Artéfact
Artefact
Un artéfact, ou artefact, est un effet (du latin factum) artificiel (ars, artis). Le terme désigne à l'origine un phénomène créé de toutes pièces par les conditions expérimentales. En tant qu'objet fabriqué, l'artéfact regroupe les ustensiles, les bâtiments et œuvres d'art, mais exclut « les personnes, les organismes (végétaux ou animaux), les particuliers naturels non vivants (les pierres, les fleuves, les glaciers) »[1].
Un artéfact est aussi un effet indésirable, un parasite par exemple en électronique.
Le mot désigne également, de manière générale, un produit ayant subi une transformation, même minime, par l’homme et qui se distingue ainsi d’un autre provoqué par un phénomène naturel.
Le mot admet donc plusieurs significations issues du sens originel.
Sciences et techniques
modifierBiotechnologies
modifierCe domaine questionne la notion sémantique et philosophique d'artéfact, car, comme le montre l'éthicien allemand Johannes Achatz[2] en novembre 2015[3], l'industrie biotechnologique commence à produire des « artéfacts biologiques » tels que, par exemple, des cellules ou organismes vivants, artificiels[4], en partie ou en totalité issus de la biologie synthétique. Cette nouvelle catégorie d'objets et d'êtres pose des questions éthiques et bioéthiques nouvelles.
Des ingénieurs en bioingénierie, comme George McDonald Church, annoncent pour demain la possibilité de recréer des espèces disparues ou des organismes entièrement nouveaux, éventuellement conçus avec un équivalent d'ADN ou d’ARN artificiels (qui seraient donc aussi des artéfacts). M. Müller, de l'Université Humboldt de Berlin, invite en 2016 à se préparer à la création de premiers organismes ou espèces dont les parents géniteurs seront un programme d'ordinateur et une machine à synthétiser de l'ADN[5]. J Caputi insiste sur le caractère de promesses qu'a ce type d'annonce de la part du secteur des biotechnologies et sur les ambiguïtés sous-jacentes à la notion émergente de biologie digitale. Il pourrait en sortir un choc non plus des civilisations, mais entre la Mère nature et l'anthropocène, qui pourrait créer de la vie artificielle et des machines vivantes (‘Living machines’). Des transhumanistes imaginent que ces dernières pourraient alors remplacer la nature et l'évolution et être mises au service d'objectifs humains, eux-mêmes améliorés[6].
Informatique
modifier- En informatique, un artéfact computationnel est le résultat obtenu par l'homme par l'usage d'outils ou de principes reliés aux domaines de l'informatique, du multimédia ou de la pensée computationnelle. Un artéfact computationnel peut être un programme, un script, un microprocesseur, une image, un jeu, une vidéo, une page Web, etc.
- En génie logiciel et plus particulièrement en UML, un artéfact désigne une entité utilisée ou produite pendant le cycle de développement d'un logiciel (code source, base de données, etc.)[7].
Sciences physiques et naturelles
modifierDans plusieurs domaines scientifiques, un artéfact est un phénomène ou un signal artificiel dont l’apparition, liée à la méthode utilisée lors d’une expérience, provoque une erreur d'analyse.
- En métrologie et en météorologie radar, un artéfact est un signal aberrant lié aux conditions de la mesure.
- En biologie (cytologie, histologie), un artéfact désigne une altération d'une structure biologique sous l'effet de réactifs (fixateurs, colorants, dessiccation, etc.)
- En neurologie et plus particulièrement en électroencéphalographie, un artéfact désigne l'impact des mouvements musculaires sur les tracés d'un examen de la mesure de l'activité électrique du cerveau. Les plus typiques sont les clignements des yeux pour lesquels on place généralement des capteurs dédiés pour les mesurer et tenter de les nettoyer après coup. Mais on parle aussi d'artéfact glossokinétique pour désigner l'impact des mouvements de l'organe de la langue sur les résultats.
Techniques
modifier- En photographie, électronique et informatique, un artéfact est un élément indésirable ou défectueux. Sur une image, on parle d'effets de blocs. Dans une vidéo analogique, les artéfacts les plus communs portent sur la couleur et la luminance. Sur une image numérique, un artéfact désigne tout pixel dont la couleur a été générée de manière aléatoire. Le traitement du son par des moyens informatiques peut également produire des bruits indésirables ou des crachements plus ou moins perceptibles. La télévision numérique, qu'elle soit diffusée de façon terrestre, satellitaire, par le câble, ou par internet, est aussi sujette à l'apparition impromptue d'artéfacts : mosaïque, pixellisation, image figée, macrobloc… Les artéfacts numériques peuvent être le résultat de la compression des données.
Sciences humaines et sociales
modifier- En sciences de l'information et de la communication, un artéfact de communication est une erreur grossière et récurrente.
- En archéologie et anthropologie, un artéfact est, par extension de l'anglais artifact, un objet fabriqué par l'être humain.
- En psychologie, un artéfact est un fait psychique artificiel, produit par les techniques employées dans l’exploration de la conscience.
- En management, dans la gestion des processus, un artéfact représente tout document (règlement, graphique, procédure) identifié au sein d'un processus[réf. nécessaire].
Archéologie
modifier- En archéologie, les artéfacts constituent une partie du mobilier, en même temps que les structures qui relèvent de l'immobilier, l'ensemble formant ce qu'on appelle un contexte archéologique. Le mobilier se compose des artéfacts, objets fabriqués par l'homme, et de prélèvements qui peuvent relever de l'environnement (sols, encaissant, pollens...) ou résulter d'activités humaines (faune, charbons, graines récoltées, etc.). Du point de vue ethnographique et archéologique, un artefact ancestral peut être défini comme tout objet de matière première naturelle (silex, obsidienne, bois, os, cuivre natif, etc.) fabriqué par des personnes qui suivent un mode de vie alimentaire (par exemple, la chasse, la cueillette) et/ou l'agriculture de base ou le pâturage (par exemple, l'horticulture, la transhumance)[8].
Ergonomie
modifierSelon Pierre Rabardel, un artéfact est « donc tout objet technique ou symbolique ayant subi une transformation d’origine humaine, si petite soit-elle. Il donne l’exemple du dispositif de pilotage du bras manipulateur d’un petit robot qui déplace des objets dans l’espace. De ce point de vue, l’appellation d’artéfact est directement mise en relation avec toute action ou activité humaine »[9].
Culture et arts
modifierBande dessinée
modifier- Artefact est une maison d'édition underground ayant existé de 1977 à 1985.
Jeux
modifierDans les univers de fantasy, les jeux de rôle et leurs dérivés, le mot artéfact est parfois utilisé pour désigner une relique, un objet magique, unique et très puissant.
Littérature
modifier- Artefact : Machines à écrire 1.0 est un roman de Maurice G. Dantec publié en 2007.
Musique
modifierLe terme est également utilisé dans le domaine de la musique :
- Artefact est le nom du groupe punk/new wave dont Maurice G. Dantec était l'un des membres dans les années 1980.
- Artefact est le nom d'un groupe français de black metal, de 2000 à 2010.
- Le Festival des Artefacts est un festival de musique qui a lieu à Strasbourg au mois d'avril.
Presse
modifierArtéfact - culture éclectique est une revue en ligne bilingue (français-anglais) paraissant depuis septembre 2012 (ISSN 2262-2780) et un portail d'information de l'association Artéfact.
Série et films
modifier- Artéfact, dans l'univers de fiction des Transformers.
- Draculi & Gandolfi de Guillaume Sanjorge, l'intrigue se déroule autour d'un gland sacré, un artéfact que possède la magicienne Madeloun (interprété par Magali Semetys). Ce gland est transmis à l'ouvrier Gamoche (interprété par Remi Barrero) puis récupéré par le chevalier Artufeli (interprété par Laurent Artufel) qui va s'en servir pour s'attirer les faveurs de la reine (interprété par Karine Lima) du roi Gandolfi. Ultérieurement, le gland sera employé par son détenteur pour précipiter ses ennemis en enfer et persuader un sarrasin de devenir chevalier[10].
Notes et références
modifier- Stéphane Ferret, L'identité, GF Flammarion, coll. "Corpus", 1998, p. 205.
- Johannes Achatz travaille au Centre for Ethics de Jena (Friedrich Schiller University Jena), Jena, Allemagne
- Achatz J (2016) Evaluating biological artifacts ; Synthetic cells in the philosophy of technology In Synthetic Biology (p. 101-119). Springer Fachmedien Wiesbaden (résumé).
- Henri Atlan (mars 2005). Édition du Seuil. La librairie du XXIe siècle. Collection dirigée par Maurice Olender. Titre, L'Utérus artificiel (résumé).
- Müller M (2016). “First Species Whose Parent Is a Computer”—Synthetic Biology as Technoscience, Colonizing Futures, and the Problem of the Digital. In Ambivalences of Creating Life (pp. 101-113). Springer International Publishing (résumé).
- Caputi, J. (2016). 3 Mother Earth meets the Anthropocene. Systemic Crises of Global Climate Change: Intersections of Race, Class and Gender, 20.
- (en) Kirill Fakhroutdinov, « UML Artifact », sur uml-diagrams.org (consulté le )
- (en) Hortolà, P., « From antiquities to memorabilia: a standardised terminology for ancestral artefacts according to manufacture date », Studia Antiqua et Archaeologica, vol. 23, no 2, , p. 213–225 (lire en ligne)
- Claver Nijimbere, « Approche instrumentale et didactiques »
- Draculi & Gandolfi, AlloCine, consulté le