Algue coralligène
Le coralligène est un écosystème sous-marin caractérisé par l'abondance d'algues calcaires, dites algues coralligènes, capables de construire, par superposition d'encroûtements ou par accumulation de dépôts, des massifs comparables aux massifs coralliens. L'analogie avec les coraux est à l'origine du nom « coralligène », qui signifie « producteur de corail ». Diverses espèces animales à squelette calcaire (éponges, gorgones, etc.) peuvent également être associées à ces constructions biogéniques.
Principes biologiques
modifierLe coralligène est l’écosystème majeur de Méditerranée au-delà de 30-40 m de profondeur, où ils sont pratiquement les seuls récifs biogènes. Selon la turbidité de l'eau, on peut en trouver entre 12 et 120 m de profondeur[1].
La croissance du coralligène est très lente (entre 1 et 4 mm/an[1]). Les massifs ne se développent qu'à partir de certaines profondeurs car les algues qui les édifient craignent une trop forte lumière : ce sont des algues sciaphiles (vivant à l'ombre). S'ils ne sont pas perturbés, ces récifs peuvent ainsi perdurer plusieurs siècles[1], mais mettront aussi très longtemps à se régénérer s'ils sont détruits.
Plus de 1500 espèces ont été récensées dans les habitats coralligènes. Les principales espèces constructrices sont des algues rouges qui appartiennent aux familles des Corallinaceae[1] ou des Peyssonneliaceae, mais il existe aussi quelques algues vertes parmi les Bryopsidales. Des animaux sessiles bio-constructeurs participent également à l'édification de ces récifs, comme les bryozoaires, les serpulidés, les cnidaires, des mollusques (surtout bivalves mais aussi quelques gastéropodes comme les vermets), les éponges, des crustacés ou encore des foraminifères benthiques. À l'inverse, il existe des espèces dites « érodeuses » qui consomment le coralligène (étoiles de mer, oursins, poisson-perroquet méditerranéen...) ou y creusent des galeries (éponges, annélides, mollusques, crustacés), permettant ainsi de favoriser la diversité des espèces en limitant la population des plus abondantes, ainsi que de créer un relief complexe constituant autant de niches écologiques abritant une très grande biodiversité, parfois comparée à celle des récifs coralliens tropicaux[1]. Près de 20 % des espèces méditerranéennes connues seraient ainsi inféodées à ces milieux[1].
Une étude de 2019[2] s'intéresse aux différents services écosystémiques fournis par les habitats coralligènes. Ces récifs sont en effet des habitats importants, source d'une grande biodiversité en méditerranée. Ils permettent de piéger le carbone, de filtrer l'eau mais constituent aussi des sites de plongée appréciés des amateurs[3].
Ces récifs sont cependant particulièrement fragiles à la pollution, au réchauffement climatique et aux méthodes de pêche destructive : les scientifiques estiment ainsi qu'ils auraient déjà énormément régressé pendant le XXe siècle, et les aires sous-marines riches en récifs sont souvent protégées et interdites de pêche industrielle[1].
Liste d'espèces
modifier- Lithophyllum cabiochae dont le thalle peut atteindre 20 à 25 cm de diamètre, forme des lames cassantes de couleur violette.
- Mesophyllum expansum
- Mesophyllum lichenoïdes est formée d'un thalle foliacé et mince de teinte rose plus ou moins violacée.
- Peyssonnelia rosa marina possède un thalle globuleux qui s'enroule sur lui-même. L'algue a un diamètre de 4 à 8 cm et une couleur rouge brique.
- Halimeda tuna est une algue verte siphonée et légèrement calcifiée.
- Flabellia petiolata est également une algue verte siphonée. Elle forme une feuille plus ou moins découpée.
- Mesophyllum lichenoide
- Lithophyllum frondosum
Liens externes
modifierVoir aussi
modifierNotes et références
modifier- Florian Holon et Julie Deter, « Les récifs coralligènes, un habitat sous-marin riche en biodiversité mais vulnérable », sur SFEcologie.org, .
- (en) L. Thierry de Ville d'Avray, D. Ami, A. Chenuil et R. David, « Application of the ecosystem service concept at a small-scale: The cases of coralligenous habitats in the North-western Mediterranean Sea », Marine Pollution Bulletin, vol. 138, , p. 160–170 (ISSN 0025-326X, DOI 10.1016/j.marpolbul.2018.10.057, lire en ligne, consulté le )
- « Quelle valeur pour le coralligène ? », sur Dialogues Economiques (consulté le )