Bataille de Feldkirch

La bataille de Feldkirch se déroule le à Feldkirch, dans le Vorarlberg, dans le cadre de la guerre de la deuxième coalition. Elle oppose les forces françaises du général André Masséna à un contingent autrichien sous les ordres du général Franjo Jelačić. L'affrontement se solde par une victoire autrichienne.

Bataille de Feldkirch
Description de cette image, également commentée ci-après
La rivière Ill, près de Feldkirch.
Informations générales
Date 23 mars 1799
Lieu Feldkirch, Vorarlberg, Autriche
Issue Victoire autrichienne
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Commandants
André Masséna Franjo Jelačić
Forces en présence
12 000 hommes 5 500 hommes
Pertes
1 500 à 3 000 hommes 900 tués, blessés ou disparus

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2e Campagne d'Italie

Coordonnées 47° 14′ 17″ nord, 9° 35′ 54″ est

En , une armée française envahit la Suisse et contraint le gouvernement de ce pays à signer un traité d'alliance avec la France, ce qui entraîne des révoltes au sein de la population. Avec l'ouverture des hostilités contre l'Autriche au début de l'année 1799, le général Masséna, nouveau commandant en chef de l'armée d'Helvétie, décide de prendre l'offensive. Il bat ses adversaires à Maienfeld, Chur et Feldkirch les 6 et . Ayant reçu l'ordre de son supérieur, le général Jean-Baptiste Jourdan, de s'emparer de Feldkirch, Masséna attaque alors la ville avec les troupes du général Nicolas Charles Oudinot. Solidement retranchés, les Autrichiens repoussent toutefois les attaques françaises qui se succèdent jusqu'à la tombée de la nuit.

Tenu en échec, Masséna doit battre en retraite après les défaites de Jourdan à Ostrach et Stockach, en Allemagne du Sud.

Contexte

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Occupation de la Suisse par les Français

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En 1798, le Directoire ordonne l'invasion de la Suisse sous le prétexte que la Confédération maltraite la population du canton de Vaud, mais plus probablement en réalité pour s'emparer du trésor de Berne[1]. Désigné à la tête de l'armée d'Helvétie, le général Guillaume Brune se met en marche depuis le sud avec une division de l'armée d'Italie le tandis que les 15 000 hommes de la division du général Alexis Balthazar Henri Schauenburg, détachée de l'armée du Rhin, se dirigent sur Berne depuis le nord. De fausses négociations sont menées simultanément afin de tromper la vigilance des Suisses. Le , Brune prend officiellement le commandement des deux divisions de l'armée d'Helvétie, celle de Schauenburg et son ancienne division à présent commandée par Philippe Romain Ménard, alors que les deux unités n'ont pas encore effectué leur jonction. Continuant de progresser sur Berne, les troupes françaises entrent dans la ville le non sans avoir ferraillé à plusieurs reprises contre l'armée suisse[2].

 
Le territoire de la République helvétique en avril 1798.

Le , Brune est rappelé pour prendre le commandement de l'armée d'Italie. Il quitte son poste le et est remplacé par Schauenburg. À la même époque, les Français s'emparent de stocks d'or et d'argent d'une valeur de 10 millions de francs, dont 3 servent à financer la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte. En outre, 293 canons, 38 obusiers et 32 mortiers sont transportés à Huningue et Carouge. En dépit de l'alliance qui unit les deux pays depuis le , de nombreux Suisses n'acceptent pas la présences des troupes françaises qui doivent, à plusieurs reprises, réprimer des révoltes dans divers cantons tels que le Valais[3]. À la demande de Schauenburg, le général Nicolas Charles Oudinot est transféré à l'armée d'Helvétie. Schauenburg, excellent organisateur, n'est toutefois pas un général de la trempe d'André Masséna, son successeur à partir du . À cette date, l'armée d'Helvétie compte 24 000 vétérans dont 1 600 cavaliers[4].

Avec l'invasion de la Suisse, le Directoire a involontairement créé un nouveau front susceptible d'être mis à profit par les Coalisés pour envahir à leur tour le territoire français. Si les frontières de la République avec l'Allemagne et la Belgique sont défendues par un puissant réseau de forteresses, la frontière suisse dans le massif du Jura n'est gardée que par quelques places-fortes comme le fort de Joux ou la localité de Salins-les-Bains qui protègent l'accès à la Franche-Comté. L'un des membres du Directoire, Lazare Carnot, constate avec regret que si la neutralité de la Suisse a jusqu'ici permis à la France de concentrer ses efforts dans d'autres secteurs, la belligérance helvétique contraint désormais les Français à déployer 40 000 soldats pour surveiller la frontière suisse voire occuper le pays[5].

Déclenchement des hostilités

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Le général André Masséna, commandant l'armée française d'Helvétie.

Les offensives françaises contre la Suisse, l'Empire ottoman, la Hollande, Malte, le royaume de Piémont et les États pontificaux entraînent la formation de la Deuxième Coalition, comprenant la Grande-Bretagne, l'Autriche, la Russie, le royaume de Naples, le Portugal et l'Empire ottoman. En , le roi de Naples Ferdinand IV chasse brièvement les Français de Rome, mais une armée française commandée par le général Jean-Étienne Championnet met en déroute les forces napolitaines et entre à son tour dans Naples le , contraignant Ferdinand à s'enfuir en Sicile[6].

Il apparaît alors clairement au Directoire que la reprise de la guerre est imminente et ce dernier procède à la levée de 200 000 conscrits. En dehors des forces de Bonaparte occupées en Égypte, les troupes françaises sont divisées en cinq armées, toutes très mal équipées : 30 000 hommes avec Masséna en Suisse, environ 20 000 sous Brune en Hollande, 37 000 en Alsace sous le commandement du général Jean-Baptiste Jourdan, 58 000 en Italie du Nord dirigés par le général Barthélemy Louis Joseph Schérer et enfin 30 000 au centre et au sud de l'Italie sous les ordres du général Étienne Macdonald, le successeur de Championnet. À ces effectifs s'ajoute le corps de réserve du général Jean-Baptiste Bernadotte, situé à proximité des forteresses de Mannheim et de Philippsbourg[7].

Le Directoire ordonne à Masséna de s'emparer du Vorarlberg et du pays des Grisons puis de marcher sur le Tyrol. Dans le même temps, Jourdan doit franchir le Rhin et traverser la Forêt-Noire afin de lier son aile droite à la gauche de Masséna. Quant à Schérer, il est chargé de faire sa jonction avec la droite de Masséna tout en résistant à la poussée des troupes autrichiennes dans le secteur de Vérone. De leur côté, les Autrichiens disposent des 75 000 hommes du général Pál Kray en Italie du Nord, des 18 000 hommes du comte Heinrich Johann de Bellegarde dans le Tyrol, des 26 000 soldats du général Friedrich von Hotze dans le Vorarlberg et les Grisons et enfin des 80 000 hommes de l'archiduc Charles sur le Lech, en Allemagne du Sud[8].

Entrée en campagne : les deux batailles de Feldkirch

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En , le flanc droit de l'armée de Masséna est occupé par la division du général Claude Jacques Lecourbe, dont l'extrême-droite du dispositif est à Bellinzone. La division du centre, sous les ordres du général Philippe Romain Ménard, est postée au sud du lac de Constance, non loin de Glaris et Schwytz. Enfin, le flanc gauche, constitué de la division du général Charles Antoine Dominique Xaintrailles à laquelle appartient la brigade Oudinot, défend la ligne du Rhin depuis le lac de Constance jusqu'à Bâle[9]. Dans le camp autrichien, le général Hotze dispose de 20 000 hommes à Brégence et Feldkirch tandis que les 4 500 soldats du général Franz Xaver von Auffenberg sont en position à Coire. Alors que les hostilités ne sont pas encore ouvertes, Jourdan informe Masséna qu'il franchira le Rhin le et sera à proximité du lac de Constance aux alentours du 6. Ce même jour, Masséna ordonne à ses troupes de forcer le passage du Rhin à Luziensteig, à mi-chemin entre les positions respectives d'Hotze et d'Auffenberg. En dépit d'une forte résistance autrichienne et de la montée des eaux du fleuve, les Français se rendent maîtres du terrain dans la soirée[10]. Des 5 000 hommes engagés par Masséna, 300 sont hors de combat. Les Autrichiens, forts de 4 200 hommes mais dispersés et dépourvus de réserve, déplorent pour leur part 400 tués ou blessés et 1 450 prisonniers ainsi que 12 canons et trois drapeaux capturés[11]. Selon une autre source, les pertes autrichiennes sont de 1 100 prisonniers et cinq canons[10].

Bilan et conséquences

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Notes et références

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  1. Phipps 2011, p. 67.
  2. Phipps 2011, p. 68-69.
  3. Phipps 2011, p. 70-72.
  4. Phipps 2011, p. 73.
  5. (en) Christopher Duffy, Eagles Over the Alps : Suvarov in Italy and Switzerland, 1799, Chicago, The Emperor's Press, , 288 p. (ISBN 1-883476-18-6), p. 155.
  6. Dodge 2011, p. 103.
  7. Dodge 2011, p. 104.
  8. Dodge 2011, p. 106-107.
  9. Phipps 2011, p. 74.
  10. a et b Phipps 2011, p. 75.
  11. Smith 1998, p. 145-146.

Bibliographie

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  • (en) Theodore Ayrault Dodge, Warfare in the Age of Napoleon : The Egyptian and Syrian Campaigns and the Wars of the Second and Third Coalitions, 1798–1805, vol. 2, Leonaur Ltd, (ISBN 978-0-85706-600-8).
  • (en) Ramsay Weston Phipps, The Armies of the First French Republic : Volume V The Armies of The Rhine in Switzerland, Holland, Italy, Egypt, and The Coup D'Etat of Brumaire (1797–1799), vol. 5, Pickle Partners Publishing, (ISBN 978-1-908692-28-3).
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9, BNF 38973152).