Ameer Al Halbi
Ameer al Halbi est un photojournaliste syrien né le à Alep en Syrie.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Walid Mashhadi |
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Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre du jeune reporter (d) |
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Réfugié en France depuis 2017, il est reconnu pour sa couverture de la révolution puis du conflit syriens à Alep, en particulier pendant le siège d'Alep.
Couverture du conflit syrien
modifierWalid Mashhadi naît en 1996 à Alep[1]. Il est adolescent lorsque le printemps arabe éclate et que le soulèvement populaire commence en Syrie. Lors des premières manifestations[2] pacifiques à Alep en 2011, son ami, prénommé Ameer, est tué. Il choisit alors de lui rendre hommage en choisissant ce prénom comme pseudonyme. Pour des raisons de sécurité, notamment pour ses proches, il ne peut pas utiliser son vrai nom pour publier des photographies des manifestations et de la répression[3],[4]. Il signe alors ses photos Ameer al Halbi[1].
Son père et son cousin, volontaires au sein de la Défense civile syrienne, les Casques Blancs, portent secours aux habitants après les bombardements[5]. Dès 2013, Ameer les accompagne régulièrement pour photographier et documenter ce qu'il se passe dans la ville assiégée par le régime et régulièrement pilonnée par les aviations russe et syrienne.
Ameer al Halbi rejoint le Aleppo Media Center, qui forme des journalistes-citoyens et envoie des informations sur la situation dans Alep assiégée. Il photographie le sort des civils, essentiellement celui des enfants, qu'il considère comme les principales victimes du conflit[6],[7]. Il espère, comme l'a fait le photographe vietnamien Nick Ut avec sa célèbre photographie de la Petite Fille au napalm, prendre des clichés si puissants de ce qu'il observe, qu'ils puissent faire cesser la violence : « J’ai longtemps essayé de prendre une photo comme celle de Nick Ut. Une photo si forte, qu’elle serait capable de mettre fin à la guerre en Syrie. »[8],[6]. Rapidement, ses photographies sont publiées, puis il devient correspondant pour l'AFP[9],[10].
En décembre 2016, Ameer quitte Alep-Est lors des évacuations forcées. Il se réfugie en Turquie avec sa mère et sa sœur. Son père a été tué en 2016 sous ses yeux dans un bombardement aérien alors qu'il portait secours à des victimes (double-frappe)[11],[6],[5],[12], son cousin secouriste a été tué également[9],[4]. En avril 2017, Ameer et sa famille arrivent en France[4].
Détournement de son travail
modifierEn 2018 et 2019, des propagandistes diffusent un montage composé de plusieurs de ses photographies issues d'une même série prise pour l'AFP, montrant une petite fille rescapée d'un bombardement survenu le 27 août 2016. Lors du sauvetage, la fillette passe de bras en bras, un secouriste, chargé de deux enfants, la confie à un autre homme pour l'évacuer, qui lui même la passe à un troisième sauveteurs. Le montage affirme alors que la petite fille serait une comédienne, qui seraient photographiée à différents moments pour discréditer le travail des ONG, en Syrie, et faire croire que les enfants, victimes, seraient utilisés dans des mises en scènes[13]. Ce photomontage trompeur est de nouveau utilisé en 2023, en affirmant qu'il s'agirait d'une fillette palestinienne[14].
Réfugié en France
modifierEn 2017, il participe au Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, auprès de trois confrères, Karam al-Masri, Zakaria Abdelkafi et Baraa al-Halabi[8], pour l'AFP qui présente une exposition sur la dernière année du siège d'Alep[15],[16]. L'une de ses photographies, montrant l'évacuation de civils, dont deux bébés, après un bombardement sur le quartier al-Fardous, remporte plusieurs prix, dont le prix Regard des jeunes de 15 ans[17],[18].
Ameer travaille régulièrement pour l'AFP et pour le magazine Polka[9]. Il retrouve sa place sur le terrain en couvrant les manifestations des gilets jaunes, toujours au plus près de l’action[5]. Il obtient une bourse pour étudier le journalisme à l’école de photographie Speos[19], il apprend le français et l'anglais et expose ses photographies[20],[11],[21].
Marche des libertés contre la loi « sécurité globale »
modifierLe 28 novembre 2020 à Paris, alors qu'il couvre la manifestation de la marche des libertés (notamment contre la proposition de loi relative à la sécurité globale), Ameer al Halbi reçoit un violent coup de matraque au visage, bien qu'il soit identifiable comme journaliste, selon RSF, et selon la photojournaliste Gabrielle Cézard, qui était avec lui et déclare : « Nous étions identifiables comme photographes et tous collés à un mur. On criait "presse ! presse !". Il y avait des jets de projectiles du côté des manifestants. Puis la police a mené une charge, matraque à la main »[22],[23],[24]. Elle précise cependant « Ameer était le seul photographe qui ne portait ni casque, ni brassard »[25]. Selon Ameer al-Halbi, son équipement de protection lui avait été confisqué lors d'une manifestation l'année précédente, alors qu'il n'avait pas sa carte de presse[26].
Al Halbi confirme à Libération que le policier qui l'a frappé au visage l'a fait « après avoir pourtant discerné qu'il était photographe ». Antton Rouget, journaliste pour Mediapart, ajoute que les CRS ont retardé son évacuation vers l'hôpital[8]. L'attente a duré deux heures selon Ameer al Halbi[27],[2]. L'AFP demande qu'une enquête soit menée[8].
Les jours suivants une enquête administrative interne en « recherche des causes des blessures »[28], diligentée à la demande de la hiérarchie policière, est ouverte pour établir les circonstances dans lesquelles Ameer al Halbi a été blessé[29]. Le 7 décembre, Reporters sans frontières porte plainte contre le préfet de police de Paris Didier Lallement et contre X pour violences volontaires par une personne dépositaire de l’autorité publique, dans ce que l'ONG qualifie d'agression et de « violente entrave au droit d’informer »[30].
Un enquête vidéo du Monde publiée en mars 2021 établit qu'Ameer al Halbi, Palice Jekowski, Rémy Buisine et d'autres journalistes, ainsi qu'une personne au sol, ont tous été frappés par un même policier, commissaire de la BRAV-M, que le journal identifie en recoupant et analysant de nombreuses images et vidéos[31]. En 2024, le commissaire est mis en examen pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » et pour « violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit jours par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme », qui reste en poste[32].
Expositions
modifierListe non exhaustive
- 2021 : « Nouveaux Regards – Nouveaux territoires », grilles de la Tour Saint-Jacques, Paris[33]
- 2021 : « Dix ans de guerre vu par seize photographes syriens », Visa pour l’Image, Perpignan[34]
- 2021 : « Look At Me: Syria in Photography and Narration », Friedrich Naumann Foundation for Freedom, Berlin[35]
Prix et récompenses
modifierListe non exhaustive
- 2016 : Prix Polka Magazine du photographe de l'année[36],[5]
- 2016 : World Press Photo, 2e prix dans la catégorie Spot News[37],[6],[5]
- 2017 : Prix regard des jeunes de 15 ans au Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre [38]
Notes et références
modifier- « Ameer Al Halbi », sur Polka Magazine, (consulté le )
- « Témoignage d'Ameer al-Halbi, photographe syrien blessé lors de la manifestation à Paris », AFP, (lire en ligne)
- « Je ne m’imaginais pas sortir de l’enfer d’Alep, vivre et fumer des narguilés près de la mer », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « D'Alep à Paris, Ameer Alhalbi a gardé le même objectif », sur Bondy Blog, (consulté le )
- « Ameer Al-Halbi, photographe blessé à la Marche des libertés : « Ça m’a plus fait mal à l’intérieur, moralement » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Instant Décisif - épisode 11 : Ameer Al Halbi », sur Museum, (consulté le )
- « Chroniques syriennes - Alep, une ville amputée - », sur Nonfiction.fr (consulté le )
- Adrien Franque, « «Marche des libertés» à Paris : un photographe syrien blessé par la police », sur Libération.fr, (consulté le )
- « Ameer Al Halbi – Polka Magazine » (consulté le )
- « Jour d'enfer à Alep », sur Making-of, (consulté le )
- « En Syrie : "Même dans le coin le plus sombre, les gens luttent pour être heureux." », sur L'œil de la Maison des Journalistes #MDJ, (consulté le )
- « Mois : décembre 2020 », sur Un si Proche Orient (consulté le )
- « Non, cette fillette syrienne n’est ni une figurante mise en scène ni une rescapée de plusieurs attaques », sur Factuel, (consulté le )
- « Non, cette série de photos ne montre pas le sauvetage mis en scène d'une petite fille à Gaza », sur Factuel, (consulté le )
- « Des photographes syriens témoignent à Bayeux », sur France 3 Normandie (consulté le )
- Tendance Ouest, « A Bayeux, le regard à vif de photographes syriens sur leur pays », sur tendanceouest.com (consulté le )
- « Prix Bayeux-Calvados : les collégiens choisissent un cliché de Ameer Alhalbi pris à Alep en Syrie », sur www.calvados.fr, (consulté le )
- « Témoignages : Le photographe syrien blessé à Paris est bien connu du Prix Bayeux-Calvados », sur France 3 Normandie (consulté le )
- Adrien Franque, avec AFP, « «Marche des libertés» à Paris : un photographe syrien blessé pendant une charge de la police », sur Libération,
- (de) Anelise Borges, « "Ich bin das, was ich tue": Ameer Alhabi, Fotoreporter aus Syrien », sur euronews, (consulté le )
- « L'exposition photo d'Ameer à la Chapelle Notre-Dame de la Sagesse - MDJ », sur L'œil de la Maison des Journalistes #MDJ, (consulté le )
- « Loi "sécurité globale" : Gérald Darmanin "condamne des violences inacceptables contre les forces de l'ordre" », sur Franceinfo, (consulté le )
- I. P., « Loi de sécurité globale : forte mobilisation dans le pays, ternie par des heurts à Paris », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « Marches des libertés: un photographe syrien blessé, RSF dénonce des violences policières », sur Le Figaro (consulté le )
- « Loi «sécurité globale» : un photographe syrien blessé, RSF dénonce des «violences policières» », sur Le Figaro,
- « Photographe syrien blessé samedi : le parquet de Paris ouvre une enquête », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- Par Le Parisien avec AFPLe 29 novembre 2020 à 09h39 et Modifié Le 29 Novembre 2020 À 17h48, « Marches des libertés : un photographe syrien blessé, une enquête administrative ouverte », sur leparisien.fr, (consulté le )
- AFP, « Photographe syrien blessé samedi : le parquet de Paris ouvre une enquête », sur Le Figaro,
- Le Monde, avec AFP, « Marche des libertés : ouverture d’une enquête administrative sur les circonstances des blessures d’un photographe », sur Le Monde,
- « RSF porte plainte pour l’agression du photographe Ameer Al Halbi lors de la “Marche des libertés” | Reporters sans frontières », sur RSF, (consulté le )
- « Vidéo. Enquête vidéo : comment un commissaire de police a blessé plusieurs journalistes lors d’une Marche des libertés », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Le chef de la BRAV-M a été mis en examen en janvier pour des violences lors d’une manifestation à Paris », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « “Nouveaux regards - Nouveaux territoires”, Polka × Kickstarter à la tour Saint-Jacques », sur Polka Magazine, (consulté le )
- « [Visa pour l'image] "Syrie, une décennie en guerre", les clichés saisissants de 32 journalistes », sur Le Pèlerin, (consulté le )
- (en) « Look At Me: Syria in Photography and Narration », sur Oyoun | Kultur NeuDenken (consulté le )
- « Prix Polka du photographe de l’année 2016 : Ameer et ses frères syriens – Polka Magazine » (consulté le )
- « Fiche pédagogique », sur CLEMI (consulté le )
- « Prix Bayeux. Les collégiens plébiscitent la photo d’Ameer Alhalbi », ouest France, (lire en ligne)
Liens externes
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Portfolio
modifier- AFP Making off : Jour d’enfer à Alep , sur le site de l’Agence France Presse, 2 mai 2016.
Vidéogrammes
modifier- Eyes of Aleppo , magazine NOS op 3, Nederlandse Omroep Stichting, 9 min, 29 novembre 2017
- Instant décisif - épisode 11 Ameer al Halbi, Museum TV
- La vie est un film réel | Ameer Alhalbi, TEDxMinesNancy, 11 min, 9 août 2021
- D’Alep à Paris, le parcours engagé du photographe Ameer al Halbi, reportage de Mahmoud Othman, France 24, 15 min,