Bataille de Kandahar (2021)

bataille en Afghanistan

La bataille de Kandahar[1] est une série d'affrontements ayant opposé les Talibans aux Forces de sécurité nationales afghanes (en), soutenues par les États-Unis, pour le contrôle de la ville de Kandahar durant l'été 2021.

Bataille de Kandahar de 2021
Description de cette image, également commentée ci-après
Situation détaillée à Kandahar, la veille de sa chute
Territoire contrôlé par les taliban
Territoire contesté
Territoire contrôlé par la république islamique d'Afghanistan
Informations générales
Date
(1 mois et 3 jours)
Lieu Kandahar (Afghanistan)
Issue Victoire des talibans
Changements territoriaux Kandahar passe sous le contrôle des talibans
Belligérants
Talibans Drapeau de l'Afghanistan Afghanistan

Drapeau des États-Unis États-Unis

Commandants
Inconnu Abdulhai[2]
Forces en présence
Inconnu Inconnu
Pertes
Inconnu Inconnu
Civils :
> 100 morts[1]

Offensive des talibans de 2021

Batailles

Zarandj · Kondoz · Herat (en) · Kandahar · Lashkar Gah · Kaboul

Coordonnées 31° 36′ 48″ nord, 65° 42′ 59″ est
Géolocalisation sur la carte : Afghanistan
(Voir situation sur carte : Afghanistan)
Bataille de Kandahar de 2021

Cette bataille, qui s'inscrit dans le cadre plus large de l'offensive des talibans de 2021, s'est soldée par une victoire écrasante de ces derniers qui ont réussi à reprendre le contrôle de la ville, ancienne capitale de facto de leur Émirat.

Contexte

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Kandahar est une cité millénaire fondée par Alexandre III de Macédoine et qui porte son nom. Principale ville du sud de l'Afghanistan, elle est la deuxième ville la plus peuplée du pays et revêt, à ce titre, une importance stratégique majeure[3]. Bastion historique des Talibans, elle est l'une des places les mieux gardées par l'Armée nationale afghane (ANA) pendant la guerre d'Afghanistan. Cependant, lors de l'offensive talibane de 2021, ses défenses commencent à montrer d'importants signes d'usure[4].

Simultanément aux retrait des troupes américaines, les taliban attaquent de nombreuses capitales provinciales, ce qui pousse l'ANA à mobiliser ses soldats sur d'autres théâtres d'opération, fragilisant ainsi la défense de Kandahar qui se retrouvent rapidement encerclée par les taliban, ces derniers s'étant emparé des districts avoisinants de Panjwai, Spin Boldak et Zhari (en) dans la première moitié du mois de [5],[6].

La bataille

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La bataille pour Kandahar débute à proprement parler le , jour où les taliban sont entrés dans le 7ème district de police de la ville, en faisant des descentes dans les maisons et en se heurtant aux forces de sécurité présentes sur place, notamment la brigade des commandos de l'Armée nationale afghane (ANA)[1],[5]. Pour éviter d'être submergée, cette dernière est contrainte de transférer 240 détenus de la prison de Sarposa (en) (dans le 6ème district de police de Kandahar) vers la capitale. La présence de civils pris entre les deux feux handicape la capacité de riposte des troupes pro-gouvernementales[5]. Cependant, au fur et à mesure que les combats s'intensifient, des dizaines de milliers d'entre eux fuient la ville pour s'installer dans des camps de déplacés aux alentours[7]. A la mi-juillet, les taliban s'emparent du district de Dand, où se trouve l'aéroport international de Kandahar. Néanmoins, l'aéroport en lui-même reste sous contrôle gouvernemental, permettant ainsi à la Force aérienne afghane (soutenue par l'US Air Force) de poursuivre ses raids aériens contre les taliban. Ces derniers s'avèrent cependant largement inefficaces et ne parviennent pas à freiner leur progression, ce qui pousse le gouvernement (en) à imposer un couvre-feu à la population civile de Kandahar et à y envoyer davantage de commandos, le [1].

Les renforts envoyés à l'ANA ne lui sont cependant d'aucune utilité, puisque les taliban investissent rapidement de nouveaux districts de police, poussant cette dernière à se replier vers le centre-ville. Le , Kandahar est quasiment assiégée par les taliban, tous les districts environnants, à l'exception de celui de Daman, étant tombés sous leur contrôle. Selon le Long War Journal (en) de la Foundation for Defense of Democracies (en) (un think-tank américain néoconservateur), la chute du district de Daman rendrait intenable le maintien de l'autorité gouvernementale sur Kandahar[8].

Début août, les taliban, qui ont entre-temps bénéficié de renforts, accroissent leur pression sur la ville assiégée, ce qui pousse le gouvernement à y envoyer encore plus de troupes. Un vaste assaut sur le centre-ville est repoussé par les commandos avec un soutien aérien décisif. Tirant les leçons de cet échec, les taliban décident donc de concentrer leurs attaques sur l'aéroport international et le bombardent de roquettes pour réduire la capacité d’intervention de la Force aérienne afghane dans les combats. Alors que la ville est en train d'être détruite par les affrontements, le gouvernement conseille à tous les civils de l'évacuer le [1].

Tandis que la bataille pour Kandahar fait rage, l'ANA subit d'importants revers dans le reste du pays : Kondoz tombe aux mains des taliban le , Hérat, le 12[4]. Le gouvernement, préoccupé par la situation sur d'autres fronts, est incapable de ravitailler correctement les défenseurs de Kandahar qui manquent d'armes, de munitions et surtout de nourriture puisque leur ration journalière se limite à des patates à moitié pourries. Cela pousse de nombreux soldats et policiers à se rendre aux taliban (un reporter du New York Times dira à ce sujet que la raison de la chute de Kandahar « se résumait à des patates »)[2]. La multiplication des défections leur permet de briser plusieurs lignes de front et de s'emparer de la prison de Sarposa, l'un des derniers bastions gouvernementaux. Le , Hadji Yussef Wafa (en), gouverneur de la province de Kandahar pour le compte des taliban, dépose un ultimatum aux défenseurs leur demandant de remettre la ville pour éviter de nouvelles destructions[9]. Acculés militairement et pressés par les chefs tribaux d'accepter l'ultimatum, les soldats de l'ANA et le gouverneur Rouhollah Khandzada (ps) abandonnent Kandahar le 12 août[1],[10],[11],[12].

Meurtre de Nazar Mohammad

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Le (troisième jour de l'Aïd al-Adha), les taliban arrêtent Nazar Mohammad, un acteur afghan connu pour ses activités d'humoriste qu'il exerce sur TikTok avec le pseudonyme de « Khasha Zwan »[13]. Peu de temps après, il est tué et sa dépouille est profanée. Si les taliban nient initialement toute implication dans son meurtre, leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, finit par reconnaître leur responsabilité et annonce que deux de leurs membres ont été arrêtés en conséquences. Tout en déplorant que celui-ci n'ait pas été jugé par un tribunal islamique, il déclare à propos de Nazar Mohammad : « C'était un policier en activité, responsable de la mort de nombreuses personnes. Ce n’était pas un comédien, il s'est battu contre nous au cours de plusieurs batailles. Il a essayé de s'enfuir, contraignant nos hommes à l’abattre »[14],[15].

Conséquences

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La prise de Kandahar par les taliban porte à 13 le nombre de capitales provinciales sous leur contrôle[16] et leur octroie un important coup de boost moral de par sa symbolique (c'est dans cette ville que leur mouvement est né). À l'inverse, pour la république islamique d'Afghanistan, elle est une catastrophe pavant la voie à son effondrement, effectif trois jours plus tard avec la chute de Kaboul.

Références

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  1. a b c d e f g et h (en) Bill Roggio (en) et Andrew Tobin, « Kandahar City falls to the Taliban », sur LongWarJournal.org, (consulté le ).
  2. a b et c (en) Thomas Gibbons-Neff, Fahim Abed et Sharif Hassan, « The Afghan Military Was Built Over 20 Years. How Did It Collapse So Quickly? » [archive du ], The New York Times, (consulté le ).
  3. (en) Simon Cameron-Moore, « Kandahar, southern hub key to control of Afghanistan », sur Reuters.com, (consulté le ).
  4. a et b (en) Christina Goldbaum, Sharif Hassan et Fahim Abed, « Afghanistan Collapse Accelerates as the Taliban Capture 3 Vital Cities », The New York Times, (consulté le ).
  5. a b et c (en) Adam Nossiter, « Taliban Enter Kandahar City and Seize Border Posts », The New York Times, (consulté le ).
  6. (en) Clarissa Ward, Brent Swails et Laura Smith-Spark, « Besieged on a 'Taliban-made island,' Kandahar's residents see no way out as militants advance ever closer », CNN, (consulté le ).
  7. (en) Ashraf Wani, « Over 11 thousand families move to refugee camps as Taliban-Afghan forces fight on in Kandahar », India Today, (consulté le ).
  8. (en) Bill Roggio, « Taliban battles Afghan military for control of Kandahar City », sur LongWarJournal.org, (consulté le ).
  9. (ps) « Khalid Zadran sur Twitter : "د طالبانو لخوا کندهار ولایت ته نومول شوي والي حاجي وفا د جنګ په لومړی کرښه کې خپلو سرتیرو ته هدایت کړي: چې پر خپلو مفتوحه سیمو کې د انتظار باسي. نوموړي په کندهار ښار کې مېشت د کابل رژیم اړوند چارواکو ته یې چانس ورکړی چي ولایت تسلیم کړي ښار دې نه خرابوي." », sur Twitter.com,‎ (consulté le ).
  10. (en) Tameem Akhgar, Rahim Faiez et Jon Gambrell, « Taliban take Kandahar, Herat in major Afghanistan offensive », CTV News, (consulté le ).
  11. (en) Zaman Avir, « Taliban capture Herat and Kandahar, as U.S. sends troops to help evacuate embassy staff », CBC News, (consulté le ).
  12. (en) « Taliban advance: Kandahar falls, governor flees; USA pleads to spare embassy », Hindustan Times, (consulté le ).
  13. Vanessa Descouraux, « Khasha Zwan, l'humoriste afghan massacré par les talibans fin juillet », sur franceinter.fr, (consulté le ).
  14. « La mort d’un policier et humoriste, tué par les talibans, suscite l’émoi en Afghanistan », Le Parisien, (consulté le ).
  15. (en) « Taliban admits to killing Afghan comic, to try alleged killers », Al Jazeera, (consulté le ).
  16. (en) « Timeline: Afghanistan provincial capitals captured by Taliban », Al Jazeera, (consulté le ).

Voir aussi

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Article connexe

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