Alphonse de Castille
Alphonse de Castille, également connu sous le nom d'Alfonso de Trastámara et Alfonso l'Innocent (Tordesillas, - Cardeñosa, ), était un infant de Castille, prince des Asturies et prétendant au trône de Castille, sous le nom d'Alphonse XII, contre le roi régnant, Henri IV, son demi-frère. La cérémonie de proclamation de ses prétentions, connue sous le nom de farce d'Ávila (es), constitue l'un des épisodes les plus connus du conflit pour la succession d'Henri IV, qui conduira la Castille à la guerre civile.
Alphonse de Castille | |
La tombe d'Alphonse de Castille à Miraflorès | |
Fonctions | |
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Prince des Asturies | |
– (3 ans, 10 mois et 1 jour) |
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Prédécesseur | Jeanne de Castille |
Successeur | Isabelle de Castille |
Roi (contesté) de Castille | |
– (3 ans et 1 mois) |
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Prédécesseur | Henri IV |
Successeur | Henri IV |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Tordesillas |
Date de décès | (à 14 ans) |
Lieu de décès | Cardeñosa |
Sépulture | Chartreuse Notre-Dame de Miraflorès (Espagne) |
Nationalité | Castillan |
Père | Jean II |
Mère | Isabelle de Portugal |
Fratrie | Isabelle la Catholique |
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Origines familiales
modifierAlfonso était le fils du roi Jean II de Castille (décédé alors qu'Alphonse n'avait qu'un an) et de la reine Isabelle du Portugal. Du côté paternel, ses grands-parents étaient le roi Henri III de Castille et la reine Catherine de Lancastre et, du côté maternel, ses grands-parents étaient l'infant Jean du Portugal et Isabelle de Barcelos. Du côté paternel, il était le demi-frère du roi Henri IV de Castille et frère de la reine Isabelle la Catholique.
Biographie
modifierL'infant Alphonse de Castille est né à Tordesillas le 15 novembre 1453. Une partie importante de la noblesse castillane était mécontente d'Henri IV et en septembre 1464, le roi (obligé par ces nobles) prive Jeanne, sa fille unique, du titre de princesse des Asturies et proclame Alphonse prince héritier à sa place. Malgré cela, le mécontentement de la noblesse n’a pas pris fin. En juin 1465, la Ligue nobiliaire se réunit à Ávila, renversa Henri et proclama Alphonse (alors âgé de onze ans) roi de Castille sous le nom d'Alphonse XII. Cet épisode a été qualifié par ses détracteurs de "farce d'Ávila", un nom avec lequel il est entré dans l'histoire.
Une guerre ouverte éclata alors entre les partisans d'Henri IV et ceux d'Alphonse, qui installa sa Cour à Arévalo et parvint à régner de fait pendant les trois dernières années de sa vie, enveloppées dans un luxe et une splendeur culturelle dont l'un de ses courtisans, le poète Jorge Manrique, est devenu le messager de ses Coplas por la muerte de su padre (stances sur la mort de son père) :
Car, son frère l'Innocent,
qui dans sa vie successeur
s'appelait,
quelle excellente coupe
il y avait et combien de grand seigneur
qui l'ont suivi!
La cour d'Alphonse l'Innocent se composait de personnages importants tel que les chevaliers Gómez Manrique et son neveu Jorge, le juriste Nicolás de Guevara et le poète chantant Juan Álvarez Gato ou l'historien Diego de Valera, maître du roi en 1467, en plus du marquis de Villena lui-même. Elle comptait également de nombreux nobles comme le comte de Benavente, Rodrigo Alonso Pimentel IV, et le comte de Ribadeo,Pedro de Villandrando ainsi que les hommes les plus importants de la cour, Diego de Ribera, tuteur du prince Alfonso et écuyer en chef de sa cour et Sancho de Rojas, seigneur de Cavia et Monzón et maire des nobles de Castille. La vie religieuse était organisée par Martín de Tavara, le prieur d'Osma, le juriste et aumônier royal d'Alfonso XII, Francisco Gómez de Miranda et d'autres. Des chanteurs aussi remarquables que Diego Rangel sont apparus dans sa chapelle. Gómez Manrique organisait des célébrations et composait des momos théâtraux pour célébrer l'anniversaire royal au cours desquels les dames de la Cour jouaient le rôle de fées.
En août 1467, les deux camps s'affrontèrent dans la bataille d'Olmedo, sans qu'aucun des deux ne parvienne à l'emporter. Aujourd'hui, certains historiens considèrent qu'Henri fut vaincu et fait prisonnier tandis que d'autres affirment qu'il a gagné, mais que, par faiblesse, il a préféré négocier avec les perdants.
L'infant Alphonse de Castille mourut à Cardeñosa le 5 juillet 1468. Les chroniques officielles parlent d'un décès dû à la peste, courante dans la Castille du XVe siècle, bien que la rumeur et surtout les recherches récentes penchent en faveur de l'empoisonnement. Henri IV resta roi incontesté à partir de 1469 tandis que le titre d'héritier du trône fut disputé entre Janne "la Beltraneja" et l'infante Isabelle, la demi-sœur d'Henri IV. Le conflit finit par donner lieu à la guerre de succession castillane, dans laquelle Isabel réussit finalement à s'emparer du trône castillan-léonais.
Sépulture
modifierL’infant Alphonse de Castille est enterré à la Chartreuse de Miraflores avec ses parents. Le tombeau d’Alphonse de Castille, œuvre du sculpteur Gil de Siloe, est placé du côté de l’Évangile de l’église du monastère.
En 2006, à l’occasion de la restauration de la Chartreuse de Miraflores, la Direction Générale du Patrimoine et des Biens Culturels de la Junte de Castille-et-León a décidé de réaliser l’étude anthropologique des restes de Jean II et de sa seconde épouse, qui étaient enterrés dans la crypte sous le tombeau royal, dans une petite urne, ainsi que l’étude des restes déposés à l’intérieur du sépulcre de l’infant Alphonse de Castille, qui se trouve sur un côté de la même église. L’étude, coordonnée par Arturo Balado Pachón y Consuelo Escribano Velasco, publiée par la Fondation Iberdrola. L’étude anthropologique a été réalisée par Luis Caro Dobón et Maria Eden Fernández Suárez, chercheurs en Anthropologie Physique de l’Université de León. La dépouille de l’infant Alphonse de Castille, mal conservée, fragmentaire et cristallisée, était déposée dans un cercueil en bois de noyer, il mesurait 165 centimètres. On sait que la détérioration de ses restes est due aux grands dégâts causés par l’occupation française de la Chartreuse de Miraflores, pendant la guerre d’indépendance, puisque le couvent fut transformé en quartier général; et les restes de Jean II, Isabelle de Portugal et Alphonse de Castille ont été profanés. En outre, il a été confirmé que les dépouilles déposées dans le tombeau étaient celles d'Alphonse de Castille, car il a été constaté qu’il existait un lien de parenté entre ces restes et ceux déposés au tombeau de Jean II de Castille.
Généalogie
modifierAscendance
modifier16. Henri II de Castille | ||||||||||||||||
8. Jean Ier de Castille | ||||||||||||||||
17. Jeanne Manuel de Villena | ||||||||||||||||
4. Henri III de Castille | ||||||||||||||||
18. Pierre IV d'Aragon | ||||||||||||||||
9. Éléonore d'Aragon | ||||||||||||||||
19. Éléonore de Sicile | ||||||||||||||||
2. Jean II de Castille | ||||||||||||||||
20. Édouard III | ||||||||||||||||
10. Jean de Gand | ||||||||||||||||
21. Philippa de Hainaut | ||||||||||||||||
5. Catherine de Lancastre | ||||||||||||||||
22. Pierre Ier de Castille | ||||||||||||||||
11. Constance de Castille | ||||||||||||||||
23. Marie de Padilla | ||||||||||||||||
1. Alfonso de Castilla y Avís | ||||||||||||||||
24. Pierre Ier de Portugal | ||||||||||||||||
12. Jean Ier de Portugal | ||||||||||||||||
25. Thérèse Lourenço | ||||||||||||||||
6. Jean de Portugal | ||||||||||||||||
26. Jean de Gand | ||||||||||||||||
13. Philippa de Lancastre | ||||||||||||||||
27. Blanche de Lancastre | ||||||||||||||||
3. Isabelle de Portugal | ||||||||||||||||
28. Jean Ier de Portugal | ||||||||||||||||
14. Alphonse Ier de Bragance | ||||||||||||||||
29. Agnès Pires | ||||||||||||||||
7. Isabelle de Bragance | ||||||||||||||||
30. Nuno Álvares Pereira | ||||||||||||||||
15. Béatrice Pereira | ||||||||||||||||
31. Leonor de Alvim (en) | ||||||||||||||||
Notes et références
modifier- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Alfonso de Castilla » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
modifier- (es) Álvarez de Toledo, Luisa Isabel (2006). África versus América (2ª edición). Sanlúcar de Barrameda: Fundación Casa Medina-Sidonia. Archivado desde el original el 15 de diciembre de 2009.
- (es) Balado Pachón, Arturo; Escribano Velasco, Consuelo (2008). «Los enterramientos reales en la iglesia de la Cartuja de Miraflores. Estudios Arqueológicos y Antropológicos». Cuadernos de Restauración de la Fundación Iberdrola (XIII): 82-85. Archivado desde el original el 27 de junio de 2012.
- (es) Caro Dobón, Luis; Fernández Suárez, María Edén Fernández Suárez (2008). «Los enterramientos reales de la Cartuja de Miraflores». Ambio Ciencias: revista de divulgación (León: Universidad de León: Servicio de Publicaciones) (2): 23-37. ISSN 1988-3021. Consultado el 20 de agosto de 2011.
- (es) Rodríguez, Óscar (2001). «La Corte literaria de Alfonso el Inocente (1465-1468) según las Coplas a una partida de Guevara, poeta del Cancionero General». Medievalismo. Revista de la Sociedad Española de Estudios Medievales (11): 33-54.