Arbois (AOC)

région viticole

L’arbois[1] est un vin d'appellation d'origine contrôlée produit autour de la ville d'Arbois dans le vignoble du Jura et le département du Jura.

Arbois
Image illustrative de l’article Arbois (AOC)
Vignoble automnal de l'appellation arbois.

Désignation(s) Arbois
Appellation(s) principale(s) arbois[1]
Type d'appellation(s) AOC-AOP
Reconnue depuis 1936
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble du Jura
Localisation Jura
Climat tempéré continental avec influence montagnarde
Superficie plantée 812 hectares[2]
Cépages dominants savagnin B, chardonnay B, trousseau N et poulsard N[3]
Vins produits blancs, rouges, jaunes et de paille
Production 30 000 hectolitres[2]
Pieds à l'hectare minimum de 5 000 pieds à l'hectare
Rendement moyen à l'hectare maximum 55 à 66 hectolitres par hectare en rouges et rosés
60 à 72 hectolitres par hectare en blancs
20 hectolitres par hectare en vin de paille[4]

Le vignoble couvre une superficie de 800 hectares, soit presque la moitié du vignoble jurassien.

Il s'étend sur les communes de Abergement-le-Grand, Arbois, Les Arsures, Les Planches-près-Arbois, Mathenay, Mesnay, Molamboz, Montigny-lès-Arsures, Pupillin, Saint-Cyr-Montmalin, Vadans et Villette-lès-Arbois dans le département du Jura.

Histoire

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Depuis le Moyen-Âge

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Le vin d'Arbois jouissait déjà d'une grande réputation au XIIIe siècle. En 1285, lors du tournoi de Chauvency, le comte de Chiny sert du vin d'Arbois à ses invités. Cette mention apparaît dans le récit du trouvère Jacques Bretel, qui indique avoir bu ce vin en compagnie d'Henri de Briey.

Au début du XIVe siècle, on trouve également des traces de l'achat de vin d'Arbois dans les comptes de Mahaut d'Artois, qui en fait provision pour sa cour[5]

Inscription en AOC

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L'histoire du vin d'Arbois prend un tournant décisif en 1935 lorsque Joseph Girard, vigneron influent d'Arbois, est chargé de représenter le dossier du vignoble au Comité National des Appellations d'Origine (CNAO).

C'est dans ce cadre que la loi du 30 juillet 1935, qui établit les Appellations d'Origine Contrôlée (AOC), est adoptée.

Il obtient la première classification le [6] en concomitance avec Châteauneuf-du-pape, Tavel, Cassis et Montbazillac[7],[8].

Arbois est-il la première AOC française ?

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De nombreux articles de journaux et documents indiquent qu'Arbois est la première AOC française.

Le fait d'indiquer qu'Arbois est la première AOC française provient du fait que le 15 mai 1936, les cinq premiers Décrets relatifs à la définition d’appellations contrôlées sont produits par le Ministère de l'Agriculture, incluant Châteauneuf-du-Pape, Arbois, Cassis, Monbazillac, et Tavel. L'ordre alphabétique plaçant Arbois en tête des publications, cela a conduit à dire qu'Arbois est bien la première publication d'appellation contrôlée en France. Cet élément est parfois présenté comme une anecdote historique[9].

Toutefois, la législation et le Journal Officiel de la République Française n°0117 du 17 mai 1936[10] retiendront que Châteauneuf-du-Pape, Arbois, Cassis, Monbazillac et Tavel sont devenues appellations contrôlées au même instant à travers la publication du journal n°0117, et ceci en vertu du premier premier article du Code Civil[11].

Les vins et cépages de l'AOC Arbois

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Vins rouges

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L'AOC Arbois est principalement reconnue pour ses vins rouges, issus des cépages Trousseau, Poulsard et Pinot noir. Le Trousseau est un cépage typiquement jurassien, qui donne des vins charpentés, avec une robe intense et des arômes de fruits rouges mûrs et d'épices. Ces vins ont beaucoup de corps et un bon potentiel de garde, souvent jusqu'à 10 ans dans de bonnes conditions[12]. Le Poulsard, également typique de la région, produit des vins plus légers, délicats, avec une robe claire qui prend une teinte « pelure d'oignon » en vieillissant. Ses arômes sont dominés par des notes de fruits rouges frais comme la fraise et la groseille. Ce vin, plus fragile, se consomme généralement dans les 3 à 5 ans après la mise en bouteille[13]. Enfin, le Pinot noir, plus connu dans des régions comme la Bourgogne, est également utilisé dans certains assemblages ou seul. Il donne des vins élégants, fins et complexes, avec des arômes de fruits rouges et des épices, et se garde généralement entre 5 et 7 ans[12].

Vins blancs

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Les vins blancs de l'AOC Arbois proviennent des cépages Chardonnay, Savagnin, et, plus rarement, Pinot blanc et Melon à queue rouge. Le Chardonnay est vinifié dans différents styles, des vins jeunes et vifs aux vins plus complexes après un élevage en fût, avec des arômes de pomme, de poire, de noisette et parfois de beurre[14]. Le Savagnin, souvent vinifié en blanc sec, donne des vins puissants et aromatiques, avec des notes de noix, de pomme verte et de minéralité. Les vins blancs peuvent généralement se garder de 3 à 5 ans[12].

Vins jaunes

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Le vin jaune est issu exclusivement du cépage Savagnin. Ce vin est unique par son mode de vinification, qui implique un élevage sous voile de levures pendant un minimum de 6 ans et 3 mois, sans ouillage (remplissage des fûts). Le vin développe ainsi des arômes caractéristiques de noix, d'épices et de fruits secs. Le vin jaune se conserve dans des clavelins de 62 cl, des bouteilles spécifiques à ce vin. Ce type de vin peut se conserver plusieurs décennies, voire jusqu’à 100 ans dans des conditions optimales[13].

Vins de paille

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Le vin de paille est produit à partir des cépages Savagnin, Chardonnay, Poulsard ou Trousseau. Les raisins, récoltés manuellement, sont ensuite séchés sur des claies pendant plusieurs mois pour concentrer leurs sucres. Cela permet de produire un vin doux, riche en arômes de fruits confits, de miel et de caramel. Ce vin titrant généralement autour de 14,5 % vol. est rare et précieux, et peut se conserver jusqu'à 20 ans[15],[14].

Macvin du Jura et Crémant du Jura

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Le Macvin du Jura est un vin de liqueur obtenu en mélangeant du moût de raisin non fermenté avec du marc du Jura. Il est doux, fruité, et offre des arômes intenses de fruits jaunes et rouges, accompagnés de notes vanillées et épicées. Le Macvin est souvent servi en apéritif ou avec des desserts[13]. Le Crémant du Jura est un vin effervescent, élaboré selon la méthode traditionnelle, principalement à partir des cépages Chardonnay et Pinot noir. Ce vin pétillant est apprécié pour sa fraîcheur et sa finesse de bulles, et se consomme jeune[12],[14].

Autour du vignoble d'Arbois

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Certaines bouteilles anciennes portent sur leur étiquette le dicton : « Le vin d'Arbois, plus on en boit, plus on va droit ! », supprimé ensuite par l'application de la Loi Évin.

Chansons

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Une vieille chanson, le Tourdion, célèbre également les vins d'Arbois. Ce chant à boire, qui date du XVIe siècle, mentionne le vers : « Je bois Anjou ou Arbois » Cette chanson est encore reprise dans des contextes festifs et met en valeur la convivialité autour du vin d'Arbois[16].

Notes et références

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  1. a et b Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  2. a et b Le guide Hachette des vins 2010, Paris, Hachette, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237514-7, BNF 42083261), p. 665
  3. Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  4. Décret du 14 octobre 2009.
  5. Roger Dion, « Le vin d'Arbois au Moyen Age », Annales de Géographie, t. 64, no 343,‎ , p. 162-169 (lire en ligne)
  6. « Quel est le premier vignoble à avoir obtenu une AOC en France ? », sur J'aime mon patrimoine (consulté le )
  7. « Vignoble - La Fruitière », sur www.fruitiere-vinicole-arbois.fr (consulté le )
  8. « L'AOC Arbois fête ses 80 ans », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté, (consulté le )
  9. « Jura. Le saviez-vous ? Arbois a été la première AOC française », sur www.leprogres.fr (consulté le )
  10. « JORF n° 0117 du 17 mai 1936 - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  11. « Article 1 - Code civil - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  12. a b c et d Fruitière Vinicole d'Arbois
  13. a b et c Vineapolis
  14. a b et c La Cave du Vigneron
  15. Papilles et Pupilles
  16. Chants de France

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Colette Hanicotte, Vins et vignobles de France, Éditions Larousse, Paris 1997 - 2001 (ISBN 2-03-560263-7).

Lien externe

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Articles connexes

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