Bataille de Hausbergen

bataille de 1262 entre la ville et l’évêque de Strasbourg

La bataille de Hausbergen a eu lieu le et marque l'émancipation de la ville de Strasbourg. Les bourgeois de la ville et petites gens arrivent à défaire l'armée de chevaliers de métier de l'évêque de Strasbourg, Walter de Geroldseck.

Bataille de Hausbergen
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille de Hausbergen par Émile Schweitzer, 1894
Informations générales
Date
Lieu Ouest de Strasbourg
commune de Hausbergen
Issue Victoire décisive des Strasbourgeois
Belligérants
Ville de Strasbourg Évêque de Strasbourg
Commandants
Reinbold Liebenzeller Walter de Geroldseck
Forces en présence
Inconnu, mais supérieures en nombre. 300 archers. 300 cavaliers et au moins 5 000 fantassins [1].
Pertes
Inconnu. Pas de personnalité notable. Inconnu. Plus de 60 chevaliers nobles tués et 73 nobles faits prisonniers.

Coordonnées 48° 37′ 09″ nord, 7° 43′ 25″ est
Géolocalisation sur la carte : Alsace
(Voir situation sur carte : Alsace)
Bataille de Hausbergen
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Hausbergen

Contexte

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Les relations, déjà tendues des Strasbourgeois avec leur évêque, prennent un tour particulier en 1260. Sitôt installé sur le trône épiscopal, Walter de Geroldseck lance, en allemand, un manifeste de griefs à l'égard des bourgeois, véritable déclaration de guerre : il veut rétablir dans toute leur rigueur ses droits temporels de comte-burgrave de Strasbourg. Pour ce faire, il menace d’user de tous les moyens de contrainte que lui confère son autorité épiscopale, au premier rang desquels l’interdit et l’excommunication. Les incidents entre l’évêque et la ville se multiplient et l'épreuve de force devient inéluctable.

L'avant bataille (1260 - 1262)

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Replié à Dachstein l'évêque attend des renforts : mille cinq cents hommes de l'évêque de Trèves, mais aussi des hommes envoyés par les abbés de Saint Gall, de Murbach, et surtout du comte Rodolphe de Habsbourg. Il fait une démonstration de force devant la ville, qui tourne à son désavantage. Il choisit alors de mettre Strasbourg sous embargo. Les Strasbourgeois tentent en vain de rompre ce blocus. 1261 est un tournant. Durant une trêve pour les récoltes, Rodolphe de Habsbourg change de camp et se rallie à la ville. Les Strasbourgeois le nomment gonfalonnier de leur armée le . À Noël 1261, une sortie effectuée par les Strasbourgeois avec leur nouvel allié en direction de Dachstein ne permet pas de régler le conflit, l'évêque hésitant à se frotter à Rodolphe. Il se venge cependant en pillant les possessions de Rodolphe en Haute-Alsace.

La bataille

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Retour triomphant des troupes de Strasbourg.

Au printemps 1262, l'Alsace est à feu et à sang. Le doute s'installe dans les deux camps. Une décision en rase campagne s'impose. Elle aura lieu à Oberhausbergen le . La moitié de la garnison de Strasbourg, conduite par Reinbold Liebenzeller, se rend à Mundolsheim, à l'extrémité nord de la colline de Hausbergen, et abat le clocher dont on craint qu'il serve de vigie dans l'embargo établi par l'évêque. Ce dernier est averti et se met en route avec son armée : 300 chevaliers et 6000 fantassins. Liebenzeller envoie des messagers à Strasbourg pour appeler des secours. Lui-même monte alors sur la colline de Hausbergen et attend les troupes, conduites par son collègue Niclaus Zorn. Lorsqu'elles sont en vue, il se remet en marche le long de la crête, tandis que Zorn le suit en contrebas. Arrivé à l'extrémité sud de la colline, il contourne le village d'Oberhausbergen. Or, l'évêque, qui l'observe, croit qu'il essaie de revenir vers Strasbourg, et pense pouvoir l'écraser avec sa cavalerie. Son erreur a été de laisser prendre du retard à son infanterie. Le chevalier Marx d'Eckwersheim fut le premier à sortir des rangs pour l'armée de Strasbourg, pour affronter le chevalier Beckelar de l'armée épiscopale; le combat dura jusqu'à la mort de ce dernier, et après ce combat la bataille devint générale [2].

L’évêque est obligé de fuir et se retire à Molsheim, abandonnant ses prérogatives sur la cité. Il meurt en .

Conséquences de la bataille : Strasbourg devient Ville Libre

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La paix, conclue entre la ville et le nouvel évêque Henri de Géroldseck, cousin du défunt, confirme le l'indépendance complète du Conseil ; les prétentions ducales passées et futures de l'évêque de Strasbourg sont déclarées nulles et irrecevables. Désormais, Strasbourg est une ville libre d'Empire et son avenir confié à son seul Conseil. C'est une des illustrations du particularisme alsacien à cette époque, suivi quelques années plus tard par la création d'une autre originalité alsacienne : la Décapole, union de dix villes impériales alsaciennes dont Strasbourg ne faisait pas partie.

Enfin, la gestion de l'œuvre Notre-Dame, chargée de la construction et de l'entretien de la cathédrale, est retirée à l'évêque et confiée au grand-chapitre.

Voir aussi

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Références

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  1. d'après les chroniques de Jacques Twinger de Koenigshoffen
  2. Strasbourg illustré ou Panorama pittoresque, historique et statistique de Strasbourg et de ses environs Par Frédéric Théodore Piton , 1855 pages 133

Bibliographie

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Pierre Jacob et Gilles Stutter, La Bataille de Hausbergen, Éditions Coprur, 2011, (ISBN 978-2-84208-216-1)