Aloysius Odervole
Aloysius Odervole ou Odewole, né vers 1906-1907 à Ifé au Nigeria, fusillé le près de Dakar, est un sous-officier britannique, garde-frontière puis agent de renseignement pour les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Policier, garde-frontière, agent de renseignement |
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Chargé d'une mission de renseignement militaire par le gouvernement britannique, Aloysius Overdole s'infiltre dans la colonie française du Dahomey, actuel Bénin. Il y recueille notamment des renseignements sur les mouvements d'avions, en bénéficiant du soutien de la Résistance locale.
Arrêté, il est condamné à mort par le tribunal militaire du régime de Vichy, pour espionnage au profit des Alliés, et exécuté à Dakar avec deux camarades.
Il est fait compagnon de la Libération et chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume. Il est également cité à l'ordre de l'armée.
Biographie
modifierAloysius Odervole, Oderwole ou Odewole naît vers 1906-1907 à Ifé, dans le sud-est du protectorat puis colonie britannique du Nigeria[1],[2].
De nationalité britannique, Aloysius Odervole se marie et devient le père de trois enfants[1]. Professionnellement, il est dans la police britannique, avec le grade de sergent. Il exerce la fonction de garde-frontière, en poste à Idofain, au Nigeria[1].
Mission de renseignement
modifierIl est envoyé en mission en octobre 1940 dans la colonie française du Dahomey, l'actuel Bénin, par les autorités britanniques[1]. Sa mission est double : il doit d'une part recueillir les renseignements sur les atterrissages d'avions allemands, et d'autre part enquêter sur le poste radio de Cotonou[1],[2].
À son arrivée au Dahomey (Bénin), Odervole est accueilli et pris en charge par deux résistants acquis à la France libre et qui viennent de créer un réseau en Afrique occidentale française, restée fidèle au régime de Vichy : Albert Idohou et Agoussi Wabi[1]. Wabi s'occupe de la partie logistique, en lui procurant les papiers d'identité français nécessaires à sa mission. Il l'héberge chez lui et lui fournit des vêtements traditionnels africains[3]. Albert Idohou, pour sa part, s'occupe de rassembler et de lui transmettre les renseignements nécessaires sur les activités de l'aviation allemande[4],[5]. Odervole devient un membre de leur réseau[6].
Aloysius Overdole bénéficie d'autres soutiens : Louis Hunkanrin l'accueille et l'héberge à son domicile à Porto-Novo[5] ; Amel Olahouin lui prête sa carte des impôts, et Vincent Padonou Kossoko l'accompagne à Cotonou[5].
Arrestation et exécution
modifierAvant d'avoir pu terminer sa mission, Aloysius Odervole est arrêté dans un bar de Cotonou le , par des policiers français[1]. Idohou aussi est arrêté ensuite, ainsi que Wabi, et leur réseau est démantelé[4].
Les trois hommes sont traduits devant le tribunal militaire permanent de l'AOF, siégeant à Dakar[1]. Odervole est jugé pour espionnage ; ceux qui l'ont aidé comparaissent pour complicité d'espionnage[1]. L'acte d'accusation à son encontre est dressé le , et détaille les complicités dont il a bénéficié[5].
Aloysius Odervole est condamné à mort pour espionnage le par le tribunal militaire[1],[2]. Parmi ceux qui l'ont aidé, les résistants Idohou et Wabi sont eux aussi condamnés à mort, pour complicité d'espionnage[1],[7]. Si la plupart des Français libres condamnés à mort à cette époque ne sont pas exécutés, en revanche les Africains comme Odervole et ses camarades seront exécutés[8],[9].
Odervole est fusillé en même temps qu'Idohou et Wabi à Dakar, le , sur le champ de tir de Fann. Il est enterré à Dakar[1].
À titre posthume, Odervole est fait compagnon de la Libération, par décret du [1]. Il est également fait chevalier de la Légion d'honneur, et reçoit une citation à l'ordre de l'armée, comportant l'attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec palme[1],[2].
Plusieurs ouvrages ont parlé de la condamnation et de l'exécution d'Aloysius Odervole et de ses deux camarades comme étant liée à l'opération de Dakar, mais il est désormais établi que c'est pour leur activité de résistance postérieure à cette opération qu'ils ont été condamnés[10]. Patrick Girard en parle comme de « héros bien oubliés »[10].
Il n'existe pas de portrait connu représentant Aloysius Odervole. L'ordre de la Libération a lancé un appel pour trouver sa photographie et celle de dix-huit autres compagnons « sans visage »[11],[12].
Décorations
modifierNotes et références
modifier- Vladimir Trouplin, « Dictionnaire des compagnons de la Libération : Aloysius Odewole », sur ordredelaliberation.fr, Paris et Bordeaux, Ordre de la Libération et Elytis, (ISBN 9782356390332, consulté le ).
- Annie Pennetier et Françoise Strauss, « Odervole, Aloysius [Oderwole] », sur maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr, Le Maitron - Les Fusillés (1940-1944) (consulté le ).
- Vladimir Trouplin, « Dictionnaire des compagnons de la Libération : Agoussi Wabi », sur ordredelaliberation.fr, Paris et Bordeaux, Ordre de la Libération et Elytis, (ISBN 9782356390332, consulté le )
- Vladimir Trouplin, « Dictionnaire des compagnons de la Libération : Albert Idohou », sur ordredelaliberation.fr, Paris et Bordeaux, Ordre de la Libération et Elytis, (ISBN 9782356390332, consulté le ).
- Catherine Akpo-Vaché, L'AOF et la Seconde Guerre mondiale : la vie politique, septembre 1939-octobre 1945, Paris, Karthala, , 330 p. (ISBN 2-86537-640-0 et 9782865376407, lire en ligne), p. 121.
- « Les tirailleurs africains, Compagnons de la Libération - Les civils africains, compagnons de la Libération : Aloysius Odervole (1907-1941) », sur rfi.fr, Radio France internationale, (consulté le )
- François Marcot, Dictionnaire historique de la Résistance : Résistance intérieure et France libre, Paris, Robert Laffont, , 1187 p. (ISBN 2-221-09997-4), p. 915.
- « La répression des Français libres », La lettre de la Fondation de la Résistance, fondationresistance.org, no 62, , p. 14 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
- Sylvain Cornil, « La répression effective des Français libres - La lutte entre la France Libre et Vichy pour le contrôle de l’Empire colonial », sur france-libre.net, (consulté le ).
- Patrick Girard, De Gaulle, le mystère de Dakar, Calmann-Lévy, [extrait en ligne].
- « À la recherche des Compagnons de la Libération », sur unc.fr, Union nationale des combattants (consulté le ).
- « À la recherche des compagnons sans visage », sur le-souvenir-francais.fr (consulté le ).
- « Ordre de la libération »
Bibliographie et sources
modifier- « Aloysius Odewole », dans Vladimir Trouplin, Dictionnaire des compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, (ISBN 9782356390332, lire en ligne).
- Jean-Christophe Notin, 1061 Compagnons : histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2 et 9782262016067).
- Annie Pennetier et Françoise Strauss, « Odervole, Aloysius [Oderwole] », sur maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr, Le Maitron - Les Fusillés (1940-1944) (consulté le ).
- Catherine Akpo-Vaché, L'AOF et la Seconde Guerre mondiale : la vie politique, septembre 1939-octobre 1945, Paris, Karthala, , 330 p. (ISBN 2-86537-640-0 et 9782865376407, lire en ligne), p. 121.
- « Aloysius Odewole », sur ordredelaliberation.fr, Ordre de la Libération (consulté le ).
- « Les tirailleurs africains, Compagnons de la Libération - Les civils africains, compagnons de la Libération : Aloysius Odervole (1907-1941) », sur rfi.fr, Radio France internationale, (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- France libre
- Afrique occidentale française
- Ordre de la Libération
- Liste des compagnons de la Libération
Liens externes
modifier- Biographie sur le site de l'Ordre de la Libération.