Apollon du Pirée

sculpture grecque antique

L'Apollon du Pirée est un kouros, une sculpture grecque archaïque, en bronze, mais problématique. Il est daté par certains vers 520 av. J.-C. environ ou au tout début du Ve siècle av. J.-C.[1]. Mais il était considéré par le spécialiste Claude Rolley comme une imitation, probablement au deuxième quart du Ve siècle, d'une statue du troisième quart du VIe siècle[2]. Il est conservé au Musée archéologique du Pirée.

Apollon du Pirée
Image illustrative de l’article Apollon du Pirée
Type Sculpture grecque archaïque en bronze
Dimensions 192 cm
Matériau Bronze
Méthode de fabrication Cire perdue
Période Vers 520 av. J.-C. ou 1re moitié du Ve siècle
Culture Époque archaïque,
Grèce antique
Date de découverte 1959
Lieu de découverte Entrepôt au Pirée
Conservation Musée archéologique du Pirée

Histoire

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Il a été retrouvé en 1959, en même temps que l'Athéna du Pirée et les deux Artémis du Pirée, dans un entrepôt du Pirée incendié lors la prise du port par les Romains, en -86. Cette statue attendait vraisemblablement d'être exportée vers l'Italie et pourrait provenir de Délos.

Description

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Comme les trois autres statues qui l'accompagnaient, il a été réalisé par la technique de la fonte creuse, selon la méthode indirecte à la cire perdue[3].

L'Apollon du Pirée représenterait selon George Steinhauer (el) l'ultime étape dans l'évolution des kouroï archaïques : après les figures robustes, bien portantes, rayonnantes d'assurance et souriantes de jeunes aristocrates comme le kouros d'Anávyssos, de la grande décennie de la sculpture archaïque 530-520, le motif du kouros avait été divisé en types : l'athlète, le héros et le dieu, grâce à de fines différences dans la forme, la posture et l'expression du corps. L'inversion du geste standard du kouros - ici il étend la jambe droite - vise à souligner le côté du corps où il tend la phiale, en offrant une libation. Le visage ne sourie d'ailleurs pas comme s'il s'agissait d'un kouros, car la statue qui incarne le dieu manifeste logiquement une grande solennité dans l'acte qu'elle accomplit[4].

Le kouros, d'une hauteur de 1,92 m, tenait des objets dont il reste des traces dans les mains. Claude Rolley précise que cet Apollon tenait certainement une phiale et un arc. Le dieu est donc identifié par l'arc probable, qu'il tenait dans sa main gauche, tandis que dans la droite, il devait tenir une phiale — peut-être en or — comme l'indiquent les représentations du dieu sur des récipients et des sculptures miniatures. « Apollon aux cheveux dorés », il a également été identifié par ses cheveux qui, avec le pubis, étaient recouverts d'une fine feuille d'or[5].

À part cela il est intact, présentant seulement un peu de corrosion et quelques fissures sur la jambe gauche[6]. Ces fissures seraient dues, selon, Rolley à la corrosion de l'armature en fer. George Steinhauer précise en effet que l'enveloppe extérieure est très épaisse et que des sections de son noyau d'argile et de son armature de fer ont été trouvées à l'intérieur de la statue.

Notes et références

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  1. Au tout début du Ve siècle: Vasiliki Machaira, « Un Apollon remarquable : analogies thématiques dans la sculpture hellénistique de Rhodes et de Délos », Revue Archéologique, vol. 2, no 58,‎ , p. 285 à 296 (index 5) (lire en ligne, consulté le )
  2. Claude Rolley, La sculpture grecque : 1. Des origines au milieu du Ve siècle, Picard, , 438 p., 29 cm (ISBN 978-2-7084-0448-9, SUDOC 003475824), p. 399 : « C'est une statue qui veut avoir l'air archaïque mais qui ne l'est pas dans le détail du travail ».
  3. Apollon du Pirée, Perseus Digital Library, Gregory Crane, Tufts University, qui date la statue v. 530 - v. 520 av. J.-C.
  4. (en) George Steinhauer, The Archaeological Museum of Piraeus, Athens, Latsis Group, , n.p. (ISBN 978-9-6086-7431-8, lire en ligne), p. 166.
  5. George Steinhauer, 2001, p. 166.
  6. Apollon du Pirée, Perseus, Tufts University. Dafas, K. A., 2019. Greek Large-Scale Bronze Statuary: The Late Archaic and Classical Periods, Institute of Classical Studies, School of Advanced Study, University of London, Bulletin of the Institute of Classical Studies, Monograph, BICS Supplement 138 (London), pp. 97–116, pls 82–126.

Articles connexes

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