Archéomythologie
L'archéomythologie est l'étude de l'archéologie à travers la discipline de de la mythologie [1]. Cette discipline développée par l'archéologue lituanienne-américaine Marija Gimbutas "afin d'élargir les limites de l'interprétation archéologique des cultures préhistoriques, en mettant l'accent sur l'idéologie, la structure sociale et le symbolisme (voir Gimbutas 1989, 1991)"[2] est principalement appliquée aux pays d'Europe de l'Est.
Méthodes, hypothèses et avantages de la discipline
modifierComme le souligne la professeure adjoint d'archéomythologie, au California Institute of Integral Studies de San Francisco, Joan Marler
"L'archéomythologie combine l'archéologie, la mythologie, l'ethnologie, le folklore, la linguistique historique, la religion comparée et les informations provenant de documents historiques afin de fournir une base élargie à l'interprétation culturelle.[…] l'archéomythologie se distingue par des recherches synchroniques et diachroniques éclairées par les hypothèses suivantes : les cosmologies sacrées sont au cœur du tissu culturel de toutes les sociétés anciennes ; les croyances et les rituels exprimant des visions du monde sacrées sont conservateurs et ne peuvent pas être facilement modifiés ; de nombreux modèles culturels archaïques ont survécu à la période historique sous forme de motifs populaires et d'éléments mythiques au sein des traditions orales, visuelles et rituelles ; et les symboles, préservés dans des artefacts culturels, « représentent la grammaire et la syntaxe d'une sorte de méta-langage par lequel toute une constellation de significations est transmise » (Gimbutas 1989, xv). Ces symboles sont mieux étudiés « sur leurs propres plans de référence, groupés selon leur cohérence interne » (xv). L'information culturelle est également contenue dans les éléments de langage les plus anciens qui subsistent, rendus accessibles grâce à la paléontologie linguistique. Pour que les interprétations des croyances, des symboles et de la structure sociale soient plausibles, les conclusions doivent être étayées par des informations provenant de diverses disciplines."[2]
De plus, l 'archéologue Craig Kodos indique dans son livre Archeomythology que cette discipline peut raviver la vie dans le folklore ancien en validant une vérité cachée derrière l'histoire et révéler un portrait dynamique de l'histoire humaine car elle peut vérifier les vérités sous-jacentes[3].
Opportunités et limites de la discipline
modifierLe professeur, au Collège de France, Jean Guilaine, quant à lui, dans la préface du livre "Le langage de la Déesse" met avant le côté précurseur des travaux de Marija Gimbutas :
"Elle a ouvert la voie à une archéologie symbolique ou post-processuel (on dirait aujourd'hui cognitive), qui devait, à partir des années quatre-vingt, connaître d'importants prolongements, dans la sphère anglo-saxonne, en particulier. Elle a […] tenté de jeter un pont entre l'archéologie, l'histoire des religions et les legs mythologiques des traditions populaires, en prenant le risque de sacrifier les configurations toujours changeantes, à un pari des survivances dans la très longue durée." , et d'ajouter "Observée aujourd'hui avec quelque recul, l'entreprise [l'archéomythologie] s'est révélée positive, à la fois par les controverses engendrées comme par les avancées épistémologiques produites"[4]
Cela dit, l'archéologue de la religion Tõnno Jonuks précise que cette démarche met de côté certains éléments de l'archéologie :
"Bien qu'elle souligne l'importance de l'archéologie et qu'elle utilise ses sources dans une plus grande mesure que toute autre école dans les pays baltes, les études d'archéomythologie sont toujours basées sur le folklore et l'archéologie n'a été utilisée que de manière sélective. La plus grande partie du matériel archéologique qui ne pouvait pas être concilié avec le folklore a été laissée de côté et de nombreux phénomènes des religions passées n'ont donc pas été abordés car ils « ne peuvent pas être comparés au folklore "[5]
Conclusion
modifierl'archéomythologie est donc une discipline qui promeut l'interdisciplinarité dans la recherche culturelle, en mettant en évidence et en articulant les croyances, les rites et rituels, les structures sociales et les symbolismes des sociétés du passé et du présent. Cette discipline est le fruit de dialogue et de collaboration créative entre spécialistes de divers domaines[6] (linguistes, archéologue, mythologue, indo-européaniste)
Notes et références
modifier- Harald Haarmann et Joan Marler, Introducing the mythological crescent: ancient beliefs and imagery connecting Eurasia with Anatolia, Harrassowitz, (ISBN 978-3-447-05832-2), p. 7
- (en) Joan Marler, « Introduction to Archaeomythology », ReVision, vol. 23, no 1, , p. 2–2 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Craig Kodos, Archaeomythology, Lulu Publishing Services, (ISBN 978-1-4834-1610-6), pp 8-9
- Marija Gimbutas, Jean Guilaine, Camille Chaplain et Valérie Morlot-Duhoux, Le langage de la déesse, Des femmes, (ISBN 978-2-7210-0520-5)
- (en) Tõnno Jonuks, The Oxford handbook of the archaeology of ritual and religion, Oxford University Press, coll. « Oxford handbooks », (ISBN 978-0-19-885805-8 et 978-0-19-923244-4, The Oxford Handbook of the Archaeology of Ritual and Religion), p. 882
- https://www.archaeomythology.org/