Association des chefs d'entreprise libres

L'Association des chefs d'entreprise libres (ACEL) est une association patronale française basée à Lyon, qui combat l'étatisme au nom d'un libéralisme revendiqué, dans la seconde moitié du XXe siècle.

Association des chefs d'entreprise libres
Histoire
Fondation
Cadre
Pays

Historique

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Constituée à Lyon le avec le soutien du Maréchal Pétain[1], l'ACEL a modifié plusieurs fois son nom au cours de son histoire : Association Corporative de la Petite et Moyenne Entreprise[1], Association Corporative de l'entreprise à capital personnel (ACECP) vers 1943[2], Association interprofessionnelle de l'entreprise à capital personnel (AECP) au lendemain de la guerre[3], Association des chefs d'entreprise libres en : elle se veut dès lors ouverte « à tous les responsables de l'économie privée, aussi bien l'agriculteur maître de son champ que le médecin, l'avocat, le patron industriel ou commerçant, le directeur cadre d'une grande entreprise privée »[4],[5],[6].

Formée autour de quelques petits patrons lyonnais comme Lucien Chanay, Lucien Daffos, Gustave Prost, Francis Exbrayat, J. Perret, Paul Court, P. Rambeaud, au sein notamment de la Chambre syndicale patronale lyonnaise des industries métallurgiques[7], elle ne rassemble à la fin des années 1940 « qu'un petit groupe de (patrons) de Lyon et de Saint-Étienne » avec « quelques délégués isolés » dans la Loire[8]. Son siège se trouve à Lyon, au 136, cours Lafayette[9], puis au 26, place Tolozan.

Un comité parisien est formé au début des années 1950, mais il a connu une histoire difficile et l'ACEL a cherché à plusieurs reprises à le revivifier[10].

Elle organise des conférences et des sessions d'études, et publie un périodique, L'Informateur de l'entreprise à capital personnel, qui devient en L'Informateur des chefs d'entreprise libres; il paraît de à . Il cesse de paraître du fait de « l'apathie » de ses soutiens potentiels[11].

L'association défend avant tout les intérêts des patrons de PME possédant leur entreprise, et non des managers, contre les intrusions de l'État, et le libéralisme économique orthodoxe (défense de la propriété privée, du profit, de l'initiative privée)[12]. Ainsi, les conclusions de ses journées d'études de appellent à « dresser un véritable front des libertés patronales contre les attaques qui visent l'entreprise ( et à ) former une véritable ligue en faveur de l'économie libre, contre toutes les formes de la socialisation », dans le contexte du gaullisme triomphant. Lucien Daffos dénonce alors le « danger qui menace la liberté d'entreprise dans la conjoncture politique actuelle » dans la mesure où il est convaincu que toute la politique économique (depuis la Libération) a été une marche au socialisme, du fait de l'antilibéralisme des hommes politiques et de l'administration. Il faut au contraire respecter « les règles de l'économie de marché, la seule qui garantisse à l'ensemble de la population l'amélioration de sa situation matérielle que les progrès techniques permettent d'espérer ». L'État gaullien doit donc desserrer « son étreinte fiscale et administrative et rétablir une monnaie stable »[13].

Se voulant apolitique, elle a cependant combattu la candidature à la présidentielle de François Mitterrand en 1974 et en 1981[14] et a organisé en 1982 en réaction à son arrivée au pouvoir les Assises de Lyon du libéralisme.

Présidents successifs

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  • Lucien Daffos, de juillet 1952 à 1973[Notes 2]

Appuis et réseaux

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L'association adhère au Comité des classes moyennes[9]. L'AECP est intégrée au Conseil national du patronat français dès 1946 ; elle y défend les intérêts des petits patrons et les thèses libérales[18]. Elle donne son « accord total » au CNPF pour sa charte libérale de , ce qui n'est pas surprenant dès lors que ses statuts la chargent « d'effectuer des études et mener des actions pour assurer la liberté d'entreprendre et sauvegarder les fruits du travail en favorisant le développement d'une économie de marché » (article 3)[19]. Yvon Chotard, invité pour l'AG de 1975, tient un discours.

Lucien Daffos a fait partie du conseil d'administration de l'Association de la libre entreprise, fondée en et présidée par Georges Villiers, président du CNPF[20].

Daffos représente son association à une réunion internationale à Lucerne (Suisse) en 1955, pour discuter de « l'entreprise libre et indépendante dans une société et une économie libres » et y côtoie notamment des figures de la très libérale Société du Mont-Pèlerin comme Wilhelm Röpke[21]. Un comité international permanent est ensuite formé, présidé par Daffos[22], mais il ne fonctionne pas avant 1965, date de la mise en place de conférences internationales pour l'économie de marché et la libre entreprise, auxquelles Daffos participe. Ses dirigeants, Lucien Daffos en 1957, rejoint en 1962 par René Berger-Perrin[Notes 5], son secrétaire général et rédacteur en chef de l'Informateur des chefs d'entreprise libres, font d'ailleurs partie de la Société du Mont-Pèlerin et participent à ses réunions annuelles[23].

L'ACEL s'est alliée dans ses combats à la vieille Union des intérêts économiques (UIE) de Louis Billiet[Notes 6] et à son Réveil économique[24], et plus encore à un penseur libéral qui cherche à réconcilier libéralisme et christianisme, Pierre Lhoste-Lachaume, et à son association, le Point de rencontre libéral spiritualiste, fondé en [Notes 7]. Berger-Perrin a publié en 1953 un petit livre, Vitalité libérale, physionomie et avenir du libéralisme renaissant, aux éditions SEDIF, la maison d'éditions de Lhoste-Lachaume. Ce dernier donne souvent des conférences aux réunions de l'AECP puis de l'ACEL à Lyon et à Paris[25], est publié dans le périodique de l'ACEL[26], intègre son conseil d'administration en 1963[27] et participe aux côtés de Daffos aux réunions internationales de la libre entreprise et à celles du Mont-Pèlerin.

Louis Billiet a donné avec Lhoste-Lachaume une conférence en 1953 au siège parisien de l'AECP. A laquelle ont pris part Daffos, Bernard Jousset et des députés comme Edmond Barrachin, Joseph Denais, Raymond Boisdé, Jean Legaret[28]. L'AECP/ACEL, l'UIE de Billiet et le Point de rencontre, avec l'Association pour la défense des libertés publiques de Joseph Denais, tentent en 1956-1957 de mettre en place des « comités régionaux de lutte contre les empiètements de l'Etat », sans grand succès[29]. Le nouveau siège parisien de l'ACEL est installé dans les locaux de l'association de Lhoste-Lachaume en [30]. À cette occasion, Lhoste-Lachaume donne une conférence, au cours de laquelle il déclare qu'il « est de plus en plus déraisonnable d'être dirigiste ». Pour la première fois, des patrons éminents y assistent : Pierre Bercot de Citroën, François Michelin, Ambroise Roux, Jacques Merlin du Crédit commercial de France, Henri Théodore Pigozzi, président d'honneur de Simca - membre de l'ACEL -, René Norguet, Henri Ballande, P-DG de Caltex, Robert Trocmé, président de l'Union des industries textiles. Ainsi que d'autres personnalités comme le sénateur Jean Lecanuet, le député Edmond Pezé, l'ancien député Alain de Lacoste-Lareymondie, Bernard Jousset, ancien président du Centre français du patronat chrétien, l'universitaire néolibéral Daniel Villey, Georges Laederich, président du Centre d'études politiques et civiques, William François, Georges Riond[31]. Son disciple, Raoul Audouin, continue son combat aux côtés de l'ACEL, et entre au conseil d'administration de l'association en 1978[32]. Son Centre libéral accueille les dirigeants de l'ACEL à Paris en [33].

Ses liens avec l'Association pour la liberté économique et le progrès social, fondée fin 1966, ne semblent pas étroits à la fin des années 1960 et au début des années 1970, même si l'industriel André Arnoux est abonné au périodique de l'ACEL et est membre de l'association[34]. Daffos prend part à la remise du Grand prix André-Arnoux décerné par l'ALEPS en 1967, aux côtés de Georges Villiers, Raymond Boisdé, Raymond Dronne, André Malterre, Gaston Leduc, Claude Ventre, et l'ACEL publie un article de Claude Harmel sur la 4e Semaine de la pensée libérale en 1972[35]. Albert Garand, président de l'ALEPS, participe en à une réunion à Paris pour relancer l'action de l'ACEL dans la capitale, aux côtés de Raoul Audouin et de Charles Millon. Audouin déclare que les « alliés naturels » de l'ACEL et de son Centre sont « l'ALEPS, le Centre d'études des entreprises et le Club du livre civique »[36],[Notes 8]. Berger-Perrin publie vers 1977 une brochure dans la collection "Arguments libéraux" de l'ALEPS, sur l'emploi dans la France actuelle.

De la seconde moitié des années 1960 au début des années 1970, l'ACEL est proche des catholiques conservateurs du Centre d'études des entreprises, de Versailles[Notes 9] et prie ses membres d'aller aux congrès de Lausanne de l'Office international des œuvres de formations civiques et d'action doctrinale selon le droit naturel et chrétien (avatar de la Cité catholique de Jean Ousset)[37].

Dans les années 1970, l'ACEL est proche d'un autre cercle de catholiques conservateurs, le très droitier Cercle Charles Péguy, fondé à Lyon en 1963 par le biologiste Michel Delsol, professeur à l'Université catholique de Lyon. Du fait de la « volonté de rajeunissement » de l'ACEL, ce dernier a détaché une « jeune équipe » de son cercle à l'ACEL, d'abord Michel Chapas et Charles Millon, puis Jean-Philippe Delsol (avocat, beau-frère de Charles Millon, frère de Chantal Delsol, futur administrateur de l'Association pour la liberté économique et le progrès social (ALEPS) et futur président de l'IREF[38]), Michel Gariazzo, Me Clusel, François Lamy, Jean Étèvenaux[39]. En 1983, elle participe au « forum de Lyon UNIR (Union nationale pour l'initiative et la responsabilité », aux côtés de l'ARS (Association responsabilité et solidarité), du Comité d'action républicaine, du Cercle Charles Péguy de Xavier Delsol, du cercle lyonnais du Club de l'horloge, du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise lyonnais, d'ETHIC, dont elle est proche depuis 1977[40], et de Jeunes réalités lyonnaises[41].

Elle a donné la parole à des intellectuels néolibéraux, comme Louis Rougier[Notes 10], Daniel Villey, ou Gaston Leduc[42], et à des intellectuels catholiques tel Gustave Thibon[43], et a publié des articles de Pierre de Calan, membre du conseil d'administration de l'ACEL et conférencier à partir des années 1960, des « nouveaux économistes » animateurs de l'Association pour la liberté économique et le progrès social[Notes 11]: Henri Lepage, Jacques Garello, son président, Georges Lane, dans les années 1980.

Elle a aussi trouvé le soutien d'hommes politiques, tels Joseph Denais en 1956 ou Florian Bruyas, sénateur du Rhône, du Centre national des indépendants et paysans, puis Pierre-Bernard Cousté, député du Rhône, ancien président du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise[44]. Elle invite des hommes politiques pour ses AG, comme Marcel Pellenc (1960, pour son 20e anniversaire)[45], Édouard Bonnefous (1976), Jean Kiffer (1977), Charles Millon (1978). L'ACEL atteint son apogée dans la seconde moitié des années 1970, avec l'adhésion du sénateur-maire de Lyon Francisque Collomb[46], et la venue du ministre du commerce René Monory pour son assemblée générale en 1978, et celle du Premier ministre Raymond Barre en . Chacune des réunions a attiré environ 300 personnes, ce qui est un record pour l'ACEL. Le bulletin de l'ACEL souligne les « positions courageuses » de Raymond Barre mais note que « les chefs d'entreprise ne sont pas entièrement convaincus par certains points ». Raymond Barre, à l'issue de l'assemblée générale, remet les insignes de chevalier de l'ordre du mérite social au président de l'ACEL, Yvan Perret, « défenseur vigilant de l'entreprise à capital personnel »[47]. Ce qui a provoqué quelques remous relayés par la presse dès lors que son passé durant l'Occupation a été mis en lumière: il avait été administrateur de biens juifs en 1941/42, même s'il n'a pas été condamné à la Libération[48].

Liens externes

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Bibliographie

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  • Collectif, Dictionnaire historique des patrons français, Flammarion, 2010, p. 1025
  • François Denord, Néo-libéralisme version française, Démopolis, 2007, p. 345
  • Georges Lefranc, Les organisations patronales en France: du passé au présent, Payot, 1976, p. 278-285
  • Coordonnées pour un remembrement social, testament intellectuel de Pierre Lhoste-Lachaume, 2e édition, préfacé par Lucien Daffos et mis en forme par Audouin et Berger-Perrin (en ligne)

Notes et références

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  1. Né le à Lyon, fils d'un expert-comptable, il est ingénieur des Arts et métiers et fonde à Lyon en 1919 son entreprise, les Ets Chanay-Maitrot (machines à polir), qu'il dirige jusqu'en 1963. Chevalier de la Légion d'honneur, il est titulaire de la croix de guerre 1914-18
  2. Né le à Lyon et décédé en 1979, fils de Pierre Daffos, commerçant, diplômé de l'Institut électrotechnique de Grenoble, il est ingénieur au début des années 1920 puis fonde et dirige à partir de 1929 une PME, les Ets L. Daffos (construction et réparation de matériel électrique), qui s'adjoint en 1940 les ateliers de réparation électrique du Centre (AREC), à Egletons (Corrèze). Engagé en 1915, il termine la Première Guerre mondiale comme lieutenant et est capitaine d'artillerie en 1940. Politiquement, Daffos a été le vice-président d'un éphémère Comité de salut public de Lyon, constitué le « en réaction contre la décadence française caractérisée par le pourrissement du système et la tolérance de la trahison ouverte du parti communiste et de ses auxiliaires », pour la « lutte résolue contre les entreprises des ennemis de la nation française et de la civilisation occidentale » et pour le maintien de l'Algérie française. Il a publié ses éditoriaux dans le bulletin de l'ACEL (souvent sous le pseudonyme de Blaise Richard) jusqu'en .
  3. Fabricant de soieries; il a été auparavant trésorier, vice-président et est ensuite président d'honneur et reste président de l'Association d'éditions de défense de l'économie libre, qui édite le bulletin de l'ACEL. Yvan Perret a été candidat du Centre national des indépendants et paysans lors d'une élection cantonale en 1967 à Lyon.
  4. Âgé de 50 ans en 1983, ingénieur des Arts et métiers (Cluny, 1952), il dirige une entreprise familiale à Lyon, les Ets A. Borrelly (fabrication de ressorts). Il préside le syndicat des petites entreprise de la métallurgie du Rhône et l'Union départementale des syndicats d'artisans du Rhône et est vice-président de la chambre syndicale lyonnaise des industries métallurgiques.
  5. Docteur en droit et diplômé de l'École libre des sciences politiques, il milite aussi à la Jeune chambre économique de Lyon (il dirige une de ses commissions 1959 qui est à l'origine de la fondation en 1959 de l’APAJ, Association pour l’Aménagement de la Journée de travail et des horaires) qui a pour but de promouvoir la mise en œuvre de la journée continue et de l’étalement des horaires et qu'il préside. Il enseigne aussi à la faculté de droit et à l'école supérieure de commerce dans les années 1960.
  6. Frère d'Ernest Billiet, décédé en 1939, qui dirigea l'UIE avant la guerre
  7. Lhoste-Lachaume (1900-1973) a animé avant la Seconde Guerre mondiale le groupement de défense des libertés économiques, fondé en 1935 à l’initiative de l'industriel Albert-Eugène Prouvost. Son ouvrage paru en 1936, Réalité et sérénité, synthèse pratique de pensée et d’action, s’appuie « sur des convictions religieuses très solides » et énonce « une parfaite soumission (…) à l’enseignement de l’Eglise », juge la très catholique Revue des lectures (La Revue des lectures, 15-6-1936 ). Sa brochure de 1938, Le salut… ou l’abdication du patronat, démontre la supériorité de la responsabilité individuelle sur l’économie dirigée. Responsabilités qui n’excluent pas, mais appellent au contraire l’esprit social et l’équité. C’est l’union de ces forces « qui peut seule assurer les progrès parallèles et solidaires de la prospérité économique et de la paix sociale ». Sur ce groupement, cf. François Denord, « Les idéologies économiques du patronat français au 20ème siècle », Vingtième siècle. Revue d’Histoire, n° 114, avril-juin 2012, p. 176. Cf. aussi Coordonnées pour un remembrement social, testament intellectuel de Pierre Lhoste-Lachaume, 2e édition, préfacé par Lucien Daffos et mis en forme par Audouin et Berger-Perrin (en ligne),
  8. Le club du livre civique est la maison d'éditions de la Cité catholique de Jean Ousset, depuis la fin des années 1950. Elle a été déclarée à la préfecture de police le 2 septembre 1963 comme association en vue d’organiser des conférences et de publier des « ouvrages de doctrine sociale, économique et civique »
  9. Fondé vers 1964, issu de la Cité catholique de Jean Ousset, destiné aux patrons et animé par Jean de Saint-Chamas, son secrétaire général et fondateur, et Jean-Louis Guillaume, industriel versaillais, son président : Raphaëlle de Neuville, Jean Ousset la Cité catholique, Dominique Martin Morin, 1998, p. 168, Les Dossiers du CEPEC, n° 22, « L'Action civique en France : Rencontre de deux expériences complémentaires. Le Centre d'études politiques et civiques, Ce qu'il a tenté depuis 1954 et ce qu'il se propose de faire », par Georges Laederich, « Le Centre d'études des entreprises de Versailles, ses initiatives depuis 1963 », par Jean-Louis Guillaume, Textes des exposés faits à la réunion privée d'information du Centre d'études politiques et civiques le 19 juin 1968 (Selon Guillaume, le CEE a été fondé en réaction aux « conditions abusives dans lesquelles François Bloch-Lainé était appelé par certaines élites locales à présenter son ouvrage [ Pour une réforme de l'entreprise, 1963 ] à Versailles, au cours de deux réunions en octobre et novembre 1963 ». Une conférence de Pierre de Calan, auteur en 1963 de Renaissance des libertés économiques et sociales, en février 1964, devant 950 cadres et dirigeants d’entreprise dans un cinéma de Versailles fut la première réponse apportée. Toutefois, le vocabulaire de Calan « n’est pas le nôtre », en raison de son libéralisme, fut-il précisé lors des travaux du CEE de la session 1964-65. Travaux qui dénoncent aussi « le noyautage du Centre des jeunes patrons par des groupes officieux opposés à l’esprit original ». La seconde réponse fut la création du CEE, qui commença à fonctionner en octobre 1964. Le CEE organise 8 à 10 réunions par an, à Versailles et en province, des sessions de formation et fait paraître une documentation, selon « le droit naturel et chrétien » et la doctrine sociale de l’Eglise, « la seule vraie, celle de Rome, pas celle des progressistes clercs ou laïcs ». Le CEE s’adresse aux élites et fonctionne avec de « petits groupes de travail » car ils permettent « l’effort personnel et la formation doctrinale indispensable » : « Nous ne désirons pas des masses inaptes à toute formation doctrinale, susceptibles seulement d’une action superficielle et momentanée, mais des élites bien formées, décidées à une action en profondeur, soutenue dans le temps ». Pour des « résultats forts modestes » d’abord, reconnaît-il, mais la crise de 1968 a poussé certains à s’intéresser aux travaux du CEE, qui publia des analyses de mai 1968 : « La crise actuelle » le 23 mai, « La section syndicale, prochaine étape de l’escalade marxiste » le 26 mai et « Face à la machine révolutionnaire » le 17 juin. Documents dont les tirages ont dépassé les 500 000 exemplaires selon Guillaume, grâce à l’appui de « simples particuliers, d’entreprises, de syndicats, d’associations ». Guillaume en conclut à raison: « Cette flambée nous amène à conclure que, lorsque tout va bien en apparence, nos concitoyens se préoccupent surtout de leurs travaux personnels et de leurs jeux, en négligeant ces activités fondamentales mais austères que nous leur proposons ; aux heures graves ils se souviennent qu’il existe des bases solides sur lesquelles ils aimeraient se réfugier »), L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 1er novembre 1965, n° 468, 15 avril 1966, 5 septembre 1966 (reproduction d'une conférence de Jean-Louis Guillaume, "La marche au socialisme est-elle irréversible ?", n° 526, 15 juillet 1966 (conférence de Guillaume), n° 567, décembre 1970 ( conférence de Guillaume lors de l'AG de l'ACEL). Jean-Louis Guillaume (1917-2009) est P-DG depuis 1963 de la Société des anciens établissements Emile Regnier, Président (1967-84) de la Chambre syndicale nationale de la mécanique de haute précision, Président (1967-83) du groupement des industriels de la région de Versailles, Président (1976-82) de l’Union des organisations patronales d’Ile-de-France: cf. Notice biographique de J-L Guillaume dans le Who's who, Les Ets Regnier. Cf. aussi le site du CEE, qui développe aujourd'hui une activité de formation au management en s'appuyant discrètement sur la doctrine sociale de l'Eglise: cee-management.com, "50 ans d'histoire du CEE" ( le CEE aurait été fondé en 1962 )
  10. Il donne une conférence en 1958 (« Comment ma mission en Russie a fait de moi un libéral »), donne un article en 1960 au périodique de l'ACEL (« De la nécessité en France d'une cour suprême de justice »), donne une conférence avec Pierre Lhoste-Lachaume en 1963 pour une manifestation organisée conjointement par l'ACEL, le Point de rencontre spiritualiste et le Réveil économique, à laquelle assistent Raoul Audouin , William François, Jean-Paul David, secrétaire général du parti libéral européen, Daniel Villey, René Gillouin, assiste à une conférence de Gaston Leduc en 1967, aux côtés de Daniel Villey, William François, Jean-Paul David : L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 25 avril 1958, 1er décembre 1960, 1er avril 1963, 1er septembre 1967
  11. Un futur vice-président de l'ALEPS, Fred Aftatlion, est administrateur de l'ACEL en 1970: L'Informateur des chefs d'entreprise libres, n° 565, octobre 1970. Il a donné une conférence à l'ACEL en 1968 ; il était alors directeur du laboratoire Roger Bellond (Ibid., n° 523, mai 1968)

Références

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  1. a et b La Gazette d’Annonay, (lire en ligne)
  2. « Le Journal », sur Gallica, (consulté le )
  3. Le Réveil économique, (lire en ligne)
  4. François Denord, Néo-libéralisme version française, op. cit.,
  5. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 7/12/1963, no 464, 1/9/1095: 25e anniversaire de l'ACEL: étapes, qui omettent le mot "corporatiste" de ses débuts (comme également l'article de Daffos) et mettent en avant son refus du dirigisme de Vichy, avec une entrevue orageuse avec Jean Bichelonne en 1944
  6. « L'AVENIR DE LA LIBRE ENTREPRISE », sur Revue Des Deux Mondes (consulté le )
  7. L'Informateur des chefs d'entreprise, 1/12/1965
  8. L'Informateur de l'entreprise à capital personnel, no 98, 10/6/1949
  9. a et b Revue de l'Action populaire, janvier 1950
  10. Ibid., 10/5/1952, 25/3/1954, 15/5/1966 (réorganisation du comité avec un nouveau président, Dujardin, qui remplace Claudius Monot), no 605, mai 1974 (relance de son action dans la capitale)
  11. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, no 763, décembre 1989-janvier 1990, "Adieu", La Presse économique et financière en France, 1980, p. 44
  12. Le Monde, 15 mai 1972, manifeste de l'ACEL
  13. La Revue des deux mondes, juin 1964, Lucien Daffos, "L'avenir de la libre entreprise" (Lire en ligne)
  14. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, no 605, mai 1974 (le devoir des patrons est de "s'opposer au totalitarisme en votant contre le candidat des communistes" ), no 678, avril 1981: "Si Monsieur Mitterrand gagnait les élections", no 679, mai-juin 1981
  15. Who's who, 1965-66
  16. Le Monde, 5 avril 1967
  17. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, no 700, juin-juillet 1983: Il était jusqu'alors vice-président délégué.
  18. Le Monde, 15/6/1955. Elle est représentée au comité directeur par un délégué, Daffos, puis deux (Gustave Prost), puis trois : L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 5/7/1966, qui note des « divergences de vue parfois sérieuses »
  19. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 1er février 1965, L'Industrie des cycles, mars 1965, René Berger-Perrin, "L'heure de vérité" ( extraits de l'Informateur )
  20. François Denord, "Les idéologies économiques du patronat français au XXe siècle", Vingtième siècle. revue d'histoire, no 114, avril-juin 2012, p. 178, Le Monde, 21 mai 1948, "La première réunion de l'Association de la libre entreprise"
  21. Le Monde, 25 août 1955
  22. Le Monde, 1er septembre 1955
  23. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 1/12/1965: 15/9/1961 (à Turin), 23/9/1964 (Semmering) , 15/9/1965 et 15/10/1965 (Stresa), 15/10/1966 (Tokyo), 1/10/1967 (Vichy), 1/10/1968 (Aviemore), septembre 1970 (Munich), octobre 1972 (Montreux)
  24. L'Informateur de l'entreprise à capital personnel, 25/5/1953, 25/3/1956, 10/10/1056, 1/4/1963, 15/7/1963. Louis Billiet décède en 1963
  25. L'Informateur de l'entreprise à capital personnel, 10/5/1952, 25/5/1953, 10/6/1953, 25/3/1954, 25/3/1956, 10/10/1956, 10/2/1959, 25/12/1959, 1/4/1963, 1/6/1964
  26. Ibid., no 509, 1/10/1967 ("Le libéralisme, idéal simple et viril" ), no 523, mai 1968, no 528, 15/9/1968, no 532, 15/11/1968, n° 576, octobre 1971, n° 583, mai 1972, no 589, décembre 1972
  27. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 15/7/1963
  28. Le Réveil économique, 31 mai 1953
  29. Collection du Réveil économique (en ligne sur Retronews)
  30. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, 1/6/1964
  31. Ibid., n° 438, 1er juin 1964, Jean-François Colas, Patronat et réseaux d'influence: l'exemple de Georges-René Laederich, ou les ambiguïtés du néolibéralisme chrétien, dans Collectif, Histoire de l'Europe libérale, Libéraux et libéralisme en Europe, XVIIIe-XXIe siècle, Nouveau monde éditions, 2016, p. 274
  32. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, no 653, novembre 1978. Cf. site des amis de Raoul Audouin (cf. notamment la biographie croisée d'Audouin et Lhoste-Lachaume ), Jacques Garello, 22 avril 2005, "Raoul Audouin: libéral et croyant", sur le site libres.org
  33. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, no 605, mai 1974
  34. Ibid., no 464, 1/9/1965
  35. Ibid., n° 505, 1/7/1967, n° 579, janvier 1972
  36. Ibid., no 605, mai 1974.
  37. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, n° 499, 15 mars 1967, "Chefs d'entreprise, votre place est au congrès de Lausanne". Son compte-rendu dans le n° 501 du 1er septembre 1967
  38. Notice biographique de J-P Delsol sur le site de l'IREF
  39. L'Informateur des chefs d'entreprise libres, n° 650, juin-juillet 1978, historique des liens avec le Cercle par un vice-président de l'ACEL, Hoppenot
  40. Ibid., n° 642, octobre 1977: accord passé avec ETHIC d'Yvon Gattaz
  41. Ibid., n° 629, mai 1983
  42. Ibid., 1/5/1967, 1/1/1969
  43. En 1964, 1977 (conférence sur « l'avenir de la liberté...de toutes les libertés » (Ibid., n° 635, février 1977)
  44. Présence à l'AG de 1977 ( Ibid., n° 635, février 1977 ), de 1978 ( Ibid., n° 650, juin-juillet 1978
  45. Le Réveil économique, 15 décembre 1960 (en ligne sur Retronews)
  46. Ibid., n° 625, mars 1976
  47. Ibid., no 653, novembre 1978, n° 668, avril-mai 1980
  48. Le Monde, 14/2/1981