Anemonia sulcata
Anemonia sulcata (synonyme de A. viridis selon certains auteurs) est une espèce de cnidaires de la famille des Actiniidae (anémones de mer). Sa couleur varie selon les algues symbiotiques intracellulaires (Symbiodinium sp.) abritées par l'animal (algues qui bénéficient d'apports en carbone inorganique et font profiter l'anémone de l'oxygène qu'elles produisent le jour[1]). Elle abrite aussi une communauté (stable[2]) de bactéries symbiotiques qui l'aident à digérer ses proies.
Chez les personnes sensibles ou sur les parties du corps où la peau est fine, cette espèce cause parfois des brûlures sévères et douloureuses, susceptibles de s'infecter[3].
Morphologie
modifierGrande espèce atteignant 20 cm. Possède 150 à 200 tentacules non rétractiles, de 15 cm de long et très urticants. Ils sont vert rose, ou gris selon les algues symbiotiques, et souvent violets à leur extrémité.
Habitat
modifierÉtant une espèce photophile, elle habite les sites plats de l'étage infralittoral (de la surface à 25 m de profondeur) de la Méditerranée et de l'Atlantique, jusqu'en Écosse. Peut former de colonies, et supporte les eaux polluées.
Alimentation
modifierElle utilise ses tentacules urticants pour capturer ses proies, les paralyser et les amener à la bouche. On a retrouvé dans son estomac des petits poissons, des mollusques et des crustacés.
En consommant des proies ayant bioaccumulé certains polluants présents ou introduits (avec les antifoulings par exemple dans l'eau de mer), elle peut à son tour les intégrer[4]. Dans un environnement naturellement acide et enrichi en oligoéléments, les individus d'A. viridis d'une population locale semble capables de gérer ses concentrations d'oligo-éléments internes (et celles des zooxanthellae, ses microalgues symbiotes) par le cloisonnement et l'excrétion, caractéristique qui expliquerait sa résilience et son succès potentiel dans un environnement enrichi en oligo-éléments, mais aussi en élément-traces toxiques (arsenic, cadmium et zinc)[5],[6].
Mutualisme et symbiose
modifierAnemonia sulcata peut s'associer plus ou moins étroitement avec de nombreux animaux immunisés contre son venin, comme des Mysidacés (Leptomysis mediterranea), du crabe Inachus phalangium, ou Gobius bucchichi
Elle vit en symbiose avec des zooxanthelles et contribue à leur diversité génétique[7].
Utilisations en pharmacochimie et pharmacologie
modifier- Alors que de nombreux antimicrobiens ont perdu de leur activité face à l'antibiorésistance, Trapani et al. ont en 2014 mis en évidence que l'une des neurotoxines produites par cette anémone a une activité antimicrobienne[8] ;
- Yan & al ont en 2014 proposé de renforcer les propriétés d'un bioinsecticide (BT issu du Bacillus thuringiensis) en lui associant une toxine codée par un gène d'Anemonia sulcata [9].
Notes et références
modifier- Bénazet-Tambutté S, Allemand D & Jaubert J (1996) Inorganic carbon supply to symbiont photosynthesis of the sea anemone, Anemonia viridis: role of the oral epithelial layers. Symbiosis 20, 199–217
- Gilbert D (2014) The effects of spatial variance, temperature and pH on bacterial community composition in the sea anemone, Anemonia viridis. The Plymouth Student Scientist, 7(1), 3-13
- Tezcan, Ö. D., & Gözer, Ö. (2015). Severe Toxic Skin Reaction Caused by a Common Anemone and Identification of the Culprit Organism. Journal of travel medicine, 22(4), 269-271 (résumé)
- Harland AD, Nganro NR. 1990. Copper uptake by the sea anemone Anemonia viridis and the role of zooxanthellae in metal regulation. Marine Biology 104:297-301
- Yang MS, Thompson JAJ. 1996. Binding of endogenous copper and zinc to cadmium-induced metal-binding proteins in various tissues of Perna viridis. Archives of Environmental Contamination and Toxicology 30:267-273
- Horwitz, R., Borell, E. M., Fine, M., & Shaked, Y. (2014). Trace element profiles of the sea anemone Anemonia viridis living nearby a natural CO2 vent. PeerJ, 2, e538.
- Casado-Amezúa, P., Machordom, A., Bernardo, J., & González-Wangüemert, M. (2014). New insights into the genetic diversity of zooxanthellae in Mediterranean anthozoans. Symbiosis, 63(1), 41-46
- Trapani, M. R., Parisi, M. G., Toubiana, M., Coquet, L., Jouenne, T., Roch, P., & Cammarata, M. (2014). First evidence of antimicrobial activity of neurotoxin 2 from Anemonia sulcata (Cnidaria). ISJ, 11, 182-191
- Yan, F., Cheng, X., Ding, X., Yao, T., Chen, H., Li, W., ... & Xia, L. (2014). Improved insecticidal toxicity by fusing Cry1Ac of Bacillus thuringiensis with Av3 of Anemonia viridis. Current microbiology, 68(5), 604-609 (résumé)
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Anémones de mer
- Zooxanthelle
Liens externes
modifier- (fr + en) Référence ITIS : Anemonia sulcata (Pennant, 1777)
- (en) Référence Animal Diversity Web : Anemonia sulcata
- (en) Référence NCBI : Anemonia sulcata (taxons inclus)
- (fr) Référence DORIS : espèce Anemonia sulcata
- (fr) Référence INPN : Anemonia sulcata (TAXREF)
Bibliographie
modifier- Borell, E. M., Steinke, M., Horwitz, R., & Fine, M. (2014). Increasing pCO2 correlates with low concentrations of intracellular dimethylsulfoniopropionate in the sea anemone Anemonia viridis. Ecology and evolution, 4(4), 441-449.
- Chiplunkar, S. (2014). Acclimatization of Anemonia viridis (Forskäl 1775) by thermal preconditioning; potential role of catalase. The Plymouth Student Scientist, 7(2), 17-37.
- Driscoll P C, Clore G M, Beress L & Gronenborn A.M (1989) A proton nuclear magnetic resonance study of the antihypertensive and antiviral protein BDS-I from the sea anemone Anemonia sulcata : sequential and stereospecific resonance assignment and secondary structure. Biochemistry 28: 2178-2187
- Gilbert, D. (2014) The effects of spatial variance, temperature and pH on bacterial community composition in the sea anemone, Anemonia viridis. The Plymouth Student Scientist, 7(1), 3-13.
- Horwitz, R., Borell, E. M., Fine, M., & Shaked, Y. (2014). Trace element profiles of the sea anemone Anemonia viridis living nearby a natural CO2 vent. PeerJ, 2, e538.
- Laurent, J., Venn, A., Tambutté, É., Ganot, P., Allemand, D., & Tambutté, S. (2014). Regulation of intracellular pH in cnidarians : response to acidosis in Anemonia viridis. FEBS Journal, 281(3), 683-695.
- Moya A, Ganot P, Furla P, Sabourault C (2012) The transcriptomic response to thermal stress is immediate, transient and potentiated by ultraviolet radiation in the sea anemone Anemonia viridis. Mol Ecol 21(5): 1158–74. doi: 10.1111/j.1365-294x.2012.05458.x
- Nicosia A, Maggio T, Mazzola S, Cuttitta A (2013) Evidence of accelerated evolution and ectodermal-specific expression of presumptive BDS toxin cDNAs from Anemonia viridis. Mar Drugs(11(11)): 4213–4231. doi: 10.3390/md11114213
- Nicosia A, Maggio T, Mazzola S, Gianguzza F, Cuttitta A, Costa S (2014) Characterization of Small HSPs from Anemonia viridis Reveals Insights into Molecular Evolution of Alpha Crystallin Genes among Cnidarians. PLoS ONE 9(9): e105908. doi:10.1371/journal.pone.0105908
- Richier S, Sabourault C, Courtiade J, Zucchini N, Allemand D, et al. (2006) Oxidative stress and apoptotic events during thermal stress in the symbiotic sea anemone, Anemonia viridis. FEBS J 273(18): 4186–4198. doi: 10.1111/j.1742-4658.2006.05414.x
- Sabourault C, Ganot P, Deleury E, Allemand D, Furla P (2009) Comprehensive EST analysis of the symbiotic sea anemone, Anemonia viridis. BMC Genomics 10: 333. doi: 10.1186/1471-2164-10-333
- Wunderer G, Fritz H, Wachter E & Machleid W (1976) Amino-Acid Sequence of a Coelenterate Toxin: Toxin I1 from Anemonia sulcata . Eur. J. Biochem. 68, 193-198