Argot parisien

argot en usage à Paris

L’argot parisien est l'argot en usage à Paris. Il s'agit d'un géolecte (variété linguistique considérée sous l’angle de l’aire géographique occupée).

Historique

modifier

L'argot parisien a deux sources principales : l'argot des métiers et l'argot dit des voleurs. Il intègre des expressions dont l'étymologie est régionale ou étrangère.

Il reste très vivace dans les rues de la capitale jusqu'aux années 1970. L'évolution sociologique de la population parisienne explique en grande partie cette « mort » de l'argot parisien, qui ne se pratique plus que dans les vieux quartiers ou dans la banlieue de la capitale, sous une forme ayant évolué. L'argot parisien ne fait pas partie des langues régionales reconnues dans l'enseignement.

Les plus grandes inventions argotiques récentes reviennent à Frédéric Dard (San Antonio), au dialoguiste de films Michel Audiard, aux chanteurs Pierre Perret et Renaud, et aux sketches comiques de Coluche.

Dans la littérature

modifier

C'est surtout la littérature qui diffuse « la langue verte ».

On peut notamment citer :

On peut également citer :

Dans la chanson

modifier

Divers auteurs et interprètes célèbres de chansons emploient l'argot : Aristide Bruant, Georges Brassens, Renaud, Jacques Brel, Édith Piaf...

Au cinéma

modifier

Certains films, à des fins d'humour, utilisent massivement l'argot. On peut notamment citer Les Tontons flingueurs.

Termes français en argot parisien

modifier
  • Argent :
artiche, as, aspine, aubert, avoine, balles, beurre, biftons, blanquette, blé, boules, braise, brèles, brique, bulle, caillasse, caire, carbure, carme, craisbi, douille, faf, fafiots, fifrelins, flouze, fourrage, fraîche, fric, keufri (verlan de « fric »), galette, galtouse, ganot, genhar (verlan de « argent »), gen-gen, gibe, graisse, grisbi, japonais, love, maille, mornifle, némo (verlan de « monnaie »), os, oseille, osier, patate, pélot, pépettes, pèse, picaillons, pimpions, plâtre, pognon, radis, ronds, sacs, soudure, talbin, trèfle, thune
  • Boire :
piave (tzigane), tiser, séti (verlan de « tiser »), pichtav (tzigane), bibiner, se mettre la tête, se pochtronner
  • Femme :
bombe, frappe, fraicheur, frangine, feumeu (verlan de « femme »), gamoss, gazelle, gerce, gisquette, gonzesse, greluche, greluse, grognasse, meuf (verlan de « femme », apocope de « meufa »), morceau, nana, nière, polka, poupée, sœur, souris, star, taupe, go, gnasse, sac, tas
  • Homme :
branque, cave, gland, hottu, lavedu, pégreleu, gadjo, gonze, keum (verlan de « mec », apocope de « keumé »), mec, nombo, raclo
  • Manger :
becqueter, bouffer, boulotter, briffer, casser la croûte, casser la graine, casser la dalle, claper, croûter, damer, daller, galimafrer, grailler, grailletence, jaffer, mastéguer, morfiler, tortorer
  • Policier :
archer, bleu, bignolon, bourdille, bourres, chtar, chmits, cogne, condé, flic, képi, keuf (verlan de « flic », apocope de « keufli »), matuche, pandore, perdreau, poulet, poulagas, poulardin, pouleman, roussins, royco, schmitt
policiers de l'inspection générale des services : les bœuf-carottes
  • Siège de la Police judiciaire :
la grande volière, la maison parapluie, la maison poulaga, la maison pullman, la tour pointue
  • Faire l'amour :
baiser, cartoucher, dauffer, donner, démonter, kène (verlan de « niquer », apocope de « kéni »), kentance, niquer, pinner, troncher, bourrer, défoncer, harponner, tringler, limer, fourrer, bouillaver (tzigane), taraud, douiller, culbuter (derrière le buisson), tirer, sauter...
  • Frapper :
péta[a], péfra, marave (tzigane), défoncer, ruiner, éclater, terminer

Argot des lieux

modifier

Toponymes

modifier

Sources : L’argot au XXe siècle : Dictionnaire français-argot[2] et Le dictionnaire de l’argot et du français populaire[3].

Monuments

modifier

Loisirs

modifier

Prisons

modifier

Banlieue

modifier

Transports

modifier

Notes et références

modifier
  1. Verlan de « taper » ; « péta » signifie plus communément « voler ».
  2. On dit Faire les bouls chez les prostituées (1905) et les camelots (1925) ; on y trouve également des boulevardières (1905), ces « Femme(s) galante(s) qui (ont) choisi les boulevards comme un champ fertile pour (leur) clientèle » (H. France, 1907). Le boulevard est aussi nommé le banc de Terre-Neuve (1881), parce qu’y abonde la « morue ».
  3. Les habitants du quartier étaient les « Gnollais ».
  4. En javanais (argot).
  5. Autour de la Maub', « il fallait un vocabulaire très particulier pour commander un verre : une absinthe se réclamait sous l’appellation "purée de pois", un café avec un cognac : "un grand deuil" […] un verre de cognac : "un pétrole", une fine champagne : "une cogne", un bock : "un cercueil". » (P. Mellot, 1993)
  6. Désigne le quartier du Châtelet et des Halles.
  7. Où dansaient, déjà au début du siècle, les Mabillards et les Mabillardes, ces « jeunes gens et demoiselles de mœurs légères, habituées du bal Mabille » (H. France, 1907).
  8. Argot des ébénistes, qui appelaient aussi Madagascar Bagnolet et Nouméa Montreuil. C'était là que se trouvaient les cayennes, ces grands établissements industriels, sortes de bagnes suburbains qui exploiteront la misère jusqu’au début du XXe siècle.
  9. Argot homosexuel.
  10. Argot de la prostitution.
  11. Argot des bouchers.
  12. Alors que les marneuses (1878) racolaient le long des berges de la Marne.
  13. Argot homosexuel.
  14. De l'argot « cifelle » pour « ficelle » (Caradec & Pouy, Dictionnaire du Français Argotique et Populaire, Larousse, 1975.)
  15. car « on y guinche le samedi, jour de paye » (P. Larousse : p. 759)
  16. Représentatif du parler en go comme « Pélago » (1888, Césaire Villatte, Parisismen).

Références

modifier
  1. Dans Les Misérables de Victor Hugo, l'auteur consacre le septième livre de la quatrième partie de son ouvrage à un brillant exposé sur l'argot.
  2. Aristide Bruant, L’argot au XXe siècle : Dictionnaire français-argot, Paris, Flammarion, 1901.
  3. Jean-Paul Colin/Mével, Christian Jean-Pierre/Leclère (Hgg.), Le dictionnaire de l’argot et du français populaire, Paris, Larousse, 2010.
  4. « Le garçon du marchand de vin d’à côté secouait un panier à salade et quelques gouttes d’eau atteignirent le front de la jeune fille qui se retourna et s’écria avec une voix de rogomme et le plus pur accent mouf-mouf : "Ah ! mince… tu pourrais donc pas secouer tes pissenlits d’équerre, espèce d’mastroc empaillé !" » (Clairon, 1882 ; in : Delvau, Alfred/Fustier, Gustave, Dictionnaire de la langue verte, Paris, C. Marpon & E. Flammarion, 1883 ; supplément, article « Mouf »).
  5. « Moi j’suis pas faub. Saint-Germe et j’fous mon poing su’ la gueule à celui qui veut s’payer ma poire. » (1901, Bruant, article : « distingué »)
  6. « De Ménilmuche à Montparno » (1881, Richepin), « Autre sonnet bigorne », dans La Chanson des Gueux; le poème et le mot Montparno ne se trouvent pas dans l'édition de 1876, comme on l'a affirmé et comme on l'affirme trop souvent à tort, mais dans celle de 1881 (voir Denis Delaplace, 150 ans d'éditions de la Chanson des Gueux de Jean Richepin, 2022, deuxième partie, chapitre 10 « Colin et alii 2010 »).
  7. Thierry Petitpas, De Paname à Ripa : histoire d’une rupture, UFR LASH – Sections FLE-EFE, Université de Nice-Sophia Antipolis, 2003.
  8. Thierry Petitpas, 2003.
  9. Dictionnaire de l’argot et du français populaire
  10. Bruant 1901
  11. Jean Richepin, Chanson des gueux, Paris, 1881. Maurice Dreyfous : « Sans ça j’tire encore un congé / À la Maz! »

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier

Articles connexes

modifier