Alpes maritimes (province romaine)
Les Alpes maritimes (en latin classique : Alpes Maritimæ) étaient une province de l’Empire romain, une des trois petites provinces enjambant les Alpes entre la Gaule et la Gaule cisalpine qui avait alors été rattachée à l'Italie.
Elles comprenaient une partie des trois départements actuels des Alpes-Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence et, plus tard, des Hautes-Alpes.
Histoire
modifierSous le principat d'Auguste, les Romains conquièrent les territoires des Alpes Maritimae en une seule saison de combats, au cours de l'été 14 av. J.-C.[1]. Les territoires conquis sont constitués en praefectura (« préfecture ») placée sous la responsabilité d'un praefectus (« préfet ») de l'ordre équestre[2] et dont relèvent des cohortes auxiliaires stationnées à Cemenelum (« Cimiez »)[3]. Le seul préfet connu est C. Baebius Atticus[3]. La préfecture est élevée au rang de province en 63 av. J.-C..
Sa capitale était Cemenelum (aujourd’hui Cimiez, quartier de Nice). À sa création, la province se compose de six civitates (« cités ») : (aujourd'hui, Cimiez), Vintium (aujourd'hui, Vence), Glanate (aujourd'hui, Glandèves, près d'Entrevaux), Brigantio (aujourd'hui, Briançonnet), Salinae (aujourd'hui, Castellane) et Sanitium (aujourd'hui, Senez)[4]. Nice, qui relevait jusque là de Marseille, a été rattachée au IIIe siècle à la province des Alpes Maritimæ[5].
Lors de troubles de 69, qui accompagnent la guerre civile entre les partisans de Vitellius et de l'empereur Othon, la province fut le théâtre de combats qui nous sont connus par Tacite et dont il a peut-être été retrouvé certaines traces archéologiques[6].
Avant la fin de IIe siècle, le territoire des Alpes maritimes est accru, en direction du nord, par l'intégration, dans la province, d'une part, de Dinia (« Digne-les-Bains ») qui relevait antérieurement de la province de Narbonnaise[7] et, d'autre part, de Caturigomagus (« Chorges »), d'Eburodunum (« Embrun ») et de Rigomagus (« Faucon-de-Barcelonnette ») qui relevaient antérieurement de province des Alpes cottiennes[8]. Durant l'Antiquité tardive, Caturigomagus perd son rang de cité et son territoire est intégré dans celui d'Eburodunum[9]. Au plus tard au début du Ve siècle, Embrun est élevé au rang de métropole la province[9]. Dans la première moitié Ve siècle, Eturamina (« Thorame-Haute ») obtient le statut de cité et le rang d'évêché[9].
En 297, les Alpes Maritimæ s’agrandissent et s’étendent vers le nord et le nord-ouest, jusqu’à la Durance et le col de Montgenèvre. La capitale devient Civitas Ebrodunensium, l’actuelle Embrun (Hautes-Alpes).
Les Alpes Maritimæ relevaient au IIIe siècle du diocèse de Vienne (diœcesis Viennensis), partie de la préfecture des Gaules.
Liste des villes antiques de la province romaine des Alpes maritimes
modifier- Cemenelum (en grec ancien : Κεμενέλιον ; aujourd’hui : Cimiez)
- Nicaea (en grec ancien : Νίκαια ; aujourd’hui : Nice)
- Antipolis (en grec ancien : Ἀντίπολις ; aujourd’hui : Antibes)
- Portus Herculis Monoeci (Monaco)
- Salinae (aujourd’hui : Castellane)
- Sanitium (en grec ancien : Σανίτιον[10] ; aujourd’hui : Senez)
- Vintium (en grec ancien : Οὐίντιον ; aujourd’hui : Vence)
À partir de 297 :
- Brigantio[11] (aujourd'hui : Briançonnet ; antérieurement, jusqu'au XVIIe siècle : Briançon)[11]
- Caturigomagus[7] (aujourd'hui : Chorges)[7]
- Dinia[7] (aujourd'hui, Digne-les-Bains ; antérieurement, jusqu'en : Digne)[7]
- Eburodunum[7] (en grec ancien : Ἐβρόδουνον ; aujourd'hui : Embrun)[7]
- Rigomagus[9] (aujourd'hui : Faucon-de-Barcelonnette)[9]
À partie de la première moitié du Ve siècle :
- Eturamina[9] (aujourd'hui : Thorame-Haute)[9] : localité secondaire de la haute vallée du Verdon qui obtient, dans la première moitié du Ve siècle, le statut de cité et le rang d'évêché[9].
Notes et références
modifier- Morabito 2010b, no 1.
- Morabito 2010b, no 2.
- Morabito 2010b, no 4.
- Morabito 2010b, résumé.
- Jean-Loup Fontana, "Nice et le comté, une histoire multimillénaire", éditions "Mémoires millénaires", 2018, (ISBN 978-2-919056-65-1)
- Pascal Arnaud, « Événement et fait archéologique : les événements de 69 et leur impact sur les Alpes-Maritimes », Cahiers de la Méditerranée, 62, 2001, Lire en ligne
- Morabito 2015, p. 114, col. 2.
- Morabito 2015, p. 114, col. 2, et p. 115, col. 1.
- Morabito 2015, p. 115, col. 1.
- Ptolémée, 3.1.43.
- Barruol 2004a, § 1, p. 375, col. 1.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- [Ferdière 2004] Alain Ferdière (dir.), Capitales éphémères : des capitales de cités perdent leur statut dans l'Antiquité tardive, Tours, FÉRACF, coll. « Revue archéologique du Centre de la France / supplément » (no 25), , 1re éd., 508 p., 21 × 27 cm (ISBN 2-913272-10-X, EAN 9782913272101, OCLC 496593099, BNF 39202388, S2CID 163000078, SUDOC 079474292, lire en ligne [PDF]) :
- [Barruol 2004a] Guy Barruol, « Briançonnet / Brigantio (Alpes-Maritimes) », dans op. cit., 2de partie (« Atlas »), notices, p. 375-376 (lire en ligne [PDF]) ;
- [Barruol 2004b] Guy Barruol, « Castellane / Salinae (Alpes-de-Haute-Provence) », dans op. cit., 2de partie (« Atlas »), notices, p. 393-395 (lire en ligne [PDF]) ;
- [Barruol 2004c] Guy Barruol, « Chorges / Caturigomagus (Hautes-Alpes) », dans op. cit., 2de partie (« Atlas »), notices, p. 403-404 (lire en ligne [PDF]) ;
- [Barruol 2004d] Guy Barruol, « Faucon-de-Barcelonnette / Rigomagus (Alpes-de-Haute-Provence) », dans op. cit., 2de partie (« Atlas »), notices, p. 419-421 (lire en ligne [PDF]) ;
- [Barruol 2004e] Guy Barruol, « Glandève / Glanate (Alpes-de-Haute-Provence) », dans op. cit., 2de partie (« Atlas »), notices, p. 429-430 (lire en ligne [PDF]) ;
- [Jannet-Vallat 2004] Monique Jannet-Vallat, « Cimiez / Cemelenum (Alpes-Maritimes) », dans op. cit., 2de partie (« Atlas »), notices, p. 405-410 (lire en ligne [PDF]).
- [Morabito 2010a] Stéphane Morabito, « En marge de la province de Narbonnaise : les inscriptions latines des Alpes maritimae », Revue archéologique de Narbonnaise, t. 43, , p. 85-91 (OCLC 7347029342, DOI 10.3406/ran.2010.1800, S2CID 194022104, lire en ligne [PDF]).
- [Morabito 2010b] Stéphane Morabito, « Entre Narbonnaise et Italie : le territoire de la province des Alpes Maritimae pendant l'Antiquité romaine (Ier s. av. J.-C. – Ve s. apr. J.-C.) », Gallia, vol. 67, no 2, , p. 99-124 (OCLC 10275746229, DOI 10.4000/11rg4, JSTOR 43608132, HAL hal-01931070, S2CID 190317722, résumé, lire en ligne ).
- [Morabito 2015] Stéphane Morabito, « Signa et tituli dans les Alpes maritimae : l'exemple des stèles funéraires en forme de porte », dans Sandrine Agusta-Boularot et Emmanuelle Rosso (éd.), Signa et tituli : monuments et espaces de représentation en Gaule méridionale sous le regard croisé de la sculpture et de l'épigraphie, Arles et Aix-en-Provence, Errance et Centre Camille-Jullian, coll. « Bibliothèque d'archéologie méditerranéenne et africaine » (no 18), , 1re éd., 239 p., 22 × 28 cm (ISBN 978-2-87772-588-0, EAN 9782877725880, OCLC 906300575, BNF 44299210, DOI 10.4000/books.pccj.2288, HAL halshs-02122783, S2CID 194335370, SUDOC 184323886, présentation en ligne), 2e partie (« Espaces et monuments funéraires »), chap. 1er, p. 113-121.
Articles connexes
modifier- Notitia dignitatum, Liste des diocèses de l'Empire romain tardif, Liste des provinces du Bas-Empire
- Cemenelum
- Via Julia Augusta
- Gouverneur romain
- Histoire des Alpes-Maritimes
Liens externes
modifier- (en) Herbert Graßl, « Alpes Maritimae » , Brill's New Pauly, Leyde, Brill, (OCLC 10218600013, DOI 10.1163/1574-9347_bnp_e116390).
- (en) Oliver Nicholson, « Alpes Cottiae, Alpes Maritimae, and Alpes Graiae et Poeninae » , Oxford Reference, Oxford, OUP, (OCLC 7352761672).