Antonia (Tonia) Locatelli (16 novembre 1937 – 10 mars 1992) est née à Fuipiano Valle Imagna (province de Bergame) en Italie[1] et a vécu durant plus de 20 ans au Rwanda, en tant que religieuse puis en tant que laïque. Elle y a été directrice du Centre d’enseignement rural et artisanal intégré (CERAI) à Nyamata.

Antonia Locatelli
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Biographie
Naissance
Décès
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Nationalité
Activité
Tombe d'Antonia Locatelli à Nyamata.

Venue au Rwanda en 1972 avec des volontaires rattachés aux sœurs hospitalières suisses de sainte Marthe.

Elle s'engage dans des œuvres caritatives à Nyamata à travers l'éducation des jeunes filles.

Témoin de meurtre des réfugiés Tutsis dans la région de Nyamata en 1992, elle alerte la presse et les ambassades de Belgique et de France de la présence de forces de l'ordre venue de Kigali pour exécuter des Tutsis.

La même soirée, elle est fusillée en représailles par le gendarme Epimaque Ulimubenshi devant les bâtiments de son école où elle avait caché des Tutsis fuyant les tueries du régime Habyarimana.

Biographie

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En Suisse, où elle avait émigré, Antonia Locatelli entre dans la congrégation des Hospitalières de Sainte-Marthe de Beaune du canton de Fribourg. En 1968, elle se rend au Bénin puis, avec un groupe de sœurs, au Rwanda, à la mission de Nyamata, à 30 kilomètres au sud de Kigali. Elle renonce à ses vœux monastiques et y fonde et dirige une école pour filles, le Centre d’enseignement rural et artisanal intégré (CERAI) où l'on enseigne en particulier l'élevage[1].

En mars 1992, Antonia Locatelli est témoin des massacres de rwandais tutsis qui ont lieu dans la région du Bugesera (au sud de Kigali). Elle alerte par téléphone l'ambassade de Belgique.

Le 9 mars 1992, elle dénonce à Radio France Internationale (RFI) et à Radio BBC le rôle du Gouvernement dans les tueries visant les Tutsi au Bugesera qui ont fait plus de 500 victimes en une semaine.

Elle affirme que les meurtres sont commis par des personnes étrangères à la région et amenées là en voitures[2].

La même soirée, elle est fusillée en représailles par le gendarme Epimaque Ulimubenshi devant les bâtiments de son école où elle avait caché des Tutsis fuyant les tueries du régime Habyarimana.

Un officier de gendarmerie, Michel Robardey[note 1], témoigne qu'Antonia Locatelli a, le 9 mars 1992, alerté par téléphone de nombreuses personnes afin d'obtenir du secours[3].

« Je sais que les gens qui ont commis ces assassinats ont été amenés par des véhicules gouvernementaux. Contrairement à ce que dit le Gouvernement, ces tueries contre les Tutsi ne sont pas une colère populaire spontanée, c'est un mouvement délibéré du Gouvernement pour commettre des assassinats visant les Tutsis. »

Deux jours plus tard, le 11 mars 1992, l'ambassade de France à Kigali rend compte du décès d'Antonia Locatelli dans un télégramme diplomatique :

« Dans la commune de Kanzenze d'où sont partis les premiers massacres, une agression en pleine nuit contre des tutsis réfugiés à la paroisse de Nyamata a provoqué la mort d'une laïque italienne de 55 ans, sortie pour protéger ses élèves. La malheureuse a été atteinte de deux balles dans la poitrine tirée par les gendarmes. Méprise selon la version officielle, assassinat délibéré selon la rumeur. »

Antonia Locatelli est enterrée au mémorial de l'église de Nyamata. Sa tombe a été inaugurée par Paul Kagame qui lui a rendu hommage durant le discours qu'il a prononcé lors des commémorations[note 2] du 25e anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda : « Tonia Locatelli, tuée en 1992 pour avoir dit la vérité sur ce qui était à venir. Le seul réconfort que nous pouvons vous offrir est notre chagrin partagé, et le respect dû à celles et ceux qui ont eu le courage de faire ce qui était juste. »[4]

Distinction

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Le 04 juillet 2010, Antonia Locatelli est honorée d'une médaille de reconnaissance par Paul Kagame, lors de la journée nationale de libération.

Bibliographie

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  • Survie, Rapport Déni et non-dits : 25 ans de mensonges et de silences complice sur la France et le génocide des Tutsis du Rwanda, 4 avril 2019, lire
  • Jean-François Dupaquier, Richard Mugenzi, L'Agenda du génocide: le témoignage de Richard Mugenzi, KARTHALA Éditions, 2010 lire sur Google Livres
  • Jacques Morel, La France au cœur du génocide des Tutsi, 2010 lire sur Google Livres
  • Raphaël Doridant et François Graner, L' État français et le génocide des Tutsis au Rwanda, Édition Agone, 2020
  • Guillaume Ancel, Rwanda, la fin du silence: Témoignage d'un officier français, Éditions Les Belles Lettres, 2018
  • (it) « Antonia Locatelli. Una donna coraggiosa contro il genocidio ruandese », sur PadovaNet,
  • (it) Pierantonio Costa, Luciano Scalettari, La lista del console. Ruanda: cento giorni un milione di morti, Paoline, 2004, p. 43
  • (it) André Sibomana, J’accuse per il Rwanda. Ultima intervista a un testimone scomodo, Turin, Gruppo Abele, 1998, p. 65;117
  • (en) Nicki Hitchcott, Rwanda Genocide Stories, Oxford University Press, 2015, p. 142-147 lire sur Google Livres

Notes et références

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  1. Michel Robardey, officier de gendarmerie, séjourne au Rwanda de 1990 à 1993. Conseiller technique de police judiciaire, il a dirigé le programme de formation des officiers de police judiciaire (OPJ)
  2. Kwibuka est le nom donné, en langue kinyarwanda, à la commémoration annuelle du génocide

Références

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  1. a et b PadovaNet.
  2. Jean-François Dupaquier, Politiques, militaires et mercenaires français au Rwanda. Chronique d'une désinformation, KARTHALA Éditions, 2014, p. 193 lire en ligne sur Google Livres
  3. Le lieutenant-colonel Michel Robardey et le génocide des Tutsi, 22 janvier 2017 [lire en ligne]
  4. Address by President Kagame at 25th Commemoration of the Genocide against the Tutsi, Kwibuka 25 [lire en ligne]

Articles connexes

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Liens externes

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