Bataille de Cambrai (1917)
La bataille de Cambrai est une bataille de la Première Guerre mondiale qui s'est déroulée du au aux environs de Cambrai. Lors de cette offensive, les Britanniques ont utilisé pour la première fois en masse des chars d'assaut (en anglais tank, « réservoir »), les Mark IV. La réussite initiale de l'offensive fut cependant grandement diminuée par la contre-offensive allemande.
Date |
– (17 jours) |
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Lieu | sud-ouest de Cambrai, France |
Issue | Impasse mais l'armée britannique a pu rapidement percer la ligne Hindenbourg |
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande Raj britannique |
Empire allemand |
Julian Byng | Georg von der Marwitz |
476 chars Mark IV 14 escadrilles du Royal Flying Corps 7 divisions d'infanterie 3 divisions de cavalerie |
8 divisions d'infanterie |
45 000 morts ou blessés 9 000 prisonniers 100 chars détruits |
45 000 morts ou blessés 11 000 prisonniers |
Batailles
- Liège (8-1914)
- Namur (8-1914)
- Frontières (8-1914)
- Anvers (9-1914)
- Grande Retraite (9-1914)
- Marne (9-1914)
- Course à la mer (9-1914)
- Yser (10-1914)
- Messines (10-1914)
- Ypres (10-1914)
- Givenchy (12-1914)
- 1re Champagne (12-1914)
- Hartmannswillerkopf (1-1915)
- Neuve-Chapelle (3-1915)
- 2e Ypres (4-1915)
- Colline 60 (4-1915)
- Artois (5-1915)
- Festubert (5-1915)
- Quennevières (6-1915)
- Linge (7-1915)
- 2e Artois (9-1915)
- 2e Champagne (9-1915)
- Loos (9-1915)
- Verdun (2-1916)
- Redoute Hohenzollern (3-1916)
- Hulluch (4-1916)
- 1re Somme (7-1916)
- Fromelles (7-1916)
- Arras (4-1917)
- Vimy (4-1917)
- Chemin des Dames (4-1917)
- 3e Champagne (4-1917)
- 2e Messines (6-1917)
- Passchendaele (7-1917)
- Cote 70 (8-1917)
- 2e Verdun (8-1917)
- Malmaison (10-1917)
- Cambrai (11-1917)
- Bombardements de Paris (1-1918)
- Offensive du Printemps (3-1918)
- Lys (4-1918)
- Aisne (5-1918)
- Bois Belleau (6-1918)
- 2e Marne (7-1918)
- 4e Champagne (7-1918)
- Château-Thierry (7-1918)
- Le Hamel (7-1918)
- Amiens (8-1918)
- Cent-Jours (8-1918)
- 2e Somme (9-1918)
- Bataille de la ligne Hindenburg
- Meuse-Argonne (10-1918)
- Cambrai (10-1918)
Coordonnées | 50° 11′ nord, 3° 14′ est | |
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Cambrai était en 1917 un point clé pour le ravitaillement de la ligne Siegfried (Siegfried Stellung), appelée ligne Hindenburg par les Alliés, et la crête voisine du bois de Bourlon, si elle était prise, permettrait de menacer l'arrière allemand vers le nord.
Ernst Jünger, qui participa à cette bataille, a décrit dans Orages d'acier l'horreur et la fascination qu'elle lui a inspirées.
Plan de la bataille
modifierUne attaque sur Cambrai à l'aide de chars d'assaut avait été proposée à l'origine par JFC Fuller en et presque au même moment par Henry Hugh Tudor. Les deux plans furent repris par Julian Byng, commandant de la troisième armée britannique. Douglas Haig approuva le plan sous le nom d'« opération GY » en , à la suite d'un nouvel échec à Ypres (bataille de Passchendaele). La région de Cambrai fut choisie pour différentes raisons, l'une d'elles étant l'espoir qu'un terrain crayeux, plus plat, moins creusé par les bombardements et plus ferme, serait mieux adapté aux tanks que la boue argileuse du front des Flandres.
L'objectif initial de l'attaque conçue par Fuller, tel que le rapporte Liddell Hart, était un raid destiné à « détruire… démoraliser et désorganiser… et non à conquérir du terrain », prévu sur huit à douze heures et concernant six bataillons de chars et au plus deux divisions d'infanterie ou de cavalerie. Byng soumit l'idée à Haig mais elle fut mise de côté, l'objectif principal étant alors Ypres. Quand celui-ci changea les plans, le raid était devenu une offensive à part entière.
Le plan était complexe, mais son élément essentiel était le percement de la ligne allemande par une attaque concentrée sur un front étroit d'environ 8 km entre le canal du Nord et le canal de Saint-Quentin, puis l'encerclement de Cambrai et la capture de la crête de Bourlon. Certaines tactiques mises au point depuis peu devaient être plus largement utilisées, telles que l'utilisation de l'aviation contre des cibles terrestres à l'arrière du front, afin d'enrayer l'arrivée des renforts[1] ; l'emploi de formations mixtes infanterie-chars d'assaut. La cavalerie faisait aussi partie du plan : elle devait se déployer par un « couloir de cavalerie » vers la Sensée. Il était prévu également de ne pas faire précéder l'offensive d'une lourde préparation d'artillerie, contrairement à l'habitude, pour ménager l'effet de surprise. L'assaut devait être confié aux 19 divisions de la troisième armée britannique, dont pas moins de 14 n'étaient pas encore remises du massacre de la troisième bataille d'Ypres. Leur commandant, Byng, était beaucoup plus optimiste que Haig sur l'issue de l'offensive. La force ennemie appartenait à la deuxième armée allemande sous les ordres du général Georg von der Marwitz : désignée sous le nom de Gruppe Caudry (ou XIII Corps) elle comprenait initialement les 20e, 54e et 183e divisions et la 9e division de réserve.
Les divisions des 3e et 4e corps britanniques devaient conduire l'attaque. Le 3e corps attaquerait au sud (sur la droite) entre Crèvecœur et Bonavis, des divisions de cavalerie étant prêtes à exploiter la tête de pont constituée autour de Marcoing et Masnières. Le 4e corps devait avancer vers le nord (sur la gauche) et capturer Havrincourt, Flesquières, Graincourt-lès-Havrincourt et Cantaing avant de laisser les divisions de réserve et de cavalerie prendre l'importante crête de Bourlon. Le 5e corps avait reçu pour mission de suivre l'avance pour occuper le terrain jusqu'à la Sensée et en assurer le passage. Le corps de chars d'assaut sous les ordres du général de brigade Hugh Elles (corps qui devait bientôt être renommé Royal Tank Regiment) était au complet, avec plus de 350 chars de combat Mark IV pour le premier jour de la bataille et 476 en tout pour les jours suivants. 216 chars devaient prendre part à l'avance initiale, 96 étant en réserve. Le tank anglais Mark IV eut un effet dévastateur sur le moral des Allemands à Cambrai. Il fut victime toutefois de grandes pertes matérielles dues aux pannes, cette arme étant encore à ses débuts. Certains des chars étaient équipés de grosses fascines de bois pour faciliter la traversée des tranchées (les chars travaillant par groupe de trois, le premier jetait une fascine dans la tranchée pour permettre le passage des deux autres et ainsi de suite) ou de « grapnels » (grappins) spéciaux pour sectionner les barbelés. Les premiers assauts consistaient en une combinaison d'infanterie et de chars en formation de combat, avec un rang de chars pour ouvrir la marche, suivi, 50 mètres en arrière, de sections d'infanterie en deux files, à raison de huit sections par char pour nettoyer les tranchées. Quatorze escadrilles du Royal Flying Corps participaient à la bataille, pour mitrailler les tranchées et couvrir le bruit de l'avancée des chars.
Déroulement de la bataille
modifierLa bataille débute par un bref tir de 1 000 pièces d'artillerie, puis l'attaque principale est emmenée par les chars, suivis par six divisions d'infanterie, le tout sur 8 km de front. Le premier jour la ligne Hindenburg est percée de 9 à 12 km en profondeur, sauf à Flesquières où les Allemands résistent avec acharnement.
Cependant, la mauvaise coordination entre l'infanterie et les blindés contribue ensuite à ralentir la progression.
De nombreux chars d'assaut connaissent des défaillances mécaniques, s'embourbent dans les fondrières ou sont détruits par les tirs de l'artillerie allemande. La bataille se concentre ensuite autour de la crête de Bourlon, à l'ouest de Cambrai.
Le , les troupes allemandes lancent une contre-offensive afin de regagner le terrain perdu la veille. Le prince héritier Rupprecht de Bavière, commandant du secteur menacé, a dépêché des renforts considérables au secours de la IIe armée du général Georg von der Marwitz qui, jusque-là, a essuyé le gros de l'attaque.
Les contre-attaques allemandes sont très efficaces, principalement pour trois raisons : l'utilisation d'un tir de barrage bref, l'emploi de nouvelles unités de soldats d'assaut et le soutien apporté par des avions à basse altitude aux unités en première ligne. Les Britanniques, trop déployés et manquant de réserves immédiates, sont contraints, les jours suivants d'abandonner une grande partie du territoire durement gagné. Le , Haig donne l'ordre de retrait du saillant et le tout le terrain conquis par les Britanniques est abandonné à l'exception d'une partie de la ligne Hindenburg autour d'Havrincourt, de Ribécourt et de Flesquières. En échange de cette perte les Allemands ont gagné une bande de terrain au sud de Welsh Ridge.
Le jour du lancement de la contre-attaque allemande à Cambrai arrive en France la 42e division américaine Rainbow (« arc-en-ciel »), ainsi surnommée car elle rassemble des soldats originaires de tous les États américains. Le chef d'état-major de la division, qui deviendra son commandant, est le général Douglas MacArthur.
Conséquences
modifierLes pertes humaines s'élèvent à 45 000 hommes de chaque côté. Onze mille Allemands et neuf mille Britanniques furent faits prisonniers. Certaines associations d'anciens combattants ont évoqué un bilan bien plus élevé que les chiffres officiels, s'étonnant que les pertes humaines soient identiques dans les deux camps.[réf. souhaitée]
En termes de gains territoriaux les Allemands récupérèrent un peu plus que ce qu'ils avaient initialement perdu. Malgré ce résultat, la bataille apporta la preuve que les tranchées les mieux défendues ne pouvaient résister à une attaque massive de chars d'assaut. Les Allemands utiliseront durant la bataille de l'Aisne de 1918 cinq chars britanniques récupérés. Les Britanniques virent le parti qui pouvait être tiré des blindés tandis que le commandement allemand constatait de son côté le potentiel des nouvelles tactiques appliquées à l'infanterie, telles que les Sturmtruppen.
Un régiment de l'armée indienne, le Hodson's Horse (en), avait participé à la bataille ; il existe toujours et commémore encore le « Cambrai Day ».
Galerie
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Char britannique Mark IV (Australian War Memorial, Canberra).
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Épave de chars britanniques, près de Bourlon.
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Char britannique détruit dans le bois de Bourlon ().
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Char anglais détruit dans le village de Fontaine-Notre-Dame ().
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Pont sur le canal de l'Escaut effondré sous le poids du tank britannique Mark IV "Flying Fox II" à Masnières ().
Lieux de mémoire
modifierMusées
modifier- Le Centre d'Interprétation Cambrai Tank 1917 à Flesquières
Monuments
modifier- Le Monument des Nations à Flesquières
- Le Mémorial de Louverval à Doignies
- Le Mémorial terre-neuvien de Masnières
Cimetières
modifier- Flesquieres Hill British Cemetery
- Orival Wood Cemetery
- Hermies Hill British Cemetery
Bibliographie
modifier- (en) Jack Horsfall, Nigel Cave et Philippe Gorczynski (assistant), Flesquières : Hindenburg Line, Barnsley, South Yorkshire, L. Cooper, , 192 p. (ISBN 978-0-85052-897-8, lire en ligne)
Notes et références
modifier- Site internet www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr - La bataille de Cambrai (20 novembre - 4 décembre 1917).
Liens externes
modifier- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- La bataille de Cambrai vue par le site suisse CheckPoint
- Site officiel du tank Mark IV découvert à Flesquières
- Centre d'Interprétation de la Bataille de Cambrai "Cambrai Tank 1917"
- (en) The Cambrai Operations: 20 November - 7 December 1917 sur le site the British Army in the Great War
- (en) Photos du champ de bataille prises 89 ans après la bataille de 1917