnable Fortress : a Study in Deception, Discord and Desertion, Londres, Coronet, , 634 p. (ISBN 0-340-64990-9 et 9780340649909, OCLC 35043527)
  • Karl Hack et Kevin Blackburn, Did Singapore have to fall? : Churchill and the impregnable fortress, London New York, RoutledgeCurzon, , 300 p. (ISBN 0-415-30803-8)
  • (en) Nigel Hamilton, Monty : the making of a general, 1887-1942, New York, McGraw-Hill, , 871 p. (ISBN 978-0-07-025805-1, OCLC 7577325)
  • (en) Keegan, John (editor), Churchill's generals, Londres, Abacus, (ISBN 0-349-11317-3)
  • (en) Keegan, John (editor), Churchill's generals, Londres, Abacus, (ISBN 0-349-11317-3)
  • (en) Kinvig, Clifford, General Percival and the Fall of Singapore, in 60 Years On: the Fall of Singapore Revisited, Eastern University Press, Singapour, 2003
  • (en) Clifford Kinvig, Scapegoat : General Percival of Singapore, London Washington, Brassey's, , 278 p. (ISBN 978-1-85753-171-8, OCLC 35318159)
  • (en) London Gazette
  • Brian MacArthur, Surviving the sword : prisoners of the Japanese, 1942-45, Londres, Abacus, , 494 p. (ISBN 0-349-11937-6)
  • (en) Oxford Dictionary of National Biography, Volume 43, disponible sur le site Oxford Dictionary of National Biography
  • (en) Percival, Arthur Ernest The War in Malaya, London, Eyre & Spottiswoode, 1949. Les extraits du rapport utilisé comme base pour le livre sont disponibles sur http://www.fepow-community.org.uk/arthur_lane/Percivals_Report/
  • Colin Smith, Singapore burning : heroism and surrender in World War II, London New York, Penguin Books, , 628 p. (ISBN 0-14-101036-3)
  • (en) Smyth, John George, Percival and the Tragedy of Singapore, MacDonald and Company, 1971. ASIN B0006CDC1Q
  • (fr) Swinson, Arthur, Singapour: Foudroyante victoire japonaise, histoire illustrée de la Seconde Guerre mondiale no.GM 16, Marabout, 1971.
  • (en) Taylor, AJP English History 1914-1945, Oxford University Press, 1975,
  • (en) Peter Thompson, The Battle for Singapore : The True Story of Britain's Greatest Military Disaster, Londres, Portrait, , 470 p. (ISBN 0-7499-5068-4)HB
  • (en) Alan Warren, Singapore, 1942 : Britain's greatest defeat, London New York, Hambledon and London, , 370 p. (ISBN 1-85285-328-X)
  • (fr) Barber, Noël, La nuit tombe sur Singapour: 13 février 1942, Robert Laffont, 1969.

Documentaires télévisés

modifier
  • Milieu du 4e épisode : Tel est pris qui croyait prendre, de la série : Les grandes erreurs militaires, sur Planète+.
  • Singapour : 6e épisode de la série Les grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale, sur National Geographic.