Eta Ursae Majoris

étoile de la constellation de la Grande Ourse
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Eta Ursae Majoris (en abrégé η UMa, en français Êta de la Grande Ourse), également nommée Alkaïd, est une étoile de la constellation de la Grande Ourse. Sa magnitude apparente est de 1,86[2]. D'après la mesure de sa parallaxe annuelle par le satellite Hipparcos, l'étoile est située à environ ∼ 104 a.l. (∼ 31,9 pc) de la Terre[1]. Elle se rapproche du Système solaire à une vitesse radiale de −13 km/s[4].

η Ursae Majoris
Alkaïd
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 13h 47m 32,438s[1]
Déclinaison +49° 18′ 47,76″[1]
Constellation Grande Ourse
Magnitude apparente +1,86[2]

Localisation dans la constellation : Grande Ourse

(Voir situation dans la constellation : Grande Ourse)

Localisation dans la constellation : Chiens de chasse

(Voir situation dans la constellation : Chiens de chasse)
Caractéristiques
Type spectral B3V[3]
Indice U-B −0,67[2]
Indice B-V −0,19[2]
Indice R-I −0,18[2]
Astrométrie
Vitesse radiale −13,4 ± 0,6 km/s[4]
Mouvement propre μα = −121,17 mas/a[1]
μδ = −14,91 mas/a[1]
Parallaxe 31,38 ± 0,24 mas[1]
Distance 103,9 ± 0,8 al
(31,9 ± 0,2 pc)
Magnitude absolue −0,67[5]
Caractéristiques physiques
Masse 6,1 ± 0,1 M[6]
Rayon 3,40 ± 0,50 R[7]
Gravité de surface (log g) 3,78[7]
Luminosité 594,0 ± 31,1 L[7]
Température 15 540 ± 1 157 K[7]
Métallicité [Fe/H] = −0,14[7]
Rotation 150 km/s[8]
Âge 10,0 ± 2,6 Ma[6]

Désignations

Alkaïd, Alcaid, Benetnash, η UMa, 85 UMa, HD 120315, HIP 67301 HR 5191, BD+50°2027, FK5 109, NSV 6450, SAO 44752[9]

Nomenclature, histoire et mythologie

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Le convoi funéraire de نعش Naᶜš dans le ciel arabe traditionnel, d’après ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī.

Eta Ursae Majoris possède traditionnellement deux noms, Alkaid (en français Alkaïd), aujourd’hui approuvé par l’Union astronomique internationale (UAI)[10], et Benetnasch, entrés tous deux dans les catalogues latins dès l’an mil. Ils sont indissolublement liés : le premier est l’arabe القائد al-Qā’id, interprété comme « Celui qui guide » les بنات نعش Banāt Naᶜš, « les filles de Nasch », soit les trois étoiles η, ε et ζ UMa, et qui est à l’origine du second nom[11],[12].

L’image de النعش al-naᶜš, « la Civière » — en arabe النعش al-naᶜš —, formée par le groupe α, β, γ et δ UMa, cache, par étymologie populaire, un personnage divin antique, نعش Naᶜš, que l’on retrouve dans le Livre de Job appartenant à la Torah ou Bible hébraïque. Il apparaît à deux reprises dans une énumération de figures célestes dans le Livre de Job, donc à une époque tardive. D'abord seul sous la forme עש ᶜAš (dans Job, 9.9), puis dans le groupe עיש על בניה ᶜAyš ᶜal Banèha, soit « Nasch et ses filles » (dans Job, 38.32), dont le rapport avec la figure arabe نعش وبناته Naᶜš wa-Banātuhu va de soi et s’explique par le fait que Job est réputé vivre, selon les rédacteurs de la Septante, la première traduction grecque de la Bible, aux confins de l’Idumée et de l’Arabie[13],[14].

Selon une légende arabe toujours vivante, nous avons là une mise en scène des funérailles de نعش Naᶜš : les Sept بنات Banāt, « Filles », déplorent la mort de leur père qu’elles portent sur une civière. Persuadées que le meurtrier est الجدّي al-Ğudayy, qui marque le pôle céleste (voir Alpha Ursae Minoris), elles cherchent désespérément à le rejoindre pour exercer leur vengeance. Mais elles en sont empêchées par الحواجزين al-Ḥawāğzīn, « les Deux Interposés », auxquels la coutume a recours dans les conflits entre tribus, et marqués par les étoiles β et γ Ursae Minoris. Ainsi tenu à distance de son but et empêché de l'atteindre, le convoi funéraire est entraîné dans une ronde éternelle autour du pôle céleste[15].

Alkaid et Benetnasch viennent tous deux des traductions des traités de l’astrolabe, notamment dans les textes qui traduisent ou s’inspirent du Ğadwal mawāḑiᶜ al-kawākib al-ṯābita de Maslama al-Mağrītī de 978, où l'on lit قائد بنات نعش Banāt Naᶜš pour η UMa[16], dont un exemple est le traité nommé Waztalkora, daté du début du XIe siècle[17] : on y trouve Alkaid dans un tableau (fol. 8r), et Bennenaz dans la liste donnée sous l’araignée de l’astrolabe de Ḫalaf b. al-Muᶜāḏ (f. 19v), mais le destin de ces deux noms diffère. Le second est omniprésent dans les textes médiévaux, et il est noté sous diverses formes, dont Benenaim, Benenatz et l’actuelle, Benetnasch dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[18]. Quant au second, il n’apparaît que très rarement avant d'être popularisé par l’édition de 1492 des Tables alphonsines sous la forme Keid, suivi de Bennenazc[19], et surtout par Johann Bayer sous la forme Elkeid[20]. Il faut attendre Giuseppe Piazzi (1814), qui reprend la transcription de Thomas Hyde, qui livre dans sa traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), soit ‘AlKâïd’ (1665)[21], en donnant Alkaid[22], pour que cette forme s’impose et les travaux de l’Union astronomique internationale (UAI)[23], pour qu’elle devienne prévalente[24].

Description, caractéristiques

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Alkaïd est l'étoile avec la plus grande ascension droite de l'astérisme du Chariot. Cependant, contrairement à la plupart des étoiles du Chariot, elle n'est pas membre du courant d'étoiles de la Grande Ourse.

Alkaïd est une étoile bleu-blanc de la séquence principale de type spectral B3V[3]. Depuis 1943, le spectre de l'étoile est resté l'un des points d'ancrage à partir desquels les autres étoiles sont classées[25]. Elle est environ six fois plus massive que le Soleil et elle est âgée autour de 10 millions d'années[6]. Son rayon est 3,4 fois plus grand que le rayon solaire, elle est près de 600 fois plus lumineuse que le Soleil et sa température de surface est de 15 540 K[7].

Notes et références

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  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b c d et e (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  3. a et b (en) W. W. Morgan et Philip C. Keenan, « Spectral Classification », Annual Review of Astronomy and Astrophysics, vol. 11,‎ , p. 29 (DOI 10.1146/annurev.aa.11.090173.000333, Bibcode 1973ARA&A..11...29M)
  4. a et b (en) G. A. Gontcharov, « Pulkovo Compilation of Radial Velocities for 35 495 Hipparcos stars in a common system », Astronomy Letters, vol. 32, no 11,‎ , p. 759 (DOI 10.1134/S1063773706110065, Bibcode 2006AstL...32..759G, arXiv 1606.08053)
  5. (en) E. Anderson et Ch. Francis, « XHIP: An extended Hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  6. a b et c (en) N. Tetzlaff, R. Neuhäuser et M. M. Hohle, « A catalogue of young runaway Hipparcos stars within 3 kpc from the Sun », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 410, no 1,‎ , p. 190–200 (DOI 10.1111/j.1365-2966.2010.17434.x, Bibcode 2011MNRAS.410..190T, arXiv 1007.4883)
  7. a b c d e et f (en) E. Baines et al., « Fundamental Parameters of 87 Stars from the Navy Precision Optical Interferometer », The Astronomical Journal, vol. 155, no 1,‎ , p. 30 (DOI 10.3847/1538-3881/aa9d8b, Bibcode 2018AJ....155...30B, arXiv 1712.08109)
  8. (en) Helmut A. Abt, Hugo Levato et Monica Grosso, « Rotational Velocities of B Stars », The Astrophysical Journal, vol. 573, no 1,‎ , p. 359-365 (DOI 10.1086/340590, Bibcode 2002ApJ...573..359A)
  9. (en) * eta UMa -- High proper-motion Star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  10. (en) IAU, « Star Names », 2021. »
  11. (de) Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harr0assowitz, 1961, pp. 48 et 91.
  12. Roland Laffitte, ''Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 111-112.
  13. Henri Mesnard, « Les constellations du livre de Job », in Revue belge de Philologie et d'Histoire, tome 30, fasc. 1-2 (Année 1952), pp. 135-146.
  14. Roland Laffitte, « Noms astraux dans l’Ancien testament », sue le site URANOS, le site astronomique de la Selefa, le 22 août 2009. »
  15. Bernard Vernier, Qédar. Carnets d’un méhariste syrien, Paris : Plon, 1938, pp. 200-201.
  16. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes..., op. cit., p. 202.
  17. Waztalkora, sive tractatus de utilitatibus astrolabii, ms. BnF latin 7412, f. 19v.
  18. (la) Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 2r.
  19. Tabule Astronomice Alfonsi Regis, éd. Johannus Lucilius Santritter, Venise : Johann Hamman, 1492, s.fol.
  20. (la) Johann Bayer, Uranometria…, op. cit. , fol. 2r
  21. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Commentarii, p. 12. »
  22. (la) Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 91.
  23. (en) UAI, Star Names, op. cit., 2021.
  24. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2001, 2005, p. 147.
  25. (en) R. F. Garrison, « Anchor Points for the MK System of Spectral Classification », Bulletin of the American Astronomical Society, vol. 25,‎ , p. 1319 (Bibcode 1993AAS...183.1710G, lire en ligne [archive du ], consulté le )

Liens externes

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