Point amphidromique
Un point amphidromique est un point d'un système physique soumis à une force de marée où le marnage est voisin de zéro.
Étymologie
modifierLe terme « amphidromique » dérive du grec ancien ἀμφίς (amphís, « des deux côtés », « autour ») et δρόμος (drómos, course), en référence aux marées qui tournent autour de tels points[1],[2]. Le terme se retrouve dans les véhicules amphidromes, qui peuvent se déplacer indifféremment en avant et en arrière.
Description
modifierDans un système soumis à une force de marée, un point amphidromique est un point où l'amplitude de l'une des harmoniques de la marée est nulle[3]. Le marnage (amplitude entre la marée haute et la marée basse) pour cette harmonique s'accroît lorsqu'on s'en éloigne[4].
Un tel point apparaît du fait d'interférences entre la marée, les bassins océaniques, les mers et les baies, créant un système d'ondes stationnaires — un système amphidromique — qui tourne autour d'un nœud, le point amphidromique[4],[5]. En ce point, la composante harmonique ne provoque aucun mouvement vertical. Les lignes cotidales (lignes sur lesquelles tous les points sont à la même phase de marée, c'est-à-dire à marée haute ou basse en même temps) se rejoignent au point amphidromique. En pratique, il n'existe pas un seul point amphidromique pour un bassin, mais plusieurs points proches les uns des autres, selon l'époque.
Plusieurs systèmes amphidromiques (et donc points amphidromiques) sont créés pour chaque composante harmonique de la marée[6].
Exemples
modifierEn règle générale, le terme M2 (semi-diurne et causé par la lune) est la principale harmonique de la marée, contribuant à environ la moitié du marnage, sur une période de 12 h 25 min. Le terme M2 produit plusieurs points amphidromiques sur les océans, où le marnage est donc extrêmement faible. Autour de ces points, la marée tourne dans un sens ou dans l'autre ; ce sens de rotation n'a par ailleurs aucun lien avec sa situation par rapport à l'équateur.
Parmi les points amphidromiques de M2 :
- Sens anti-trigonométrique (horaire) :
- Nord des Seychelles
- Près de la terre d'Enderby
- Au large de Perth, Australie
- Est de la Nouvelle-Guinée
- Sud de l'île de Pâques
- Ouest des îles Galápagos
- Nord de la terre de la Reine-Maud
- Sens trigonométrique (anti-horaire) :
- Près de Sri Lanka
- Nord de la Nouvelle-Guinée
- Tahiti
- Entre le Mexique et Hawaï
- Près du nord des Petites Antilles
- Est de Terre-Neuve
- Entre Rio de Janeiro et l'Angola
- Est de l'Islande
Les îles de Madagascar et de Nouvelle-Zélande sont des points amphidromiques dans le sens que la marée tourne autour d'elles (dans le sens trigonométrique dans les deux cas) en environ 12 heures et demie, mais son amplitude sur leurs côtes n'est pas forcément nulle (et même parfois élevée).
Historique
modifierLa notion de point amphidromique est inventée par William Whewell, qui conjecture l'existence d'un tel point en mer du Nord en 1836. Ce point est effectivement identifié en 1840.
Annexes
modifierArticles connexes
modifierRéférences
modifier- (en) Trésor de la langue française informatisé, « amphidrome »
- David Edgar Cartwright, Tides : A Scientific History, Cambridge University Press, , 292 p. (ISBN 978-0-521-79746-7, lire en ligne), p. 243
- (en) Con Desplanque, David J. Mossman, « Tides and their seminal impact on the geology, geography, history, and socio-economics of the Bay of Fundy, eastern Canada », Atlantic Geology, vol. 40, no 1, (lire en ligne)
- (en) « Tides in two easy pieces », John A. Dutton e-Education Institute!
- (en) Lindley Hanson, « Tides », Department of Geological Sciences, Salem State College
- (en) Ellie Boyce, « Amphidromic Systems »,
- (en) R. Ray, Goddard Space Flight Center, NASA, JPL, Scientific Visualization Studio, Television Production NASA-TV/GSFC, « TOPEX/Poseidon: Revealing Hidden Tidal Energy »