Ainsi parlait Zarathoustra (Strauss)

poème symphonique composé par Richard Strauss

Ainsi parlait Zarathoustra (Also sprach Zarathustra, allemand) op. 30 est un poème symphonique composé par Richard Strauss (1864-1949) entre février et août 1896, librement inspiré du poème philosophique Ainsi parlait Zarathoustra du philosophe allemand Friedrich Nietzsche. La première a lieu à Francfort le sous la direction du compositeur. Son introduction grandiose (Einleitung) est rendue célèbre[1] par sa reprise dans la musique de film de science-fiction culte 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick et de la Metro-Goldwyn-Mayer en 1968[2],[3].

Ainsi parlait Zarathoustra
Œuvre de Richard Strauss
Also sprach Zarathustra
Image illustrative de l’article Ainsi parlait Zarathoustra (Strauss)
Richard Strauss en 1900

Genre Musique classique, musique symphonique, poème symphonique, musique de film
Nb. de mouvements 9
Musique Richard Strauss
Sources littéraires Ainsi parlait Zarathoustra, de Friedrich Nietzsche
Effectif Orchestre symphonique
Durée approximative 30 min
Dates de composition 1896
Création
Francfort ( Allemagne)
Interprètes Richard Strauss

Historique

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L'œuvre est librement inspirée par le poème philosophique Ainsi parlait Zarathoustra, du philosophe allemand Friedrich Nietzsche[4], où les deux auteurs compositeurs voient l'évolution de l'histoire de l'humanité, de ses origines, à sa transition vers une conception nietzschéenne du « Surhomme »[5].

Inscrite au Registre national des enregistrements de la bibliothèque du Congrès des États-Unis, elle se situe chronologiquement au milieu des pièces symphoniques du célèbre compositeur, entre Till l’Espiègle (1895) et Don Quichotte (1897), bien avant ses opéras majeurs Salome (« Salomé ») (1905) ou Der Rosenkavalier (« Le Chevalier à la rose ») (1911)...

Composition

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Fichier audio
Einleitung (Introduction) de Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss
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Son introduction grandiose (Einleitung) (rendue célèbre par le générique du film 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, utilisée en ouverture des concerts d'Elvis Presley[5] de 1971 à 1977, ainsi qu'à titre de générique du journal télévisé de La Cinq de 1987 à 1991) comporte une fanfare (voir ci-dessous), répétée trois fois en crescendo, pour mettre en musique le lever de soleil (Sonnenaufgang) sur la montagne, depuis le premier rayon de soleil, jusqu’à l’illumination progressive et complète des sommets de la montagne[6] de l’œuvre de Nietzsche (représentation allégorique de « L'Individu se fond dans le Monde et le Monde se fond dans l'Individu ») repris et adapté par le lever de soleil aligné sur la terre et sur la lune du film 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick.

Ces quelques mesures sont un magnifique raccourci du trajet depuis le néant jusqu'à la lumière :

  • do, tonique (note fondamentale pour un musicien occidental) — le néant
  • do à l'octave (aux cuivres)
  • sol, la quinte
  • et enfin do, quarte du sol.
 
Les premières mesures du thème composé par Strauss.
Premières mesures : sur un roulement de grosse caisse, fanfare de 4 trompettes, « feierlich » (solennellement),
soutenues de 3 trombones, puis triolets de tonique (do)/dominante (sol) aux timbales.

Unisson, octave, quarte et quinte représentent la perfection de l'Univers :

  • Unisson : la longueur de référence de la corde qui vibre, soit l'unité
  • Octave : la longueur de la corde est divisée par 2
  • Quinte : la longueur de la corde est divisée par 3
  • Quarte : la longueur de la corde est divisée par 4

1 + 2 + 3 + 4 = 10, nombre représentant la perfection de l'Univers selon les théories de Pythagore.

Ensuite :

  • accord majeur suivi d'un mineur (do-sol-mi → do sol mi bémol) : symboles fondamentaux de la musique tonale
  • Reprise, mais ici, l'accord mineur précède l'accord majeur.
  • Et dans le troisième crescendo, c'est une succession d'accords avec pour ligne mélodique une gamme ascendante triomphale : mi la (la si do ré mi fa sol la si do)

Outre ce court prélude, l’œuvre comporte huit parties enchaînées, symbolisant les « discours » du poète-prophète Zarathoustra :

  • Von den Hinterweltlern (De ceux des mondes de derrière)
  • Von der großen Sehnsucht (De l’aspiration suprême)
  • Von den Freuden und Leidenschaften (Des joies et des passions)
  • Das Grablied (Le Chant du tombeau)
  • Von der Wissenschaft (De la science)
  • Der Genesende (Le Convalescent)
  • Das Tanzlied (Le Chant de la danse )
  • Nachtwandlerlied (Chant du somnambule)

La durée est d’environ trente minutes.

Orchestration

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L'œuvre est écrite pour orchestre symphonique.

Instrumentation de Ainsi parlait Zarathoustra
Cordes
premiers violons, seconds violons,

altos, violoncelles, contrebasses,

2 harpes

Bois
1 piccolo, 3 flûtes, (la 3e jouant aussi du piccolo),

3 hautbois, 1 cor anglais,

1 petite clarinette mi♭, 2 clarinettes si♭, 1 clarinette basse si♭,

3 bassons, 1 contrebasson

Cuivres
6 cors en fa et en mi,

4 trompettes en ut et en mi,

3 trombones, 2 tubas

Percussions
3 timbales, cloches tubulaires, glockenspiel,

grosse caisse, cymbales, triangle

Clavier
1 orgue

Télévision et cinéma

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2001, l'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick

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Célèbre lever de soleil allégorique de l'aube de l'histoire de l'humanité et sur son alignement avec la terre et la lune, du film culte 2001, l'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick de 1968.

Cette œuvre est utilisée en générique d'ouverture du film 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, illustrant l'alignement entre la Lune, la Terre et le Soleil, ainsi que dans L'aube de l'humanité et dans la scène finale du film. Cette musique semble illustrer la notion de triomphe du progrès, étant utilisée lors de la séquence de la découverte de la notion d'outil (transition du singe à l'Homme) et à la fin du film (Homme à Surhomme). Richard Strauss lui-même disait à propos de cette musique et de son lien avec l’œuvre de Nietzsche : « J'avais l'intention de suggérer, par l'intermédiaire de la musique, l'idée du développement de l'espèce humaine à partir de son origine et à travers les diverses phases de son développement, religieux et scientifique. »[7].

 
Représentation par Georges Yatridès en 2013, du célèbre monolithe d'origine extraterrestre du début du film.

Selon Didier de Cottignies (entre autres directeur artistique de l'orchestre de Paris, et ancien conseiller musical de Stanley Kubrick) ce dernier avait initialement choisi le début de la Symphonie no 3 en ré mineur de Gustav Mahler comme musique principale de son film (le quatrième mouvement de cette symphonie fait intervenir une voix de contralto chantant un texte de Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche). En 1967, il reçut de son beau-frère à Noël une version d'Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss enregistrée par l'orchestre philharmonique de Berlin, conduit par Herbert von Karajan. En l'écoutant, Kubrick réalisa que l'introduction de ce poème symphonique serait plus adaptée que la symphonie de Mahler. Les droits d'enregistrement de Karajan n'étant pas disponibles, c'est la version de Karl Böhm, avec l'orchestre philharmonique de Vienne, qui fut créditée au générique. Mais au cours de la postproduction, Kubrick remplaça discrètement l'enregistrement de Böhm par celui de Karajan et personne ne le remarqua[8].

Quelques reprises et adaptations musicales

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Notes et références

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  1. « Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss », sur www.francemusique.fr (consulté le )
  2. [vidéo] « Richard Strauss : Also Sprach Zarathustra - Einleitung (Introduction) - Orchestre philharmonique de Berlin d'Herbert von Karajan », sur YouTube
  3. [vidéo] « Zarathoustra - 2001, l'Odyssée de l'espace », sur YouTube
  4. « https://www.britannica.com/biography/Richard-Strauss#ref204502 »
  5. a et b Alice Boccara, « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur... Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss », sur France Musique, (consulté le )
  6. « SEQUENCE 2 : LA MUSIQUE DESCRIPTIVE Comment une œuvre musicale peut-elle décrire la nature ? », webpedagogique,‎ . (lire en ligne)
  7. William Whittington, Sound Design & Science Fiction (œuvre littéraire), University of Texas Press, .  p. 42-62
  8. Stanley Kubrick, l'odyssée des sons (rencontre avec Didier de Cottignies qui fut le conseiller pour la musique de Kubrick et ami personnel du cinéaste depuis 1980), in Classica no 132, mai 2011, p. 40.

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Articles connexes

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Liens externes

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