Antoni Taulé

artiste-peintre catalan

Antoni Taulé est un artiste catalan né le à Sabadell[1] dans la province de Barcelone. Bien qu’il réalise des photographies – voire des performances dans ses œuvres de jeunesse[2] – ou encore des décors de théâtre, la peinture est la technique la plus souvent retenue dans sa recherche picturale où l’architecture a une belle part mais dont l’« ombre[3] » est le réel fil conducteur. Son travail est à rapprocher de la Nouvelle figuration sans que Taulé ne le revendique pleinement. Il vit et travaille principalement à Paris ainsi qu’à Formentera (Îles Baléares) bien qu’ayant résidé de nombreuses années en Suisse. Il a été marié à Lætitia Ney d’Elchingen (1940-2005), descendante du maréchal Ney, et petite-nièce et héritière de l’écrivain surréaliste Raymond Roussel.

Antoni Taulé
Taulé devant un de ses tableaux à la Besharat Gallery, Atlanta, 2012.
Naissance
(79 ans)
Sabadell, Barcelone (Espagne)
Nationalité
Espagnole
Activité
Formation
Escola Tècnica Superior d'Arquitectura de Barcelona (ETSAB)
Maître
Mouvement
Influencé par
Distinction
Sites web

Biographie

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Après un début de scolarité en milieu catholique privé (Valldemia de Mataró), Taulé obtient un diplôme d’architecture à Barcelone tout en fréquentant le monde des artistes-peintres dont son village natal regorge (son père, industriel du cardage de la laine, en est l’exemple même). Si, dès 1965, il expose ses peintures à Sabadell, Sitges et Barcelone, en qualité d’architecte, Taulé collabore simultanément à la construction de l’Université autonome de Barcelone. En 1970, il s’établit même à Formentera pour réaliser la construction d’un imposant complexe hôtelier[4]. C’est dans cette île des Baléares qu’il rencontre Lætitia Ney d’Elchingen qui deviendra sa femme ; ils auront deux enfants, Djamilla et Tigrane. En 1972, Taulé décide de parfaire ses connaissances picturales en suivant un cursus à la Royal Academy of Arts et au Chelsea College of Art and Design de Londres. Nous sommes en 1975 lorsque les choses prennent une réelle nouvelle tournure : Taulé décide de se consacrer essentiellement à la peinture et à la photographie – bien que cette dernière discipline ne sera révélée au public qu’en 2006 à la Maison de la Catalogne à Paris. En cette année 1975, Taulé s’installe à Paris et commence une carrière artistique internationale[5].

Dans Taulé-filiacions[6] (ouvrage bilingue catalan-français), Joaquim Sala-Sanahuja résume  ainsi le travail de Taulé : « Dans son œuvre picturale, nous pouvons distinguer plusieurs étapes ayant un point commun : la représentation de grands espaces naturels ou architecturaux, transformés par la présence – ou l’absence – inquiétante d’un personnage ou d’un objet. » Ces « espaces naturels ou architecturaux » sont la préoccupation immédiate et obsessionnelle de l’architecte qui fut, doublé de celle d’un metteur en scène… de l’ombre. Cette antienne débute de manière évidente avec les travaux sur papier et photographies de la série « Ombre » de 1974[7] et ira jusqu’au point extrême de la série « Lumière de terre » (1984-1988) où l’artiste peindra, depuis les entrailles de la terre, les grottes de Formentera. Les liens avec le Japon ne feront qu’approfondir cette recherche sur l’ombre, consolidée par la traduction et donc la lecture possible de l’Éloge de l’ombre de Tanizaki Junichiro par René Sieffert (1977), ouvrant ainsi une part de la culture japonaise aux Français. Alain Jouffroy, alors conseiller culturel auprès de l’ambassade de France à Tokyo, invite Taulé à exposer au pays du Soleil-Levant (Tokyo, Nagoya, Osaka, Kitakyushu, Fukuoka).

Observer de près l’ombre – et la lumière[8] – donne naissance à la notion de seuil[9] et incite Taulé à se rapprocher de la scénographie. C’est au côté de Ariel Garcia-Valdès que Taulé interviendra une première fois pour la mise en scène de Les Trois sœurs (1985). Suivront ensuite une fructueuse collaboration avec le théâtre ou l’opéra : avec Rudolf Noureev alors directeur du Ballet de l’Opéra de Paris (Washington Square), Sergi Belbel (El Criptogramma), Pere Planella (El Maniquí), Rosa Nowell (Les Femmes savantes), Jean-Claude Auvray (en) (Dialogue des carmélites), Simone Benmussa (Pour un oui ou pour un non, Enfance), Hermann Bonnín (Savannah Bay)…

En 1995, la maison familiale des Taulé, qui se retrouve dans de nombreuses toiles, notamment dans la série « Fragment Thalia »[10], devient le siège de l’Alliance française de Sabadell. Comme pour statuer sur cette fin, une série sur fond gris anthracite où se retrouvent les esquisses de la Casa Taulé ouvre sur des paysages, invitant le personnage à les explorer, à sortir « dehors ».

2002, naissance d’une architecture utopique qui meuble le paysage désert où « […] le trait et la surface, le net et le flou, le lisse et la moire […] s’affrontent. »[11].

Les travaux récents font référence simultanément à la littérature et à la peinture, telle La Perspective pense (2010, voir le site du peintre) où Picasso côtoie Kafka (atmosphère de Le Château), se heurtant tous deux aux paradigmes de notre vie contemporaine… comme un retour aux « Intérieurs » et aux personnages, un point de vue particulier sur l’habitat.


Antoni Taulé, La Perspective pense, 2010.

Expositions personnelles

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  • 1966 Acadèmia de belles-arts, Sabadell, Espagne.
  • 1967 Palau Maricel, Sitges, Espagne.
  • 1973 Sala Gaudi, Barcelone.
  • 1975 Galerie Mathias Fels, Paris.
  • 1976 Galeria Maeght, Barcelone.
  • 1977 Galerie Beaubourg, Vence.
  • 1979 Salo del Tinell, Barcelone.
  • 1981 Galerie Jan de Maere, Bruxelles.
  • 1982 Maison de la culture, Grenoble, France.
  • 1983 Hastings Gallery, New York.
  • 1985 Maison de la culture, Le Havre, France.
  • 1985 Galerie Takagi, Nagoya.
  • 1986 Musée de Kitakyu Shu, Japon.
  • 1986 Musée de Fukuoka, Japon.
  • 1987 Musée Goya, Castres, France.
  • 1988 Sala de l’Ajutament d’Ager, Espagne.
  • 1988 Galerie AB, Granollers, Espagne.
  • 1989 Galerie du Centre, Paris.
  • 1989 Galeria Susany, Vic, Espagne.
  • 1990 Galeria Lola Cerdan, Barcelone.
  • 1992 Sala Gaspar, Barcelone.
  • 1993 Galerie Kiron, Paris.
  • 1995 Galeria Lucien Schweitzer, Luxembourg.
  • 1996 Alliance Française, Casa Taulé, Sabadell, Espagne.
  • 1998 Galerie Kiron, Dallas-Fortworth, États-Unis.
  • 1999 Acadèmia de belles-arts, Sabadell, Espagne.
  • 2002 Galerie Ollier, Fribourg, Suisse.
  • 2005 Shanghai Art Fair, Chine.
  • 2006 Villa Tamaris centre d’art, La Pintura de Taulé, peintures 1966 – 2006, La Seyne-sur-mer (Toulon).
  • 2008 Galerie Noordeinde, La Haye, Pays-Bas.
  • 2010 Fundació Vila Casas, Can Framis, « La Magie du silence », Barcelona.
  • 2011 Galerie Julio Gonzalez, Identité Altérité, Arcueil, France.
  • 2012 Centre d’études Catalanes, Paris.
  • 2013 Instituto Cervantes, Paris.
  • 2018 Galerie Schwab-Beaubourg, « Insula Lux », peintures 2017 – 2018, Paris.
  • 2018 Galerie Photo12, photographies récentes, Paris.

Bibliographie

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Monographies

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Catalogues d'exposition

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  • Alain Jouffroy, « Espace hors temps », catalogue de la galerie Mathias Fels, Paris, juin-.
  • Joaquim Sala-Sanahuja, « Vélasquez aveugle », Alain Jouffroy, « Espace hors temps », catalogue de la galerie d’Eendt, janvier-.
  • Alain Jouffroy, « La Petite valise d’Antoni Taulé (El maletí d’Antoni Taulé) », catalogue de la galerie Maeght, Barcelone, mai-.
  • Gérald Gassiot-Talabot, « Contrejour », catalogue de la galerie Fabien Boulakia, Paris, .
  • Serge Sautreau, « L’Attente en ce laboratoire (Expectation in this laboratory) », catalogue de la galerie Beaubourg, Paris ; Cimaise, n°142, mai-.
  • Jean-Philippe Domecq, « Camera obscura », catalogue de la galerie Jan de Maere, Bruxelles, 1980.
  • Michel Fournier, « Antoni Taulé, Un peintre Sous-Cutané », Nocturne, n°5, .
  • Édouard Michel, « Antoni Taulé : l’ombre et la lumière, la solitude et l’attente », Maison française, n°M5540-348, .
  • Georges Lavaudant, « Sirocco », Michel Serres, « L’Ambroisie et l’or », Pierre Gaudibert, Tableaux de bord, Grenoble - Paris, éditions Maison de la culture de Grenoble - Cesare Rancilio, 1982.
  • Alain Jouffroy, « Taulé, le vertige de la grotte », catalogue de l’exposition à l’Hôtel de ville de Villeurbanne Seuil de la caverne, -.
  • Gilbert Lascault, « Lumières et grottes d’Antoni Taulé », Francesc Fité i Llevot, « Antoni Taulé : peintre de l’incursion de la lumière dans les ténèbres », catalogue de l’Institut d’estudis Ilerdencs, Lleida, Espagne, .
  • Jean-Claude Carrière, « Dialogue sur le pas de la porte (Dialogue in the Doorway) », Antoni Taulé ‘Confluence’, catalogue de la Galerie du centre, Paris, 1989.
  • Serge Sautreau, « La Quatrième ligne », catalogue de la galerie Fiat & Dhoye, -.
  • Dominique Païni, « Le peignage du monde », catalogue de la Galerie du centre, Paris, .
  • Ramon Tio Bellido, « Cromocosmos (Chromocosmos) », catalogue de l’exposition à la Sala Gaspar, Barcelone, avril-.
  • Harry Mathews, « Calibrations of Latitude (Étalonnages de latitude) », in Contribution à l’étude de la manière dont elle ne met en scène qu’elle même, Paris, catalogue de la Galerie Flora (espace Kiron), 1993.
  • Isi Beller, « Intérieur », catalogue de la Galerie Kiron, Paris, .
  • Dominique Païni, « L’Empire du vide », catalogue de la Galerie Ollier, Fribourg – Suisse, .
  • Dominique Païni, « L’Empire du vide II », catalogue de la Galerie Salvador à Paris, .
  • Collectif, Antoni Taulé, La Magie du silence, catalogue de l’exposition à la Fundació Vila Casas, Barcelona, du au .
  • Collectif, Identité Altérité, catalogue de la Galerie Julio Gonzalez, Arcueil, -.
  • Joaquim Sala-Sanahuja, Taulé et ses cercles, catalogue de l’exposition au Centre d’Études catalanes, Université Paris-Sorbonne, 4-.
  • Bernard Vasseur, « Seuil de perception », Catalogue de l’exposition à la Maison Elsa Triolet-Aragon, 1er février-.

Articles de presse

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  • Gilles Plazy, « Antoni Taulé : l’enfance du peintre », Le Quotidien de Paris, 28-.
  • Bernard Lamarche-Vadel, Opus international, .
  • Gérald Gassiot-Talabot, « Antoni Taulé », Opus international, n°61-62, janvier-.
  • Gérald Gassiot-Talabot, « Le Contre-jour de Taulé », XXe siècle, n°48, .
  • Serge Sautreau, « Le Trappeur des salines », Exit, .
  • Jean-Philippe Domecq, « Le Laboratoire d’attente d’Antoni Taulé », XXe Siècle, n°50, 1978.
  • France Huser, « Antoni Taulé », Le Nouvel observateur, .
  • Antoni Taulé, « Troisième laboratoire d’attente : le nationalisme universel (Third laboratory of expectation : the universal nationalism) », Cimaise, n°142, mai-.
  • Patrice Delbourg, « Antoni Taulé », Les Nouvelles littéraires, n°2815, semaine du .
  • Olivier Céna, « Taulé, laboratoire de lumière », Télérama, n°1665, 12-.
  • Jeanine Baron, « Antoni Taulé : Les Mystères de l’ombre », La Croix, .
  • Marc Le Bot, « Antoni Taulé », La Quinzaine littéraire, n°363, 16-.
  • Armelle Héliot, « Nathalie Sarraute : une Enfance née avec le siècle » et « Antoni Taulé : laboratoire de lumière », Le Quotidien de Paris, n°1311, .
  • France Huser, « Contiguïtés, De la photographie à la peinture », Le Nouvel observateur, n°1009, 9-.
  • Jean-Jacques Lebel, « Antoni Taulé et la scène peinte », Revue de l’Opéra de Paris, .
  • Alain Jouffroy, « Qu’est-ce que la lumière ? (What is light?) », Revue de l’Alliance française, n°10, Japon, 1985.
  • Jean-Louis Pradel, « Antoni Taulé », L’Événement du jeudi, -.
  • Julio Cortazar, Entretiens avec Omar Prego (La Fascination de las palabras), traduction Françoise Rosset, Paris, éditions Gallimard, collection Folio, série Essais, n°29, (1984) 1986.
  • Philippe Carteron, « Les Nombres d’or du vertige », Le Nouvel Observateur, n°1286, .
  • Gilbert Lascault, « Mesures et hors-mesure dans un triptyque d’Antoni Taulé », catalogue Le Moment extrême 1 : Sade - Révolution - Bara, château de Somane, .
  • Roselyne Chaumont, « Les Lignes élastiques », Alliage, n°3 (printemps), Paris, 1990.
  • Georges Raillard, « Taulé : Fragment Thalia », Alliance française, Sabadell, .
  • Harry Kampianne, « Antoni Taulé : peintre de l’architecture », Art actuel, Paris, n°28, septembre-, page 44 à 47.
  • Armelle Héliot, « Taulé, fils de lumières », Le Figaro, n°18939, Paris, 25-, page 26.
  • Armelle Héliot, « Taulé, de père en fils », Le Figaro, cahier 3, n°19101, Paris, -, page 30.
  • Harry Kampianne, « Les Trois Taulé et la quatrième », Art actuel, n°42, Paris, janvier-, page 109.
  • Sophie Latil, « Antoni Taulé ou L’espace silencieux de l’absence », Le Figaro, cahier 4, n°19 383, Paris, , page 34.
  • André Baudin, « Le Secret d’Antoni Taulé, peindre l’espace… et le vide ! », La Revue art sud, n°55, 4e trimestre 2006, page 36 à 37.
  • Jean-Pierre Frimbois, « Antoni Taulé », Art actuel, n°70, septembre-.
  • Georges Raillard, « La fascination de l’occulte », La Quinzaine littéraire, 16-, n°1047, page 16.
  • France Huser, « Le monde étrange d’Antoni Taulé », Ciné Télé Obs, 1er-, n°2534, page 12.
  • Georges Raillard, « L’espace poétique d’Antoni Taulé », La Nouvelle quinzaine littéraire, 16-, n°1099, page 18.

Notes et références

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  1. Dans la maison familiale appelée Casa Taulé est aujourd'hui installée l'Alliance Française de Sabadell (ca), dont Robert Ferrer a assumé la direction durant plusieurs décennies — (ca) Alliance Française : una forta impiantació al Vallès, La Vanguardia, 16 mai 1998.
  2. Taulé-filiacions, catalogue de l’exposition à l’Alliance française de Sabadell, Gand. p. 31
  3. « Dans ce monde, les ombres paraissent plus présentes que les objets. » France Huser, « Le monde étrange d’Antoni Taulé », Ciné Télé Obs, 1er-7 juin 2013, n°2534, page 12.
  4. Joaquim Sala Sanahuja, Taulé-filiacions
  5. La Pintura de Taulé, Peintures 1966-2006
  6. Taulé-filiacions, page 34
  7. La Pintura de Taulé, Peintures 1966-2006, page 184-185
  8. ) « La lumière de Taulé pose des questions métaphysiques par sa seule incursion à l’intérieur de la demeure des hommes. » Alain Jouffroy, « Qu’est-ce que la lumière ? (What is Light?) », Revue de l’Alliance française, n°10, Japon, 1985.
  9. catalogue de l’exposition à la mairie de Villeurbanne en 1987, Seuil de la caverne, puis celui, plus récent, à la Maison Elsa Triolet en 2014, Seuil de perception.
  10. « Cette maison, que toutes les toiles exposées ici répètent, nous la reconnaissons. Elle appartient depuis longtemps à l’œuvre de Taulé. Maison désertée ou jamais habitée, maison hantée par une femme, par l’homme à la canne. Maison où une fleur, une bougie, un verre, une boule ont été fixés par on ne sait qui, on doute que ce soit par l’Ordonnateur dont la silhouette parfois se profile, flexible, spectrale. » Georges Raillard, « Taulé : Fragment Thalia », Alliance française, 1995.
  11. Dominique Païni, L’Empire du vide II, catalogue d’exposition à Paris, 2003, page 8.

Liens externes

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